La CFDT assigne Carrefour en justice pour empêcher la cession de 39 magasins

13/01/2025

Après une première action en justice en mars 2024 relative à la mise en location-gérance, la CFDT assigne une nouvelle fois Carrefour. L’enseigne s’apprête en effet à céder 39 magasins en location-gérance à des repreneurs. La CFDT a demandé en référé la suspension de cette opération jusqu’à ce que le tribunal judiciaire d’Évry se prononce au fond sur sa saisine de 2024. Le groupe serait également sous le coup d’une plainte du ministère de l’Économie qui lui réclame 200 millions d’euros d’amende pour la gestion de son réseau de franchise.

Selon la CFDT, cette nouvelle vague de location-gérance concernerait près de 4 300 salariés qui perdraient le bénéfice des accords d’entreprise et de deux mois de rémunération par an. Elle “dénonce la politique du groupe qui est en fait un plan de restructuration déguisé, destiné à réduire les frais de personnel et à dénoncer les accords d’entreprise. Depuis le début du plan de transformation d’Alexandre Bompard, ce sont 344 magasins (95 hypers et 249 supermarchés) qui ont ainsi été cédés à des repreneurs et plus de 27 000 salariés qui sont sortis des effectifs”.

Cette inquiétude sur la location-gérance est partagée par FO, première organisation syndicale du groupe.

Source : actuel CSE

Élections à la présidence de la CPME : trois candidats et un favori

16/01/2025

La campagne a débuté en septembre et se terminera le 21 janvier 2025. Trois candidats se disputent la direction de l’organisation patronale des PME. De 59 à 39 ans, ils sont tous membres du comité exécutif de la CPME. Issus des services, ils entendent s’inscrire dans la droite ligne de l’actuel président, François Asselin. L’un d’entre eux se détache grâce au soutien d’importantes fédérations : Amir Reza-Tofighi. Mais l’élection est loin d’être jouée…

C’est dans un contexte politique particulièrement agité que se tient en ce moment la campagne pour l’élection du prochain président de la CPME. François Asselin en quittera la direction le 21 janvier 2025 après dix années de mandat. Issu de la CGPME Poitou-Charentes, et succédant à Jean-François Roubaud, il avait pris la tête de l’organisation en 2015. En 2017, il a soutenu la fusion des instances représentatives du personnel, et en 2024, ses 80 propositions incluaient notamment un relèvement du seuil des CSE, une suppression de la BDESE (base de données économiques, sociales et environnementales) et du monopole syndical au premier tour des élections professionnelles. La CPME a par ailleurs refusé, par la voix de son vice-président Éric Chevée, de signer le projet d’accord national interprofessionnel supprimant la limitation à trois mandats des élus de CSE.

Vingt années séparent les potentiels successeurs, tous issus du secteur des services. Alain Gargani (59 ans), Gaëtan de Sainte Marie (49 ans) et Amir Reza-Tofighi (39 ans) s’affrontent pour prendre la suite. Pour l’instant, le plus jeune, Amir Reza-Tofighi, a reçu le soutien d’importantes fédérations. Le point sur les parcours et les positionnements des candidats.

Alain Gargani : “Pour une CPME plus offensive”

Diplômé d’un doctorat de sciences à l’université d’Aix Marseille, Alain Gargani a dirigé la CPME des Bouches-du-Rhône à compter de 2013 avant de prendre les rênes en Provence-Alpes-Côte-d’Azur en 2019. Il dirige également une société d’événementiel fondée en 1996, Atout Organisation Science (AOS), spécialiste de l’organisation de congrès. Il produit et anime l’émission en ligne Atout Santé, diffusée sur YouTube et consacrée à la vulgarisation des informations de santé.

C’est aussi le profil le plus politique : il a figuré en 2020 sur la liste “Une volonté pour Marseille” de Martine Vassal (UMP puis Les Républicains) pour les élections municipales à Marseille. Il est également conseiller régional en Paca (délégué au numérique et à l’innovation) aux côtés de Renaud Muselier (passé par le RPR, l’UMP et qui a rallié le camp d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2022).

Son programme se dit lui-même “dans la droite ligne de l’esprit de François Asselin” et annonce la couleur : il faut “libérer l’économie” pour créer “un environnement propice à la croissance et à la création de richesse”. Il veut aussi “une CPME plus offensive” qui entend “simplifier les contraintes administratives” des entreprises. Il propose par exemple de généraliser le test PME pour favoriser la stabilité des législations, d’alléger le reporting extra-financier CSRD, ou encore de “valoriser le travail comme vecteur d’émancipation et de progression sociale”.

