L’Inde officialise son intention d’acheter 26 Rafale Marine et 3 sous-marins Scorpène
Pour la venue de son Premier ministre Narendra Modi à Paris, l’Inde a confirmé son intention d’acheter 26 Rafale Marine et 3 sous-marins Scorpène pour renforcer les capacités opérationnelles de sa marine. La DAC (Defence Acquisition Council), l’équivalent de la DGA dans le pays, a confirmé ces acquisitions juste avant le défilé du 14 juillet. La France et l’Inde fêtent les 25 ans de leur partenariat stratégique, dont la Défense constitue un volet majeur de ce partenariat. Ces achats de matériel militaires sont réalisés de gouvernement à gouvernement et non directement auprès des industriels tricolores. L’achat des Rafale est prévu avec un ensemble de prestations : formation des pilotes et documentation, ventes des missiles, disponibilité de pièces de rechange, etc. La signature n’est cependant pas définitive. « Le prix et les autres conditions d’achat seront négociés avec le gouvernement français après avoir pris en compte tous les aspects pertinents, y compris le prix d’achat d’avions similaires d’autres pays », précise l’agence indienne. Le Rafale était notamment en compétition avec le F18 Super Hornet de Boeing. Le communiqué souligne que le contrat prévoira des clauses pour intégrer du matériel spécifique indien à bord des appareils et l’établissement en Inde d’un centre de réparation et de maintenance. Les forces indiennes prévoient donc également de s’équiper de 3 sous-marins Scorpène de Naval Group. En 2005, elles avaient déjà passé commande pour 6 sous-marins de ce type. La fabrication sera confiée à un chantier local, l’entreprise Mazagon Dock Shipbuilders Limited (MDL). L’Inde totalise presque 11% des importations mondiales de systèmes d’armes, dont 29% sont assurées par la France, s’imposant comme le 2ème fournisseur des armées indiennes après la Russie (45%) et devant les États-Unis (11%).
Ensemble de la presse du 15 juillet
Safran Helicopter Engines et Hindustan Aeronautics Limited (HAL) vont créer une coentreprise pour concevoir et produire en Inde des moteurs d’hélicoptère de nouvelle génération
Safran Helicopter Engines et Hindustan Aeronautics Limited (HAL) ont signé un accord de partage d’activités pour le développement du moteur destiné au futur hélicoptère IMRH (Indian Multi-Role Helicopter) de 13 tonnes et à sa version embarquée DBMRH (Deck Based Multi-Role Helicopter). Cet accord fait suite au mémorandum d’entente signé le 8 juillet 2022 et formalise la répartition des activités au sein de cette coentreprise. HAL participera à la conception, au développement et à la production des parties sensibles du moteur, ce qui constitue une avancée majeure en termes d’expertise et de savoir-faire en Inde. Un modèle de l’hélicoptère IMRH à l’échelle 1/3 a notamment été présenté par HAL au salon Aero India. Les discussions avancent également avec les forces armées indiennes quant à leurs besoins opérationnels pour ce nouvel hélicoptère. L’utilisation d’un moteur dont une partie importante des composants est d’origine indienne est un gage de souveraineté pour le gouvernement indien en matière de technologies de Défense. Safran Helicopter Engines et HAL continueront à travailler au développement de cette joint-venture dans les mois à venir, qui vise non seulement à développer un moteur pour l’IMRH, mais aussi pour d’autres hélicoptères. Parallèlement, Safran Helicopter Engines et HAL se sont entendus pour augmenter la part de contenu indien dans le moteur Ardiden 1H1 / Shakti, qui motorise les hélicoptères Dhruv et Light Combat Helicopter (LCH), avec le transfert en Inde de la fabrication de 7 pièces critiques de fonderie et de forge destinées à ce moteur.
