La révision cette année de la loi de programmation militaire ne doit pas conduire à un allègement des efforts budgétaires pour les armées, plaide l’Institut Mon-taigne, dans un rapport sur la défense, diffusé mardi et intitulé : « Repenser la défense face aux crises du XXIe siècle ». L’Institut s’interroge la capacité de la France à réagir à la militarisation croissante de nouveaux territoires, et à l’agres-sivité toujours plus affirmée de grandes ou moyennes puissances. La LPM 2018-2025 prévoit un effort budgétaire de plus en plus important, avec une marche de 3 milliards d’euros en 2023 sur un budget annuel d’environ 40 milliards, qui va être bien difficile à respecter en sortie de crise sanitaire. Les auteurs estiment toutefois nécessaire de maintenir cet effort financier, en rappelant que la remise à niveau visée par la LPM est modeste. La France n’a pas d’autres choix que de nouer des alliances et de tout faire pour persuader ses partenaires de l’Union d’aller vers une « préférence européenne » dans le numérique, le spatial et la défense, souligne l’Institut, qui estime qu’il faudrait coordonner les plans de re-lance entre Etats membres afin d’éviter d’alimenter des « filières nationales sur-capacitaires et redondantes ». « Les engagements ont été respectés ces trois dernières années, ce qui est inédit », déclare l’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve, dans une interview accordée aux Echos. « Néanmoins, deux points d’attention appellent à la prudence », souligne-t-il. « D’abord, la trajectoire de la LPM fait reposer sur le prochain quinquennat l’effort budgétaire le plus important : les plus fortes augmentations ne sont prévues qu’à partir de 2023. Ensuite, la situation des finances publiques risque de fortement se dégrader dans les mois et années à venir en raison de la crise sanitaire, ce qui pourrait encourager les autorités à revenir sur l’effort très conséquent pour la Nation que prévoit la LPM ».
Les Echos – 09/02