L’américain Heico finalise le rachat du français Exxelia
Le groupe américain d’électronique et de défense Heico a finalisé le rachat de l’entreprise française de technologie Exxelia, jusqu’ici contrôlée par un fonds britannique, pour 453 M€. Né en 2009 de la fusion de 5 PME, Exxelia, qui se décrit comme un fabricant de « composants et sous-systèmes de précision », produit des composants passifs complexes (condensateurs, magnétiques, résistances, filtres, capteurs de position, pièces mécaniques de haute précision) indispensables à tous les appareillages électroniques, y compris dans l’armement et l’aéronautique. Il équipe notamment le Rafale, l’A320neo, les fusées Ariane 5 ou les sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda, mais aussi l’avion de chasse américain F-35. La société a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 160 M€. Elle avait été rachetée en 2014 par la société britannique IK Partners. L’entreprise d’électronique de Défense américaine Heico, société familiale cotée à New York, avait annoncé son projet de rachat fin juillet en accord avec la direction d’Exxelia, qui va conserver près de 6% du capital. Le délégué général à l’Armement français, Emmanuel Chiva, avait indiqué n’avoir trouvé aucune offre française qui soit « à la hauteur ». « Ce n’est pas pour autant que nous laissons filer une pépite technologique à l’étranger », explique-t-il, en évoquant la mise en place de conditions extensives, illimitées dans le temps, permettant de préserver les intérêts de Défense et de sécurité français. Parmi les garanties obtenues, Heico a consenti à attribuer à l’Etat une action spécifique (« golden share »).
Ensemble de la presse du 7 janvier
SCAF : « Un démonstrateur doit voler dès 2029 » selon Eric Trappier
Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, était interrogé au micro d’Europe 1 lundi 9 janvier, où il est notamment revenu sur la bonne année de son groupe. « L’année 2022 a été une année record », explique-t-il, « Le contrat avec les Émirats arabes unis de 80 Rafale, des compléments pour la Grèce, un début de contrat avec l’Indonésie… 2022 aura été une très belle année pour le Rafale ». Le dirigeant souligne aussi la bonne santé du Falcon, qui continue d’avoir une belle carrière avec 61 commandes. L’année passée a également été celle du conflit ukrainien et la relance des projets d’une Europe de la Défense. « C’est un long défi. Mais on travaille par exemple avec les Grecs et les Allemands pour préparer le futur », déclare Eric Trappier. Sur le plan industriel, avec le Système de combat aérien du futur (SCAF), un projet piloté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, un accord a été trouvé le 18 novembre dernier entre Dassault Aviation et Airbus, pour répartir les tâches de la construction. « On espère que si les règles restent les mêmes, on arrivera à faire voler un démonstrateur avant 2030, dès 2029 exactement, et qui démontrera justement les capacités d’un avion de combat », a-t-il annoncé. Les premiers appareils devraient entrer en service à l’horizon 2040.
Europe 1 du 9 janvier
Le Canada confirme sa commande de 88 avions F-35 à Lockheed Martin
Le gouvernement de Justin Trudeau a confirmé lundi 9 janvier l’achat de 88 chasseurs américains F-35 pour remplacer sa flotte vieillissante de CF-18, pour un montant de 19 Md$ canadiens (13,2 M€). Cette commande, qui avait été annoncée en mars dernier, est le plus important investissement canadien dans la flotte de son aviation royale en 30 ans. Selon l’entente conclue avec Washington et les sociétés américaines Lockheed Martin et Pratt & Whitney, les premiers avions devraient être livrés en 2026 et l’ensemble de la flotte entre 2032 et 2034. Le Canada a souvent acheté, dans le passé, du matériel militaire américain, lui permettant facilement d’être au diapason de ses alliés de l’OTAN et de la NORAD, l’organisation de Défense nord-américaine. Pourtant, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, avait promis en arrivant au pouvoir en 2015 de ne pas acheter le F-35 du constructeur américain, jugé trop cher.
Ensemble de la presse du 10 janvier
Dassault Aviation a repris les livraisons de Rafale à la France
Le 29 décembre 2022, l’usine Dassault Aviation de Mérignac a livré à la Direction Générale de l’Armement (DGA) le Rafale B359 (au standard F3R), marquant la reprise des livraisons d’avions de combat Rafale à la France après 4 années d’interruption. Le Rafale B359, destiné à l’armée de l’Air et de l’Espace, fait partie de la commande dite « tranche 4 » notifiée en 2009 pour 60 avions. Conformément aux différentes Lois de programmation militaire (LPM), les livraisons à la France avaient été interrompues pour des raisons budgétaires. La chaîne Rafale a alors été alimentée par les commandes export, notamment en Egypte, au Qatar et en Inde. L’année dernière, le constructeur a enregistré 92 prises de commandes : 80 par les Émirats arabes unis, 6 par la Grèce et 6 par l’Indonésie. Le carnet de commandes du Rafale comptait, au 31 décembre 2022, 164 appareils contre 86 l’an passé. Il reste 27 Rafale à livrer au titre de la tranche 4, auxquels s’ajoutent 12 Rafale commandés en 2021 par la France pour compenser 12 appareils revendus à la Grèce. La notification d’une tranche 5 est prévue en 2023. 13 Rafale F3R devraient être livrés en 2023 à l’armée de l’Air et de l’Espace, moins 10 Rafale vendus d’occasion à la Croatie (12 au total), selon le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace. « Nous devrions assister à une remontée progressive du nombre de Rafale disponibles », a expliqué en octobre le général Stéphane Mille à l’Assemblée nationale. Au total 13 Rafale devraient être livrés en 2024, puis autant en 2025. Cet été l’armée de l’Air et de l’Espace, qui met en œuvre 195 avions de chasse, dont 102 Rafale, plaidait pour une flotte de 225 Rafale (contre 185).
