Crise énergétique : inquiétudes sur l’érosion des marges des entreprises françaises
Interrogée pour la première fois par la Banque de France sur les conséquences de la crise énergétique, la majorité des entreprises françaises a déclaré fin octobre redouter l’impact de l’évolution des prix et de la disponibilité de l’énergie sur leur marge pour les trois mois à venir.
Le traditionnel point mensuel de conjecture de la Banque de France s’est enrichi ce mois-ci de trois questions spécifiques en lien avec la crise énergétique : l’impact de la hausse des prix et de la disponibilité de l’énergie sur l’activité de l’entreprise au cours du mois passé, l’impact anticipé sur l’activité de l’entreprise pour les trois mois à venir, et l’impact anticipé sur les marges de l’entreprise pour les trois prochains mois (avec dans chaque cas, trois modalités de réponse possible : impact nul, impact faible, impact fort).
Résultats : si un peu plus de 25 % des entreprises sondées* déclarent que la crise énergétique a eu un impact (dont 7 % fortement) sur leur activité en octobre, la proportion grimpe à près de 40 % pour les trois mois à venir (dont près de 13 % un impact fort). Et 58 % des entreprises redoutent l’impact de la crise sur leurs marges au prochain trimestre (dont 19 % fortement).
Source : Point sur la conjoncture française à début novembre 2022, Banque de France, 9 novembre 2022.
La crainte est particulièrement dirigée vers les marges plutôt que l’activité dans l’industrie (41 % pour l’activité contre 66 % pour les marges) et le bâtiment (38 % contre 63 %), en particulier du côté des pharmacies, de l’agro-alimentaire, du gros œuvre ou du textile‑habillement. À l’inverse, l’impact sur l’activité est supérieur ou équivalent à celui sur les marges pour certaines activités de services comme les agences d’intérim, la location automobile et les services d’information.
L’activité résiste, la trésorerie se dégrade
Pour l’instant, l’activité résiste encore. Selon la Banque de France, elle a légèrement progressé en octobre dans l’industrie et les services, et reste stable dans le bâtiment. La tendance devrait se poursuivre en novembre. En revanche, la situation de trésorerie des entreprises s’est de nouveau dégradé le mois dernier dans l’industrie (“niveaux très bas relativement aux quinze dernières années”) et à un moindre degré dans les services (- 4 points en dessous de la moyenne sur quinze ans).
La Banque de France estime que le PIB d’octobre serait en repli par rapport à celui de septembre mais prévoit une hausse de l’indicateur pour le mois de novembre. Dans un contexte “toujours fortement incertain”, elle table sur une croissance “très légèrement positive” au quatrième trimestre grâce à “un effet d’acquis favorable lié à la progression observée au mois d’août”.
* Environ 8 500 entreprises ou établissements ont été interrogés entre le 27 octobre et le 4 novembre 2022. Les secteurs de l’énergie, du commerce et des transports ne sont pas ou peu couverts par l’enquête, précise la Banque de France. Les questions sur la crise énergétique ont vocation à être maintenues dans l’enquête “tant que cette problématique sera au cœur de l’actualité”.
Matthieu Barry
Inspection du travail : la CGT demande “un plan pour résorber le sous-effectif”
Lors d’un récent point presse consacré au bilan 2021 de l’inspection du travail, la Direction générale du travail (DGT) a précisé que l’inspection comptait, fin août 2022, 1 772 agents, un effectif en baisse en raison de l’absence de concours en 2020 mais aussi des difficultés d’attirer des candidats vers cette administration, selon la DGT.
La CGT TEPT (syndicat du ministère du travail) rappelle que l’inspection comptait encore 1 950 agents fin 2017. Aujourd’hui, selon le syndicat, 376 sections d’inspection du travail – soit près de 20% – sont vacantes, alors même que 150 sections ont été supprimées entre 2017 et 2022, et la CGT ajoute que 215 agents ont atteint l’âge de départ à la retraite, chiffre à rapporter aux 200 postes ouverts sur concours. “Des départements entiers, voire des régions (la Corse notamment), deviennent de véritable zone de non droit du travail, faute d’agents de contrôle de l’inspection du travail. Voilà le résultat de la politique poursuivie par les derniers gouvernements”, affirme la CGT. Celle-ci demande au ministre “un véritable plan de résorption du sous-effectif à l’inspection du travail”, plan qui doit selon elle intégrer “la recréation des postes supprimés aussi bien pour le contrôle des entreprises que le renseignement et l’accueil des usagers, et une revalorisation significative du traitement des agents qui assurent ces missions de service public”.
