La filière aéronautique recrute malgré la crise
Victimes de l’épidémie de Covid-19, la filière aéronautique continue de recruter et de former pour préparer le rebond. « Il est fondamental de préserver les mé-tiers critiques et de faire monter en compétence les ingénieurs, techniciens et opérateurs tout en recrutant dans les nouveaux métiers dont nous avons besoin pour le futur », explique Philippe Dujaric, directeur de l’emploi et de la formation du Gifas. « Suite à un gel des embauches en mars, nous avons réamorcé les recrutements, à raison de quelques dizaines, à partir du quatrième trimestre 2020, déclare Éric Delpont, responsable emploi d’Airbus. Cela en ciblant les mé-tiers sous tension et les compétences critiques telles que la cybersécurité. Les métiers rattachés à la production, l’intégration et l’assemblage sont des compé-tences dont nous aurons besoin pour faire vivre nos programmes. Dans les bu-reaux d’études, nous ciblons les ingénieurs systèmes et qualité mais aussi les métiers accompagnant la transition numérique. » De son côté, Dassault Aviation « maintient, malgré la crise, un volant de recrutements ciblés pour préparer l’ave-nir, principalement des jeunes ingénieurs et techniciens pour les métiers de la conception, compte tenu de nos différents programmes en développement : futur Falcon, Falcon de missions Archange et Albatros, standard F4 du Rafale, avion de combat européen du futur, souligne son PDG, Éric Trappier. Par ailleurs, nous continuons notre effort pour la formation en apprentissage. » L’effort porte aussi sur la formation des équipes en place. « L’accord de transformation que nous avons signé permet de préserver les compétences et d’embaucher, souligne Sté-phane Dubois, le directeur responsabilités humaine et sociétale de Safran. En 2020, nous avons sauvegardé 10 000 postes et recruté 800 personnes, dont près de 600 ingénieurs et cadres, en France. C’est moitié moins que les années pré-cédentes, mais nous maintenons les embauches avec une prévision de plus de 500 CDI en 2021. » Les acteurs de la filière s’engagent aussi auprès des jeunes afin de les former et de faciliter l’accès à l’emploi en maintenant un haut niveau de contrats d’apprentissage. Safran a proposé près de 1 000 nouveaux contrats d’apprentissage en 2020. « Nous proposons aux jeunes d’écrire une nouvelle page passionnante de l’aéronautique mondiale en contribuant au développement de l’aviation décarbonée », souligne Stéphane Dubois.
Le Figaro – 08/02
Airbus et Safran prêts à sauver Aubert & Duval
Aubert & Duval est en crise, en raison de la chute du marché aéronautique, qui représente 70 % de son chiffre d’affaires. Eramet, lui-même en difficulté, l’a mis en vente. L’autrichien Böhler et l’américain Carpenter, concurrents d’Aubert & Duval, seraient intéressés. Mais il n’est pas question que cette pépite technolo-gique, qui a un savoir-faire unique dans les alliages de très haute performance pour l’aéronautique et l’armement, passe sous capitaux étrangers. La rumeur prête à Safran la volonté de la racheter. Le motoriste reconnait qu’il ne peut se désintéresser de son sort. Pour autant, « la filiale d’Eramet n’a pas vocation à devenir une usine de Safran », souligne un observateur averti. « Aubert & Duval, en raison de ses compétences pointues, a vocation à devenir le chef de file d’une filière en Europe et dans le monde, assure Marwan Lahoud, président exécutif d’Ace Capital Partners. Nous travaillons à un plan de sauvetage, en association avec Airbus et Safran ainsi que d’autres investisseurs. Nous devons au préalable nous assurer de son positionnement stratégique, établir un plan de redressement puis de développement. Ce dossier devrait être bouclé au cours du premier se-mestre 2021. »
Le Figaro – 08/02