Ensemble de la presse du 11 janvier
Lynred lance son projet Heroic et pilotera un consortium de 10 partenaires européens
L’entreprise grenobloise Lynred, spécialisée dans la conception de détecteurs infra-rouge pour caméra, a annoncé mardi 10 janvier le lancement de son projet Heroic (« high efficiency read-out integrated circuit »). La filiale de Thales et de Safran pilotera pendant 4 ans un consortium de 10 partenaires européens, pour un budget supérieur à 19 M€, dont 18 proviendront du Fonds européen de Défense. Les applications des capteurs infra-rouges visent notamment dans le domaine les imageurs thermiques, les systèmes de surveillance, les systèmes de ciblage ou les satellites d’observation. « Pour Lynred, ce projet devrait mobiliser 5 à 10 équivalents temps plein par an », détaille David Billon-Lanfrey, Directeur de la stratégie de l’entreprise. L’effort devrait être similaire pour les 2 autres acteurs principaux et concurrents : l’allemand AIM et le belge Xenics. Cette alliance vise à mutualiser les coûts de production sur les technologies silicium CMOS (Complementary metal oxide semi-conductor) avancées, c’est-à-dire pour des finesses de gravure à 65 nanomètres ou inférieures. Chacun produira ensuite ses premiers prototypes fin 2026. Les produits qui en découleront arriveront quant à eux entre 2030 et 2035, d’abord dans le domaine militaire, qui représente 40% des 232 M€ de chiffres d’affaires de Lynred en 2021. « Cela rayonnera à terme dans toutes nos gammes produits », anticipe David Billon-Lanfrey. En dehors de ce projet collaboratif, la société souhaite retrouver un rythme de croissance de 5 à 6% par an, et prévoit aussi de se développer dans les activités « grand public », tels que les drones ou l’automobile.
Les Echos du 12 janvier
Airbus et Dassault Aviation en compétition pour le futur avion de patrouille maritime français
La Direction Générale de l’Armement (DGA) a annoncé la mise en compétition de l’A320 d’Airbus et du Falcon 10X de Dassault Aviation pour ses futurs besoins de lutte anti sous-marine. La DGA a attribué 10,9 M€ à chaque constructeur aéronautique pour lancer les études de conception du futur avion de patrouille maritime de la Marine française. Airbus propose une solution fondée sur une militarisation de l’A320neo, tandis que Dassault Aviation propose son futur avion d’affaires Falcon 10X , qui entrera en service fin 2025 et sera le modèle le plus grand et le plus puissant de sa gamme de Falcon. « Chaque avionneur devra proposer une solution économiquement intéressante répondant au besoin opérationnel de la Marine nationale à l’horizon post-2030 », explique la DGA, en ajoutant que « les solutions proposées devront rester ouvertes à la coopération à d’autres partenaires européens potentiellement intéressés ». La France met ainsi fin au projet franco-allemand MAWS, décidé en 2017 pour remplacer les Atlantique 2 actuellement en service en France et les P3C Orion de la Marine allemande. Avec une vingtaine d’avions spécialisés, la flotte française est bien supérieure en nombre à celle de la marine allemande, mais s’agissant d’avions de petite série, une harmonisation européenne aurait été bienvenue. « Dans la lutte anti sous-marine, il n’existe pas cinquante modèles d’avions. Grâce à l’appel d’offres français, on gardera une solution européenne face au P8 de Boeing », constate-t-on chez Airbus. Les 2 constructeurs ont 18 mois pour réaliser leurs études et la DGA déclare qu’elle fera son choix en 2026 en vue de remplacer les Atlantique 2 dans la décennie 2030-2040.
Les Echos et La Tribune du 13 janvier
L’OTAN va tester un logiciel d’aide à la décision opérationnelle, conçu par Thales et NukkAI
Les armées modernes ont de plus en plus de difficultés à analyser d’énormes volumes d’informations multisources et multicanaux, envoyées en continu par les satellites, les acteurs du champ de bataille, mais aussi les réseaux sociaux publics et cryptés, et à en extraire les informations pertinentes. Elles ont donc recours à des algorithmes intégrant de l’intelligence artificielle (IA) pour fusionner des masses géantes de données afin de proposer des actions à mener pour planifier des opérations militaires. L’OTAN s’apprête justement à tester « Anticipe », le produit développé par Thales et ses partenaires, notamment le département de recherche de l’US Air Force et l’École nationale de cognitique de l’université de Bordeaux 2. « Anticipe » intègre au sein de la plateforme d’analyse de big data Kast de Thales, la technologie d’IA développée par la startup française NukkAI, pionnière de l’intelligence artificielle de nouvelle génération. Le groupe de Défense a formalisé son partenariat en annonçant, jeudi 12 janvier, la signature d’un 1er contrat avec NukkAI. Le logiciel d’aide à la décision militaire avait été présenté à la DGA en France et avait reçu une licence d’exportation. Le test OTAN est programmé pour octobre 2023, dans le cadre de l’exercice Steadfast Jupiter 2023, un exercice stratégique opérationnel et tactique, destiné à évaluer la force de réaction face à une menace majeure. Si le test est concluant, « nous aurons des opportunités de contrats avec l’Alliance, avec l’armée de l’Air et de l’Espace, mais aussi avec des pays du Golfe qui ont marqué leur intérêt », souligne David Sadek, vice-Président recherche, innovation et technologie, en charge de l’IA, chez Thales.
Le Figaro du 13 janvier