ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE

La crise a accentué les inégalités salariales entre les hommes et les femmes cadres

28/09/2021

Selon les dernières études annuelles publiées mardi par l’Apec (association pour l’emploi des cadres), la crise a accentué les inégalités salariales entre les femmes et les hommes et pénalisé les moins de 30 ans. La reprise avec des recrutements de cadres pourra-t-elle inverser la tendance ?

En 2020, les augmentations se sont fait plus rares et la rémunération des cadres est restée stable selon le baromètre de la rémunération des cadres, publié mardi 21 septembre par l’Apec, l’association pour l’emploi des cadres. 38 % ont bénéficié d’une augmentation en 2020, soit 10 points de moins qu’en 2019.Mais la moitié des cadres (52 %) ont touché la part variable de leur rémunération. C’est une proportion comparable aux années précédentes, note l’Apec. Les revenus perçus au titre de la participation et de l’intéressement sont aussi “de même niveau que les années passées”. Au global, la rémunération brute annuelle des cadres s’élève à 50 000 euros (fixe et variable), un montant stable depuis 2018.

Un écart de 8 % à poste égal

Dans le détail, des disparités se font jour. Ce sont les femmes qui ont payé le prix fort. L’écart de rémunération au détriment des femmes s’est creusé jusqu’à 15 % l’an dernier, après 13 % en 2019, selon une autre étude de l’Apec consacrée aux trajectoires. Les femmes cadres ont gagné 46 000 euros en médiane en 2020 (comme en 2019), quand leurs collègues masculins percevaient 53 000 euros. C’est plus qu’en 2019 (13 % d’écart, 52 200 euros contre 46 000 de 2019). Depuis 2009 – date du premier baromètre- l’écart fluctue entre 13 et 19 %.

En outre, “à profil et poste équivalents”, les hommes cadres ont perçu “8 % de plus” que les femmes cadres en 2020, détaille l’Apec. Un chiffre également stable sur dix ans. Mais les femmes cadres sont plus jeunes en moyenne (44 % de moins de 40 ans contre 37 % chez les hommes), occupent des postes moins prestigieux et choisissent des filières moins rémunérées (communication, santé-social).

Au-delà de la rémunération, la crise a eu un impact sur les conditions de travail des femmes. L’Apec indique que plus de femmes (55 à 63 %) ont télétravaillé trois à cinq jours par semaine pendant la pandémie (et en particulier le premier confinement) que d’hommes (52 à 58 %). Des moments durant lesquels elles ont dû faire face à une “organisation du travail plus difficile”, notamment liée à la vie familiale.

Baisse des rémunérations pour les moins de 30 ans

La crise a également pénalisé les jeunes. Les moins de 30 ans sont en effet la seule classe d’âge dont la rémunération globale (fixe et variable) a baissé, passant de 40 000 à 39 000 euros. Cette baisse de revenus concerne les jeunes de tous secteurs et de toutes tailles d’entreprise confondus. Un ralentissement dû notamment aux périodes de chômage partiel, les jeunes cadres, plus nombreux à travailler dans des petites entreprises, ont été davantage concernés par ce dispositif.

La part des moins de 30 ans augmentés en 2020 a chuté de 14 points en un an (48 %).

Des conséquences au-delà de la pandémie

Au-delà de la crise, les répercussions pourraient perdurer. “Les contraintes subies par les femmes cadres pendant la crise pourraient avoir des conséquences durables sur leurs trajectoires professionnelles”, prévient l’Apec. Celle-ci observe une détérioration de leur “confiance dans l’avenir professionnel”. Seules 61 % disent avoir confiance en leur avenir (que ce soit dans leur entreprise actuelle ou dans une autre), soit dix points de moins que les hommes. Cet écart est au plus haut depuis cinq ans.

De même, pour les jeunes, l’impact de la crise sur les augmentations pourrait se répercuter sur le long terme : “les dernières crises économiques de 2008 et 2012 ont en effet ralenti les évolutions salariales des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur durant les dix premières années passées sur le marché du travail”, observe l’Apec.

NAO à venir

Nul doute que les prochaines négociations obligatoires (NAO) sur les salaires, qui s‘ouvrent dans les prochaines semaines, devront rectifier le tir.

“En 2021, à la faveur de la reprise avec des recrutements de cadres qui reviennent au niveau d’avant-crise, les entreprises devront faire évoluer leur politique salariale pour plus d’équité”, prévient Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. Selon le baromètre des intentions d’embauche dévoilé en mai dernier, les entreprises devraient recruter 247 000 cadres cette année. C’est 8 % de plus qu’en 2020.

Anne Bariet