Covid-19 : pour le nettoyage ou la désinfection, quel protocole de traitement des surfaces l’entreprise doit-elle adopter ?

01/03/2021

Au quotidien, le nettoyage est la meilleure arme pour maintenir un faible risque de contamination par les surfaces. La désinfection, elle, est à réserver aux opérations ponctuelles, pour faire descendre le niveau de micro-organismes présents sur les surfaces à haut risque à un niveau acceptable ou lorsqu’un cas Covid s’est déclaré dans les locaux.

Les locaux doivent-ils être nettoyés ? Désinfectés ? Les deux ? Bonne nouvelle : pour lutter contre la transmission du Sars-CoV-2, l’option la plus simple, soit le nettoyage, est celle qui doit être effectuée au quotidien. La désinfection, elle, doit être réservée pour des utilisations plus ponctuelles, en fonction du risque de contamination d’une surface.

Ce risque s’évalue en fonction de l’usage de la surface et de l’affluence dans la pièce : plus l’affluence est importante, plus le risque de contamination par des postillons est élevé, explique Christine David, chercheuse à l’INRS (institut national de recherche et de sécurité). De la même façon, plus les surfaces sont touchées, plus le risque de contamination par des mains contaminées est important – d’où, par ailleurs, l’intérêt de respecter les autres mesures barrières, qui permettent de limiter les surfaces à haut risques -.

Le nettoyage quotidien, suffisant pour les surfaces à faible risque

Pour les surfaces à faible risque de contamination comme pour les surfaces à plus haut risque, le nettoyage ne doit jamais être négligé : c’est une étape incontournable, qui s’effectue quotidiennement. Le protocole de nettoyage se fait avec un tensioactif, présent dans les savons, dégraissants, détergents ou détachants. Le tensioactif va solubiliser les lipides de l’enveloppe du Sars-CoV-2, rendant le virus inactif.  

Le nettoyage suffit ainsi à entretenir les surfaces à faible risque de contamination, mais peut également se montrer très utile pour les surfaces à haut risque, comme les poignées de porte ou les rampes. Il permet en effet d’avoir à désinfecter : un nettoyage régulier, avec plusieurs passages dans la journée, permet de ne pas atteindre une concentration de virus sur ces surfaces qui serait trop importante et nécessiterait donc de lancer un processus de désinfection. Bref, ne pas hésiter, donc, à augmenter la fréquence des opérations de nettoyage, suggère Christine David.

À effectuer ponctuellement : la désinfection chimique ou vapeur

La désinfection, de son côté, permet de réduire le nombre de micro-organismes présents sur la surface à un niveau jugé approprié : elle peut se révéler utile de façon ponctuelle pour des surfaces à fort risque de contamination lorsqu’il n’a pas été possible d’effectuer des routines de nettoyage régulières, ou si le risque était imprévisible, c’est-à-dire lorsqu’un cas Covid s’est déclaré. Bon à savoir : si un cas Covid s’est déclaré dans un bureau individuel, il n’est pas forcément nécessaire d’opter pour la désinfection. Le bureau peut être condamné le temps que le virus meure naturellement, avant d’être nettoyé.

Pour la désinfection chimique (manuelle ou par voie aérienne) comme pour la désinfection par la vapeur, l’important est de veiller à ce que la charge virale soit réduite d’au moins 4 log (soit à 99,99 %) et que le temps d’action soit le plus réduit possible. La désinfection est inutile si le temps d’action du procédé se compte en heures : la survie du virus étant limitée sur une surface sèche, il vaut mieux attendre sa diminution naturelle.

 La désinfection chimique manuelle

La désinfection chimique est à réserver pour les opérations coup de poing, à effet immédiat. Elle se fait impérativement après nettoyage, pour que la surface désinfectante se fixe sur les micro-organismes, avec l’un des produits ou substances suivants :

– un produit commercial répondant à la norme virucide NF EN 14 476 ;

– de l’hypochlorite de sodium (eau de Javel), virucide à 0,1 % chlore actif ;

– du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée) à 0,5 % ;

– de l’éthanol à 70 % ;

– de l’isopropanol (ou butan 2-ol) à 70 %.

