Cinq syndicats appellent les salariés de France travail à la grève le 1er avril
10/03/2025
Cinq organisations syndicales (CGT, CFTC, FSU, STC, SUD) appellent les agents de France travail à faire grève le 1er avril prochain partout en France. Les syndicats s’inquiètent des suppressions d’effectifs à venir et de leurs conditions de travail compte-tenu du cadre budgétaire “austéritaire”.
“La présentation d’un Plan dit « d’efficience » concernant « 3 700 postes a minima » d’ici 2027 – soit 800 de plus qu’annoncés en juillet dernier au Conseil d’Administration – et la négociation d’un prochain accord sur la « Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels » n’augurent rien de bon tant pour nos missions, que pour nos métiers et nos emplois !” peut-on lire dans le communiqué intersyndical.
“Les collègues exerçant en « fonction supports » et les établissements comme la Direction Générale ou la DSI vont être les premières victimes en 2025 d’un redéploiement forcé avec des mutations professionnelles voire géographiques imposées. A terme, ce sont de nombreux collègues qui seront concernés par des changements d’activités voire d’emploi. Pour toutes et tous, l’intensification du travail va s’accroître et les conditions de travail se détériorer”, alertent les syndicats qui réclament le maintien des missions, l’augmentation des effectifs et l’arrêt du “recours à l’externalisation et à la privatisation de nos missions”.
Source : actuel CSE
[Infographie] Le permanent syndical, un militant comme les autres ?
11/03/2025

Maxime Lescurieux, sociologue, auteur de l’étude pour l’Ires sur les permanents de la CFDT
Devenir permanent consacre-t-il toujours la “carrière” d’un militant syndical masculin, ouvrier et vieillissant ou cette image relève-t-elle d’un cliché dépassé ? C’est à cette question que répond l’étude de Maxime Lescurieux. Le sociologue s’est penché sur le parcours et le profil des permanents de la CFDT.
On peut définir les permanents syndicaux comme les militants rémunérés pour consacrer la totalité de leur temps professionnel à des activités syndicales, que ce soit au sein d’une entreprise ou d’une structure syndicale extérieure. Ce groupe suscite peu d’études. Leur profil diffère-t-il des autres militants ? Leur accès à des fonctions de “permanent” consacre-t-il, tel un bâton de maréchal, un long parcours syndical ? Le sociologue Maxime Lescurieux répond à ces questions dans une étude pour l’Ires qui porte uniquement sur les permanents CFDT (*).
Le permanent, un militant pas tout à faire comme les autres
Premier élément de réponse : la population des permanents CFDT diffère quelque peu de celle des militants dans leur ensemble (voir notre infographie en fin d’article). “Ce qui m’a le plus surpris ? C’est de voir que les permanents sont une catégorie qui n’est pas homogène, elle n’est pas uniquement masculine, il y a une féminisation réelle du fait d’une volonté politique de la CFDT, et il y a aussi de plus en plus de cadres dans ce groupe, avec une diversité des profils. On peut aussi observer chez les permanents d’entreprise davantage de profils d’hommes techniciens”, nous répond Maxime Lescurieux.
Les permanents sont d’abord plus jeunes. Ils appartiennent davantage aux professions intermédiaires et cadres. Et ce sont majoritairement des hommes (53%), alors que la population militante de la CFDT est plus équilibrée (51 % d’hommes, 49 % de femmes). Notons cependant que la proportion de femmes permanentes est un peu plus importante dans les structures syndicales (48 %, contre 47 % pour les permanentes d’entreprise), un effet de la volonté de féminisation lancée par la CFDT dès 1980 (**).
Dans les structures syndicales externes également, les classes populaires paraissent sous-représentées alors qu’elles sont surreprésentées dans l’entreprise.
Comment devient-on permanent syndical ? La réponse à cette question explique bien sûr les différences de profils observées chez les militants des structures syndicales et chez les militants d’entreprise.
L’ascension en mode “coupe-file”
Le sociologue commence par isoler un mode spécifique d’accès aux permanences syndicales, qu’il nomme la filière “coupe-file”, une trajectoire empruntée par 73 % des permanents étudiés dans l’enquête. Il s’agit de militants qui accèdent assez rapidement, et par le haut de l’organisation, à ces postes de permanents.
Sont par exemple concernées des femmes cadres nées après les années 70. Elles commencent à travailler vers 23 ans, plutôt dans le secteur public, et adhérent au syndicat à l’âge de 35 ans. Une adhésion tardive mais qui est suivie par une ascension rapide après des premiers mandats dès 40 ans.
