Les inquiétudes persistent sur la taxonomie européenne réservée au secteur de la défense
Le président du GIFAS Guillaume Faury s’inquiète des réticences du secteur bancaire à financer le secteur de la défense, appelant les pouvoirs publics français à exercer « une influence sur les critères de sélection des bons investissements (…) un message positif et une direction claire des autorités en général sur tout ce qui est ESG (Environnement, Social, Gouvernance) et taxonomie ». Bruxelles travaille sur la mise en place de nouveaux critères de label écologique de l’UE pour les produits financiers. Un projet de label dont seraient pour le moment exclues les industries de défense européennes. « Nous voulons nous assurer que la défense n’aura pas non seulement un traitement de défaveur, mais au contraire un traitement de faveur dans la capacité de financement » a insisté Guillaume Faury. Sous la pression d’éventuelles sanctions américaines et des ONG, les banques appliquent désormais des règles de conformité (compliance) strictes pour les entreprises de défense considérées comme des entreprises à risque pour un financement, de plus en plus difficile à trouver pour certaines ETI, PME et startups de la filière, dont certaines se voient même refuser d’ouvrir un compte bancaire. Un constat que faisait le président du Comité Défense du Conseil des Industries de Défense Françaises (CIDEF) et PDG de MBDA, Eric Béranger, au Paris Air Forum.
La Tribune du 6 janvier
Défaillance majeure sur un F-35 : la flotte sud-coréenne interdite de vol
Un F-35A de l’Armée de l’Air sud-coréenne a été contraint de réaliser un atterrissage d’urgence sans train d’atterrissage le 4 janvier sur la base de Seosan. D’après le chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air Shin Ok-chul, le F-35A volait à basse altitude lorsque le pilote a entendu une série de détonations. Après vérifications, « tous les systèmes de l’avion avaient cessé de fonctionner, à l’exception des commandes de vol et du moteur ». Après avoir hésité à s’éjecter, le pilote décide finalement de tenter de se poser sans les roues. L’incident a été jugé suffisamment sérieux pour que l’ensemble de la flotte des 30 F-35 de Lockheed Martin du pays soit interdite de vol, mais sans qu’une mesure identique ne soit prise chez les autres utilisateurs de l’avion. Même si l’avion devrait pouvoir être réparé, le caractère sensible des équipements et le revêtement furtif du F-35 rendront ces opérations plus difficiles que sur les générations précédentes d’appareils. Il ne s’agit pas du premier cas d’appareil endommagé ou détruit à la suite de défaillances, le Japon a déjà reconnu un certain nombre d’incidents liés à des défauts de fabrication spécifiques à la ligne d’assemblage du F-35 présente dans le pays.
Air & Cosmos du 6 janvier
La France choisit Thales et Dassault Aviation pour son système de surveillance aérienne
La Directrice de la maintenance aéronautique au ministère des Armées, Monique Legrand-Larroche, a annoncé deux nouveaux contrats visant à renforcer la disponibilité des flottes d’aéronefs gérés par les Armées. Après avoir obtenu en 2020 un contrat d’une durée de dix ans pour piloter le maintien en condition opérationnelle de la flotte des avions de chasse Rafale, Dassault Aviation vient de finaliser un contrat similaire pour gérer la bonne santé de la flotte des Mirage 2000 de l’Armée de l’air. Le second contrat s’adresse à Thales : l’industriel se voit confier pour dix ans la responsabilité du bon fonctionnement de l’ensemble des systèmes de surveillance aérienne utilisés en France, dans les territoires d’outre-mer et lors des opérations extérieures. Actuellement, plus de 700 systèmes complexes répartis sur 125 sites différents servent au Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). Tous ces équipements participent à la « posture permanente de sûreté (PPS) aérienne », qui permet aux Armées de surveiller le ciel 24 heures sur 24. Pour Thales, il s’agit d’un contrat significatif, qui représenterait, sur dix ans, environ 1,5 Md€. Le groupe devient l’unique maître d’œuvre des Armées. Thales devra donc à son tour piloter les contrats de la quinzaine d’acteurs industriels impliqués dans cette surveillance. Depuis 2017, cette politique de « verticalisation » des contrats a été mise en œuvre pour chaque aéronef et commence à porter ses fruits.
