DEFENSE

Le Scaf, sur le point de « décrocher »

Le projet Scaf représente un investissement de 50 à 80 milliards d’euros, et il « approche du point de décrochage », miné par la mésentente de Dassault et d’Airbus. Les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, qui ont entendu les porte-parole des deux camps, demandent que soit « refondé le socle de la confiance sur les principes » qui prévalaient lors du lancement du programme, et qui « ne sont pas négociables ».

AFP – 18/03

La Cour des Comptes critique l’innovation militaire

Le budget de l’innovation de défense augmentera, en France, en des proportions record, passant de 850 millions d’euros en 2018 à 1 milliard en 2022, mieux qu’au Royaume-Uni, en Allemagne ou en Italie. « Mais cet argent est-il bien utilisé ? » La Cour des Comptes critique cinq points majeurs de cette politique d’innovation militaire : les programmes d’armement sont trop longs et incompatibles avec l’accélération technologique, la cyberdéfense et le renseignement sont négligés, l’innovation de rupture manque d’audace, la nouvelle Agence de l’Innovation de Défense manque d’autonomie, et les grands industriels sont privilégiés au détriment des PME et des ETI, Thales étant le principal bénéficiaire, le peloton étant constitué des groupes Airbus, ArianeGroup, Naval Group, MBDA, Safran, etc.), et 4 000 PME et ETI se disputent la portion congrue.

Usinenouvelle.com – 18/03

Rafaut acquiert Secapem et Lace

Rafaut fournit, au Rafale, les systèmes d’accrochage des munitions. L’entreprise vient de réaliser deux acquisitions en France : l’électronicien Secapem à Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), et Lace à Châteauroux (racheté à Lisi). Secapem est la maison-mère de Lun’tech (optique radar), et Lace fabrique des systèmes d’accrochage pour le fret et les forces spéciales. « Quand il s’agit de parler avec les armées de l’Air d’Inde ou d’Egypte, il faut présenter une certaine taille critique », souligne Bruno Berthet, qui dirige Rafaut. L’entreprise envisage de s’implanter hors-frontières, près des constructeurs, en Allemagne ou aux Etats-Unis.

Les Echos – 19/03

Futur avion de combat européen : pourquoi ça coince

Le projet de Système de combat aérien futur (SCAF) est enlisé dans les rivalités entre industriels et les intérêts divergents des Etats. Début février, Angela Merkel a dit vouloir revoir « très précisément les questions de propriété industrielle, de partage des tâches et de partage de leadership ». Côté français, on déplore « une forme d’instrumentalisation du calendrier ». L’Allemagne s’inquiète notamment des questions de propriété intellectuelle sur les technologies qui ser-viront à développer l’appareil, craignant de ne pas avoir la maîtrise du fonctionnement du futur avion. Dassault Aviation estime lui ne plus être en mesure d’assurer sa maîtrise d’oeuvre, donc la responsabilité de l’avion, devant les exigences d’Airbus. Le PDG de Dassault, Eric Trappier, dit avoir accepté de n’avoir qu’un tiers de la charge de travail quand Airbus, représentant les intérêts de l’Espagne et de l’Allemagne, en a les deux tiers, et concédé que la moitié des lots de travail soient faits en commun, sans responsable désigné.

AFP – 19/03, Aviationweek.com, 21/03

L’Inde et les Etats-Unis veulent renforcer leurs liens en matière de défense

A l’occasion de la visite du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, l’Inde et les Etats-Unis ont affirmé samedi souhaiter consolider leur engagement militaire. Ce sur fond d’influence grandissante de la Chine dans l’Indo-Pacifique. « L’Inde est un partenaire de plus en plus important dans une dynamique internationale en mutation rapide », a déclaré samedi à Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense.

Les Echos – 22/03

Le Patroller sera livré début de 2022

En 2019, le Patroller que Safran s’apprêtait à livrer à l’armée de Terre, s’était écrasé. Le système de commandes de vol, de fabrication américaine, a été mis en cause. Safran avait pourtant proposé au ministère des Armées un système de commandes de vol français « Itar free ». Olivier Andriès, directeur général de Safran : « Nous avons parfaitement compris tout ce qui s’est passé lors de l’événement, notamment la problématique du calculateur de commandes de vol américain ». Le drone sera livré début 2022, au lieu de fin 2021. Il s’agira d’un premier système composé de cinq vecteurs et de deux stations sol.

