DÉFENSE

Furtivité : focus sur le projet Superman de l’ONERA

Air & Cosmos consacre un dossier au projet Superman, l’un des programmes de recherche dévoilé par l’Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales (ONERA) à l’occasion de la visite du Directeur général de l’armement (DGA) et du Directeur général de l’aviation civile (DGAC) qui s’est tenue à Modane le 17 mars 2023. Ce programme de recherche vise l’étude du comportement d’un avion de combat aux limites de son domaine de vol, avec pour enjeu la préparation des outils de conception et d’évaluation des aéronefs de combats futurs. « Superman se réfère à la supermanoeuvrabilité. La survivabilité d’un avion de combat résulte d’un compromis entre manœuvrabilité, furtivité et la vélocité », explique Eric Garnier, directeur adjoint du département aérodynamique, aéroélasticité, acoustique à l’ONERA. La maquette générique de Superman, à une échelle d’1/25, est soumise à des essais dans une soufflerie de recherche du centre de Lille de l’ONERA. Les plans inclinables situés à l’apex sont des Levcon (acronyme de Leading Edge Vortex Controlers, Contrôleurs de tourbillons en bord d’attaque). « Ces dispositifs nous intéressent particulièrement car ils sont supposés contrôler les tourbillons émis au bord d’attaque de l’aile. Ils sont apparus à la fois sur le Su-57 et sur le Tejas de la marine indienne, mais restent peu connus. C’est en fait l’unique gouverne que nous ne connaissons pas assez », commente Eric Garnier.

Air & Cosmos du 13 avril

La DGA a reçu le 2ème hélicoptère H160 de la flotte intérimaire de la Marine nationale

La Direction générale de l’armement (DGA) a réceptionné le 2ème hélicoptère H160 de la flotte intérimaire de la Marine nationale, le 27 mars 2023, sur le site de Babcock au Cannet-des-Maures (Var). Il s’agit du 2ème des 6 appareils commandés en 2020 et 2021 par la DGA aux sociétés Airbus Helicopters, Babcock et Safran Helicopter Engines dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Leurs livraisons, débutée en 2022, s’échelonneront jusque fin 2023.

Air & Cosmos du 17 avril

LPM : entretien avec Jean-Michel Jacques, rapporteur du texte

Le magazine Air & Cosmos publie un entretien avec Jean-Michel Jacques, rapporteur de la loi de programmation militaire 2024-2029. « Ce projet de LPM est à la hauteur des enjeux puisqu’il s’inscrit en cohérence avec le contexte géostratégique », se félicite-t-il. « Il est important de rappeler que dans le projet de LPM présenté, il n’y a pas de renoncement capacitaire prévu, mais des mises à l’échelle. Le modèle a été pensé pour que les armées puissent remplir les contrats opérationnels qui leur sont fixés et sont détaillés dans le rapport annexe au projet de LPM ». Le texte doit être examiné à l’Assemblée nationale en mai 2023.

Air & Cosmos du 13 avril

Le Royaume-Uni lance la conception de son futur avion de combat Tempest

Le ministère de la Défense britannique a annoncé, vendredi 14 avril, qu’il allouait plus de 650 M£ (742 M€) pour développer le programme d’avion de combat de nouvelle génération Tempest, en vue d’une entrée en service du nouveau système de combat aérien en 2035. Le programme est porté par un consortium dirigé par BAE Systems, qui comprend le fabricant d’armes MBDA UK, le développeur de centrales électriques Rolls-Royce et la société de capteurs et d’électronique Leonardo UK. En décembre dernier, le Royaume-Uni avait signé des accords de partenariat avec l’Italie et le Japon sur ce projet. Le ministère de la Défense britannique souligne que l’ensemble des partenaires « vont faire progresser la maturité de plus de 60 démonstrations technologiques de pointe » pour parvenir à réaliser un « chasseur furtif avec une capacité supersonique et des capacités de détection et de protection de pointe ». Cette première tranche de financement s’inscrit dans une enveloppe évaluée à plus de 2 Md£ d’ici à mai 2025, en ce qui concerne le Royaume-Uni, a précisé le ministère.

