Le ministre des Armées fait le point sur la LPM avant sa présentation en Conseil des ministres
Sébastien Lecornu présentera mardi 4 avril en Conseil des ministres la Loi de programmation militaire (LPM) pour 2024-2030. Dans un entretien au Parisien, il rappelle les augmentations du budget des Armées et ses prochaines priorités. « Je confirme les 413 Md€ que le Président de la République a annoncés en janvier lors de ses vœux aux Armées » explique le ministre. « Le budget des armées en 2017 était de 32 Md€. Nous proposons de le porter à 69 Md€ en 2030, soit plus du double ». Le budget tient compte des urgences opérationnelles, notamment sur la base des retours d’expérience de l’Ukraine telles que les capacités en matière de drones et de lutte anti-drone. Une demande de dépense supplémentaire de 1,5 Md€ en 2023 va être faite au Parlement. « Cette somme nous permettra d’amortir les effets de l’inflation mais aussi d’accélérer la réparation de nos armées. Si le Parlement accepte de voter ce rectificatif budgétaire, pour 2023, l’augmentation ne sera plus de 3 Md€ mais s’élèvera à 4,5 Md€ », détaille Sébastien Lecornu. Autrement, la LPM actera le calendrier de construction du nouveau porte-avions nucléaire : début des travaux en 2025 et 1ers essais en mer en 2036-37. La LPM y consacrera 5 Md€ pour un coût total de l’ensemble du projet estimé à 10 Md€. Le ministre des Armées annonce également la livraison prochaine à l’Ukraine, avec l’Italie, d’un système de défense sol-air SAMP/T, capable de protéger une agglomération de la taille de Kiev.
Le Parisien du 2 avril
L’industrie de Défense au défi d’exporter sans dépendre des technologies américaines
Les industriels français de la Défense devraient se passer des composants électroniques américains pour concevoir leurs systèmes d’armes, selon les conclusions d’un rapport de la Cour des comptes rendu public fin janvier. Se passer de composants américains permettrait à la France d’éviter des interdictions d’exportation à cause de la réglementation ITAR (International traffic in arms regulations). Dès lors qu’un système d’armes contient un composant ou une technologie américaine tombant sous le coup de cette réglementation, les États-Unis peuvent s’opposer à sa ré-exportation vers d’autres destinations que l’affectation primaire. « On estime que les entreprises françaises de Défense les plus importantes formulent chacune, chaque année, environ de 800 à 1 000 demandes de licences au DDTC (Directorate of defense trade controls) », indiquent les auteurs du rapport. L’enjeu est capital pour la France, 3ème exportateur mondial de matériel militaire. « Pour pallier ces contraintes, la France cherche à mettre en œuvre des programmes d’équipements dits « ITAR free » dès leur conception », souligne le rapport de la Cour des comptes. Les derniers grands programmes d’armement respectent cet impératif, y compris à l’échelle européenne. Celui du futur avion de combat, le SCAF, vise cet objectif afin de pouvoir être exporté sans contrainte. Tout comme l’Eurodrone, le drone de moyenne altitude et longue endurance développé par Airbus Defence and Space.
L’Usine Nouvelle du 2 avril
La loi de programmation militaire 2024-2030 présentée en Conseil des ministres
La Loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030 est présentée en Conseil des ministres ce mardi 4 avril. L’effort financier symbolise le basculement d’un temps où il s’agissait de « réparer » les armées à celui où il faut envisager l’hypothèse d’une guerre. En moins de 15 ans, le budget des armées aura donc plus que doublé, si la trajectoire est bien respectée. De 32 Md€ en 2017, il devrait atteindre 69 Md€ en 2030. Sur toute la période, la LPM mobilisera 413 Md€ (dont 13 Md€ de recettes extrabudgétaires), contre 295 Md€ pour la précédente loi 2019-2025. L’aggravation des menaces et la dégradation du contexte économique ont rendu l’écriture de la LPM particulièrement complexe. Une rallonge exceptionnelle de 1,5 Md€ a finalement été accordée pour 2023. Mais pour les années suivantes, les augmentations prolongeront seulement la tendance, avec une première « marche » de 3 Md€. En 2024, l’augmentation sera de 3,1 Md€, puis elles seront de 3 Md€ par an jusqu’en 2027, et de 4,3 Md€ en 2028. Pour sanctuariser les ressources, et gagner des marges de manœuvre, le coût de l’aide à l’Ukraine sera sorti des comptes. Mais l’inflation devrait rogner une partie des crédits supplémentaires, pour un coût évalué à 30 Md€. Parmi les principaux engagements de la LPM, 13 Md€ seront consacrés à l’outre-mer, 10 Md€ aux technologies de rupture, comme l’hypervélocité ou le quantique, 6 Md€ au spatial, 5 Md€ à la contre-ingérence et au renseignement, 5 Md€ aux drones, 5 Md€ à la défense surface-air, 4 Md€ au cyber, 2 Md€ aux forces spéciales, etc. « Il n’y aura pas de renoncements », à des programmes, explique le ministère des Armées, mais « il y aura des révisions de cadencement ». Ainsi, le passage au tout-Rafale pour l’armée de l’Air et de l’Espace, à l’origine prévu pour 2030, ne sera effectif qu’en 2035.
