[Réforme des retraites] Le point sur les derniers décrets d’application
01/09/2023
Une quinzaine de décrets d’application de la loi réformant les retraites ont été publiés durant l’été. Retraite progressive, surcote, cumul emploi-retraite, régimes spéciaux, usure professionnelle… en voici une synthèse.
►La réforme devant entrer en vigueur aujourd’hui, 1er septembre 2023, la plupart des décrets d’application étaient attendus en juillet et en août. Si l’échéancier Légifrance prévoit encore quelques publications, la plupart des textes concernant l’essentiel du dispositif sont désormais connus.
Les nouveaux contours de la retraite progressive
La retraite progressive permet au salarié qui se trouve à deux ans de l’âge légal de départ de poursuivre son activité à temps partiel (article L.351-15 et suivants du code de la sécurité sociale), à condition d’avoir atteint 150 trimestres de durée d’assurance. Sans rupture du contrat de travail, il cumule ainsi une partie de son salaire et une fraction de sa pension de retraite (de base et en complémentaire le cas échéant). La quotité de travail doit être comprise entre 40 et 80 % de la durée légale ou conventionnelle.
L’âge légal de départ en retraite étant repoussé à 64 ans par la réforme, les décrets d’application (n° 2023-751 et n° 2023-753) actent le décalage de l’âge requis pour la retraite progressive de 60 ans à 62 ans. Ce relèvement s’effectue au même rythme que celui de l’âge légal, à savoir 3 mois par génération à compter du 31 août 1961.
Rappelons que l’article 26 de la loi réformant les retraites (LFSSR n° 2023-270) a prévu une meilleure information des salariés éligibles sur le montant de la fraction de pension, la date de départ en retraite progressive, notamment grâce à une simulation de liquidation partielle. Autre nouveauté, l’employeur aura 2 mois pour répondre à la demande de retraite progressive du salarié, son silence valant acceptation. Un refus doit désormais être justifié par l’incompatibilité de la durée du travail avec l’activité économique de l’entreprise. Le salarié à temps partiel peut demander à travailler moins de 24 heures par semaine. L’article 26 ouvre la retraite progressive à “l’assuré exerçant à titre exclusif une activité salariée ou non salariée qui, n’étant pas assujettie à une durée d’activité définie par un employeur, lui procure un revenu minimal et donne lieu à diminution des revenus professionnels”.
Le décret n° 2023-753 précise que l’assuré doit percevoir un revenu annuel supérieur ou égal à 40 % du Smic brut en vigueur au 1er janvier de l’année considérée. La diminution de revenus est par ailleurs calculée le 1er juillet de chaque année, sur la base de l’assiette retenue pour le calcul de l’impôt sur le revenu.
Côté formalisme, les salariés dont l’activité n’est pas soumise à une durée du travail devront fournir aux organismes de retraite une déclaration sur l’honneur qu’ils n’exercent pas d’autre activité professionnelle et leurs déclarations fiscales de revenus des 5 années précédant leur demande de retraite progressive.
Le décret n° 2023-753 précise que la demande auprès de l’employeur doit être faite par lettre recommandée avec accusé de réception (LR/AR) en indiquant la durée du travail envisagée et la date d’entrée en retraite progressive souhaitée. La demande est adressée 2 mois avant cette date.
Les décrets indiquent en outre que le salarié devra informer les organismes de retraite de la cessation de son activité et de l’exercice de toute autre activité professionnelle. Si le salarié ne remplit plus les conditions de la retraite progressive à un instant T, le versement de sa fraction de pension le 1er jour du mois suivant (T + 1 mois).
Cumul emploi-retraite : le régime de la seconde pension
Jusqu’à présent et contrairement à la retraite progressive, le cumul emploi-retraite ne permettait pas de générer des droits à la retraite. La LFRSS (loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale) supprime cette règle pour ceux qui remplissent les conditions du cumul emploi-retraite intégral. Le cumul emploi-retraite devenant créateur de droits, les salariés concernés peuvent désormais percevoir une seconde pension.
Le décret n° 2023-753 précise le montant annuel du plafond appliqué à cette seconde pension, soit 5 % du plafond annuel de la sécurité sociale (2 199,60 pour 2023).
Selon le décret n° 2023-751, la seconde pension sera calculée, liquidée et servie dans les conditions applicables à la pension de vieillesse dans le régime dont relève l’assuré, sur la base du salaire moyen.
Le salarié doit demander le versement de la seconde pension au régime de retraite de base dont il relève au titre de cette pension. Un modèle de formulaire commun à tous les régimes sera publié par arrêté.
Usure professionnelle et compte professionnel de prévention
Le décret n° 2023-759 supprime le plafonnement du nombre de points du compte professionnel de prévention (C2P). Il précise également qu’à compter du 1er septembre, le salarié bénéficiera d’un point par facteur de pénibilité.
Les seuils associés à certains facteurs de risques sont réduits afin d’assouplir le dispositif. Le salarié ne devra plus justifier que de 100 nuits par an au lieu de 120 pour obtenir des points au titre du travail de nuit et 30 nuits au lieu de 50 au titre du travail en équipes successives alternantes.