Les Echos du 8 janvier et la Tribune du 7 janvier
Tigre Mark 3 : un contrat de plus de 4 Md€ en vue pour Airbus Helicopters
Airbus Helicopters va certainement signer en février un nouveau méga contrat de plus de 4 Md€ auprès de l’OCCAr (Organisme conjoint de coopération en matière d’armement) pour le compte de la France (environ 2,8 Md€) et de l’Espagne (1,1 Md€) pour la modernisation de l’hélicoptère d’attaque Tigre. Ce contrat sera vraisemblablement découpé en plusieurs tranches. Le développement du Tigre Mark 3 « est acquis au plan politique avec l’Espagne », a annoncé jeudi dernier le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean. En France, le ministère des Armées a programmé des engagements financiers de plus de 3 Md€ pour le programme Tigre Mark 3. Le calendrier de commandes et de livraisons du programme Tigre Mark 3 a été défini au lancement de la phase de réalisation. Selon les documents budgétaires, la commande de 14 appareils (sur les 67) en tranche ferme était prévue en 2021 mais a été décalée de plusieurs mois en raison de l’attente de la décision de l’Espagne et de l’Allemagne de s’engager sur ce programme. La décision de l’Allemagne n’est pas encore connue : à ce sujet, « le plus tôt sera le mieux » avait déclaré en novembre le PDG d’Airbus Helicopters, Bruno Even. Les Allemands, qui ont une flotte de 53 Tigre opérationnels, ont jusqu’à mi-2022 pour monter à bord d’un hélicoptère de combat, qui « n’aura pas d’équivalent, y compris l’Apache, sur le champ de bataille en 2030 et 2040 » avait estimé Bruno Even en avril 2021.
La Tribune du 10 janvier
La France devient le 1er client de la version « maintien de l’ordre » du H160 d’Airbus
La Direction générale de l’armement (DGA) a signé, pour le compte du ministère de l’Intérieur, un contrat portant sur l’acquisition et la maintenance de 10 H160 en configuration « maintien de l’ordre » pour la Gendarmerie nationale. La France est le premier pays à commander le H160 pour des missions de maintien de l’ordre. Les H160 de la Gendarmerie nationale seront équipés d’un système électro-optique Euroflir 410 de Safran, de capacités de treuillage et d’arrimage rapide. Le centre de commandement des forces aériennes de la Gendarmerie nationale et Airbus Helicopters travaillent également en étroite collaboration pour développer un système de gestion de mission sur mesure. La Gendarmerie nationale française exploite déjà une large flotte d’hélicoptères Airbus des familles H125, H135 et H145. Les premiers H160 seront livrés avant les Jeux olympiques qui se dérouleront à Paris en 2024. « Le contrat du ministère français de l’Intérieur est une étape importante pour le H160. Nous avons maintenant des clients pour les segments du transport en mer, de l’aviation privée et d’affaires, de la recherche et du sauvetage et des missions de maintien de l’ordre, ce qui montre que le H160 est un appareil véritablement polyvalent », a déclaré Bruno Even, PDG d’Airbus Helicopters.
Aerobuzz du 10 janvier
Atos accompagne Dassault Aviation dans le développement du Falcon Albatros
Atos accompagne Dassault Aviation dans le développement et la production de la nouvelle version du système vidéo embarqué à bord du Falcon Albatros, futur avion de surveillance et d’intervention maritime de l’aéronautique navale française. Prévu pour une mise en service en 2025 dans le cadre du programme AVSIMAR conduit par la Direction générale de l’armement (DGA), la Marine nationale va acquérir l’Albatros, ce qui contribuera au renouvellement de ses capacités pour la protection et la défense maritime du territoire. Le programme AVSIMAR vise à répond aux enjeux de l’action de l’Etat en mer (lutte contre la pollution et les trafics, surveillance des frontières et des zones exclusives, etc) ; pour cela, l’Albatros est doté d’un système de mission de dernière génération et de systèmes de communication dédiés. Atos prend en charge la conception et la production du système vidéo embarqué qui intègre les enjeux de sécurité informatique. « Nous sommes fiers d’accompagner Dassault Aviation dans la préparation des Falcon Albatros qui soutiendront l’Etat dans ses missions de surveillance et d’intervention maritime » a déclaré Cyril Dujardin, SVP, Directeur des activités Digital Security chez Atos. « Ce projet stratégique nous permet de consolider notre relation de long terme avec Dassault Aviation autour des systèmes embarqués et de mettre en œuvre notre expertise en matière de systèmes de missions sécuritaires et de vidéo haute définition sur fibre optique ».