Ensemble de la presse du 4 avril
ASB investit sur les piles amorçables pour munitions et relocalise en France une activité de Thales
Installé à Bourges, dans le Cher, ASB (Aerospatiale Batteries), leader mondial des piles thermiques, ces sources d’énergie embarquées qui équipent tous les missiles, relocalise sa production. Cette PME de 186 salariés, détenue à 50/50 par Airbus et Saft (TotalEnergies), vient de rapatrier en France la production des piles amorçables qui alimentent l’intelligence des munitions des canons et mortiers, et notamment les obus de 155 mm tirés par le Caesar. En Europe, le principal fabricant était Thales, qui les produisait aux Pays-Bas pour ses fusées d’artillerie, les munitions de Nexter et l’export. Mais son fournisseur américain d’électrolyte, un composant clé du produit, a décidé de lui imposer un volume minimal de livraison beaucoup trop important, au point que le groupe s’est retrouvé l’an dernier sans autre choix que de cesser cette activité. Pour éviter que l’artillerie française se retrouve dépendante, ASB a réussi en urgence à trouver une solution, avec l’appui de Thales et de plusieurs services de la Direction générale de l’armement « qui ont activement et financièrement soutenu la mise en place de cette opération ». La chaîne de production a ainsi été déménagée d’Eindhoven à Bourges, juste avant Noël, en un temps record, et ASB a repris tous les marchés de Thales en accord avec le groupe. L’entreprise prévoit par ailleurs la construction d’une nouvelle usine à Bourges, sur un terrain de 20 000 m2, consacrée à la production de poudres et à l’électrochimie. ASB annonce pouvoir accélérer la cadence à 50 000 piles par an d’ici à la fin de la 1ère année et fournit déjà des clients à l’export, avec 3 mois d’avance sur son calendrier. Bourges fournira donc en exclusivité le marché européen et travaille avec T2M (Thales) à La Ferté-Saint-Aubin, dans le Loiret, pour développer des piles amorçables plus compactes destinées aux fusées de moyen calibre.
Les Echos du 4 avril
Un contrat de Thales avec la DGA pour des radars de surveillance
Thales a fait part d’un nouveau contrat dans le cadre de l’étape 5 du programme SCCOA (Système de commandement et de conduite des opérations aérospatiales) et du programme Détection 22 de la Direction générale des Armées (DGA). Dans ce cadre, le groupe d’électronique fournira des radars d’approche primaires et secondaires de nouvelle génération STAR NG et RSM NG pour renouveler, à compter de 2025, la flotte des radars des bases aériennes et navales françaises. La surveillance aérienne sera assurée avec des capacités opérationnelles et des performances de détection renforcées. Ces systèmes répondront aux exigences combinées de traitement de l’obsolescence et d’adaptation aux réglementations.