actuEL CE
Quelques unes des priorités industrielles de France 2030
Le gouvernement publie un dossier de presse faisant le point sur le projet France 2030 (voir en pièce jointe). Il s’agit, rappelons-le, d’une politique de soutien public à des projets innovants, avec 54 milliards d’euros prévus sur 5 ans, dont 8,4 milliards d’euros déjà investis pour la première année dans 1 752 projets innovants sur tout le territoire. Ces montant intègrent la formation aux métiers d’avenir de 450 000 personnes par an d’ici 2030, ainsi que la sensibilisation de 4 millions de personnes notamment à la transition écologique.
Parmi les priorités définies sur le plan industriel on peut citer :
- le projet de petits et moyens réacteurs nucléaires (Nuward) et de 17 projets d’énergie renouvelable (photovoltaïque, l’éolien flottant et réseaux énergétiques).
- le projet de construire de grandes usines de production d’électrolyseurs, avec un objectif de “6,5 GW d’électrolyse installée en 2030”;
- la décarbonation industrielle visant des sites très émetteurs comme la sidérurgie : “D’ores et déjà 10 millions de tonnes de CO2 en moins sont déjà planifiés sur les 50 sites industriels les plus émetteurs”;
- sécurisation de la production d’un million de véhicules électriques en France à l’horizon 2027 et de trois giga-factory de batteries, permettant de viser l’autonomie en production de batteries à l’horizon 2027, et d’atteindre “2 millions de véhicules électriques et zéro emission en 2030”;
- consolider la place de la France comme 2e producteur européen de machinisme agricole;
- relocalisation et développement en phases cliniques de 19 candidats biomédicaments;
- financer des usines de production de composants de semi-conducteurs, notamment à Crolles (près de Grenoble), dans l’objectif de doubler les capacités de production en France;
- soutenir l’installation de 20 nouvelles usines de start-ups industrielles, par Bpifrance, “permettant l’industrialisation de produits innovants dans des secteurs stratégiques et porteurs à l’image des biotechnologies, de la santé, de l’agroalimentaire, des batteries, des matériaux ou de la robotique”, etc.
actuEL CE
Droit d’alerte en cas d’atteinte au droit des personnes : temps de travail ou heure de délégation ?
Pour la Cour de cassation, le temps passé par les membres du CSE à l’exercice de leur droit d’alerte en cas d’atteinte aux droits des personnes s’impute sur leur crédit d’heures de délégation.
Le 10 janvier 2019, plusieurs élus du CSE de l’un des établissements de la RATP informent l’employeur de leur intention de déclencher un “droit d’alerte sur le fondement de l’article L. 2312-59 du code du travail, au motif d’une discrimination à l’encontre d’une femme enceinte au dépôt de la Croix Nivert”.
► Rappel : il s’agit ici de l’ancien droit d’alerte dont bénéficiaient les délégués du personnel. Ainsi, tout membre de la délégation du personnel au CSE qui constate qu’il existe une atteinte aux droits des personnes, à leur santé physique et mentale ou aux libertés individuelles dans l’entreprise qui ne serait pas justifiée par la nature de la tâche à accomplir, ni proportionnée au but recherché, en saisit immédiatement l’employeur. Cette atteinte peut notamment résulter de faits de harcèlement sexuel ou moral ou de toute mesure discriminatoire. L’employeur procède sans délai à une enquête avec le membre de la délégation du personnel du comité et prend les dispositions nécessaires pour remédier à cette situation (art. L. 2312-59 du code du travail). |
Les représentants du personnel ayant exercé leur droit d’alerte sont alors conviés par l’employeur à une réunion du 16 janvier 2019, de 14 heures à 16 heures. Pour les deux élus ayant assisté à la réunion, ces deux heures devaient être rémunérées comme du temps de travail effectif sans être déduit des heures de délégation. L’employeur estimant au contraire que ce temps de réunion devait être pris sur le temps de délégation, l’affaire est portée en justice.