Les Echos et Air & Cosmos du 17 avril

Comment la DGA a relancé une filière industrielle française du quartz de synthèse près de Chambéry

Après l’arrêt de la production du dernier fabricant français et européen de quartz de synthèse de haute qualité en 2010, la Direction générale de l’armement (DGA) s’est associée à la plateforme d’innovation technologique Cristal Innov pour remettre sur pied une filière stratégique. À Sainte-Hélène-du-Lac, au sud de Chambéry, Cristal Innov produit du quartz de synthèse de très haute qualité, un matériau essentiel pour la conception de radars ou de systèmes de guidage et de navigation, notamment pour des applications militaires. Préoccupée par la sécurité de ses approvisionnements stratégiques, la DGA s’était saisie de cet enjeu de souveraineté en 2014, en lançant le projet « Quartz » doté d’un budget de 1,87 M€. Avec le temps nécessaire pour remettre sur pied la filière et lancer la production, Cristal Innov n’est parvenu à produire des pièces standards qu’à partir de 2021, 7 ans après le début du programme. Cristal Innov avait ainsi une double obligation de résultat : la conception d’une solution technique de qualité suffisante mais également d’un modèle économique pérenne. La DGA a donc animé des ateliers en parallèle des développements technologiques afin de réunir différents types de clients potentiels. Aujourd’hui, forte de son succès, Cristal Innov livre plusieurs milliers de pièces par an à de nombreux clients.

L’Usine Nouvelle du 18 avril

Deux projets de relocalisation à l’étude au sein de la BITD

Alors qu’une quinzaine de projets de relocalisation de productions stratégiques pour les armées sont actés ou à l’étude, 2 initiatives privées émergent à l’occasion d’un rapport parlementaire. La volonté de relocaliser se traduit concrètement par 8 projets actés et 7 autres « à l’étude pour une décision à prendre avant l’été », expliquait récemment Sébatien Lecornu, ministre des Armées. La 1ère initiative est celle de Photonis, le fleuron tricolore de l’optique, qui envisage de rapatrier sa production de tubes intensificateurs de lumière sur son site de Brive-la-Gaillarde. Pièce maîtresse des jumelles de vision nocturne en service dans les armées françaises, ces tubes sont aujourd’hui fabriqués en Chine et aux États-Unis, donc soumis à la réglementation américaine ITAR. Le groupe de Mérignac avait été sauvé in extremis en 2021 d’un rachat par l’américain Teledyne. La deuxième initiative concerne Vistory, l’éditeur de logiciel qui, lui, songe à réinstaller ses activités de fabrication additive dans la région de Bourges, afin de contribuer à la montée en puissance d’une filière souveraine. Connu des armées, ce spécialiste de la deeptech a notamment travaillé sur FIBR²EO, expérimentation d’impression 3D en opération extérieure conduite au profit du soutien des forces terrestres. A Bourges s’est installée en avril 2020 une ferme militaire d’imprimantes 3D, autour de laquelle se fédère actuellement une première plateforme collaborative de fabrication additive centrée sur les applications de défense et de l’aéronautique. Afin de reproduire ces mécanismes de relocalisation, le projet de loi de programmation militaire pour 2024-2030 contient justement un nouveau dispositif juridique qui permettra de réorienter des ressources stratégiques à des fins de sécurité nationale. Deux mécanismes y sont inscrits, que sont l’obligation de constituer des stocks stratégiques et la priorisation de la commande étatique sur les clients étrangers.

Forces operations du 18 avril

L’acquisition d’Aubert & Duval par Airbus, Safran et Tikehau ACE Capital sera finalisée fin avril

Après plusieurs mois d’attente, la Chine a donné lundi 17 avril son feu vert pour l’acquisition d’Aubert & Duval, une filiale du groupe minier Eramet, par Airbus, Safran et Tikehau ACE Capital. L’opération, stratégique pour la filière aéronautique et nucléaire a obtenu l’accord des autorités chinoises de la concurrence. Depuis décembre 2022, date à laquelle Bruxelles avait donné son aval, la vente d’Aubert & Duval était suspendue à cette autorisation chinoise. Une condition sine qua non qui s’inscrit dans le droit international de la concurrence, selon les industriels impliqués dans l’opération. La cession avait également été validée auparavant par la Turquie, le Brésil et la Suisse. La finalisation de l’achat, pour lequel les premières discussions datent de fin 2020, devrait intervenir le 28 avril.

