MILITAIRE

Et si la France réalisait seule le Scaf ?

Le Scaf est-il condamné à être « un programme mort-né » ? Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, a du mal à dissimuler son agacement face aux exigences industrielles et politiques de ses partenaires, allemands et espagnols, de plus en plus majorées au fil des négociations, et aux aléas des élections législatives allemandes de septembre. Eric Trappier ne pense pas qu’un contrat puisse être signé avant les élections fédérales. L’Espagne est arrivée dans le programme dix mois après la signature de l’accord franco-allemand, et veut accédéer au même rang que la France et l’Allemagne. Dassault a consenti à baisser sa part pour respecter un partage en trois tiers de la charge de travail. L’avionneur français estime avoir fait suffisamment de concessions, et ne veut pas livrer à Berlin, Airbus en l’occurrence, la propriété intellectuelle de technologies qui font sa raison d’être. « Le pronostic vital n’est pas encore engagé pour le Scaf, déclare Eric Trappier. Mais je ne vais pas vous dire que le malade n’est pas dans un état difficile. » Il a récusé l’idée d’un rapprochement du Scaf et du Tempest britannique, mais pas l’idée d’un plan B. Il n’en a pas explicité les tenants, se contentant de souligner qu’« un chef d’entreprise a toujours en tête un plan B. Il fait tout pour la réussite du plan A, mais le jour où le plan A ne marche pas, il lui faut un plan B. Ce qui permet en général, soit de faire marcher le plan A soit de passer directement au plan B. » A savoir si la France et Dassault seraient capables de mener seuls un programme comme le Scaf, il répond par l’affirmative : « Dassault sait faire des avions tout seul et le démontre tous les jours avec le Rafale et les Falcon. Safran sait faire des moteurs d’avions de combat [cf. le Rafale]. Thales sait à peu près faire des radars, des contre-mesures et un certain nombre d’équipements optroniques. Donc, si je mets Dassault + Safran + Thales, et si je rajoute MBDA pour les missiles, la réponse est techniquement oui. » Latribune.fr, Le Figaro – 06/03. Les Echos – 08/03

Scaf. Un plan B franco-français ?

Challenges évoque à son tour les difficultés de Paris, Berlin et Madrid à s’entendre sur le programme Scaf, et pèse l’éventualité d’un échec. Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, n’exclut plus la possibilité d’un plan B. « Les demandes allemandes sont inacceptables, pointe un proche du dossier. Il y a un gros risque qu’on n’y arrive pas. » En cause, le partage des tâches entre la France, l’Allemagne et l’Espagne, et le refus de Dassault de livrer sa propriété intellectuelle aux Allemands. L’arrivée de l’Espagne semble avoir perturbé les modalités dont avaient convenues Dassault et Airbus. « Airbus représente désormais l’Allemagne et l’Espagne, soit les deux tiers du programme, contre un tiers pour Dassault », proteste Eric Trappier. Il en va de même dans le domaine du moteur : Safran est censé être l’industriel leader et l’allemand MTU, son partenaire principal. Or Berlin y a consenti à condition que Safran et MTU se constituent en joint-venture. Arrivé tardivement, le motoriste espagnol ITP (filiale de Rolls-Royce) exige que le J200, moteur de l’Eurofighter Typhoon, serve à la propulsion du démonstrateur, un démonstrateur dont le premier vol n’est plus attendu avant la mi-2027. Le plan B évoqué par Eric Trappier pourrait être un programme franco-français. L’Hexagone en aurait techniquement les moyens, en conjuguant les forces de Dassault, Safran, Thales et MBDA. Challenges.fr – 09/03

 Barkhane. La part du Made in America…

Les succès de la force Barkhane dépendent étroitement des matériels américains, drones, équipement des avions de combats et des forces spéciales, faute d’équivalents français opérationnels. Les drones sont des Reaper (General Atomics), les Mirage 2000D sont armés de bombes américaines, et les treillis, casque, jumelles de vision nocturne ou radios des forces spéciales sont fabriqués outre-Atlantique. Les avions de surveillance et de renseignement sont aussi d’origine américaine. Exception : les fusils d’assaut sont allemands (Hedder & Koch). Thales a pu néanmoins placer ses drones SMDR, ses avions de renseignement ALSR et ses radios Contact, mais certains de ces produits dépassent les délais de livraison et le montant initial des factures. Novadem et Parrot sont également bien positionnés sur les micro-drones. Les autres programmes ont pris du retard, l’Eurodrone (Airbus, Dassault, Leonardo) ou le Patroller de Safran. La Lettre A – 08/03

Leonardo veut être le pivot d’une consolidation européenne

Leonardo compte profiter de l’après-crise pour se développer « dans des domaines clés où nous avons déjà de solides fondamentaux commerciaux », déclare son directeur général, Alessandro Profumo. Leonardo vient d’introduire en Bourse DRS, une société d’électronique de défense américaine acquise en 2008. 84 % de ses revenus proviennent du département américain de la Défense. Leonardo est en train de se constituer « un trésor de guerre, pour aider à la consolidation européenne ». Alessandro Profumo : « Pour se développer, les entreprises européennes doivent remporter des commandes à l’exportation. Elles sont en concurrence avec des entreprises américaines beaucoup plus imposantes. À long terme, cela ne sera réalisable que s’il y a un certain degré de consolidation entre les entreprises européennes, afin d’atteindre une échelle similaire. » Financial Times Europe – 09/03