“Les femmes accèdent certes plus rapidement à l’espace des permanents, mais leur temps de survie reste plus incertain (..) L’inégalité de disponibilité (..) finit par bénéficier aux hommes à moyen et long terme”, décrit le chercheur.
Ce dernier cite l’exemple d’Elodie. Diplômée d’un Deug d’anglais et d’un IUP de communication, elle est en CDI dans une association quand elle est démarchée par la CFDT qui cherche un profil universitaire. Elle gère alors l’agenda du secrétaire général d’une fédération, avant de réintégrer le monde de l’entreprise pour finir par rejoindre à nouveau la CFDT quelques années plus tard, comme secrétaire confédérale cette fois, alors qu’elle n’a que 31 ans. Yohann connaît un parcours un peu différent : c’est lorsqu’il se renseigne sur ses droits que ce diplômé d’un BTS en action commerciale décide d’adhérer, avant de s’investir très activement dans des mandats, notamment dans un CHSCT. Son activisme le fait repérer, et il devient à 34 ans permanent de son entreprise puis à 36 ans secrétaire général adjoint.
Ces promotions “coupe-file” s’expliquent aussi par le parrainage et la cooptation, “dans le prolongement d’études dans l’enseignement supérieur, de militantisme dans des organisations militantes de jeunesse comme la Jeunesse ouvrière chrétienne, la JOC (Ndlr : dont Laurent Berger, l’ancien secrétaire général de la CFDT, a fait partie), ou via la sphère professionnelle”.
Un repérage au feeling
Il ne faut cependant pas imaginer une sélection type haut potentiels à l’anglosaxonne. C’est plutôt un repérage “au feeling”, comme le dit une responsable syndicale, qui s’opère à la CFDT. La capacité à prendre la parole, à s’intéresser aux dossiers et à s’investir – voire “à s’arracher” – est remarquée et distingue telle ou telle personnalité. Ces militants doivent donc montrer qu’ils sont armés syndicalement, ce qui passe par la fréquentation de groupes de travail, d’événements syndicaux, de formations, etc.
Aujourd’hui à la CFDT, on accède donc majoritairement par le haut, via ces coupe-files, aux postes de permanents. “La voix traditionnelle d’accès aux postes de permanents après une longue expérience syndicale à la base est devenue minoritaire. Ce n’est pas vraiment une surprise, mais l’enquête démontre les dynamiques en cours”, observe Maxime Lescurieux qui pointe également une différence Paris Province dans le travail des permanents : “Le métier de syndicaliste n’est pas le même, il y a une usure plus forte chez certains permanents en province”.
Pour autant, il demeure à la CFDT une possibilité d’accès “par le bas”, qui récompense un engagement syndical de longue durée. Cela représenterait environ 27 % des trajectoires étudiées chez les permanents. “Ces profils mettent plus de temps à accéder à ces postes de permanents”, commente le chercheur.
Des ouvrières qui s’engagent tôt
Ces trajectoires concernent par exemple des ouvrières, nées dans les années 1950 et 1960 travaillant dans le secteur privé, hors d’Ile-de-France.
Après des études courtes, ces femmes ont connu une période de précarité, avec chômage et périodes de CDD, tout en assumant plus tôt que les diplômées une charge parentale. C’est d’ailleurs après la naissance de leur premier enfant qu’elles décident d’adhérer au syndicat, et dix ans plus tard, d’exercer leur premiers mandats. Elles ne deviennent permanentes d’une structure syndicale qu’à l’âge moyen de 45 ans, et même de 50 ans pour celles qui deviennent permanentes en entreprise.
Je faisais 45 000 km par an
Suzanne est ainsi devenue DS à 36 ans, défend le personnel lors de PSE, et finit par intégrer l’interpro à 45 ans : “La cellule de reclassement m’a permis de me faire connaître dans le coin, car je travaillais avec tout le monde et en 2000 le secrétaire général de la structure interpro me propose de devenir secrétaire générale adjointe”. Elle vivra alors l’intensification du travail syndical : “J’étais tout le temps d’un bout à l’autre de la région, je faisais 45 000 km par an. Il y avait beaucoup d’usure”.
Ce parcours est peu ou prou aussi celui d’hommes ouvriers, marqués par leur expérience de la pénibilité, de l’instabilité professionnelle et de la désindustrialisation.
