SANTÉ SÉCURITÉ CONDITION DE TRAVAIL

Le protocole sanitaire vu par les salariés

Des entretiens menés au printemps 2021 par des chercheurs du Cereq montrent un ressenti très différent des salariés au sujet du télétravail et des protocoles mis en place dans leur entreprise.

“Quels effets de la crise sanitaire sur les projets et aspirations professionnels ?” est une étude que vient de publier le Céreq. Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications a cherché à savoir si les projets d’évolution professionnelle des salariés ont été modifiés par la crise sanitaire. Mais il a aussi interrogé, entre mars et mai 2021 lors d’entretiens approfondis, 20 salariés (11 femmes, 9 hommes) sur leur perception du protocole sanitaire mis en oeuvre dans leur entreprise.

“Les salariés décrivent des mesures de protection plutôt drastiques, mais à géométrie variable. Globalement, la plupart des salariés interviewés portent un regard plutôt positif sur la façon dont l’entreprise a géré l’introduction du protocole sanitaire”, résument les chercheurs. En dépit de l’absence de concertations sur la mise en place du protocole avec les salariés, ceux-ci ont “globalement adhéré à la façon dont le protocole sanitaire a été mis en place”.

Trois sortes de réaction face aux mesures sanitaires en entreprise

L’étude analyse trois types de comportements chez les salariés : 

  1. Une acceptation totale ou partielle de ces nouvelles contraintes. L’étude cite ainsi un télésurveillant : “Je dis peut-être du mal de ma société mais je vais dire aussi du bien. Ils ont sectorisé les gens, du gel, distanciation sociale, prise de température, mis en place de tout ce qu’il fallait pour éviter les contacts… Il n’y a eu qu’un cas Covid depuis que j’y suis et c’est un Covid d’un autre boulot… Moi je trouvais ça exceptionnel…”
  2. Un contournement de règles jugées excessibles ou inapplicables. Ainsi, une esthéticienne rapporte : “Ils ne nous ont pas assez consultées là-dessus. La plupart de mes collègues n’ont pas mis l’équipement, je vous le dis franchement, c’était infaisable au mois d’août de porter une visière plus masque en faisant un soin du corps (…) On disait qu’on la mettait, heureusement qu’il n’y avait pas de caméras dans la cabine, pour être honnête. Mais on lui a dit [à la manager], je te mets au défi de faire un massage avec tout ça sur la tête et de respirer et de ne pas avoir de syncope”.
  3. Un rapport conflictuel et une recherche de dialogue. Témoin cette surveillante d’un établissement scolaire qui se rebelle contre la direction et son protocole jugé inadapté : “Les jeunes n’ont pas le droit de jouer au ballon, ils ne peuvent pas rester dans le couloir, ils n’ont droit de rien faire, c’est très compliqué… Les élèves sont supers… des fois un peu à cran… mais ils essaient de faire au mieux”.;

Les personnes interrogées décrivent également un impact fort du protocole sur la socialisation en entreprise (moins d’échanges, davantage d’anxiété) ainsi qu’un ressenti très différent du télétravail.

Un télétravail très inégalement vécu

Une technicienne hotline dit bien vivre son télétravail, sachant qu’elle bénéficie de conditions favorables selon les auteurs de l’étude : la salariée dispose “d’un équipement adéquat pour exercer son activité, l’entreprise lui verse une indemnité de 3 euros/jour pour les frais Internet” et, surtout, elle était déjà totalement immergée dans la culture numérique avant de basculer en télétravail.

D’autres salariés expriment un sentiment mitigé. Certains pointent un manque de matériel performant à domicile (imprimante et scanner par exemple) mais aussi une difficulté à séparer vie personnelle et vie professionnelle : “Franchement, quand on est en télétravail, on travaille plus que quand on est sur place, parce qu’on se reconnecte sans arrêt et plus tôt et plus tard et même les week-ends…”.