Aerobuzz du 17 juillet
Le Parlement adopte définitivement la loi de programmation militaire avec un budget historique
Le Parlement a définitivement adopté par un dernier vote au Sénat, le jeudi 13 juillet, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030. Cette LPM prévoit un budget de 400 Md€ auxquels s’ajoutent 13 Md€ de ressources financières supplémentaires. Soit quasiment 100 Md€ de plus que le budget de la précédente LPM sur la période 2019-2025. Cela permet de porter dès 2025 l’effort de défense national à 2% du PIB, comme le recommandent les normes de l’OTAN. « La LPM traduit les efforts du pays en faveur de ses armées. Ces efforts seront dans les années qui viennent à proportion des dangers, c’est dire considérables », avait indiqué le Président de la République en janvier 2023. Les objectifs étaient clairs : moderniser la dissuasion nucléaire, renforcer la fonction du renseignement, doubler les investissements dans les capacités de cyberdéfense et les drones, agir dans les nouveaux espaces de conflictualité (l’espace exoatmosphérique, les fonds sous-marins, le cyberespace), développer la maintenance des équipements, etc. Certains experts ont pu souligner des manques au regard du contexte international, et les sénateurs ont obtenu des corrections, notamment le relèvement du budget des 4 premières années de la LPM de 2,3 Md€ afin de répondre aux priorités opérationnelles immédiates des armées en matière d’équipements et d’entrainement des forces. Après le vote du Sénat, la promulgation de la LPM devrait être retardée, le Conseil Constitutionnel ayant été saisi sur le sujet par des députés LFI.
Ensemble de la presse du 15 juillet
Le prototype de l’Aarok, le drone de Turgis & Gaillard, assemblé sur l’aérodrome de Blois-Le Breuil
Le prototype du drone Aarok de Turgis & Gaillard, exposé au Salon du Bourget 2023, a été assemblé dans les locaux du groupe, à l’aérodrome de Blois-Le Breuil. Avec ses 22 mètres d’envergure, ses 14 mètres de long et une masse maximale de 5,5 tonnes au décollage avec armement et carburant, l’engin français pourrait bientôt être commercialisé. La principale caractéristique de ce drone Male (Moyenne altitude longue endurance) repose sur ses divers capteurs. Il est muni de radars de champ large lui permettant de détecter autour de lui jusqu’à 200 km ainsi que de capteurs de champ étroit pour affiner ses identifications. Patrick Gaillard, directeur général du groupe, affiche clairement son intention de concurrencer le Reaper avec son produit, en partant des besoins des armées françaises. Turgis & Gaillard a été créé en 2011 avec cet objectif en ligne de mire. « La conception d’un tel engin était financièrement et technologiquement à notre portée », explique-t-il. « L’Aarok est moins fragile. Il peut être utilisé depuis des terrains plus hostiles ». À usage militaire dans un premier temps, le drone pourrait viser dans un second temps l’aviation civile. 5 ans ont été nécessaires avant d’établir une étude d’avant-projet en 2018. Pendant ce temps, le groupe a vendu ses services d’ingénierie dans les domaines aéronautique et de la défense. En juillet 2020 Turgis & Gaillard a racheté Blois Aéro Services, entreprise spécialisée dans la maintenance d’avions civils et militaires avec une vingtaine salariés, sur le site de l’aérodrome de Blois-Le Breuil. Le lieu a été choisi par le groupe pour aménager un bureau d’études et un atelier de sa société Gaillard ASA pour l’assemblage du prototype du drone Male. Les 4 grands composants de l’Aarok, des pièces en aluminium et en titane, ont ensuite été usinés dans l’usine MMD appartenant à Turgis & Gaillard, à côté de Grenoble. Le groupe affichait un chiffre d’affaires de 51 M€ en 2022, et compte désormais 9 usines en France et 1 en sommeil en Inde.
La Nouvelle République du 18 juillet
La France et l’Inde discutent du développement conjoint d’un « système de combat aérien »
Si l’Inde a bien confirmé son intention d’acquérir 26 Rafale Marine, ainsi que 3 sous-marins Scorpène supplémentaires, d’autres projets devraient être conduits conjointement par la France et l’Inde en matière de Défense dans les années à venir. C’est en effet ce qu’indique la feuille de route « vers le centenaire des relations franco-indiennes », publiée par l’Élysée à l’issue de la visite de Narendra Modi. Actuellement, l’Inde mène 2 projets d’avions de combat, confiés au constructeur aéronautique HAL, à savoir le TEDBF (Twin Engine Deck Based Fighter), destiné à son aéronautique navale, et l’AMCA (Advanced Medium Combat Aircraft), un appareil de 5ème génération susceptible d’être au centre d’un « système de systèmes » incorporant des effecteurs connectés pouvant évoluer en essaim, des drones de type « loyal wingman ». Certains doutent de la capacité de l’Inde à mener à bien un tel programme, faute de disposer d’une base industrielle et technologique de défense suffisamment « robuste », et avancent que le pays pourrait rejoindre un autre projet, comme le SCAF, mené par la France, l’Allemagne et l’Espagne, ou le GCAP, ex-Tempest, conduit par le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon. La feuille de route de l’Elysée faisait justement référence au possible développement de « briques technologiques » communes. Il pourrait s’agir également du développement du Rafale F5, lequel doit être mis en service à l’horizon 2030.
