La complexe équation pour concrétiser l’avion vert
Lors d’un débat organisé à Toulouse le mercredi 13 septembre par le groupe d’études Aéronautique et Espace de l’Assemblée nationale, en collaboration avec l’ONG Transport & Environment, de nombreux enjeux autour du futur de l’avion vert ont été soulevés. Toulouse est devenue le centre névralgique d’une multitude de projets de petits aéronefs décarbonés dans le sillage de l’avion régional à hydrogène annoncé par Airbus pour 2035. En attendant l’arrivée de l’avion à hydrogène, la réduction de l’empreinte carbone du trafic aérien passera à court-terme par le renouvellement des flottes. « Les avions modernes sont 20 à 25% plus efficaces que les modèles précédents », rappelle Alain de Zotti, directeur du service architecture avion au sein d’Airbus. L’avionneur européen table sur un doublement de la flotte mondiale à l’horizon 2041 (47 000 contre 23 000 actuellement) avec une part importante liée au renouvellement des avions actuels. Il faut que cette montée en cadence de production des constructeurs, et notamment d’Airbus, soit compatible avec les objectifs de transition du secteur. Pour Baptiste Voillequin, directeur des affaires R&D, Espace et Environnement au sein du GIFAS, croissance et décarbonation ne sont pas incompatibles : « La montée en cadence aura des impacts positifs sur l’environnement avec le fait de renouveler la flotte avec des avions de dernière génération ». L’industrie parie à moyen-terme sur l’essor des carburants d’aviation durable (SAF) à partir d’huiles usagées ou les carburants synthétiques produits à partir de CO2 et d’hydrogène. Ces carburants promettent des améliorations significatives par rapport au kérosène. L’équation est néanmoins complexe, notamment en raison des effets non-CO2 du trafic aérien. « L’aviation n’est pas toute seule à se décarboner, elle doit aussi prendre en compte ces camarades industriels », pointe de surcroit Jérôme du Boucher, responsable aviation France de l’ONG Transport et Environment. « Des conflits d’usage vont apparaître avec une tension extrême sur l’approvisionnement d’électricité dans les années à venir », ajoute-t-il. Une autre problématique se posera avec l’arrivée des avions à hydrogène, concernant l’aménagement des infrastructures nécessaires dans les aéroports. Enfin, les difficultés de financement des projets d’avions électriques ou à hydrogène ont été pointés du doigt. « Le courage manque parmi les financiers. C’est un monde assez moutonnier qui suit les tendances », remarque Marwan Lahoud, directeur général délégué de Tikehau Capital et nouveau président de l’Isae-Supaero.
La Tribune du 20 septembre
Blue Spirit Aero présente son projet d’avion à hydrogène, le Dragonfly
La startup française Blue Spirit Aero compte faire voler en 2024 un avion de 4 places fonctionnant à l’hydrogène et destiné aux écoles de pilotage. Créée en 2020 et implantée entre la région parisienne et Toulouse, son objectif est d’obtenir la certification en 2026 de son Dragonfly, un appareil destiné à former de futurs pilotes. Alors que la flotte d’avions d’aéroclubs est en fin de vie et que 600 000 pilotes commerciaux seront à former dans les 20 prochaines années dans le monde, les débouchés commerciaux bien réels, estime le fondateur de Blue Spirit Aero, Olivier Savin. Le Dragonfly comptera sur chaque aile 6 moteurs électriques, soit 12 au total, chacun alimenté par une pile à combustible à hydrogène. Cette propulsion distribuée sur 12 moteurs permet de garantir la robustesse de l’appareil, capable de voler avec 8 de ses moteurs en panne. L’hydrogène permettra une autonomie 3 fois plus importante qu’avec des batteries électriques. « Le vol zéro-émission et longue distance est réalisable en repensant l’approche actuelle pour la propulsion. Blue Spirit Aero est convaincu que l’hydrogène associé aux piles à combustible est la meilleure solution pour son segment de marché : longue distance, temps de recharge rapide, zéro-émission et signature sonore faible », souligne la startup. Pour Olivier Savin, le Dragonfly constitue une « première brique vers l’introduction d’avions à hydrogène par Airbus ou Boeing ». Une fois son projet finalisé, la startup française a l’ambition de développer des avions régionaux de 6 places, puis de 14 places.
Air Journal du 21 septembre
ADP encourage ses salariés à prendre le vélo pour accéder à l’aéroport de Paris-Orly
Le groupe ADP, gestionnaire notamment des aéroports parisiens de Roissy et Orly, a annoncé le lancement d’un plan destiné à rendre plus accessible à vélo la plateforme d’Orly pour les salariés et les riverains. D’un coût de 12 M€ financés par ADP, le programme baptisé « Paris-Orly By Cycle 2030 » prévoit la construction de nouvelles pistes cyclables, continues et sécurisées reliant les aérogares et zones d’activités aux communes voisines. L’aéroport du sud parisien devrait ainsi disposer de près de 6 km de nouvelles pistes cyclables d’ici 2030, contre 1 km aujourd’hui. Le programme comprend aussi la pose d’arceaux et l’installation de douches, selon le groupe. Les accès terrestres à l’aéroport de Paris-Orly (passagers et salariés) représentent aujourd’hui 41% des émissions de CO2 au sol de la plateforme, que la direction veut réduire à zéro en 2030. Un levier de décarbonation important est de favoriser les mobilités douces parmi ses 90 000 salariés. Ceux-ci sont actuellement 90% à venir travailler en voiture. Le développement des transports en commun, à commencer par le prolongement de la ligne 14 du métro à la mi-2024, y participera également. « Par ailleurs, 4 500 salariés de la plateforme sont domiciliés dans un rayon de moins de 10 km, autant de potentiel de développement de l’usage du vélo », juge la direction d’ADP. Elle souhaiterait que 10% des salariés d’Orly viennent à vélo à l’horizon 2030, selon une porte-parole.
Le Figaro du 22 septembre
Jean-François Copé, maire de Meaux, veut développer l’hydrogène dans sa région grâce à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle
Invité du Podcast du Journal de l’Aviation cette semaine, Jean-François Copé, maire de Meaux, a expliqué qu’il souhaitait développer l’hydrogène dans sa région autour de Roissy et de Meaux. La présence de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle pourra servir d’accélérateur pour son déploiement, selon lui. Roissy Meaux Aéropôle organise justement le 17 octobre un colloque sur le thème de l’hydrogène, appliqué à l’industrie et à la mobilité. L’objectif est de rassembler les grands acteurs (le Groupe ADP, Airbus, Safran, France Hydrogène, EDF, le GIFAS, des représentants politiques, etc.) pour aborder le thème de l’indépendance énergétique et de passer en revue des propositions pour faire de la France un leader dans le secteur de l’hydrogène.
Le Journal de l’Aviation du 22 septembre