La RATP condamnée en appel
En appel, la RATP est condamnée à payer aux deux élus “le temps passé à la réunion du 16 janvier 2019 comme temps de travail effectif sans qu’il soit déduit de leurs heures de délégation”. Pour la cour d’appel, la réunion, sollicitée par les représentants du personnel, avait été organisée par la direction du dépôt de La Croix Nivert. De plus, “l’atteinte aux droits des personnes constituant une situation d’urgence et de gravité”, le temps passé à la recherche de mesures préventives ne devait, en application de l’article L. 2315-11 du code du travail, être payé comme temps de travail effectif sans être déduit du crédit d’heures. Et, en effet, l’article L. 2315-11 prévoit que le temps passé par les membres de la délégation du personnel du CSE “à la recherche de mesures préventives dans toute situation d’urgence et de gravité” doit être payé comme temps de travail effectif. Mais la Cour de cassation ne partage pas la position de la cour d’appel.
La Cour de cassation n’est pas d’accord !
D’après les juges, “le temps passé par les membres de la délégation du personnel au comité social et économique à l’exercice de leur droit d’alerte en cas d’atteinte aux droits des personnes s’impute sur leur crédit d’heures de délégation”. Comme l’avait constaté la cour d’appel, “la réunion du 16 janvier 2019 avait été organisée par l’employeur à la demande des membres de la délégation du personnel au comité social et économique ayant exercé leur droit d’alerte en cas d’atteinte aux droits des personnes”. En conséquence, “le temps passé à ladite réunion devait être déduit de leur crédit d’heures de délégation”.
D’où la cassation de l’arrêt de la cour d’appel et le renvoi de l’affaire, qui devra être rejugée.
Frédéric Aouate
Le salaire médian des cols blancs s’affiche à 51 000 euros bruts en 2022
Selon les résultats d’une étude de l’Apec, dévoilée le 17 novembre, le salaire médian des cadres en poste (salaires fixe + variable) s’établit à 51 000 euros bruts en 2022. Dans le détail, 80 % des salaires des cadres sont compris dans une fourchette allant de 36 à 85 000 euros. Et 55 % des cadres bénéficient d’une rémunération comprenant une partie variable. Mais de fortes disparités existent selon les familles de métiers. La rémunération médiane des cadres est, par exemple, de 48 000 euros dans les métiers de l’administration des ventes contre 69 000 euros dans les métiers de la direction informatique.
Côté RH, les DRH perçoivent en médiane à 82 000 euros bruts; les RRH, 51 000 euros; les cadres RH généralistes, 42 000 euros; les responsables des relations sociales et QVT, 47 000 euros et les responsables de recrutement, 44 000 euros.
Le document (en pièce jointe) passe au crible 111 familles de métiers une fiche détaillée sur la rémunération selon l’âge, la responsabilité hiérarchique, la gestion de budget, la localisation géographique, la taille de l’entreprise et le secteur d’activité
actuEL CE
Aide aux sociétés énergo-intensives : le gouvernement revoit sa copie
Périmètre élargi, subvention revue à la hausse, procédure allégée… Le gouvernement a présenté le 19 novembre une nouvelle mouture de l’aide aux entreprises énergo-intensives pour les mois de septembre/octobre 2022, et a priori, pour les mois de novembre/décembre 2022. Le point sur les nouveautés.
