Le dialogue social peine à répondre aux attentes des acteurs sociaux et des salariés

09/12/2025

Le cabinet AlterNego a présenté, mardi 2 décembre 2025, les résultats d’une enquête sur le dialogue social. Les attentes ne sont pas forcément remplies notamment sur la prise en compte des préoccupations quotidiennes des salariés.

Présentée mardi 2 décembre 2025, l’étude du cabinet AlterNego révèle une perception contrastée du dialogue social et soulève de nécessaires points d’amélioration afin de le rendre plus efficient et plus en accord avec les attentes des acteurs sociaux.

Des accords collectifs qui ne ciblent pas toujours les besoins réels

Si 79 % des personnes interrogées estiment que le dialogue social est un sujet important dans leur entreprise, les chiffres sont beaucoup plus décevants sur les résultats obtenus. Ainsi, une personne sur deux fait confiance aux syndicats pour défendre leurs intérêts et seuls 37 % des sondés déclarent que les accords signés répondent à leurs besoins. Ils sont 64 % à se dire correctement informés des accords qui sont négociés.

“Sur le principe, le dialogue social fait globalement consensus, il est perçu comme quelque chose d’utile, nécessaire et aussi incontournable, analyse Justine Kieffer consultante senior chez AlterNego. Mais dès lors qu’on passe des intentions aux pratiques, on voit que les résultats ont tendance à se nuancer. Les accords négociés dans le cadre du dialogue peinent à répondre aux besoins. Même quand on s’intéresse aux acteurs du dialogue social qui ont une responsabilité formelle dans l’animation de ce dialogue social (51 % pour les membres de la direction et 49 % pour les représentants du personnel)”.

Des attentes liées au quotidien du travail et à l’équilibre des temps de vie

Les attentes se portent avant tout sur les questions de l’équilibre des temps de vie, des conditions de travail, de l’inflation et du pouvoir d’achat. “Les sujets qui vont transformer en profondeur le travail dans les années à venir, notamment les questions de la transition écologique et de l’intelligence artificielle apparaissent comme secondaires dans les priorités sociales”, constate Justine Kieffer.

Les professionnels RH peu valorisés dans l’animation du dialogue social

Constat inquiétant pour les professionnels RH : seules 37 % des personnes sondées jugent que les responsables des ressources humaines sont des acteurs clefs dans l’animation du dialogue social et 35 % pour les managers.

Si on zoome sur les réponses des membres de la direction, les chiffres sont sensiblement différents puisque 76 % d’entre eux identifient les RH comme des acteurs clefs de l’animation du dialogue social et 69 % s’agissant des managers.

“Ces résultats et notamment ces écarts de perception rappellent que la fonction de régulation de proximité est peut-être aujourd’hui insuffisamment reconnue alors qu’elle joue un rôle clef : repérer les signaux clefs, mieux traiter les tensions du quotidien et éviter que parfois certaines difficultés individuelles ne se transforment en tensions collectives”, estime Justine Kieffer. 

Un besoin de formation crucial pour le renouvellement des mandats

Enseignement intéressant de l’enquête : le dialogue social est une compétence qui s’acquiert et qui doit se transmettre. Pourtant, seulement 9 % des répondants déclarent avoir été formés au dialogue social. Sans surprise, les représentants du personnel s’estiment davantage formés au dialogue social (59 %) que les membres des directions (39 %).

“Ces chiffres traduisent une certaine réalité ; la formation reste aujourd’hui concentrée sur celles et ceux qui occupent une responsabilité formelle dans l’animation du dialogue social – les élus et la direction – et on peut légitimement se dire que le dialogue social reste perçu comme l’affaire d’un cercle restreint, ceux qui le font vivre au quotidien mais reste éloignés de ceux qui le vivent au quotidien”, commente Justine Kieffer.

“Si on veut renforcer l’adhésion et préparer le renouvellement des mandats, c’est indispensable d’élargir l’accès à la formation et ne pas considérer uniquement la formation comme un outil d’accompagnement du mandat mais aussi comme un levier de sensibilisation plus large”.

L’espoir est toutefois de mise car comme le souligne Justine Kieffer, si on observe “une moindre acculturation des plus jeunes au dialogue social, ils veulent en savoir plus ! 

(*) “Redonner du souffle au dialogue social : comprendre les attentes pour mieux transformer les entreprises”. L’étude a été réalisée par AlterNego en avril 2025 selon une approche mixte combinant une phase qualitative et une phase quantitative. La phase qualitative s’est appuyée sur des focus groupes menés auprès de représentants du personnel et de représentants des directions, afin de recueillir les perceptions de terrain et d’identifier les principaux écarts de vision entre acteurs du dialogue social. Dans un second temps, un questionnaire a été diffusé auprès des salariés de cinq organisations partenaires. Au total, 4 290 personnes ont participé à l’enquête. L’échantillon comprend 136 représentants de la direction et 258 représentants du personnel, ainsi qu’un large panel de salariés et managers.

Florence Mehrez