Les Assises de l’Industrie 2023 s’intéresseront aux carburants durables
Les Assises de l’Industrie 2023, organisées par l’Usine Nouvelle, se tiendront le 8 novembre, autour de la transformation énergétique des filières automobile et aéronautique. L’aviation doit se préparer à la révolution des carburants aériens durables (SAF), tandis que la filière automobile bascule vers l’électrique. Les 2 industries sont confrontées à des défis majeurs qui seront au cœur de la nouvelle séquence « ateliers sectoriels » des Assises de l’Industrie. La matinée du 8 novembre sera consacrée aux grands enjeux transversaux avec une intervention du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, en ouverture, et l’après-midi permettra de plonger dans des enjeux davantage sectoriels lors d’ateliers interactifs. Un atelier « aéro » se tiendra notamment à 15h50 aux Salons de l’Aveyron (Paris 12ème) autour des questions : « Comment faire décoller les nouveaux carburants ? Quelles filières construire du champ au tarmac pour décarboner l’aviation ? Quels freins organisationnels, réglementaires, techniques, financiers faut-il encore lever ? ». Olivier James, spécialiste aéronautique de l’Usine Nouvelle, accueillera Kristell Guizouarn, directrice des affaires réglementaires du groupe Avril, Yannick Bonnaire, group Senior VP Innovation chez Safran, et Renaud Morel, directeur du développement durable, des affaires publiques et des mobilités au sein du groupe ADP.
L’Usine Nouvelle du 4 novembre
Airbus débute les essais en vol visant à terme à tester ses ailes révolutionnaires
Airbus souhaite doter ses futurs avions de nouvelles ailes intelligentes pour les rendre plus performantes et réduire leur consommation de carburant. Airbus UpNext, qui pilote le projet depuis 2020, vient d’effectuer lundi 6 novembre un 1er vol d’essai d’un Cessna Citation VII, qui testera ces ailes en 2025. L’appareil vient d’être équipé d’une instrumentation d’essai lourde et va servir à tester différents systèmes visant à le rendre pilotable à distance. Pour obtenir plus rapidement les autorisations de la DGAC et limiter les risques, ces nouvelles ailes seront testées en vol sur ce Cessna mais sans personne à bord, et dans un espace aérien fermé. L’avion sera piloté par un opérateur depuis une station sol et évoluera dans un périmètre défini au-dessus de la base militaire de Cazaux en Gironde. Une vingtaine de vols d’essai avec 2 pilotes et 2 ingénieurs navigants sont prévus depuis Toulouse, avant que l’appareil ne soit équipé de ses nouvelles ailes intelligentes. Elles sont en cours de fabrication au Royaume-Uni, en Espagne et en Allemagne. Une maquette de petite taille, testée l’an dernier dans une soufflerie basse vitesse d’Airbus, a déjà permis de valider ses performances globales, notamment dans les phases de décollage et d’atterrissage. Différents dispositifs permettront de contrôler la voilure en permanence et de modifier sa forme en fonction de la situation rencontrée ou à venir. Un laser (LiDAR) intégré à l’avion devra permettre de détecter des turbulences à plusieurs centaines de mètres devant, et l’aile s’adaptera. Si les essais s’avèrent concluants, Airbus pourra alors les adapter à ses futurs avions de ligne, à l’horizon 2040.
La Dépêche du 7 novembre
Virgin Atlantic va réaliser un 1er vol transatlantique avec 100% de SAF
La compagnie Virgin Atlantic prévoit d’effectuer un vol entre Londres Heathrow et New York JFK le 28 novembre prochain, avec un B787-9 propulsé à 100% avec du SAF (carburants d’aviation durables). Pour ce vol historique, la compagnie britannique vient d’obtenir un feu vert de la Civil Aviation Authority, l’autorité de l’aviation civile britannique. L’obtention de cette autorisation est un grand pas franchi pour pouvoir opérer le vol, mais Virgin Atlantic devra obtenir des autorisations de survol de la Federal Aviation Administration, de l’Irish Aviation Authority et de Transports Canada. Pour l’instant, la limite d’emport autorisé de biocarburant sur un avion de ligne commerciale, et nécessite donc un mélange avec du carburant classique. L’autorisation délivrée par la Civil Aviation Authority suit un programme d’examens techniques effectués par le régulateur, qui a analysé différents aspects du projet de vol, incluant notamment un test réalisé au sol avec Rolls Royce en faisant fonctionner un moteur Trent 1000 avec 100% de SAF. La préparation du vol, menée par Virgin Atlantic, mobilise un consortium de compagnies incluant notamment Boeing, Rolls-Royce, et BP.