Easybourse du 5 avril
2 acteurs majeurs de l’aéronautique belge, Sonaca et Orizio, vont renforcer leur collaboration dans la Défense
La société wallonne Sonaca et le groupe Orizio (Sabca et Sabena Engineering) ont conclu un accord en vue de renforcer leur collaboration commerciale et opérationnelle. Ce partenariat permettra aux 2 sociétés de développer leurs synergies et de s’unir pour des offres commerciales militaires, avec pour objectif stratégique de renforcer la participation des industriels belges dans la Défense. Cet accord s’inscrit dans la lignée d’un 1er partenariat initié en 2017 entre Sonaca et Sabena Aerospace, l’ancêtre de Sabena Engineering, qui avait donné naissance à une filiale commune, « Ignition! ». Les 2 partenaires ont identifié 4 projets précis. Le 1er est celui de la gestion de la maintenance et de l’activité support du F-35, qui doit arriver en Belgique en 2025. Le 2ème programme est l’achat par l’armée de nouveaux hélicoptères. Le Conseil des ministres a donné récemment son feu vert à la procédure d’acquisition de 15 hélicoptères légers, plus 5 appareils pour la police. La Défense étudie également l’achat ultérieur de 8 à 10 hélicoptères lourds et de 4 nouveaux appareils de recherche et de sauvetage. Les 2 entreprises visent ensuite les futurs avions destinés aux forces spéciales, et finalement le prochain programme d’entraînement des pilotes, dont une partie se déroule sur les petits avions Marchetti, qui seront retirés du service cette année.
L’Echo et La Libre Belgique du 5 avril
Les décalages de programmes prévus par la LPM reportent le passage au « tout Rafale »
La loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui a été présentée en Conseil des ministres, prévoit des décalages dans le temps de certains programmes. S’ils touchent surtout l’armée de Terre, les forces aériennes sont également concernées, notamment avec le passage du Mirage 2000D au Rafale. Selon le rapport annexé au projet de LPM, le parc d’avions de combat de l’armée de l’Air et de l’Espace et celui de la Marine s’élèvera fin 2023 à 177 appareils : 141 Rafale et 36 Mirage 2000D. En 2030, ce parc aura augmenté avec 37 Rafale (178 au total) et 12 Mirage 2000D (48) qui auront alors achevé leur modernisation, soit 226 avions de combat. Le passage au « tout Rafale » voulu par le Président de la République ne sera donc pas atteint en 2030. Disposer d’un seul type d’appareil au sein d’une force aérienne permet de faire des économies de formation et de maintenance. La Marine, pour son porte-avions, n’aligne que des Rafale (41), depuis le retrait des Super-Etendard en 2016. Pour le moment, le ministère des Armées indique seulement que le retrait des Mirage 2000D se fera « rapidement » après 2032. Si elle est adoptée en l’état au Parlement, la LPM confirmera ainsi la commande de 42 Rafale pour l’armée de l’Air et de l’Espace. Les livraisons s’opéreront entre 2027 et 2032, soit une moyenne de 7 par an, sachant qu’il faut 3 ans pour construire un Rafale, pour un coût de l’ordre de 100 M€. Il n’existe qu’une seule chaîne de montage du Rafale à Mérignac, en Gironde, où l’usine de Dassault Aviation peut produire 3 avions par mois. Or son carnet de commandes est déjà plein, avec 164 Rafale, dont 125 destinés à l’export, soit 5 années d’activité déjà garanties. Avec 87 avions d’affaires Falcon, « c’est le carnet de commandes le plus important de l’histoire du groupe », se réjouit Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation. Outre le Rafale, l’armée de l’Air et de l’Espace aura également besoin d’avions de transport militaire. Son principal appareil est désormais l’A400M, dont la France s’était engagée, lors du lancement du programme, à en acquérir 50. Selon les documents préparatoires de la LPM, elle devrait en aligner « au moins 35 » en 2030 et 2035, contre 22 actuellement. Quant aux drones MALE (Moyenne altitude longue endurance), produits par Airbus, l’armée de l’Air et de l’Espace devrait avoir son 1er système EuroMale en 2030. A terme en 2035, ce système européen devrait remplacer les actuels Reaper fournis par les Etats-Unis.