Zonebourse et Boursier.com du 10 janvier
Le ministère des Armées se félicite de l’amélioration de la disponibilité de ses aéronefs
En décembre 2017, la réforme du Maintien en condition opérationnelle aéronautique (MCO Aéro) entérinait la création de la Direction de la Maintenance aéronautique (DMAé), sous l’autorité directe du Chef d’état-major des armées (CEMA). Sa tâche vise à simplifier la chaîne du MCO Aéro en regroupant tous les marchés de maintenance relatif à un type d’aéronef précis dans un contrat dit « verticalisé », lequel est ensuite notifié à un prestataire unique, avec une obligation de résultats à la clé. En mai dernier, la DMAé avait indiqué que 82 Rafale étaient disponibles en février 2021, contre 70 un an plus tôt. Des progrès avaient également été constatés pour les 67 hélicoptères d’attaque Tigre de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), 31% d’entre eux ayant été considérés « disponibles » en 2020, contre 26% en 2017. Cependant, les points de référence ne sont pas les mêmes qu’en mai 2021. Ainsi, selon ces dernières, 55% des 98 Rafale en dotation au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) au premier juillet 2021 auront finalement été disponibles (contre 53% en 2018, sur une flotte de 102 appareils). Avec les prélèvements devant être effectués sur la flotte de Rafale de l’AAE afin d’honorer les commandes passées par la Grèce et la Croatie, l’amélioration de la disponibilité des appareils restants est un impératif.
Opex360 du 10 janvier
La diplomatie européenne s’active à Brest
Les ministres des Affaires étrangères de l’ UE vont se réunir à Brest jeudi et vendredi pour notamment discuter de la sécurité en Europe, précédés par leurs homologues de la Défense, alors que la France assurant depuis le 1er janvier la présidence semestrielle tournante de l’UE. Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont insisté sur la nécessité pour les Européens d’être à la table des négociations, alors que Russes et Américains se sont entretenus lundi et qu’une réunion entre le Conseil de l’OTAN et la Russie se tient aujourd’hui à Bruxelles. Les 27 entendent aussi réaffirmer leur soutien à la Lituanie face à la Chine, qui bloque des exportations lituaniennes depuis l’ouverture d’une représentation diplomatique taïwanaise dans cet État balte. Bruxelles a dévoilé en décembre un projet d’instrument qui permettrait de punir rapidement tout pays utilisant des sanctions économiques pour exercer des pressions contre l’UE ou un de ses membres. Enfin, les ministres feront le point avec sur une première version révisée de la boussole stratégique, le futur livre blanc de l’UE sur les enjeux de sécurité européens et les moyens d’y répondre. La réflexion porte notamment sur la capacité à déployer une force de 5 000 hommes en cas de crise et sur le renforcement de la capacité industrielle des Européens en matière de défense.
20 Minutes du 12 janvier
SCAF : premiers tests du moteur du futur avion de 6ème génération NGF
La DGA et Safran viennent d’annoncer la tenue d’un essai « majeur » dans le cadre du développement du moteur de l’appareil de 6ème génération NGF, chaînon central du programme SCAF. Le test de ce prototype développé dans le cadre du programme Turenne et dérivé du M88 équipant le Rafale est l’aboutissement de cinq années de travail. Cet essai utilise la technique dite « thermocolor » qui permet, grâce à une peinture dont la couleur change en fonction de la chaleur atteinte, de vérifier la répartition de la chaleur à l’intérieur du moteur. Le ministère des Armées a rappelé qu’un accord entre la France, l’Allemagne et l’Espagne devait permettre d’engager 3,6 Md€ de crédits d’ici 2024 pour le développement de l’avion. Le programme SCAF comprend 7 piliers et un accord a déjà été trouvé pour 6 d’entre eux : le moteur réalisé par Safran et MTU, un “remote carrier” dont la charge revient à MBDA et Airbus, le cloud tactique de combat pour Thales et Airbus, le « simlab » devant permettre une cohérence d’ensemble, réunissant Dassault Aviation, Airbus et MTU, ainsi que MBDA et Thales en sous-traitants, les capteurs et la furtivité. Dassault Aviation est en charge du Next Generation Fighter ou NGF, le groupe Airbus devant assumer 62% du développement de l’avion, réparti entre l’Allemagne et l’Espagne. Le NGF doit entrer en service dans les forces européennes en 2040.
Air & Cosmos du 12 janvier