L’Usine Nouvelle du 19 avril

Les défis de la phase 1B de l’avion de combat du futur

La réunion de lancement de la phase 1B du NGWS (New Generation Weapons Systems), le système global dans lequel le New Generation Fighter (NGF) évoluera, a eu lieu hier entre les autorités étatiques française, allemande, espagnole et les industriels impliqués, Airbus et Dassault Aviation au premier rang. Durant 3 ans, opérationnels et industriels vont devoir choisir l’option finale qui sera retenue pour le chasseur NGF, sur les 5 encore en lice. Elles ne seront plus que 2 ou 3 en fin d’année. L’architecture unique est attendue pour la mi-2025. Elle devra répondre à pas moins de 11 scénarios opérationnels qui ont été définis pour le NGWS par la France, et agréés par ses 2 partenaires. L’avion concentre 2 contraintes majeures amenées par la France : porter la future arme nucléaire ASN4G et pouvoir être catapulté et apponter sur le porte-avions de nouvelle génération dont l’architecture n’est pas terminée. Les Allemands souhaiteraient de leur côté un avion très orienté sur la défense aérienne, mais n’ont pas fait valoir pour l’instant la nécessité de porter une bombe nucléaire américaine. Les performances de l’appareil vont être progressivement affinées en fonction des choix retenus avec des compromis probables en matière d’agilité et de furtivité. Un radar moins puissant pourrait être retenu si les clients préféraient un avion misant plus sur la situation tactique fournie par le cloud de combat et recevant plus d’informations de remote carriers. Les armements ne font pas partie du périmètre traité, mais ils impacteront forcément l’architecture du NGF, avec l’emploi probable de missiles hypersoniques et le recours à des armements plus compacts. Cette phase 1B qui comporte de gros défis technologiques, doit mener à la phase de démonstration qui durera elle aussi 3 ans. Les essais seront aussi bien terrestres qu’en vol, avec le démonstrateur du NGF prévu fin 2028. Les partenaires étatiques restent donc calés sur une entrée en service de l’appareil en 2040.

Air & Cosmos du 20 avril

Tir de missile stratégique M51 réussi depuis le sous-marin Le Terrible

La Force océanique stratégique (FOST), la composante navale des Forces nucléaires stratégiques françaises, a effectué un tir réussi de missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) M51 le mercredi 19 avril. Le tir a été effectué depuis le sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE) Le Terrible (classe Le Triomphant) alors qu’il naviguait dans la baie d’Audierne, au large du Finistère. Le missile stratégique n’était bien évidemment pas armé de la moindre ogive nucléaire. C’est le 11ème tir d’essai d’un missile M51 par la Marine nationale, après un précédent essai le 28 avril 2021, depuis le centre d’essai missile de Biscarosse. Le M51 tiré est probablement la dernière version modernisée du M51, à savoir le M51.3, qui porte principalement sur une refonte du troisième étage et la modernisation de certains systèmes. Cette variante doit entrer en service en 2025 au sein des 4 SNLE de la FOST. ArianeGroup est chargé du développement, de la construction, du maintien en conditions opérationnelles des M51, sans oublier leur démantèlement en fin de vie. Au total, ce sont près de 900 industriels français qui participent au programme. Avec les obligations de dissuasion, la modernisation des M51 ne s’arrête jamais et le développement du M51.4 est déjà lancé. Cette prochaine variante sera opérationnelle en 2035.

Ensemble de la presse du 20 avril

2 contrats MCO pour l’A400M en négociation par l’OCCAR

Le directeur de la maintenance aéronautique (DMAé), l’ingénieur général hors classe Marc Howyan, a annoncé jeudi 20 avril la signature de 2 contrats de soutien pour l’A400M entre fin 2023 et début 2024, couvrant les cellules et les moteurs. L’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement (OCCAR) est à la manœuvre sur ce dossier, qui doit viser à augmenter encore la disponibilité de l’appareil. Celle-ci a progressé entre 2018 et 2022 pour atteindre 36%, mais cela demeure encore insuffisant pour une flotte de 21 avions aussi stratégique pour l’Armée de l’Air et de l’Espace. La DMAé vise aussi un objectif de 40% de disponibilité du Caïman Marine « d’ici deux ans », a-t-il été indiqué. Ce parc connaît une activité réduite depuis plusieurs années, avec actuellement « un peu moins de 30% » de disponibilité, du fait des conséquences de la corrosion, des difficultés sur la poutre repliable, et de l’écheveau industriel lié à ce programme fabriqué en coopération européenne. Le point noir de la disponibilité reste le C-130H Hercules, ce que le directeur de la DMAé explique par l’âge de l’avion, entré en service en 1987, qui doit pourtant encore servir une dizaine d’années les forces spéciales et la DGSE. Marc Howyan vise à pouvoir progressivement disposer de 5 appareils, sur une flotte qui sera réduite à 10 appareils, sur les 14 actuels. Il y a néanmoins plus de satisfaction concernant les marges de progression permises par la prochaine LPM, qui connaîtra une hausse de 40% des crédits de MCO, avec des bénéfices pour le Rafale, le Tigre, les Dauphin/Panther et le Cougar rénové.

Air & Cosmos du 21 avril