Frédéric Souillot (FO) à Gabriel Attal : “Il faut travailler sur l’attractivité des métiers”
22/01/2024
Le secrétaire général de Force Ouvrière, Frédéric Souillot, a rencontré Gabriel Attal vendredi 19 janvier. Il lui a remis, à cette occasion, le cahier revendicatif de FO. Ils ont échangé pendant un peu plus d’une heure sur la situation économique et sociale, et les mesures annoncées par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse de mardi 16 janvier. Frédéric Souillot a notamment évoqué les salaires, l’absence de coup de pouce au Smic et de dégel du point d’indice des fonctionnaires.
Concernant la négociation en cours sur l’emploi des seniors, il a rappelé que “50 % de ceux qui liquident leur retraite ne sont plus en emploi, et 18 % sont au RSA”. Sur l’assurance chômage, Frédéric Souillot a indiqué au Premier ministre que “les précédentes réformes baissant l’indemnisation des demandeurs d’emploi n’ont jamais créé d’emplois ni réduit le nombre de chômeurs. Mieux vaut travailler sur l’attractivité des métiers. Ceux qui sont au chômage ou au RSA n’ont pas le choix”.
Le leader de FO a également rappelé l’engagement d’Élisabeth Borne de transposer fidèlement dans la loi les accords nationaux interprofessionnels, ce que Gabriel Attal a qualifié de “bonne idée”. Il a enfin remis à Gabriel Attal un courrier dénonçant la loi immigration. Sur tous ces sujets, le Premier ministre n’a fourni aucune réponse concrète.
Source : actuel CSE
Electricité et franchises médicales : les réactions syndicales
24/01/2024
Le gouvernement a annoncé ces derniers jours deux mauvaises nouvelles pour le pouvoir d’achat des salariés :
- Une hausse de 9,8% des tarifs de l’électricité au 1er février 2024 du fait du rétablissement d’une taxe
- Une hausse de la franchise médicale à partir de fin mars 2024.
Sur la première annonce du ministre de l’économie, le syndicat CGT de l’énergie critique une “décision purement politique” qui va se traduire par une envolée des factures : “Au 1ᵉʳ février 2024, le prix moyen de l’électricité va donc passer de 0,227€/kWh à environ 0,25€/kWh TTC hors abonnement. Ceci équivaut à une nouvelle augmentation moyenne de 18€/mois soit environ +216 €/an sur la facture !” La FNME-CGT estime que cette nouvelle augmentation “va creuser les inégalités”, alors qu’un juste prix de l’électricité se limiterait selon elle à “0,1748 €/kWh TTC, abonnement inclus, et pour tous”.
Sur la deuxième annonce, une confirmation par la ministre du travail et de la santé des propos du président de la République, le gouvernement envisage pour la fin mars d’imposer un doublement des franchises sur les boîtes de médicaments, les actes paramédicaux, les transports sanitaires, les consultations et les examens de biologie, sachant qu’y échapperaient “les mineurs, les femmes qui bénéficient de l’assurance maternité” et “les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire”. Cette mesure pourrait rapporter 800 millions d’euros.
FO a critiqué la logique de cette décision : “Jusqu’à preuve du contraire, ce ne sont pas les assurés qui se prescrivent eux-mêmes les médicaments. Ce sont donc les pratiques médicales qu’il faut questionner pour s’attaquer aux racines de la surconsommation de médicaments, ainsi que les insuffisances du système, comme par exemple l’insuffisante prise en charge des problèmes de santé mentale”. Le syndicat déplore une décision qui “culpabilise les salariés”, “pèse lourdement sur le pouvoir des ménages” et qui fait craindre “une augmentation du renoncement aux soins pour les assurés les plus modestes”.
Source : actuel CSE
Reclassifications dans la métallurgie : la CFDT de Renault obtient des entretiens professionnels
25/01/2024
Les entreprises de la métallurgie doivent appliquer depuis le 1er janvier les classifications de la nouvelle convention collective de la branche. Chez Renault, la CFDT, qui avait menacé d’assigner le groupe en justice, affirme avoir obtenu des avancées afin que la situation de chaque salarié fasse l’objet d’un réexamen lors d’un entretien professionnel. Les explications de Pascal De Maayer, secrétaire général de la CFDT métaux de Seine-Maritime.
Le syndicat CFDT métaux de Seine-Maritime, mécontent de la façon dont Renault Group gérait le chantier des reclassifications lié à la nouvelle convention collective de la métallurgie, avait annoncé en novembre 2023 vouloir assigner en justice l’entreprise, pour les usines d’Ampère Cléon, Sandouville et Alpine Dieppe. Une initiative suivie par la CFDT métallurgie de la Sarthe-Mayenne (pour l’usine Renault du Mans) et par le syndicat Grand-Est (pour Renault Batilly).
Chez Renault, la CFDT déplorait “l’absence de consultation des salariés préalablement à la cotation de leur fiche descriptive d’emploi”, mais aussi “une terminologie anglaise des intitulés d’emplois” ou encore “des fiches d’emploi non personnalisées qui ne tiennent pas compte de toutes les activités du salarié, etc”.