Autre témoignage, cette femme cadre, qui a du mal à gérer son équipe à distance, estime qu’il faut retrouver davantage de présentiel : “Il y a trop de numérique, il faut revenir au contact physique […] toute la semaine en télétravail c’est trop pour moi, j’ai besoin d’interactions avec mes collègues, j’ai besoin de manger le midi avec mes collègues, ça c’est vraiment le côté relationnel”. 

Bernard Domergue

Le télétravail prolongé jusqu’au 6 février

La ministre du Travail a annoncé hier aux partenaires sociaux que le gouvernement souhaite prolonger de deux semaines l’exigence des trois à quatre jours de télétravail par semaine, soit jusqu’au 6 février au lieu du 23 janvier. Le protocole sanitaire en entreprise devrait donc être modifié d’ici la fin de la semaine. La mesure doit être confirmée aujourd’hui en conseil de défense sanitaire.

actuEL CE

Le télétravail ne sera plus obligatoire à compter du 2 février

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé hier le calendrier d’allègement des mesures sanitaires.

Deux dates sont à retenir.

Au 2 février :

  • Le télétravail au moins trois jours par semaine ne sera plus “obligatoire” mais recommandé, dans le respect du dialogue social en entreprise ;
  • Le masque ne sera plus exigé en extérieur ;
  • Les jauges dans les établissements recevant du public seront supprimées (le port du masque sera maintenu).

Au 16 février :

  • Les discothèques pourront rouvrir leurs portes ;
  • Il sera de nouveau possible de consommer debout dans les bars ;
  • Les concerts debout pourront reprendre.

Jean Castex a également indiqué que le passe vaccinal entrerait en vigueur lundi 24 janvier prochain, sous réserve de la décision du Conseil constitutionnel attendue aujourd’hui. Il serait accessible dès la première injection de vaccin (réalisée avant le 15 février), à condition d’effectuer le rappel dans le délai d’un mois et de fournir un test négatif de moins de 24 heures.

Ces deux dates du calendrier d’allègement ont été choisies car le passe vaccinal sera en vigueur depuis deux semaines à la date du 2 février. Le 16 février est par ailleurs le jour présumé du reflux de la vague épidémique.

Le protocole scolaire pourrait être allégé après les vacances de février (début mars au niveau national), sans que le ministre n’en précise la date. Les autorités sanitaires seront consultées.

Les aides aux entreprises seront maintenues “jusqu’à ces échéances”.

Enfin, le passe vaccinal pourra être levé lorsque la pression épidémique et hospitalière aura baissé effectivement et durablement. Jean Castex et Olivier Véran n’ont cependant pas établi de critère sanitaire d’application de cette mesure.

actuEL CE

Télétravail : quand l’inspection du travail contrôle une PME en rappelant l’obligation de prévention

France info a diffusé hier un reportage sur le contrôle, par une inspectrice du travail, de l’effectivité des mesures sanitaires dans une PME francilienne d’Eragny, dans le Val d’Oise. La DRH de la société a été rappelée à l’ordre pour n’avoir prévu aucun télétravail pour les salariés alors que 9 postes seraient télétravaillables, selon l’inspection. “On a des salariés qui n’ont pas d’ordinateur chez eux ou qui ne souhaitent pas utiliser les téléphones portables privés. On fait comment ?” interroge la DRH. “Vous fournissez du matériel”, répond l’inspectrice. “Oui, mais la société ne peut pas acheter”, rétorque la DRH. Ambiance ! La DRH reconnaît ensuite que l’entreprise ne souhaite pas faire du télétravail. L’inspectrice lui opposant alors qu’il s’agit d’une obligation, il s’ensuit ce dialogue édifiant : 

– “Tout est discutable, vous ne pouvez pas dire que c’est la loi !” proteste la DRH
– “Ah si, il s’agit des dispositions de l’article L.4121-1 du Code du travail qui demande à l’employeur de mettre en place les principes généraux de prévention. Ce n’est pas optionnel, c’est une obligation réglementaire”, conclut l’inspectrice.

Si la PME ne se met pas en conformité, elle risque 500€ d’amende par salarié.

actuEL CE