Ensemble de la presse du 8 novembre
Guillaume Faury : « L’aviation n’en est qu’à ses débuts »
Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus, donne une interview dans Challenges, dans laquelle il répond aux idées reçues, refusant de laisser désigner l’aéronautique comme bouc émissaire de la crise climatique. « La société au sens large aurait pu s’emparer du problème de la transition climatique il y a 30 ou 50 ans. Maintenant, on est dans une course de vitesse », explique-t-il. Il relève les frustrations liées aux délais de la décarbonation : « Le flygskam a un côté positif : c’est quelque chose qui nous pousse, qui nous challenge, qui nous oblige à nous remettre en cause. Mais c’est aussi une position extrême, caricaturale, très minoritaire et très européenne ». Quant à la proposition de Jean-Marc Jancovici de limiter le nombre de vols par personne, « c’est désespérant, juge Guillaume Faury. Evoquer ce genre de mesure extrême, c’est regarder le futur avec les lunettes du passé ». Il admet que les prévisions de trafic ont été légèrement abaissées récemment avec la prise en compte des sujets environnementaux, mais surtout parce que les carburants sont plus chers. « Il y a plein de choses à faire : établir rapidement une réglementation claire sur les vols à l’hydrogène, développer la production de carburants d’aviation durables (SAF) », détaille-t-il, ajoutant qu’il estimait qu’un objectif d’incorporation de 10% de SAF en 2030 était raisonnablement atteignable par l’UE. Concernant les appels à taxer l’avion pour financer le train, le dirigeant les considère manichéens et simplistes : « Le train et l’avion ne servent pas les mêmes connexions. Un très grand nombre de liaisons ne sont servies que par le système aérien », explique-t-il. Par ailleurs, « construire une infrastructure ferroviaire, c’est très long, c’est très cher et c’est très dégradant pour l’environnement. Ça abîme la faune, la flore, les sous-sols, les eaux, et ça génère 8 000 tonnes de carbone par kilomètre de ligne construite », poursuit Guillaume Faury. Enfin ces critiques ne rendent pas les recrutements plus difficiles : « La première entreprise désirée par les étudiants en école d’ingénieurs, depuis 14 ans, c’est Airbus, assez loin devant les autres. L’aviation attire encore énormément. Airbus attire encore énormément », se réjouit son dirigeant.
Challenges du 9 novembre
Siemens Energy et Air Liquide inaugurent une usine commune d’électrolyseur, pour la production d’hydrogène bas carbone
Le groupe allemand Siemens Energy et le français Air Liquide ont inauguré ensemble mercredi 8 novembre à Berlin une usine au potentiel révolutionnaire pour la décarbonation de l’industrie lourde. Elle fabriquera des modules d’électrolyseurs, pièces clés pour produire de l’hydrogène bas carbone. Ces modules (stacks) permettent d’envoyer un courant électrique dans de l’eau, séparant ainsi au travers d’une membrane, les molécules d’hydrogène et d’oxygène contenues dans H2o, la formule chimique de l’eau, a indiqué Air Liquide, spécialiste des gaz industriels. L’investissement total porte sur quelque 30 M€ et devrait être financé à hauteur de 75% par Siemens Energy et 25% par son partenaire français dans la société commune franco-allemande. L’usine, située dans un site historique de Siemens à Berlin existant depuis 1904, couvre 2 000 m2 et est entièrement automatisée et robotisée. Siemens Energy et Air Liquide ont déjà ainsi créé un électrolyseur industriel à Oberhausen dans la région de la Ruhr sur un site chimique appartenant au groupe OQ. En parallèle, Air Liquide a un autre projet avancé du même type en Normandie à Port-Jérome, en lien avec TotalEnergies.
Ensemble de la presse du 9 novembre
Des startups françaises bientôt leader sur le segment de l’aviation légère décarbonée ?