L’Opinion du 6 avril
Simulation d’une frappe nucléaire lors du dernier exercice Poker de l’armée de l’Air et de l’Espace
La Force aéronavale nucléaire a simulé une frappe lors du dernier exercice Poker de l’armée de l’Air et de l’Espace. Organisé régulièrement, à raison de 4 éditions par an, l’exercice Poker vise à simuler un raid nucléaire des Forces aériennes stratégiques (FAS). Un tel entraînement mobilise tous les aéronefs susceptibles d’être déployés en vue d’une frappe nucléaire, dont les Rafale B de la 4ème Escadre de chasse ainsi que les avions ravitailleurs A330 MRTT et C-135FR. Comprenant des vols de basse, moyenne et haute altitude ainsi que des vols ravitaillements, d’interception et de détection aéroportée, les exercices Poker ne sont pas confidentiels. Si leur raison d’être reste la préparation opérationnelle des équipages relevant des FAS, ils sont aussi une démonstration de force puisqu’ils sont menés au vu et au su de tous. Ainsi, lors de l’exercice Poker 2023-1, les appareils impliqués se sont rassemblés au-dessus de la Bretagne, pour ensuite se diriger vers la Méditerranée. Cette phase a été suivie par un vol de pénétration à très basse altitude par le sud-est. Et cela jusque dans la région Centre, où le tir d’au moins un missile Air-Sol Moyenne Portée amélioré (ASMP-A) a été réalisé. Cette année, la Force aéronavale nucléaire (FANu) a pris part à l’exercice, a précisé la Marine nationale.
Zone militaire du 5 avril
Quels industriels bénéficieront des 413 Md€ de la LPM 2024-2030 ?
La France prévoit de consacrer un budget inédit de 413 Md€ pour ses armées sur la période 2024-2030. L’Usine Nouvelle passe en revue les industriels susceptibles de bénéficier le plus des programmes de modernisation et des commandes pour les armées françaises. D’abord la modernisation de la dissuasion nucléaire consistera à la mise en service des SNLE de 3ème génération pour la composante océanique, avec Thales comme fournisseur de radar, ainsi que TechnicAtome pour la partie liée à la propulsion nucléaire, et du missile air-sol moyenne portée amélioré rénové (ASMP-R) du Rafale pour la composante aérienne. La préparation de son successeur le missile air-sol nucléaire de quatrième génération ASN4G est déjà engagée. Le parc d’hélicoptères sera également rajeuni avec des appareils Tigre, NH90 et HIL (hélicoptère interarmées léger) qui seront fournis par Airbus Helicopters. Le passage au tout Rafale bénéficiera à Dassault Aviation et ses grands partenaires (Safran pour la motorisation, Thales pour l’électronique) et à sa chaîne de 500 sous-traitants. Le groupe Airbus bénéficiera quant à lui des commandes d’avions de transport A400M, avec comme cible une flotte d’une trentaine d’appareils d’ici à 2030. En ce qui concerne les fabricants de satellites, Thales Alenia Space et Airbus Defence & Space seront en compétition directe pour fournir la prochaine constellation de satellites de télécommunications sécurisées qui doit remplacer le 4ème exemplaire des satellites Syracuse. Dans le domaine de l’observation et de la surveillance de l’Espace, où les armées veulent renforcer leurs capacités, Safran, ArianeGroup, Thales et le centre de recherche aérospatial de l’ONERA, disposent également de solutions en compétition. Par ailleurs, la PME toulousaine Hemeria développe un satellite patrouilleur-guetteur pour les armées. Au total, 6 Md€ seront consacrés aux activités militaires spatiales entre 2024-2030. Dans l’optique de renouvellement des stocks de munition, le missilier MBDA, le fabricant de munitions de moyens et gros calibres Nexter, ainsi que le spécialiste des explosifs Eurenco, pourront compter sur les 16 Md€ engagés par la LPM. Enfin, 5 Md€ seront consacrés aux drones sur la période 2024-2030. Des groupes comme Thales, Safran, MBDA, Airbus mais aussi de plus petits acteurs comme Novadem, Parrot sur le segment des drones aériens, mais également de Naval Group, Exail Technologies et Nexter dans les domaines navals et terrestres, peuvent espérer se positionner sur ces créneaux. Sur l’ensemble de ces programmes, les négociations entre le ministère des Armées et les industriels de l’armement ont déjà démarré, le gouvernement souhaite que la LPM soit adoptée avant le 14 juillet.
L’Usine Nouvelle du 7 avril