Sans attendre l’entrée en vigueur du dispositif renforcé prévu dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2023, le gouvernement a dévoilé ce week-end une aide aux entreprises énergo-intensives augmentée pour la fin d’année. Pour les mois de septembre/octobre 2022, les améliorations seraient les suivantes :
- les plafonds de l’aide seraient relevés à 4 M€, 50 M€ et 150 M€ (contre 2 M€, 25 M€ et 50 M€), l’aide plafonnée à 150 M€ serait dirigée vers “les secteurs exposés à un risque de fuite de carbone” ;
- le prix de l’énergie pendant la période de demande d’aide devrait avoir augmenté de + 50 % par rapport au prix moyen payé en 2021 (contre le double du prix moyen payé en 2021) ;
- le calcul des montants d’aides serait révisé ;
- les critères de l’excédent brut d’exploitation (EBE) gaz et électricité négatif ou en baisse seraient supprimés pour l’aide plafonnée à 4 M€ ;
- le nombre de pièces justificatives exigées pour obtenir l’aide plafonnée à 4 M€ serait réduit ;
- un critère alternatif d’un EBE gaz et électricité en baisse de 40 % sur la période serait introduit pour les aides plafonnées à 50 et 150 M€ ;
- un critère alternatif exigeant des dépenses d’énergie du 1er semestre 2022 représentant plus de 6 % du chiffre d’affaires (CA) du premier semestre 2022 serait introduit pour les aides plafonnées à 50 et 150 M€.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le décret d’application traduisant ces mesures n’a pas encore été publié au JO. Ces nouveautés devraient également concerner la période d’éligibilité des mois de novembre/décembre 2023. Le gouvernement indique que le guichet serait ouvert le 19 novembre (aide plafonnée à 4 M€), “fin novembre” (aides plafonnées à 50 et 150 M€) pour les mois de septembre/octobre 2022 et “début 2023” pour les mois de novembre/décembre 2022.
Aide plafonnée à 4 M€
Plafonnée à 4 M€ au lieu de 2 M€, cette aide serait désormais ouverte à “toutes les entreprises” justifiant seulement :
- un prix de l’énergie pendant la période de demande d’aide (septembre et/ou octobre 2022 par exemple) ayant augmenté de 50 % par rapport au prix moyen payé en 2021 (contre le double du prix moyen payé en 2021) ;
- des dépenses d’énergie pendant la période de demande d’aide représentant plus de 3 % du CA 2021.
Exit ainsi le critère selon lequel les entreprises éligibles devaient justifier un EBE gaz et électricité négatif ou en baisse sur la période éligible. Le dossier de demande en serait allégé. Les entreprises éligibles devraient seulement fournir :
- leurs factures d’énergie pour septembre et/ou octobre 2022 et factures 2021 ;
- leurs coordonnées bancaires (RIB) ;
- le fichier de calcul de l’aide (mis à disposition sur le site des impôts) ;
- une déclaration sur l’honneur attestant que l’entreprise remplit les conditions et l’exactitude des informations déclarées.
L’aide s’élèverait à 50 % de l‘écart entre la facture 2021 majorée de 50 % et la facture 2022, dans la limite de 70 % de la consommation 2021.
Aides plafonnées à 50 et 150 M€
Les aides plafonnées à 25 et 50 M€ seraient également revues à la hausse avec des plafonds de 50 et 150 M€. L’aide plafonnée à 150 M€ serait réservée aux entreprises “des secteurs exposés à un risque de fuite de carbone”. Ces aides seraient désormais ouvertes aux entreprises énergo-intensives justifiant :
- un prix de l’énergie pendant la période de demande d’aide (septembre et/ou octobre 2022 par exemple) ayant augmenté de 50 % par rapport au prix moyen payé en 2021 (contre le double du prix moyen payé en 2021) ;
- des dépenses d’énergie 2021 représentant plus de 3 % du CA 2021 ou des dépenses d’énergie du 1er semestre 2022 représentant plus de 6 % du chiffre d’affaires du premier semestre 2022 (nouveauté) ;
- un EBE gaz et électricité négatif ou en baisse de 40 % sur la période (nouveauté).
Jusqu’ici, les entreprises éligibles devaient justifier des dépenses d’énergie 2021 représentant plus de 3 % du CA 2021, sans autre alternative. Entre autres conditions, l’EBE sur la période devait être négatif, sans autre alternative.
Montant de l’aide
Le montant de l’aide correspondrait désormais à :
- 65 % du différentiel entre la facture 2021 majorée de 50 % et la facture 2022, dans la limite de 70 % de la consommation 2021, pour l’aide plafonnée à 50 M€ ;
- 80 % du différentiel entre la facture 2021 majorée de 50 % et la facture 2022, dans la limite de 70 % de la consommation 2021, pour l’aide plafonnée à 150 M€.