Ensemble de la presse du 17 juillet
Face à la menace russe, les pays de l’OTAN augmentent massivement leurs dépenses de Défense
Selon les données diffusées par l’Alliance lors du sommet de Vilnius, sur les 10 dernières années, 26 des 30 membres de l’OTAN possédant une armée (l’Islande, le 31ème, n’en a pas), ont augmenté le poids de leur budget de Défense rapporté à leur PIB. En 2014, année de l’annexion de la Crimée par la Russie, seuls 3 pays de l’Alliance (les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Grèce) dépassaient le seuil des 2% du PIB dédiés aux dépenses militaires. En 2023, ils devraient être 11. La France, pour sa part, est encore juste en dessous de cette barre. « Les alliés ont réalisé des progrès considérables s’agissant d’augmenter les dépenses de Défense et d’investir dans des équipements majeurs », se félicite l’OTAN. « Il va y avoir un pic de dépenses militaires des pays de l’OTAN sur 2023-2024, avec des augmentations qui peuvent atteindre 30 à 40%, qui sont vraiment énormes, comme en Pologne », indique Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). « Ce sont des pics correspondant à des acquisitions, soit pour accroître le nombre de capacités, avec la crainte liée à l’invasion russe de l’Ukraine, soit pour reconstituer des stocks d’équipements donnés à l’Ukraine », explique le chercheur. Ces hausses des budgets de Défense sont surtout conjoncturelles : « L’augmentation des budgets correspond à des « achats sur étagère », ça va durer 2 ou 3 ans », poursuit Jean-Pierre Maulny.
Les Echos du 19 juillet
Comand AI, une nouvelle startup pour la planification des opérations militaires
Créée il y a trois mois, la startup Comand AI cible les pays de l’OTAN. Elle annonce une levée de fonds en pré-amorçage de 3 M€ auprès de Frst, Tiny VC et des business angels. La startup développe une plateforme qui permet aux militaires de planifier des opérations, de les conduire et de les analyser. Pour une opération de surveillance, Comand AI assure réduire par dix le temps de planification. « Gagner une heure sur une opération de 12 heures c’est énorme. En une heure, un avion de chasse fait beaucoup de choses », souligne Loïc Mougeolle, cofondateur de Comand AI. La plateforme, qui est coconstruite avec des militaires, devrait être opérationnelle d’ici à la fin de l’année. Des tests en exercice seront réalisés à l’automne.
Les Echos du 19 juillet
Washington donne son feu vert à la livraison d’avions F-16 à l’Ukraine
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a annoncé dimanche sur CNN que les États-Unis avaient donné leur autorisation pour la formation de pilotes ukrainiens et la livraison d’avions F-16. Une coalition de 11 pays européens prêts à fournir des appareils était dans l’attente d’une approbation formelle de la part du Pentagone, avait relevé Politico la semaine dernière. « Nous allons permettre, faciliter et fournir les instruments nécessaires » à la formation des pilotes, a insisté Jake Sullivan. « La formation de pilotes et la livraison de F-16 sont par définition une affaire de long terme. C’est un signe d’engagement dans la longue durée des Occidentaux », souligne Justin Bronk, expert des questions de Défense et d’aviation au think-tank RUSI (Royal United Services Institute). Par ailleurs, jeudi 20 juillet, lors du conseil des ministres des affaires étrangères, les Etats membres de l’Union européenne doivent évoquer pour la première fois la question des « engagements de sécurité » à apporter à long terme à l’Ukraine – qu’il s’agisse d’envoi de matériel militaire ou de formation des soldats – et de leur financement, rappellent Les Echos.
Le Figaro et Les Echo du 19 juillet
Pour l’industrie européenne de Défense, le défi du besoin urgent d’approvisionnement de l’Ukraine
Le Financial Times souligne que la guerre en Ukraine a incité les décideurs politiques et les entreprises à agir, mais qu’il faudra des années pour que la production réponde à la demande. L’industrie européenne est « plus ou moins toujours confrontée aux mêmes défis et obstacles », 16 mois après le début de la guerre, selon Jan Pie, secrétaire général de l’ASD Europe. Alors que la situation est urgente en Ukraine, les pays européens « fonctionnent toujours selon des processus de temps de paix », estime-t-il. Alex Cresswell, directeur général du groupe Thales, a déclaré lors d’une conférence de l’industrie le mois dernier que les gouvernements devraient s’éloigner d’un « stockage » générique d’armes et se concentrer plutôt sur un « véritable partage [des] chaînes d’approvisionnement ». Michael Schoellhorn, directeur général d’Airbus Defence and Space, a souligné quant à lui qu’il fallait davantage de collaboration à travers l’Europe. L’initiative « Sky Shield » devrait notamment, selon lui, « inclure certaines des capacités dont nous disposons en Europe avec MBDA et d’autres ».