J’ai des souvenirs très cruels avec des permanents parisiens
Ils adhérent à 34 ans, et prennent leurs premiers mandats avant 40 ans. Une minorité d’entre eux accèdent à des structures syndicales comme permanents. C’est le cas de Pascal, devenu permanent à 46 ans après avoir vécu la fermeture de son entreprise : il s’occupe alors des grandes négociations d’une filière en pleine restructuration, ce qui le conduit à côtoyer d’autres permanents, et de rapporter ainsi leurs différences : “J’ai des souvenirs très cruels avec des permanents parisiens qui venaient manger à la maison. C’est simple, ils ne discutaient qu’avec moi, alors que ma femme aussi était militante. Elle me disait : « C’est des sales cons. Ils me disent juste merci à la fin pour la bouffe ! »”
Un engagement progressif, sur le long terme
Ce type d’accession aux postes de permanents syndicaux, Maxime Lescurieux les qualifie de “filière locale”.
Ces militants issus des classes populaires ont un engagement progressif, qui s’inscrit sur des années “jusqu’à aboutir à un âge plus avancé à une position dans l’espace des permanents”. L’avantage de ces parcours est qu’ils donnent un profond ancrage aux militants, qui ont été reconnus pendant des années par les travailleurs qu’ils défendaient. Nous retrouvons ici un schéma historique d’émancipation sociale par le militantisme, qui confère aussi une forme de respectabilité et de reconnaissance sociale, dont on sait qu’il constitue un puissant moteur, avec le souci de combattre l’injustice, de l’investissement syndical.
Consolidation de compétences précieuses ou risque de fracture avec la base ?
Dans son étude, le sociologue ne pose pas la question qui fâche. Certes, on peut penser que l’accès désormais majoritaire aux postes des permanents syndicaux de personnes diplômées ayant peu milité dans leur carrière est de nature à répondre à une nécessaire professionnalisation syndicale, en fournissant aux syndicats des ressources intellectuelles indispensables au travail syndical de fond que doit accomplir une fédération ou une confédération, constamment sollicitées en appui aux équipes ou pour les concertations et négociations nationales.
Mais ce faisant, ce profilage ne constitue-t-il pas aussi un risque de décalage par rapport aux travailleurs “de base” et à leurs attentes, avec des parcours très “techno” n’ayant pas toujours connu les réalités du monde du travail ? Interrogé, le sociologue répond prudemment : “C’est une question qui peut se poser lorsque l’organisation syndicale change par le haut, il y a un risque de fracture”.
Et dans les autres syndicats ?
Par ailleurs, ce qui est observé ici à propos de la CFDT vaut-il aussi pour d’autres syndicats, comme la CGT ou FO ? Le chercheur se montre prudent dans sa réponse, d’abord parce qu’il ne connaît pas FO et qu’il n’a pas travaillé sur la CGT. Mais il observe des points communs : “Les profils de Marylise Léon (la secrétaire générale de la CFDT) et de Sophie Binet (la secrétaire générale de la CGT) se ressemblent. Il est frappant de voir que Sophie Binet est issue de l’Ugict, le syndicat cadres de la CGT. Mais il faudrait conduire un travail de recherches spécifique sur le sujet…”
(*) “Devenir permanent : rupture et continuité des filières d’accès à la professionnalisation syndicale”, par Maxime Lescurieux, revue de l’Ires (l’institut de recherches économiques et sociales, au service des syndicats, lire ici Cette étude repose sur une enquête menée entre 2016 et 2020 à la CFDT dans le cadre de la thèse du sociologue, avec notamment 40 entretiens biographiques de militants CFDT, mais aussi sur l’exploitation d’un questionnaire en ligne adressé à 30 000 militants CFDT à partir de la base de gestion des adhérents Gasel, 1 115 questionnaires ayant été validés et exploités.
(**) Dans le privé, la reconnaissance légale d’un détachement d’un salarié au profit d’une organisation syndicale n’a eu lieu qu’en 2008, soit 25 ans après le secteur public, note le chercheur. Cette mise à disposition doit faire l’objet d’une convention tripartite entre le salarié, l’employeur et le syndicat.
Bernard Domergue
Retraites : la CGT demande à François Bayrou de clarifier l’objectif de la concertation
11/03/2025
Dans un courrier adressé le 7 mars à François Bayrou, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, demande au Premier ministre “quatre éclaircissements majeurs” au sujet de la concertation lancée le 27 février sur les retraites. Rappelons que cette concertation, dont FO a claqué la porte, se fait selon une lettre de cadrage envoyée par Matignon aux partenaires sociaux.
Quels sont ces quatre points ?