Jusqu’ici, le montant de l’aide s’élevait :
- soit à 50 % du coût éligible total de la période éligible considérée dans la limite de 80 % de l’opposé mathématique du montant de l’EBE gaz et électricité pour l’aide plafonnée à 25 M€ ;
- soit à 70 % du coût éligible total de la période éligible considérée dans la limite de 80 % de l’opposé mathématique du montant de l’excédent brut d’exploitation gaz et électricité de la période éligible considérée pour l’aide plafonnée à 50 M€.
Quid pour 2023 ? |
L’amortisseur électricité prévu par le projet de loi de finances pour 2023 prendra automatiquement en charge une partie de la facture d’électricité des TPE (moins de 10 salariés, 2 M€ de CA) qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire et des PME. “Ces entreprises ne bénéficieront donc plus du guichet d’aide au paiement des factures d’électricité mais auront toujours accès au guichet d’aide au paiement des factures de gaz”, précise le gouvernement dans son communiqué. Ainsi, toutes les entreprises auront accès, jusqu’au 31 décembre 2023, à l’aide aux énergo-intensives pour le gaz. Les TPE et les PME n’auront plus accès à cette aide pour l’électricité en 2023, contrairement aux ETI et grandes entreprises. |
Matthieu Barry
Défaillances d’entreprises : la “normalisation” se poursuit
À fin octobre, la hausse du nombre de défaillances d’entreprises se poursuit, mais ces dernières demeurent encore inférieures d’un quart à la période pré-Covid, indique la Banque de France dans une note statistique publiée le 16 novembre. “Ce mouvement de hausse correspond à une normalisation progressive du nombre de défaillances”, tempère-t-elle.
Dans le détail, en cumul sur les 12 derniers mois (entre novembre 2021 et octobre 2022), 38 525 entreprises étaient en situation de défaillance, soit un niveau inférieur de 24,7 % à celui enregistré en 2019 (51 145 défaillances sur 2019).
actuEL CE
Les déclarations d’embauche ont reculé de près de 5 % en octobre
Selon les données de l’Acoss (agence centrale de la Sécurité sociale), publiées hier, le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) diminue de 4,9 % en octobre 2022, après + 0,3 % au mois de septembre 2022 et + 7,9 % en août 2022. Soit une évolution de + 2,9 % sur trois mois. Dans le détail, la baisse des déclarations d’embauche enregistrée en octobre 2022 est due à une diminution des embauches en CDD de plus d’un mois (- 7,5 %) et dans une moindre mesure à un repli des CDI (- 2,4 %). Sur trois mois, les recrutements en CDD sont stables (- 0,2 %), tandis que ceux à durée indéterminée augmentent de 5,9 %. Par rapport à février 2020, les évolutions sont respectivement de + 5,8 % et + 14,8 %.
Par ricochet, l’évolution de la masse salariale soumise à cotisations sociales croît de 1,2%, au troisième trimestre 2022, après une hausse de 1,6 % le trimestre précédent. Elle augmente de 6,8 % sur un an et dépasse désormais de 11 % son niveau du quatrième trimestre 2019.
actuEL CE
COP27 : un bilan mitigé face à l’urgence climatique
Bien que l’ambition de l’accord soit inexistante sur la réduction des gaz à effet de serre et la sortie des énergies fossiles, des engagements ont été pris pour aider financièrement les pays vulnérables à faire face aux catastrophes climatiques.
La COP27, ouverte depuis le 6 novembre à Charm-el-Cheikh en Égypte, s’est clôturée, dimanche 19 novembre, par « un accord sur l’établissement d’un mécanisme de financement pour indemniser les pays vulnérables pour les « pertes et dommages » dus aux catastrophes induites par le climat ».
Pertes et dommages
► Nouveaux outils de financement
Pour le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « cette COP a fait un pas important vers la justice ». En effet, l’accord répond aux attentes des pays les plus vulnérables impactés par des événements climatiques grâce à la mise en place de nouveaux outils de financement sur les pertes et dommages.
Ces derniers mobiliseront la Banque mondiale, le FMI ainsi que des banques de développement. Des financements innovants auxquels l’ensemble des pays peuvent contribuer sont actés par l’accord. Une refonte du système financier international sur l’enjeu des pertes et dommages est également prévue.
