ESPACE

L’UE publie sa Stratégie spatiale de l’Union pour la sécurité et la Défense

L’Union européenne a publié le 10 mars 2023 sa Stratégie spatiale de l’Union pour la sécurité et la défense, élaborée par le commissaire européen Thierry Breton et Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la sécurité. Ce document permet de lister les sujets et de poser les ambitions de la Commission en vue de la négociation du prochain cadre financier pluriannuel. Dès 2019, la France avait ouvert cette voie en Europe avec sa Stratégie spatiale de défense, en considérant l’Espace comme un milieu de confrontation militaire et en déclarant qu’elle entendait se doter des moyens de répondre aux menaces spatiales. La Stratégie Spatiale de l’Union pour la sécurité et la défense pose en premier lieu les bases d’une compréhension commune des enjeux et surtout des menaces, afin d’améliorer la résilience et la protection des systèmes et services spatiaux de l’UE et des Etats membres. La stratégie européenne prévoit ensuite de répondre aux menaces spatiales avec une capacité à détecter et caractériser les menaces spatiales de manière précise et en temps quasi réel. La stratégie encourage en troisième lieu l’accroissement de l’usage de l’Espace pour les besoins de Défense et de sécurité de l’Union en tirant meilleur parti des infrastructures existantes (Galileo, Copernicus) ou à venir (constellation Iris2), mais également en intégrant les besoins Défense dans le design des systèmes spatiaux de l’UE.

L’Opinion du 18 mars

Virgin Orbit met en arrêt temporaire ses activités

Entre difficultés industrielles et financières, Virgin Orbit voit son avenir s’assombrir. L’entreprise Virgin Orbit a annoncé le 15 mars qu’elle était contrainte de suspendre ses opérations. La société américaine, qui propose des lancements de satellites à bord d’une d’un lanceur embarqué via un B747, se trouve à court de liquidités. L’échec du 1er lancement de satellites, effectué début janvier depuis le sol britannique, a particulièrement entaché la confiance dans le projet. « Virgin Orbit est très en retard sur son programme et a déjà dépensé beaucoup plus que prévu », résume François Chopard, fondateur du premier incubateur mondial de startups aéronautiques et spatiales. L’entreprise fondée en 2017 par le milliardaire Richard Branson est désormais en quête de sources de financements. Alors que le New Space est entré dans une phase opérationnelle active, les acteurs industriels, mais aussi les investisseurs, prennent peu à peu conscience de l’étendue des difficultés, après plusieurs échecs au cours de l’année passée.

Ensemble de la presse du 22 mars

La première fusée imprimée en 3D échoue à atteindre son orbite

La première fusée imprimée en 3D, par la startup californienne Relativity Space, a décollé mercredi 22 mars depuis Cap Canaveral en Floride, mais elle n’est pas parvenue à atteindre son orbite à cause d’une anomalie pendant la séparation du deuxième étage. Il s’agissait de la troisième tentative, deux précédents essais avaient été annulés à la dernière minute à cause de problèmes techniques. Cette mission, baptisée « Good luck, have fun », était pourtant scrutée de près car les fusées imprimées en 3D pourraient représenter une petite révolution dans l’industrie du lancement. La fusée Terran 1 devait recueillir des données et démontrer qu’une fusée imprimée en 3D pouvait résister aux rigueurs du décollage et des vols spatiaux. Au total, 85% de la masse de la fusée a été imprimée en 3D, et l’entreprise vise les 95% à l’avenir. Avec ses grands robots d’impression 3D, la compagnie affirme diviser par 100 le nombre de pièces par rapport à une fusée traditionnelle. Elle met aussi en avant la rapidité de la méthode : 60 jours, de la matière première au produit fini. La fusée utilisait du « méthalox » comme carburant pour ses 9 moteurs, un mélange d’oxygène liquide et de gaz naturel liquéfié (essentiellement du méthane). Si elle avait réussi à atteindre l’orbite, cela aurait fait d’elle la 1ère fusée utilisant ce carburant à y parvenir. Malgré cet échec de Terran 1, les données récoltées serviront aussi pour l’élaboration Terran R. Une plus grosse fusée, également développée par Relativity Space, qui devra être capable de transporter 20 000 kg jusqu’en orbite basse.