Il veut “réduire l’écart entre le salaire brut et le salaire net, priorité “pour renforcer le pouvoir d’achat et réconcilier les salariés avec le monde de l’entreprise ” ainsi que “valoriser les métiers en tension”, soutenir la formation continue et l’apprentissage. Il défend la TVA sociale et un allègement des charges des entreprises.

Enfin, il souhaite “un syndicalisme de proposition” et avance qu’il faut “repenser le dialogue social en s’appuyant sur des thématiques actuelles pour élaborer des propositions concrètes. Cette approche proactive permettra d’instaurer un paritarisme d’anticipation (…) qui s’empare des sujets émergents et propose des solutions avant que les crises ne surviennent”.

Gaëtan de Sainte Marie : “Pour un assouplissement des 35 heures”

Agé de 49 ans, Gaëtan de Sainte Marie est diplômé du privé (Lyon Business School). Il a également un point commun avec François Hommeril, président de la CFE-CGC : avoir été salarié du groupe Pechiney mais en Australie, en tant que volontaire international en entreprise (VIE). Entrepreneur comme les deux autres candidats, c’est un spécialiste des services aux PME : il a fondé une société de mutualisation de moyens informatiques puis une centrale d’achat (Quantis, revendiquant 70 salariés et 35 000 entreprises adhérentes), toutes deux dédiées aux petites et moyennes entreprises. Président de la commission Numérique, il est aussi vice-président de la CPME du Rhône. Il a enfin présidé plusieurs années le Centre des jeunes dirigeants de Lyon. Il co-dirige un domaine viticole dans le Jura et a co-écrit un livre sur l’économie collaborative.

Un point commun avec Alain Gargani : il veut “moderniser le paritarisme” en adaptant la négociation interprofessionnelle aux besoins de l’économie, et l’engager sur la voie des propositions.

Il entend “rendre au travail sa valeur cardinale”. Un travail qu’il appelle de ses vœux “le plus rémunérateur possible, donc le moins coûteux”. Il défend donc une baisse du “coût” du travail et s’élève contre “un SMIC excessif impossible à financer pour la plupart d’entre elles, ou une semaine de quatre jours généralisée sans discernement”.

Comme François Asselin, il propose de passer les obligations des entreprises de 50 salariés à un seuil de 100 salariés et de lancer un débat sur “l’actualisation et la simplification du droit du travail”.

Il veut sécuriser et harmoniser les allégements de charges sous le salaire médian”, assouplir les 35 heures et les jours de RTT (réduction du temps de travail), doubler la défiscalisation des heures supplémentaires, créer un crédit d’impôt recherche renforcé pour les PME.

Il défend aussi l’emploi des seniors sous la forme d’une diminution des cotisations sociales “pour les seniors contribuant après 50 ans à une activité de transmission de savoir-faire ou lorsque l’entreprise garde ses collaborateurs seniors”.

Amir Reza-Tofighi : “Pour une réduction drastique du code du travail”

Le “benjamin” quadragénaire est cofondateur de deux plateformes de services : Click and Boat pour la location de bateau en 2014 et Heetch en 2013, une appli de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur). Ancien directeur technique de Vitalliance, une société de services aux personnes âgées et handicapées employant 8 000 salariés, il en devient président directeur général en 2018. Diplômé de Centrale Supélec (école d’ingénieurs) et de HEC (école de commerce), il est également président d’honneur de la Fédésap (fédération française de services à la personne et de proximité, affiliée à la CPME). Il préside également la commission Innovation de la CPME.

Il a reçu des soutiens de poids : les fédérations du bâtiment et la puissante UIMM (métallurgie) lui ont apporté leur soutien). Il compte aussi à son actif les transports de voyageurs, l’union des prestataires de santé à domicile, plusieurs CPME locales (la Réunion, le Centre-Val-de-Loire, le Tarn). Attention cependant à ne pas déjà le proclamer vainqueur. D’une part parce qu’il s’agit d’un scrutin indirect qui peut révéler des surprises, et d’autre part parce que certaines fédérations ou CPME locales ne proclament pas publiquement quel candidat retient leur faveur. De plus, certains candidats communiquent davantage que les autres sur les soutiens reçus.

Il porte un allègement du “poids de la complexité administrative” des PME, un développement des outils d’actionnariat salarié. Il défendra également le paritarisme puisqu’il veut lui “redonner une place centrale en le libérant de la tutelle de l’État”, mais il souhaite également “introduire la règle d’or dans les régimes sociaux”, c’est-à-dire limiter le recours aux déficits. Comme François Asselin, il veut transférer le financement de la protection sociale des cotisations vers l’impôt.