► Instauration d’un Bouclier global
Toujours pour répondre à l’appel des États les plus vulnérables à améliorer la réponse apportée aux pertes et dommages liées aux impacts du changement climatique, le Bouclier global contre les risques climatiques a été lancé.
Initiative conjointe du G7 et du groupe d’États vulnérables V20, le Bouclier global vise l’amélioration de « la protection financière des populations, dans les pays vulnérables, contre les risques de catastrophes liés au climat ». Il aura pour fonction de soutenir « la conception et le déploiement de solutions de protection sociale et d’assurance pour les communautés locales, les entreprises et les ménages ». Deux piliers le composent : une plateforme de coordination et une structure de financement.
Pour ce qui est de la France, elle contribuera à hauteur de 20 millions d’euros à ce Bouclier global en 2023. L’Allemagne, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France et l’Irlande engageront 210 millions d’euros au total.
Atténuation et adaptation
► Absence de consensus sur la réduction des consommations et des émissions
Cette COP27, qui a réuni plus 110 dirigeants mondiaux et 30 000 représentants de gouvernements, de collectivités et d’acteurs non étatiques (ONG, entreprises, etc.), n’a pas permis d’accord en matière d’atténuation des émissions. L’appel à réduire la consommation de combustibles fossiles ainsi que celui à atteindre le pic des émissions globales avant 2025 (selon les recommandations du GIEC) n’ont pas obtenu de consensus.
Toutefois, les Parties ont établi un Programme de travail sur l’atténuation afin de maintenir atteignable l’objectif de 1,5° C de réchauffement climatique d’ici la fin du siècle.
► Contribution financière supplémentaire au fonds d’adaptation
Concernant l’adaptation, plusieurs pays, dont la France, ont annoncé une contribution financière supplémentaire au fonds d’adaptation. Ce dispositif a pour but d’aider les pays les plus vulnérables au changement climatique.
Pour la période 2022-2023, la France va augmenter son financement de 10 millions d’euros. En 2021, les financements français sur l’adaptation comptaient pour 2,2 milliards d’euros, soit 10 % des financements mondiaux.
Engagements français
Afin d’accélérer la lutte contre le changement climatique, la France s’est aussi engagée dans différentes coalitions tout au long de ces deux semaines de COP. Elle a notamment pris des engagements portant sur :
– les réserves vitales de carbone et la biodiversité : constitution de Partenariats pour la conservation positive (Positive Conservation Partnerships – PCP), tenue d’un sommet One Planet sur les enjeux forestiers à Libreville (Gabon) en mars 2023 ;
– les fonds marins : soutien de l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins, souhait d’un moratoire de précaution sur l’exploitation des fonds océaniques ;
– les énergies fossiles : partenariats venant en aide aux pays émergents dans une « transition climatique juste » (ex. : mobilisation de 1 milliard d’euros par la France pour aider l’Afrique du Sud à sortir du charbon, partenariat avec l’Indonésie et les membres du G7) ;
– les bâtiments : appel à la création d’un « Buildings Breakthrough », objectif de zéro émission d’ici 2030 pour le secteur du bâtiment ;
– l’agriculture : initiative FAST (Food and Agriculture for Sustainable Transformation Initiative) qui vise le renforcement de la place et du rôle de l’agriculture dans la lutte contre le changement climatique ;
– les villes : initiative SURGe (Sustainable Urban Resilience for the next Generation) qui a vocation à réduire l’impact climatique des villes et améliorer leur résilience ;
– le développement durable : initiative CRSP (Climate Responses for Sustaining Peace) afin de garantir des réponses climatiques intégrées pour un développement durable ;
– la nature : initiative ENACT (Enhancing Nature-based Solutions for Climate Transformation) en faveur des Solutions fondées sur la Nature ;
– les services publics : initiative « Net-Zero Government » pour accélérer la transition écologique des services publics et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Des avancés jugées trop faibles
Selon la France et l’Union européenne, l’accord obtenu à l’issue de cette COP27 « n’est pas à la hauteur des ambitions ». La ministre française de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runasher, déplore « qu’aucune avancée n’ait été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles ». Pour la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, « la COP27 marque une petite avancée vers la justice climatique, mais il faut faire bien plus encore pour la planète ».
Laura Guegan, Smart action environnement