The Financial Times du 17 juillet
Exportation d’A400M aux Emirats Arabes Unis (EAU) : le feu vert de l’Allemagne se fait attendre
La vente de 6 avions de transport tactique A400M aux Émirats Arabes Unis (EAU) est en stand-by, dans l’attente de la décision de Berlin de permettre l’exportation de cet appareil vers un pays actuellement en guerre au Yémen. L’Allemagne s’est par ailleurs opposée à la vente de l’Eurofighter à l’Arabie saoudite. Sur 178 commandes enregistrées par Airbus depuis le début du programme A400M (dont 53 pour l’Allemagne et 40 livrés), 118 A440M avaient été déjà livrés à fin mai 2023. De son côté, la France, dont l’armée de l’Air a reçu le premier exemplaire en 2013, envisage de réduire sa commande. La future loi de programmation militaire évoque un passage de 50 appareils à 35 avions (21 appareils déjà livrés). Ce programme fait travailler plus de 10 000 personnes en Europe, dont 2 400 en France, et plus de 80 entreprises françaises, dont des PME, rappelle La Tribune. « D’où l’importance des exportations, à l’image de celles récentes en Indonésie (deux appareils) et au Kazakhstan (2) », souligne le quotidien.
La Tribune du 19 juillet
L’AIA de Clermont-Ferrand monte en puissance sur l’A400M
Aerobuzz consacre un reportage à l’Atelier Industriel de l’Aéronautique (AIA) de Clermont-Ferrand, spécialisé dans l’entretien des aéronefs militaires français, et responsable, notamment, de la maintenance des A400M. Les AIA dépendent de l’armée de l’Air et de l’Espace. 5 sites existent en France. Celui de Clermont-Ferrand occupe 66 hectares en bordure de l’aéroport. Il emploie 1 300 personnes (92% de personnels civils), avec la présence en moyenne de 80 appareils dans ses hangars. La croissance de la flotte d’A400M fait aujourd’hui évoluer l’infrastructure du site, avec la construction de 3 hangars supplémentaires, 2 d’entre eux devant être réceptionnés l’an prochain pour une mise en service en 2025 et le 3ème l’année suivante. « Notre premier hangar nous permet d’accueillir 2 A400M, et même 3 ponctuellement », explique l’ingénieur en chef Julien Radkowski, responsable de l’activité A400M. « Les 3 nouveaux hangars accueilleront chacun un appareil supplémentaire ce qui portera notre capacité d’accueil à 5 avions à l’horizon 2026 ».
Aerobuzz du 20 juillet
« L’importance du partenariat franco-indien » (Le Figaro)
Le journaliste et géopoliticien Renaud Girard consacre une chronique au partenariat franco-indien. Il s’agit, à ses yeux de forger « un tandem stratégique entre deux puissances amies des États-Unis mais qui entendent continuer à penser géopolitiquement par elles-mêmes et pour elles-mêmes, l’une en Europe, l’autre en Asie du Sud, et les deux, ensemble, dans l’espace maritime de l’Indo-Pacifique ». Pour Renaud Girard, « la France et l’Inde savent qu’on ne peut pas vouloir sincèrement la paix, si on ne prépare pas sérieusement la guerre. Voilà pourquoi les deux pays vont poursuivre leur coopération militaire ». Après le début de la livraison, dans les temps, de 36 avions de combat Rafale, construits par Dassault Aviation, à l’armée de l’Air indienne, la Marine indienne achète des Rafale Marine pour ses porte-avions, observe-t-il. Pour la protection de ses côtes face à l’expansionnisme maritime chinois, elle va acquérir 6 sous-marins Scorpène de fabrication française. Emmanuel Macron et Narendra Modi sont par ailleurs convenus de renforcer le partenariat scientifique entre le CNES et l’ISRO (Indian Space Research Organisation) et de coopérer dans les satellites de surveillance de l’océan Indien. Dans le domaine du nucléaire civil, la France et l’Inde ont décidé de coopérer sur les réacteurs modulaires de faible et moyenne puissance.
Le Figaro du 18 juillet