“Résorber la dette” figure aussi dans ses priorités, en particulier sur les retraites (qu’il souhaite par capitalisation) et la santé (il réclame l’instauration de jours de carence d’ordre public en cas d’arrêt maladie). Sa “solution pour mieux valoriser le travail” consiste dans une division par deux des charges salariales, et une baisse des charges patronales.

Au programme également, une adaptation du contrat de travail à durée indéterminée, une “réduction drastique du code du travail”, un passage des obligations des entreprises de 50 salariés au seuil de 100 salariés. Il veut aussi “alléger la législation relative à l’index égalité professionnelle pour les entreprises de moins de 100 salariés”.

Amir Reza-Tofighi et le dialogue social : “Il essaie d’aller chercher des compromis”
Comment le favori de la campagne aborde-t-il le dialogue social dans la branche des services à la personne et au sein de son entreprise Vitalliance ? Nous avons posé la question à des négociateurs de branche et des représentants du personnel.

Selon Guilain Bihan (CFDT, majoritaire dans la branche), qui a eu des échanges directs avec Amir Reza-Tofighi ces derniers mois dans le cadre de la négociation relative à la prévoyance, “il s’est montré relativement ouvert à nos propositions et notre ambition de mettre en place ce régime pour les salariés de la branche. Il est moteur dans l’animation de la partie patronale car il essaye d’aller chercher des compromis avec les autres organisations de son camp. C’est un bon interlocuteur avec qui nous parvenons à échanger”.

Tout se passe donc bien sur la prévoyance, mais le dialogue social les salaires semble patiner. “C’est plus compliqué car les employeurs ont des contraintes financières à respecter, ils ont juste de quoi tenir la boîte, c’est au niveau du gouvernement que cela devrait changer”, nous a indiqué Aline Mougeot (CFTC). Cette dernière se satisfait en revanche de l’accord trouvé sur la formation et le dispositif pro-A. Elle confirme qu’Amir Reza-Tofighi est “ouvert à la discussion et cherche des voies de passage”.

À Force Ouvrière, Stéphanie Prat-Eymeric retient qu’”il essaie toujours de trouver des solutions, il n’est pas fermé et il entend les arguments. Sur la branche, il creuse les sujets et en connaît les tenants et aboutissants avant de se positionner. Mais sur les salaires, on ne peut pas dire qu’il y ait de grosses avancées”.

Les représentants du personnel semblent quant-à-eux plutôt déçus du dialogue social dans leur entreprise. Selon Nadia Chery et Cécile Billiette, déléguées syndicales CFDT et élues titulaires au CSE national de Vitalliance, “ce qui est dit en négociation de branche n’est pas forcément appliqué en entreprise. Sur les négociations annuelles obligatoires, cela fait deux ans que nous aboutissons à des procès-verbaux de désaccord pour les salaires.

Djime Konaté est élu titulaire au CSE. Il regrette “n’avoir jamais vu Monsieur Tofighi en réunion de CSE, il se fait représenter par le directeur des ressources humaines, Cyril Barkian et la juriste Céline Blin”.  

Marie-Aude Grimont

Retraites : les réactions syndicales et patronales au discours de François Bayrou

16/01/2025

Dans son discours de politique générale mardi 14 janvier, François Bayrou a annoncé vouloir demander aux organisations syndicales et patronales de se mettre d’accord dans les 3 mois sur une alternative au relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, sur la base d’une mission flash de la Cour des comptes, le Premier ministre étant en désaccord avec le diagnostic du Conseil d’orientation des retraites sur la situation financière des régimes. En l’absence d’accord, la réforme Borne continuera de s’appliquer.

Une première réunion est prévue demain à Matignon avec tous les partenaires sociaux.

► La CGT déplore que le gouvernement ne décide “ni d’abroger ni même de bloquer” la réforme des retraites. “La CGT regrette que seule la vision budgétaire ait été au centre du discours, sur la base d’un rapport que même le Conseil d’orientation des Retraites a dénoncé. Sous la pression du rapport de force, le Premier Ministre a été obligé d’annoncer l’ouverture de discussions dans un format encore nébuleux. Pour la CGT, toute discussion ne peut être qu’une étape vers l’abrogation de la réforme des retraites. Cependant, en annonçant d’ores et déjà que l’absence d’accord se traduirait par le maintien de la réforme actuelle, le Premier Ministre biaise d’entrée de jeu les discussions et place le patronat en position de force”, estime le syndicat. La CGT de déplorer un discours “très loin des attentes du monde du travail”.