Pour limiter la formation d’aérosols, l’utilisation d’un balai humide ou de lingettes pré-imbibées ou à imbiber est recommandée. Prudence toutefois : mal employée, la désinfection peut augmenter la résistance des micro-organismes et générer des risques pour les opérateurs.

► La DSVA (désinfection des surfaces par voie aérienne)

La DSVA est effectuée par un automate adapté au volume de la salle, qui pulvérise des gouttelettes sur les surfaces. Elle ne désinfecte pas l’air, mais utilise l’air pour propulser le produit. Attention : ce procédé doit se faire sans présence humaine. Le protocole est lourd, puisqu’il exige de :

– ranger la pièce ;

– nettoyer au préalable ;

– rendre les locaux parfaitement étanches (ruban adhésif, coupure de la ventilation) ;

– respecter le temps de contact ;

– remettre la ventilation en marche pour évacuer le produit avant l’entrée du personnel.

La DSVA choisie doit répondre à l’une des deux normes existantes : une norme européenne (NF EN 17 272) et une norme française (NF T 72-281). La norme française, en passe d’être abandonnée au profit de la norme européenne, plus récente, reste néanmoins valide et implique des tests sur le couple générateur d’aérosol / produit ainsi que sur des procédés physiques (les UV, par exemple). La norme européenne, en revanche, ne prévoit pas de tests sur des procédés physiques.

Les deux normes peuvent couvrir tout le spectre d’activité de la désinfection : bactéricide, virucide, fongicide, sporicide. Le fabricant doit préciser l’activité couverte.

 La DDV (désinfection par la vapeur)

Contrairement à la désinfection chimique, la DDV repose simplement sur la vapeur et ne fait pas intervenir de substance ou produit chimiques. Il n’y a pas de danger pour les cellules humaines, ce qui signifie il n’est pas nécessaire que la pièce soit vide au moment de la désinfection. Seul risque : la température de la vapeur. Attention, donc, à ne pas placer placer d’individu dans la source de chaleur.

Les dispositifs de désinfection par la vapeur reposent sur la norme NF T 72-110, qui, il faut le noter, couvre tous les domaines d’activité (médical, vétérinaire, etc.) et décrit des tests pour tous les spectres d’activité. Il est donc important de vérifier que le fabricant a bien effectué les tests pour la virucidie, et de connaître les virus sur lesquels les tests ont été effectués.

La DDV répond à plusieurs conditions minimales d’utilisation qui, là encore, doivent être précisées par le fabricant : 

– la température et pression de la chaudière ;

– la vitesse de passage ;

– l’effet mécanique avec contact ;

– la distance avec la surface.

Faut-il craindre un déplacement des micro-organismes, comme avec les jets d’eau haute pression par exemple ? Pas d’inquiétude : les appareils qui répondent à la norme sont censés ne pas déplacer les micro-organismes. Autrement dit, le jet de vapeur ne risque pas de décoller les micro-organismes et les remettre en suspension dans l’air.

Et les revêtements biocides ?
Plusieurs fabricants proposent des solutions – membranes, film adhésif, vernis à appliquer, etc – qui présenteraient une action désinfectante de longue durée vis-à-vis de différents micro-organismes, dont les coronavirus. Est-ce réellement efficace ? Pas franchement, selon l’INRS. “Une telle action suppose à minima que le biocide contenu dans le revêtement ait un effet sur le micro-organisme ciblé (Sars-CoV-2) et que cet effet soit rapide“, prévient l’institut, rappelant que ce sont des dispositifs qui ont avant tout du sens dans des secteurs bien spécifiques, pour des surfaces dites à haut risque, lorsqu’il faut atteindre un niveau de présence de micro-organismes très faible. Pour certaines surfaces, touchées par de nombreuses personnes – le bouton de l’ascenseur, par exemple –, le revêtement biocide devra de toute façon être nettoyé très souvent pour garder son efficacité. Or dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, un produit de nettoyage classique suffit, quelle que soit la surface, à détruire le Sars-Cov-2.

Olivia Fuentes