Ensemble de la presse du 23 mars

Thales Alenia Space a pris les commandes du marché des satellites télécoms

Thales Alenia Space (TAS) a remporté plus de la moitié du marché mondial des satellites de télécommunications en 2022 et s’inscrit comme le leader du secteur pour la 2ème année consécutive. Le constructeur franco-italien a obtenu 6 des 10 commandes de satellites de télécoms passées l’an dernier par des opérateurs de satellites, contre 2 pour son concurrent américain Maxar Technologies, 1 pour Boeing et 1 minisatellite géostationnaire pour la société émergente Swissto12. Les opérateurs de satellites qui vivaient de la télédiffusion pour la télévision se tournent de plus en plus vers la connectivité face à l’essor de la vidéo à la demande et de l’Internet. « Nous avons donc réagi en investissant dans des satellites qui apportent une flexibilité des usages entre la télévision et l’Internet et qui sont en outre pilotable depuis la terre pour changer de couverture géographique », explique Marc-Henri Serre, vice-président exécutif des activités télécoms de TAS. Cette flexibilité, également apportée par Airbus Defence & Space sur sa gamme de satellites OneSat, a permis de relancer le marché des satellites géostationnaires : 5 des 6 astronefs vendus par TAS en 2022 sont les nouveaux Space Inspire reconfigurables en orbite. Le 1er sera livré en 2024 à Korean Sat et TAS espère en vendre 4 par an à l’avenir. Pour le site de Toulouse, qui emploie 2 850 personnes, chaque gros satellite géostationnaire fait travailler 400 personnes pendant 3 ans. Parallèlement à ces satellites de 4 à 5 tonnes, le carnet de commandes de TAS inclut des nanosatellites de 16 kg pour la future constellation américaine Omnispace de connectivité mobile, et de nouveaux projets dans la navigation, dont la nouvelle version du système Egnos qui assure l’intégrité et la précision du signal de navigation pour les avions pour l’Europe, et 6 satellites de la nouvelle génération de la constellation Galileo.

Les Echos du 24 mars

L’Europe doit investir davantage dans l’exploration spatiale

L’Europe doit réagir, dans le cadre d’un calendrier agressif avec pour objectif « d’être capable, d’ici à 10 ans, d’aller s’établir sur la Lune de façon permanente et autonome. Et s’assurer une présence en orbite terrestre basse ». C’est la principale conclusion du rapport indépendant remis à l’Agence spatiale européenne (ESA) par le Groupe de haut niveau (HLAG) jeudi 23 mars, et intitulé « La révolution de l’Espace : la mission de l’Europe en matière d’exploration spatiale ». « En 2000, les lanceurs européens détenaient plus de 50% du marché des lancements. Aujourd’hui, ils sont presque sortis du marché, en raison de l’émergence d’acteurs plus efficaces », relève Cédric O, ex-secrétaire d’État au Numérique. L’économie spatiale devrait générer, selon plusieurs études, 1 000 Md€ de revenus d’ici à 2040, contre 350 à 450 Md€ en 2022. Cela grâce à la baisse des coûts d’accès à l’Espace, à la multiplication de nouvelles applications dédiées aux entreprises, aux États, aux armées et aux citoyens. Le rapport estime que l’Europe doit ambitionner de capter 30% de ces marchés. Pour cela, elle doit être autonome dans tous les domaines. Or, depuis l’arrêt, en 1992, du programme de navette spatiale habitée Hermes, l’Europe a renoncé à investir dans les vols habités et ses astronautes dépendent désormais du Crew Dragon de SpaceX pour s’envoler à bord de la Station spatiale internationale (ISS) et du Starship de SpaceX pour aller sur la Lune et demain sur Mars. Un levier financier doit être activé. L’idée serait d’adopter le modèle de la Nasa, qui, depuis 2008, a révolutionné sa façon de fonctionner, en exprimant son besoin et en passant des commandes pluriannuelles à l’industrie après des appels d’offres ouverts à tous : acteurs établis et startup. Une politique qui donne confiance aux investisseurs privés et qui a permis l’émergence de SpaceX et Blue Origin, la société spatiale de Jeff Bezos, ainsi que de milliers de startups. Un deuxième levier serait une remise à plat de la politique industrielle de l’ESA. Il s’agit de faire évoluer les règles du retour géographique (GEO) qui disposent que chaque pays reçoit une charge de travail alignée sur le budget alloué à un programme. Les premières décisions sont attendues dans le cadre du prochain sommet spatial de Séville, en novembre 2023.

Le Figaro et les Echos du 24 mars