Latribune.fr – 23/03

Florence Parly, en visite à Berne

Dassault Aviation et le franco-italien Eurosam sont en concurrence avec Airbus, Lockheed Martin, Boeing (pour les chasseurs) et Raytheon (pour le système de missiles) sur l’appel d’offres suisse. Florence Parly, ministre française des Armées, était en visite à Berne. Elle a promis à ses interlocuteurs que, s’ils optaient pour le Rafale et le système de missiles sol-air longue-portée Samp/T, ils jouiraient de la pleine souveraineté sur leurs systèmes d’armes. « La France s’engage à respecter la propriété souveraine des données, a-t-elle déclaré. Pour être claire, il n’y aura pas de boîte noire dans ces systèmes, qui seront souverains pour la Suisse. »

AFP – 22/03

Oslo bloque la vente de Bergen au russe TMH

Oslo avait suspendu provisoirement la cession de Bergen Engines, détenu par Rolls-Royce, au russe TMH, un industriel privé dont les dirigeants sont présentés par le Times comme « des amis du président Poutine ». Après avoir étudié la pertinence d’une telle cession, la Norvège vient de bloquer l’opération. « Nous disposons de suffisamment d’informations pour conclure qu’il est absolument nécessaire d’empêcher la vente de l’entreprise, à une entreprise contrôlée depuis un pays avec lequel nous n’avons pas de coopération en matière de sécurité », a déclaré Monica Maeland, ministre de la Justice et de la Sécurité publique. Bergen fabrique des moteurs de bateaux, notamment pour les marines militaires de plusieurs pays de l’Otan, et pour le navire espion norvégien Marjata. La ministre a souligné que cette vente « aurait renforcé les capacités militaires de la Russie, d’une manière clairement contraire aux intérêts de la politique de sécurité norvégienne et alliée ». RR espérait en tirer 150 millions d’euros, volet d’un programme de cessions d’actifs engagé pour charpenter ses finances d’ici l’année prochaine.

AFP – 23/03. Financial Times Europe, The Times – 24/03 DIFFUSION INTERNE

Otan. Washington et ses trente alliés

Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, a mené une « opération de charme » à Bruxelles, en s’entretenant avec ses alliés de l’Otan. Il a exprimé la volonté de Washington de « régénérer les alliances et les partenariats » au sein de l’Organisation, mais n’a pas souhaité emboiter le pas de la France qui demande davantage de pugnacité contre Ankara. Antony Blinken a pointé les deux premières menaces contre lesquelles il convient de réagir : la Russie et la Chine. Envers la Russie, les Etats-Unis et l’Otan sont partisans d’un « dialogue ferme », M. Blinken rappelant à Berlin que Washington était toujours hostile à la construction de Nord Stream 2. Quant à la Chine, il a fait valoir qu’avec 50 % du PIB mondial, les « trente alliés » étaient technologiquement armés pour neutraliser les ambitions de Pékin.

Les Echos – 24/03

L’armée britannique va faire peau neuve

L’armée britannique resserre ses effectifs et modernise ses équipements pour s’adapter aux nouvelles menaces. Les contingents passeront de 82 000 à 72 500 hommes d’ici à 2025. Le ministre de la Défense, Ben Wallace, admet qu’il n’est plus possible de « tenir pour acquise la supériorité des forces occidentales. Nos ennemis ont infiniment plus d’options. » Peu à peu, Londres va mettre à la retraite ses Hercules C-130 (remplacés par des A400M Atlas), ses hélicoptères Chinook et Puma, ses Typhoon, ses blindés Warrior (remplacés par des Boxer), les chars Challenger devant être mis à jour, ses frégates et ses destroyers. Le Royaume-Uni mise désormais sur la technologie, et va investir dans les satellites, la guerre électronique, le cyber, les drones et les robots. 6,6 milliards de livres financeront la recherche, et un commandement spatial est à l’étude. Boris Johnson souhaite malgré tout occuper plus visiblement les théâtres de conflit, et envoyer « plus de soldats, plus souvent et plus longtemps » en mission à l’étranger.

Les Echos, Le Figaro – 23/03

Les projets franco-allemands s’enlisent…

Le général François Lecointre, chef d’état-major des armées françaises, est entendu aujourd’hui par la commission de la Défense du Bundestag, après l’audition du général Eberhard Zorn, inspecteur général de la Bundeswehr, par les députés français. En cause, les projets de coopération franco-allemands qui sont tous en train de s’enliser. Outre le Scaf, L’Opinion liste le MGCS, la version standard 3 de l’hélicoptère Tigre, l’Eurodrone, l’avion de patrouille maritime et l’espace. Concernant le chasseur NGF, coeur du système Scaf, Paris est à la merci du calendrier électoral allemand. C’est l’une des lacunes de la coopération : le manque d’interface d’une rive à l’autre du Rhin, alors que les deux pays ont des organisations politiques différentes : d’un côté, le Bundestag tranche ; de l’autre c’est l’Elysée. Les Français doutent en outre des compétences aéronautiques de leurs partenaires allemands. Eric Trappier (Dassault Aviation) a évoqué l’éventualité d’un plan B qui prendrait la forme d’un super Rafale, avec participation minoritaire d’autres pays au besoin, « mais pas l’Allemagne ». Les chasseurs Tornado et Eurofighter, qui arment Berlin, ont surtout bénéficié du savoir-faire britannique. Les Français doutent également de la loyauté des Allemands. Le Tigre est un échec à l’exportation, et Berlin freine tellement le programme que l’Australie, l’un de ses rares clients, vient d’y renoncer au profit de l’Apache américain. Quant au futur avion de patrouille maritime, l’Allemagne vient de torpiller le projet en achetant à Boeing cinq Poseidon P8.

L’Opinion – 24/03