Les pistes du CORAC pour décarboner l’aviation d’ici à 2050
Le Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile (CORAC) a publié en janvier une étude consacrée à la décarbonation du transport aérien. Une feuille de route établie entre les grands acteurs privés (Airbus, Safran, Dassault Aviation, Thales, Air France, ADP, etc.) et publics (DGAC, ONERA, ministère des Armées, des Transports, etc.), qui doit guider les efforts de recherche et de développement de l’aéronautique française pour la prochaine décennie. « Atteindre la neutralité carbone en 2050 est un défi immense, prévient d’emblée Bruno Even, patron d’Airbus Helicopters et président du comité de pilotage du CORAC. C’est un enjeu collectif, qui concerne l’ensemble de l’écosystème et nécessitera un effort d’investissement majeur. On parle de plus de 10 Md€ d’investissements dans la R&D pour être prêt à l’horizon 2030 », souligne-t-il. « C’est un panel de solutions et de mises en œuvre », précise Bruno Even. Le lancement d’une nouvelle génération d’avions courts et moyen-courriers, de conception classique mais plus sobres, est la 1ère piste. « On peut mettre en service à l’horizon 2030 des avions ultra-frugaux, à l’architecture classique, mais avec une consommation de carburant réduite de 30% », assure le président du comité de pilotage du CORAC. Les avions à hydrogène, figurant en bonne place dans les travaux menés au sein du CORAC, arriveront plus tard, vers 2035 pour un modèle régional et 2045 pour un moyen-courrier. Dans tous les cas, le principal levier de décarbonation sera les carburants aéronautiques durables. Ces scénarios devraient permettre de diviser les émissions de CO2 « par un facteur compris entre 5 et 8 » d’ici à 2050, estime l’étude. Le CORAC prévoit qu’il restera un solde de 7% à 9% d’émissions de CO2 en 2050 (soit 157 à 207 millions de tonnes de CO2), à compenser par des programmes de type ETS ou Corsia.
Les Echos du 4 février
Aérien : accélérons la transition énergétique !
Le DG de Safran Olivier Andriès, le président exécutif d’Airbus Guillaume Faury, le PDG de TotaleEnergies Patrick Pouyanné et le DG d’Air France-KLM Benjamin Smith appellent, dans une tribune conjointe, le transport aérien à s’engager résolument vers l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, « réponse nécessaire à l’urgence climatique et aux attentes fortes exprimées par la société civile ». Rappelant les efforts majeurs accomplis par le secteur aérien depuis sa création pour réduire ses émissions, les acteurs ont défini une feuille de route pour aller vers de nouvelles solutions, et notamment l’utilisation des carburants d’aviation durables (SAF). Pointant « le prix et la disponibilité » comme freins à leur généralisation, les quatre dirigeants appellent l’UE à jouer un rôle décisif pour aider le secteur, de trois manières : « permettre l’accès à suffisamment de matières premières durables sans concurrence avec l’alimentaire et sans déforestation (…) créer les conditions de développement des carburants synthétiques produits à partir d’énergie bas carbone et de CO2 ; massifier la production pour faire baisser les prix pour les compagnies aériennes ». Insistant sur la nécessité de « jouer collectif », les dirigeants affirment que « les acteurs industriels sont prêts à jouer leur rôle pour accélérer la production et l’utilisation des SAF (…) Tous les acteurs de la filière se mobilisent déjà dans cet effort sans précédent. Si cette ambition est soutenue et accompagnée par les pouvoirs publics, la réduction de l’empreinte climatique du transport aérien est à portée d’ailes ».
Les Echos du 3 février
Pour le président exécutif d’Airbus, Guillaume Faury, il faut « transformer l’aviation pour que le carbone ne soit plus un sujet »
Alors que l’Europe de l’aviation est réunie à Toulouse pour parler décarbonation, Guillaume Faury, le CEO d’Airbus, a dévoilé à 20 Minutes la stratégie de l’avionneur pour les décennies futures. Rappelant que l’aérien représente 2,5% des émissions de CO2 dans le monde, soit beaucoup moins qu’une voiture, Guillaume Faury explique que la décarbonation est devenue la « priorité » du secteur, convaincu « que l’avion est le moyen de transport du futur ». Constatant que l’envie pour les gens de reprendre l’avion est au rendez-vous, le dirigeant revient sur les progrès déjà réalisés, notamment grâce à l’utilisation des avions de nouvelle génération et l’utilisation par ces derniers de 50% de carburants durables qui « peuvent réduire jusqu’à 90% les émissions de CO2 par rapport à un carburant fossile ». L’enjeu principal réside dans la disponibilité des carburants d’aviation durable (SAF), encore indisponibles en quantité suffisante et pour laquelle beaucoup d’énergie décarbonée est nécessaire. Guillaume Faury pointe aussi l’optimisation du trafic aérien comme piste possible pour économiser du carburant. Sur l’avion à hydrogène, le dirigeant estime que « c’est la solution pour le long terme (…) A mesure que la technologie et les avions évolueront, il y a toutes les raisons de penser qu’on pourra un jour remplacer les moyens et long-courriers par des avions à hydrogène ». Même si dans l’immédiat, la décarbonation des vols long-courriers passe avant tout par les SAF. Guillaume Faury rappelle enfin que « le sujet qui est au cœur de toute la décarbonation, de l’aérien comme de tous les autres secteurs, c’est la transformation énergétique ».