► La CFDT estime, par la voix de Marylise Léon citée dans les Echos, qu’il faut saisir “cette opportunité” pour “obtenir des «bougés» sur l’âge, la pénibilité, la retraite des femmes”. La secrétaire générale de la CFDT semble néanmoins dubitative sur la méthode et sur la seule référence à une analyse de la Cour des comptes. 

► Le Medef se réjouit de l’ambition de “débureaucratisation” annoncé par le Premier ministre. “L’impératif d’équilibre financier posé pour « remettre en chantier la question des retraites » correspond à notre conviction, a réagi sur le réseau X Patric Martin, le président de l’organisation patronale. Dès lors, le Medef se prêtera aux discussions entre partenaires sociaux. Il le fera d’autant plus constructivement que d’éventuels aménagements de la réforme n’occasionneront ni alourdissement du coût du travail ni complexités supplémentaires. Il sera également très attentif à ce que ces discussions s’inscrivent dans le cadre de budgets ne portant pas atteinte à la compétitivité, à la croissance et à l’emploi. Nous tenons également à ce que ces discussions soient élargies aux sujets du niveau, du financement et de la gouvernance de régimes sociaux épuisés”.

► La CPME participera à la concertation sur les retraites : “Mettre les partenaires sociaux devant leurs responsabilités sans pour autant détricoter en parallèle la réforme en cours semble une méthode de nature à apaiser les choses. La CPME (..) évoquera, notamment, la nécessité de corriger l’actuel déséquilibre entre le secteur public et le secteur privé. Elle proposera également des pistes pour sécuriser notre système de retraites en ajoutant au dispositif par répartition, une part de capitalisation individuelle”.

► L’U2P “accueille avec satisfaction la décision du Premier ministre d’accorder toute sa confiance aux partenaires sociaux pour faire émerger en trois mois des solutions de nature à pérenniser notre système de retraites, tout en fixant l’objectif d’assurer l’équilibre financier du régime”. L’organisation patronale de l’artisanat et des professions libérales, qui se félicite de la relance du projet de loi de simplification, participera à ces discussions “avec la volonté de dégager un compromis entre organisations syndicales de salariés et organisations patronales, de façon à sauver notre système de retraite par répartition et à éviter de léguer un lourd passif aux générations futures”.

Source : actuel CSE

Retraites : l’Unsa veut faire entendre ses propositions

17/01/2025

Avant le lancement, aujourd’hui, de la concertation sur les retraites, l’Unsa indique qu’elle s’y engagera “avec force, sincérité et détermination” pour présenter “ses solutions et propositions”. D’autant, souligne l’union syndicale autonome, que “les travailleurs attendent que soient enfin entendues leurs aspirations légitimes concernant la retraite (âge de départ, égalité femme/homme, pénibilité…)”.

L’Unsa considère que le recul de l’âge de départ à 64 ans reste “injuste” et que d’autres solutions existent pour garantir l’équilibre et la pérennité de notre système de retraite. 

Source : actuel CSE

Cyril Chabanier (CFTC) critique la concertation sur les retraites

17/01/2025

Reçu hier midi par François Bayrou à Matignon, le président de la CFTC Cyril Chabanier a critiqué la concertation sur les retraites proposée par le Premier ministre dans son discours de politique générale. Il considère en effet que les organisations patronales ne présentent pas le même intérêt à négocier puisqu’elles sont favorables aux 64 ans comme âge légal de départ en retraite : “Cette négociation ne démarre pas d’une façon égalitaire entre les organisations syndicales et les organisations patronales qui, elles, ne sont pas forcément demandeuses de l’abrogation de la réforme. Pour arriver à un accord, il faudra vraiment que le compromis soit fait des deux côtés”.

Cyril Chabanier a également rappelé qu’il est favorable, comme la CFDT, à une réforme instaurant un système de retraite par points.

Il se satisfait cependant que tous les sujets soient ouverts, à savoir “le tryptique montant des pensions, âge et cotisations”. Le président de la CFTC s’est montré optimiste quant à un succès de l’intersyndicale lors de la concertation sur l’égalité femmes hommes, la pénibilité ou les carrières longues.

S’il est d’accord pour travailler sur la base du rapport de la Cour des comptes, il demande également “un audit sur les aides publiques [aux entreprises] permettant de “récupérer de l’argent pour le flécher vers le système de retraite”.

Source : actuel CSE