La France est aujourd’hui la seule puissance nucléaire de l’UE, et la seule à bénéficier d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. D’une part, Florence Parly constate que la situation a empiré depuis 2017 (terrorisme, armes de destruction massive, compétition entre puissances, programmes nucléaires iranien et nordcoréen, « intimidation stratégique » de Moscou, doublement du budget militaire chinois etc.). De l’autre, la ministre des Armées tient à rassurer les observateurs : la gestion de la pandémie n’induira aucune remise en cause budgétaire, le gouvernement s’attachant par ailleurs à protéger la souveraineté de la France et le niveau des stocks. Mme Parly présente 2021 comme une année d’accélération pour l’innovation, la modernisation des forces et leur entraînement, l’effort portant particulièrement dans le cyber, le numérique et les risques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique). La ministre des Armées a publié une « actualisation de la revue stratégique » de 2017, un document qui met l’Europe en perspectives… préoccupantes. « En l’absence de réponse adaptée de la part des Européens, ce contexte d’instabilité entraîne des risques nouveaux jusqu’aux portes de l’Europe, et suscite le spectre d’un déclassement stratégique », peut-on y lire. La crise du Covid pourrait entraîner une démotivation de l’UE à poursuivre l’Europe de la défense, le fonds européen doté dans ce dessein ayant été déjà jugé décevant par les Français : 7 milliards d’euros. Enfin, la pandémie a rebattu les cartes de la vocation des armées, susceptibles de devoir assurer à présent « la mise en œuvre d’une fonction stratégique ‘protection-résilience’ ».
Les Echos, Le Figaro – 22/01