- La CGT demande un premier éclaircissement sur l’objectif de ces discussions : elles doivent, pour le syndicat, avoir pour “objectif de ne pas dégrader l’équilibre financier et non celui de son retour à l’équilibre”. Explication du syndicat : “Dans votre déclaration de politique générale vous avez fixé pour seule exigence la nécessité de ne pas dégrader l’équilibre financier. Pourtant, dans votre lettre de mission, vous fixez comme nouvelle exigence de rétablir l’équilibre financier des retraites à horizon 2030. Alors que l’objectif initial était de financer l’abrogation de la réforme pour qu’elle soit neutre pour les finances publiques- soit, d’après les chiffres de la cour des comptes un besoin de financement de 10 milliards environ à horizon 2030- l’addition est ainsi alourdie de 6,6 milliards en 2030 et 15 milliards en 2035, ce qui change considérablement la donne et laisse à penser que ces concertations visent à réaliser une nouvelle réforme !”
- Deuxième éclaircissement demandé : “Les concertations doivent aboutir, dans tous les cas de figure, à ce que le peuple ait le dernier mot” et non pas à ce que la réforme de 2023 continue de s’appliquer. Et la CGT d’expliquer : “La réforme des retraites a été imposée sans vote du parlement, contre l’avis d’une large majorité de Françaises et de Français et malgré une mobilisation sociale historique, il s’agit donc aussi d’un enjeu démocratique. Comme vous vous y êtes engagés face aux députés le 16 janvier, il est fondamental de garantir qu’en tout état de cause, c’est le parlement ou le peuple qui auront le dernier mot !”
- Troisième demande : “Ces concertations ne peuvent être centrées que sur le renforcement du système par répartition et non de l’introduction d’une part de capitalisation souhaitée par le patronat”. Argumentation de la CGT : “Nous fêtons cette année les 80 ans de la sécurité sociale, bâtie en 1945 par les mouvements de Résistance pour souder la Nation par un principe de solidarité. C’est ce système par répartition qui nous a permis de tenir face à toutes les crises alors que de nombreux fonds de pension s’effondraient. C’est ce système par répartition qui est notre meilleure garantie face aux incertitudes financières, environnementales voire géopolitiques qui menacent nos sociétés. Pourtant, face à la demande insistante du patronat, vous n’avez pas écarté la capitalisation des concertations qui s’ouvrent. Nous vous demandons un engagement clair sur ce point”.
- Quatrième souhait : “Les discussions doivent se tenir avec les organisations représentatives du régime général”.
Source : actuel CSE
Pour l’Unsa,”renforcer notre défense et protéger notre modèle social doivent aller de pair”
11/03/2025
Après Force ouvrière, l’Unsa réagit à son tour au discours d’Emmanuel Macron en faveur d’un réarmement au niveau européen, compte tenu de la guerre en Ukraine, de la menace russe et du revirement américain. L’union des syndicats autonomes reconnaît qu’il faut “se hisser à la hauteur des enjeux du moment” : “Dans ce monde où les crises se succèdent, où l’on constate une montée des dérives autoritaires, un recul des principes du droit international et un accroissement du risque militaire aux frontières de l’Europe, il est plus que jamais crucial pour la France de renforcer ses capacités de défense. Il est tout aussi vital de rester fidèle à nos valeurs fondamentales”.
Pour autant, Laurent Escure, le secrétaire général du syndicat, juge que cela ne doit pas être au détriment du modèle social français : ce modèle, explique le syndicaliste, “représente la pierre angulaire de notre démocratie” et, “c’est bien la défense de ce modèle social et des valeurs qui sont les nôtres qui nous unit et nous mobilise pleinement”. L’Unsa estime donc que “notre modèle social ne doit en aucun cas être remis en question”. Car c’est “au nom de la démocratie, des valeurs républicaines et de l’humanisme que la France et l’Europe s’engagent”. Autrement dit, pour l’Unsa, “renforcer notre défense et protéger notre modèle social doivent aller de pair”.
Source : actuel CSE
L’Ugict relance son enquête sur le télétravail
14/03/2025
“Y a-t-il un “backlash” ou un maintien durable du télétravail dans les organisations de travail ? Que pensent les télétravailleur·ses de cette organisation de travail ? Changeraient-ils d’emploi si le télétravail était supprimé ?” C’est pour répondre à ces questions que le syndicat des cadres de la CGT, l’Ugict, relance son enquête nationale sur les pratiques des entreprises en matière de télétravail. Tous les salariés sont invités à répondre à ce questionnaire, qui prend 10 minutes, avant juin 2025.
Cet observatoire du télétravail, lancé en 2022 par l’Ugict avec le soutien de Secafi et de Malakoff Humanis, vise à mieux anticiper les transformations du travail et à nourrir les réflexions des décideurs.
► Accès à l’enquête nationale “Télétravail : stop ou encore ?”
Source : actuel CSE