Par ailleurs, chaque point acquis sur le C2P ouvrira désormais droit à 500€ de CPF (compte personnel de formation), au lieu de 375€. Dans le cadre d’un passage à temps partiel, le C2P peut désormais être mobilisé à hauteur de 10 points (dans la limite de 80 points avant le 60e anniversaire du salarié).
Le décret traite aussi de la dématérialisation de la demande d’utilisation des points du C2P pour un projet de reconversion professionnelle ou une formation, de l’accompagnement du titulaire du C2P par un opérateur de compétences au titre du conseil en évolution professionnelle (CEP), et du rapprochement des conditions de mise en œuvre du projet de reconversion avec celles du projet de transition professionnelle.
Le texte fixe enfin les modalités de financement et de fonctionnement du fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle.
La cartographie des métiers à risque sera élaborée par la Commission des accidents du travail et des maladies professionnelles, sur la base des listes de métiers exposés aux risques ergonomiques établies par les branches professionnelles selon une nomenclature commune. Le décret indique enfin les conditions permettant de bénéficier d’un projet de transition professionnelle financé par le fonds (risque cartographié, métier visé non exposé aux risques, cofinancement et autorisation expresse de l’employeur).
Les précisions relatives à la surcote parentale et aux indemnités maternité
Toute personne qui a atteint 64 ans et qui réunit tous ses trimestres a droit à une surcote de 1,25 % dans le calcul de sa pension, et ce pour chaque trimestre travaillé supplémentaire. Avec la réforme est instaurée une dérogation pour les parents : ils bénéficient de la surcote dès l’année précédant l’âge légal, c’est-à-dire dès 63 ans au lieu de 64 ans.
Le décret n° 2023-799 précise l’application de la mesure aux assurés relevant de plusieurs régimes d’assurance vieillesse et intègre les majorations de trimestres attribuées aux avocats, aux professions libérales et aux non-salariés des professions agricoles.
L’article 22 de la LFSSR 2023 prend en compte des indemnités journalières versées pour les congés maternité ayant début avant le 1er janvier 2012. Le décret n° 2023-799 précise que l’assurée devra justifier de son affiliation aux régime général ayant fait l’objet d’un versement de cotisations et fixe le montant forfaitaire alloué en fonction du salaire médian.
Validation et rachats de trimestres
Le décret n° 2023-799 complète la liste des stages permettant de valider des trimestres :
travaux d’utilité collective (TUC) ;
stages en entreprise du plan Raymond Barre (pacte de 1977 pour l’emploi des jeunes) ;
stages “jeunes volontaires” ;
programmes d’insertion locale ;
stages d’initiation à la vie professionnelle.
Enfin, le décret n° 2023-800 fixe l’âge maximal de demande de rachat à coût réduit de trimestres pour études supérieures à 40 ans au lieu de 30 avant la réforme. La demande de rachat de trimestres au titre d’un stage en entreprise doit désormais intervenir le 31 décembre de l’année du 30e anniversaire de l’assuré.
Minimum contributif, aide aux personnes âgées, aidants, pension d’orphelin
Les décrets n° 2023-752 et n° 2023-754 :
suppriment les dispositions réglementaires prévoyant l’indexation du minimum contributif (Mico) sur l’inflation. La réforme prévoit en effet une revalorisation du Mico en fonction d’un taux au moins égal à l’évolution du Smic ;
autorisent le traitement de données personnelles par la Cnav (Caisse nationale d’assurance vieillesse) “échanges inter-régimes de retraite” en vue du calcul de la majoration exceptionnelle des pensions ayant pris effet avant le 1er septembre 2023 ;
tirent les conséquences de la création de l’allocation vieillesse des aidants (plafonnement à 24 trimestres) ;
fixent à 9 mois la condition de résidence de l’allocation de solidarité aux personnes âgées et en précisent le seuil de récupération ;
fixent les paramètres de calcul de la pension d’orphelin (54 % de la pension principale dont bénéficiait l’assuré décédé, montant minimal de 100 € bruts par parent décédé, avec indexation sur l’inflation).
Fin des régimes spéciaux
Six décrets actent la suppression de régimes spéciaux de retraite :
des clercs et employés de notaire (décret n° 2023-689) ;
des personnels de la RATP (décret n° 2023-690) ;
des personnels de la RATP, SNCF, Opéra national de Paris et Comédie française (décret n° 2023-840)
des personnels des industries électriques et gazières (décret n° 2023-692) ;
des personnels de la Banque de France (décrets n° 2023-693 et n° 2023-839).
Marie-Aude Grimont
Bonus-malus : les nouveaux taux de séparation médians sont publiés
01/09/2023
Les taux de séparation médians en fonction desquels sont calculées les cotisations chômage applicables aux entreprises relevant du champ du bonus-malus viennent d’être publiés au Journal officiel (voir tableau ci-dessous). Les entreprises concernées devront les utiliser pour calculer les cotisations dues au titre des périodes d’emploi courant du 1er septembre 2023 au 31 août 2024.
Pour rappel, le taux de séparation médian d’un secteur correspond à la médiane des taux de séparation de l’ensemble des entreprises d’au moins onze salariés de ce secteur.
Ces taux ont été calculés sur la base des taux de séparation observés sur la période de référence allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.

Source : actuel CSE