20 Minutes du 3 février
42 pays signent la déclaration de Toulouse visant la neutralité carbone en 2050
Le sommet de Toulouse sur l’aviation durable s’est conclu ce vendredi par une déclaration commune sur l’objectif de neutralité carbone en 2050, signée par 42 Etats, dont les 27 membres de l’Union européenne, de nombreuses associations professionnelles et tous les grands industriels du secteur en Europe. Dans un communiqué commun, les leaders européens Airbus, Air France-KLM, ATR, Dassault Aviation, Groupe ADP, Safran et Thales ont salué cette déclaration : « Avec cette déclaration historique, l’Europe devient la première région du monde à avoir conclu un accord entre les autorités publiques et les parties prenantes privées sur une vaste plateforme de décarbonation de l’aviation », soulignent-ils. « Airbus, Air France-KLM, ATR, Dassault Aviation, Groupe ADP, Safran et Thales confirment leur engagement en faveur d’une approche collective pour relever les défis de la transition vers une aviation durable », ajoutent-ils. « Pour la première fois, nous voyons émerger un socle commun qui unit les autorités publiques et les représentants de l’ensemble de l’écosystème aéronautique vers une vision commune et cela se passe au cœur même de ce pôle de compétitivité de l’aviation que représente la ville de Toulouse », a souligné de son côté la commissaire européenne aux Transports, Adina Vălean. L’ambition de cette déclaration de Toulouse est notamment de faire adopter, lors de la prochaine assemblée générale de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) en septembre prochain, un engagement mondial en faveur de la décarbonation du transport aérien. « Il ne doit pas y avoir de distorsion de concurrence et des stratégies de contournement. Nous devons donc poser des bases au niveau international », a expliqué le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
Ensemble de la presse du 7 février
« Nous avons le pouvoir d’inventer l’avion bas-carbone » : tribune de Jean-Baptiste Djebbari
Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports, s’est exprimé vendredi dans une tribune publiée par l’Opinion, à l’occasion du sommet de Toulouse sur l’aviation durable. Le ministre a mis en avant la dimension « historique » de l’événement : « aujourd’hui, à l’initiative de la France, plus de quarante Etats, des dizaines d’entreprises et représentants des salariés du secteur vont, ensemble, s’engager à décarboner le transport aérien d’ici à 2050 », a-t-il déclaré. « Contre l’écologie de la privation, nous incarnons l’écologie de l’innovation. Contre l’esprit de défaite, nous incarnons l’esprit de conquête. C’est cet esprit de conquête qui nous a permis de rallier à notre cause, un à un, tous les Etats membres de l’Union européenne, et même d’autres, comme les Etats-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni. Et c’est armés de cet esprit de conquête que nous irons convaincre le reste du monde », se félicite-t-il. « Parce que nous sommes une grande puissance aéronautique, parce que nous sommes le berceau de champions mondiaux comme Airbus, Thales et Safran, et de startups prometteuses comme Aura Aero, Elixir Aircraft ou Ascendance Flight Technologies, nous avons cette chance inouïe de pouvoir changer le cours des choses, pas seulement pour la France, mais aussi pour la planète tout entière », souligne le ministre.
L’Opinion du 4 février
Boeing achète 7,5 millions de litres de SAF auprès d’EPIC Fuels
Boeing vient d’acheter 7,5 millions de litres de carburant aviation durable (SAF) auprès de la société EPIC Fuels. Le carburant fourni sera fabriqué à partir de déchets agricoles non comestibles et mélangeant 30% de carburant entièrement durable à 70% de kérosène classique. Pour Boeing, il s’agit d’élargir l’utilisation du SAF « aux vols de production, d’essais et de convoyage, ainsi qu’aux vols du Dreamlifter et aux vols de clients sur les sites Boeing d’Everett, Renton et Seattle (État de Washington) et de North Charleston (Caroline du Sud) ». Air & Cosmos rappelle que Boeing s’est engagé à livrer des avions commerciaux capables d’être propulsés par des carburants 100% durables d’ici à 2030.
Air & Cosmos du 8 février
En Corée, Airbus, Air Liquide, Korean Air et IIAC s’associent pour être les pionniers de l’utilisation de l’hydrogène dans la décarbonation de l’aviation
Airbus, Air Liquide, Korean Air et Incheon International Airport Corporation (IIAC) ont signé un protocole d’accord (MOU) pour l’utilisation de l’hydrogène à l’aéroport Incheon de Séoul. Cette collaboration permettra également d’étudier le développement d’une infrastructure aéroportuaire domestique coréenne pour soutenir le déploiement d’avions commerciaux fonctionnant à l’hydrogène. « Ce partenariat reflète une ambition commune de favoriser l’émergence d’un secteur aéronautique innovant, destiné à soutenir l’objectif de neutralité carbone du gouvernement coréen d’ici 2050 », indique Airbus. Anand Stanley, président d’Airbus pour la région Asie-Pacifique, détaille : « Dans le cadre de ce protocole d’accord, Airbus fournira les caractéristiques des opérations au sol des avions fonctionnant à l’hydrogène, ainsi que les caractéristiques des avions et l’utilisation énergétique de la flotte. Ensemble, nous préparerons une feuille de route pour développer d’abord les usages de l’hydrogène à l’aéroport d’Incheon et dans ses environs, puis élaborer des scénarios pour soutenir le déploiement d’écosystèmes à hydrogène connectés à d’autres aéroports coréens ».
FlightGlobal du 10 février