Les avions décarbonés made in France sont en bonne position face à la compétition internationale. Le Cassio 330, dévoilé au Salon du Bourget par la startup VoltAero, est un appareil de 5 places, doté d’un moteur thermique Kawasaki et d’un moteur électrique Safran, pourra effectuer 150 km en mode 100% électrique, et atteindre 1 200 km de rayon d’action en mode hybride. Son 1er vol est prévu en avril 2024, et l’entrée en service en 2026. « Nous sommes, de loin, le programme de nouvel avion hybride le plus avancé du monde », assure le fondateur Jean Botti. VoltAero, qui revendique 218 précommandes, n’est pas le seul acteur français sur le secteur de l’aviation légère décarbonée. Le toulousain Aura Aero, qui conçoit des appareils biplaces destinés aux écoles de pilotage, travaille également sur un avion régional de 19 sièges, ERA (Electric Regional Aircraft), dont le 1er vol est prévu en 2026, et l’entrée en service vers 2030. Aura Aero a déjà décroché près de 500 engagements d’achat, dont ceux du loueur Amedeo, de deux compagnies régionales américaines et du spécialiste de l’aviation privée Elit’Avia. Un 3ème acteur, la startup Beyond Aero, travaille quant à elle sur un avion d’affaires à propulsion hydrogène de 4 à 8 places, One, prévu pour 2030. Forts de débuts commerciaux prometteurs, ces pionniers français voient grand. VoltAero construit sa future usine à Rochefort, qui sera capable, à terme, d’assembler 150 avions par an. Aura Aero va lui construire un nouveau site, sur l’ancienne base aérienne de Toulouse Francazal, capable d’assembler 150 avions par an. « S’ils tiennent leurs objectifs d’une certification entre 2026 et 2028, VoltAero et Aura sont bien placés pour figurer parmi les leaders du segment. Dès que leurs avions seront disponibles, notre intention est d’en commander plusieurs centaines », assure Charles Cabillic, fondateur du loueur Green Aerolease. Ces startups pointent en revanche la faiblesse du soutien des fonds privés. Si les financements publics sont là, les fonds d’investissement se font attendre. Le risque est celui d’un décrochage face aux anglo-saxons comme ZeroAvia, qui a récemment levé plus de 150 M$.
Challenges du 9 novembre
Comment Airbus prépare l’avion à hydrogène
L’aviation s’apprête à entrer dans une nouvelle révolution avec l’avion à hydrogène. Airbus s’active pour proposer, à l’horizon 2035, le 1er aéroplane décarboné. L’hydrogène est la solution avec le plus de potentiel, pour décarboner le secteur aérien. Utilisé comme carburant, l’H2 ne rejette que de l’eau et non pas du CO2. Airbus a fait le choix fort de fabriquer des nouveaux avions spécialement conçus pour l’hydrogène plutôt que d’adapter le système aux aéronefs existants. La différence résidera notamment dans le réservoir, situé dans la carlingue plutôt que dans les ailes comme c’est le cas dans les appareils actuels. L’industriel doit déjà mettre au point les éléments clefs de la propulsion à hydrogène, comme le stockage et la distribution de l’H2, ainsi que la motorisation. ArianeGroup, dont Airbus est l’un des principaux actionnaires, l’épaule dans ce projet, car l’entreprise est déjà familière du stockage et de la distribution d’hydrogène cryogénisé pour propulser ses fusées. Airbus a également créé une joint-venture avec l’Allemand ElringKlinger pour fabriquer des piles à combustibles spécialement conçues pour les avions. Enfin, la partie motorisation fait l’objet d’un partenariat avec CFM International, coentreprise entre Safran et l’américain General Electric. Pour la motorisation, 2 choix s’offrent à Airbus. Le 1er est d’utiliser une pile à combustible pour transformer l’hydrogène en électricité et faire tourner un moteur électrique. L’autre solution est de brûler directement l’hydrogène dans une turbine classique, mais l’option est moins satisfaisante en matière environnementale, entraînant le rejet d’oxyde d’azote. En plus des installations existantes, à Saint-Martin-du-Touch, près de Toulouse, et à Ottobrunn en Allemagne, Airbus a créé 4 centres de développement du projet ZEROe, à Nantes, Brème, Madrid et Filton, où ses équipes testent actuellement les technologies en laboratoire. L’avionneur travaille aussi avec des aéroports, des compagnies aériennes et des sociétés de production d’hydrogène du monde entier pour installer un écosystème autour de l’hydrogène au sein des aéroports. Des discussions ont par exemple lieues avec Engie et Air Liquide, en lien avec les aéroports de Paris, Toulouse ou Lyon Saint-Exupéry.
Les Echos du 10 novembre