Finalement, le syndicat n’aura pas eu à mener à terme ce recours. La CFDT explique que “ce rapport de forces juridique” a permis des discussions avec Renault et l’UIMM, l’union patronale de la métallurgie. “Renault est le premier adhérent de l’UIMM. En termes d’exemplarité, ce n’était pas terrible pour l’image de la branche. La direction générale de Renault a donc accepté le principe d’une réunion, qui s’est tenue le 18 décembre 2023 dans les locaux parisiens de l’UIMM, pour tenter de trouver une solution”, nous raconte Pascal De Maayer, secrétaire général de la CFDT métaux de Seine-Maritime. Ce dernier ajoute qu’une réunion a suffi pour obtenir des avancées “significatives”.
Ajoutons que les prochaines élections professionnelles, prévues en février sur certains sites de Renault, ont sans doute été un élément accélérateur…
Un entretien professionnel
La CFDT revendique donc avoir décroché :
- la mise en oeuvre d’une campagne d’entretiens professionnels au premier semestre 2024. Ce sera “un moment privilégié pour échanger et consulter chaque salarié sur sa fiche descriptive d’emploi” ;
- l’adaptation de la fiche de support de l’entretien professionnel pour y intégrer une partie sur le réexamen de la fiche descriptive d’emploi “avec des possibilités d’ajustement” ;
- la mise en place de “commissions paritaires locales” pour 2024 pour suivre “cette première campagne d’entretiens professionnels”.
“Chaque salarié pourra s’exprimer sur son travail réel et obtenir une fiche d’emploi adéquate”, se félicite Pascal de Maayer. Mais Renault pourra-t-elle conduire 30 000 entretiens pendant le premier trimestre ? “Oui, l’entreprise est en train de former ses managers à cela, cela montre d’ailleurs bien qu’elle n’avait pas fait le nécessaire avant”, nous répond le syndicaliste.
Une discussion paritaire
Le syndicat n’a pas pour autant obtenu le principe d’une révision systématique de la fiche de poste résultant de la reclassification. Mais en cas de différend entre le salarié et son manager sur ce sujet, une commission paritaire débattra dans chaque établissement, avant avril 2024. Cette commission comprendra l’employeur et les organisations syndicales représentatives. “Il reste encore des problèmes à régler. Nous pourrons aussi traiter ces cas via les réclamations individuelles et collectives du CSE. Mais nous n’excluons pas des recours éventuels devant les prud’hommes”, prévient le secrétaire général de la FGMM CFDT de Seine-Maritime.
Preuve qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air : la CFDT a également assigné, pour non-respect du processus de déploiement des classifications de la nouvelle convention collective, l’entreprise Siemens qui emploie 1 200 salariés au Havre pour la fabrication d’éoliennes off-shore. “L’audience devait avoir lieu en janvier mais elle a été reportée en février”, indique Pascal De Maayer, qui a comme l’impression que l’entreprise pourrait négocier…
► Rappelons que de nombreux élus de CSE et délégués syndicaux se plaignaient, à l’automne 2023, de ne pas être informés ni consultés par leur direction sur ces nouvelles classifications qui doivent entrer en application depuis le 1er janvier 2024 (lire notre article).
Deux autres réactions syndicales sur la reclassification |
La CGT propose aux salariés un modèle de courrier Sur le site Renault de Cléon, la CGT, qui est opposée au nouvel accord de la convention de la métallurgie dont découlent les nouvelles classifications, constate que de nombreux salariés se demandent comment ils peuvent contester des cotations jugées “aberrantes” ou “injustes”. Réponse du syndicat : “N’hésitez pas à venir voir vos élus CGT qui vous remettront des copies du courrier de contestation. La cotation définitive sera notée sur le bulletin de salaire de janvier, il restera un mois, jusqu’à fin février, pour contester officiellement”. Le courrier type de la CGT se fonde sur l’article 63.2.1 de la nouvelle convention de la métallurgie pour demander un rendez-vous en vue “d’une explication détaillée du degré retenu pour chaque critère classant mon emploi”. FO mise sur l’information et les entretiens Force ouvrière ne nie pas les difficultés rencontrées dans l’application de la nouvelle convention collective chez Renault : “Ni les RH ni l’encadrement n’étaient tout à fait au courant des bonnes informations ni sur la même longueur d’ondes”, rapporte Mounir Mestari, délégué syndical groupe. Mais le syndicat continue de défendre cette refonte qui va entraîner dans l’entreprise “une revalorisation salariale pour 3 000 personnes et une promotion au statut cadre pour 1 000 salariés”. Chez Renault, “les salariés connaissent leur positionnement dans la nouvelle grille depuis le 8 janvier. Ils ont jusqu’au 29 février pour adresser un courrier demandant des explications”, rappelle le délégué syndical. Les entretiens entre salariés et managers, lors desquels un document spécifique sur la classification sera discuté, devraient selon lui régler une bonne partie des problèmes, mais il est encore trop tôt pour le savoir. |
Bernard Domergue