Scaf. Un accord entre Dassault et Airbus, Safran et MTU
Dassault Aviation et Airbus se sont finalement mis d’accord sur la répartition des tâches pour construire le démonstrateur du NGF, coeur du futur système Scaf, dont Dassault a la maîtrise d’oeuvre. En outre, Paris et Berlin ne s’entendent pas sur les droits de propriété intellectuelle, qui appartient à l’Etat en Allemagne, mais qui appartiennent à l’industriel en France. Concernant la conception du moteur, sous maîtrise d’oeuvre de Safran avec, pour partenaires, l’allemand MTU et l’espagnol ITP (Rolls-Royce), on se serait également accordé pour une version plus puissante du moteur M88, le moteur du Rafale que construit Safran. Le démonstrateur du NGF est attendu pour 2026.
AFP, Reuters – 02/04. Les Echos, La Tribune, Le Monde – 06/04
Le moteur du NGF sera un M88 amélioré
Safran et MTU ont trouvé un accord sur le pilier 2 du programme Scaf : le moteur du NGF. Le Français et l’Allemand ont remis une offre à Berlin, Madrid et Paris. Ce moteur sera, comme il était envisagé au départ, une version améliorée du M88 qui propulse le Rafale. Mécontent, l’espagnol ITP n’a pas signé la proposition. Safran et MTU lui accordent le tiers de la charge de travail, mais leur partenaire n’adhère pas aux principes fondateurs. Il comptait rallier le programme pour monter en compétence. Safran et MTU ont refusé, renvoyant l’espagnol à ses domaines de spécialisation : les turbines basse-pression et les tuyères, en vertu d’un principe, celui du « best athlete ». Cette péripétie aura au moins démontré la solidité du lien qui unit Safran à MTU, et le soutien efficace de Paris pour son motoriste.
Latribune.fr – 07/04
Interview de Bruno Even (Airbus Helicopters)
Bruno Even, PDG d’Airbus Helicopters, répond aux questions de La Tribune. Il évoque un marché qui s’étrécit, et qui promet donc une compétition très agressive en 2021 et 2022, notamment de la part des concurrents américains et de Leonardo. Deux bonnes nouvelles devraient néanmoins lui être annoncées : une commande de huit Caracal pour l’armée de l’Air, et une commande de la Bundespolizei qui renouvelle ses quarante Super Puma. Quant au Tigre Mark 3, autre programme de coopération souffrant de la tiédeur de Berlin, Bruno Even espère un accord bientôt. « L’armée allemande pourrait-elle acheter à Boeing ? lui demande son interlocuteur. – Je n’imagine même pas que les Allemands puissent acheter américain au regard des enjeux, qui reposent sur le lancement du programme Tigre Mark 3. Ce serait un constat d’échec. »
Latribune.fr – 06/04
Soldat volant
La France a l’engin volant de Franky Zapata, le Royaume-Uni : le Daedalus Mark 1 de Richard Browning. Un « soldat volant » équipé de ce jetpack a battu le record du monde : 1,4 kilomètre à 51,49 km/h. La Royal Navy a testé avec succès le Daedalus Mark 1, le faisant décoller depuis un bateau se déplaçant à 40 km/h pour aborder un navire, lui aussi en mouvement. Le Pentagone se montre également très intéressé par ce concept de soldat volant.
Paris-Match – 08/04
L’Eurodrone, toujours au sol…
Autre programme difficile et suspendu au verdict du Bundestag : le drone Male. L’Allemagne (Airbus DS) en est le maître d’oeuvre, avec la France, l’Italie et l’Espagne pour partenaires, sous l’égide de l’Occar. Les exigences allemandes ont alourdi la facture initiale de 30 %, l’Eurodrone pesant dix tonnes, avec ses deux turbopropulseurs et ses capteurs. La France a plusieurs fois menacé de jeter l’éponge. Puis l’Italie, si Avia Aero (filiale de GE) n’était pas retenue aux dépens de Safran HE. Madrid prétend aujourd’hui n’avoir pas le budget nécessaire, ayant concentré ses investissements sur le Scaf. Pour couronner le tout, Olaf Scholz, ministre allemand des Finances, critique le manque de fonds du programme, « des risques unilatéralement répartis aux frais des clients, [et] des surcoûts imprévisibles à l’avenir ». L’affaire risque encore de se politiser outre-Rhin, avec l’hostilité des Verts et les réticences d’Olaf Scholz à l’idée d’un drone armé.
Opex360.com – 07/04
L’Otan neutralise-t-elle l’Europe de la défense ?
Avec l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, « l’ami américain » est de retour dans l’Otan, peut-être au détriment de l’Europe de la défense. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Organisation, va lancer l’initiative baptisée ‘Otan 2030’, qui doit adapter la stratégie des trente pays membres « au comportement agressif de la Russie », aux défis posés par la Chine, à la cyberguerre, au terrorisme international et aux risques liés aux pandémies ou changement climatique. Les Etats européens n’ont pas la même perception de la menace, notamment vis-à-vis de la Russie et, contredisant une nouvelle fois les souhaits d’Emmanuel Macron, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a réaffirmé « le caractère vital de la relation transatlantique. Personne ne préconise la création d’une force européenne pleinement autonome extérieure à l’Otan. »
Les Echos – 08/04
L’ombre du Bundestag sur la phase B du Scaf
L’audition des représentants de Dassault Aviation et d’Airbus Defence & Space, par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que la menace d’un plan B franco-français brandie par Eric Trappier (Dassault), ont sans doute contribué à décrisper les tensions qui pesaient sur la phase 1B du programme Scaf, réglant aussi la question du moteur qui propulsera le NGF : ce sera un M88 amélioré sous maîtrise d’oeuvre de Safran. Cette phase B doit maintenant être agréée par Paris, Berlin et Madrid. Puis par le Bundestag. L’année dernière, le Bundestag n’avait validé la phase A qu’après des concessions françaises en faveur des industriels allemands. La validation de la phase B pourrait être le nouveau ring politique du programme.
Opex360.com – 07/04