« Le spatial fait face à une recrudescence de cyberattaques, liée au contexte géopolitique » : entretien avec Florent Rizzo (Cyberinflight)

Le nombre de cyberattaques ciblant des systèmes spatiaux a considérablement augmenté depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Florent Rizzo, CEO de Cyberinflight, expert toulousain de l’intelligence économique dans la cybersécurité pour l’aérospatial, accorde un entretien à La Tribune. « Nous avons recensé plus de 300 cyberattaques touchant des systèmes spatiaux au cours des dernières décennies et rien que depuis le début de l’année 35 attaques ont déjà été identifiées (en incluant les écoutes clandestines). Cette recrudescence des attaques est liée au contexte géopolitique. Le spatial est devenu un champ de conflictualité au même titre que la mer, la terre, l’air et le cyberespace ». La cybersécurité est au cœur de la future loi spatiale européenne, qui devrait être officiellement présentée cet été. « L’idée va être de faire en sorte d’encourager les acteurs de la chaîne d’approvisionnement pour monter en maturité sur le sujet cyber, mais aussi de créer un marché économique qui valorise cet écosystème européen ». En parallèle, la consolidation des acteurs sur ce sujet est en marche avec la création fin avril d’un centre européen d’information et d’analyse (ISAC) qui réunit 12 acteurs dont des grands groupes comme Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space mais aussi des startups du NewSpace comme Prométhée et aussi notre société Cyberinflight. Les Etats-Unis possédaient déjà un tel centre mais il est important pour l’Europe de développer en la matière une approche souveraine. C’est aussi le sens de la future constellation européenne de satellites Iris² », précise Florent Rizzo.

La Tribune du 13 mai

Prométhée Earth Intelligence, 1er client privé du lanceur Zephyr de Latitude

Prométhée Earth Intelligence, futur opérateur d’une constellation de nanosatellites d’observation de la Terre, a signé le 29 avril un contrat avec la startup française Latitude (fondée en 2019 à Reims et dédiée au développement de microlanceurs commerciaux). L’accord concerne l’envoi, sur des orbites équatoriales inclinées, de 4 satellites Japetus, d’ici « moins de 24 mois », au moyen de 2 microlanceurs Zephyr. Il s’agit du 1er contrat commercial privé conclu par Latitude.

Air & Cosmos et le Journal des Entreprises du 13 mai

Lutte contre la désinformation : tribune (Sopra Steria)

Les technologies de deepfake et la production de fausses informations sont devenues des instruments de choix dans les conflits et sont employées pour déstabiliser des États, des groupes sociaux ou altérer la réputation d’entreprises. Les experts Julien Rouxel, partner Espace, Défense & Sécurité chez Sopra Steria Next, Bruno Courtois, conseiller Défense & Cyber chez Sopra Steria Défense & Sécurité, et Boris Laurent, manager Conseil chez Sopra Steria Next, s’expriment à ce sujet dans La Tribune. « Depuis 2022, l’intelligence artificielle générative, capable de produire du texte, des images ou des vidéos, est omniprésente et largement accessible. Les grands modèles de langage optimisés pour la conversation sont capables de générer toute sorte de contenu falsifié », expliquent-ils. Face à cette « insécurité informationnelle », le développement de réponses efficaces « s’avère complexe, mais se fondera sans doute sur l’intelligence artificielle, associée à l’analyse humaine, binôme d’avenir pour anticiper, détecter ou identifier, puis répondre et contre-attaquer ». « Il est nécessaire d’établir une stratégie nationale permettant une meilleure organisation des efforts. Les solutions d’IA doivent être souveraines pour permettre à la France de jouer les premiers rôles à l’échelle mondiale ».

La Tribune du 13 mai

Focus sur Hemeria, qui fabrique à Toulouse les 25 satellites de la future constellation de Kinéis

L’Usine Nouvelle consacre une enquête à la production par Hemeria des satellites de la future constellation de Kinéis, startup toulousaine qui entend opérer, dès le printemps 2025, grâce à ses 25 nanosatellites en orbite basse (650 km), la première constellation européenne dédiée à l’internet des objets (IoT). « Nous visons un tiers du marché de l’IoT spatial d’ici à 2030, soit un chiffre d’affaires d’environ 100 M€, contre 7 M€ en 2023 », déclare Alexandre Tisserant, président de Kinéis. « Nous avons investi environ 1 M€ pour la production des satellites de Kinéis », précise Nicolas Multan, le directeur général d’Hemeria. Le groupe travaille avec une dizaine de partenaires industriels, dont Thales Alenia Space. Il développe, avec le breton Syrlinks (groupe Safran), les 2 charges utiles mises à profit pour la constellation, Argos et AIS (système dédié au suivi du trafic maritime). Comat livre l’antenne déployable et un système de roues à réaction pour le changement d’orientation des satellites. Le groupe toulousain Actia fournit la puce qui équipera chaque objet connecté. Hemeria a déjà été sélectionné par la startup Prométhée pour sa future constellation de nanosatellites d’observation de la Terre, précise L’Usine Nouvelle. La société est aussi chargée de mettre au point un démonstrateur de satellite patrouilleur dans le cadre du programme Yoda du Commandement de l’Espace.

L’Usine Nouvelle du 14 mai

Infinite Orbits lève 12 M€

La startup toulousaine Infinite Orbits vient d’annoncer une levée de fonds de 12 M€, menée par le fonds français Newfund Capital, avec la participation de l’EIC (Conseil européen de l’innovation), IRDI Capital Investissement et Space Founders France (le fonds d’investissement du CNES). L’objectif est d’accélérer le développement d’Endurance, un satellite européen destiné à prolonger la durée de vie des satellites géostationnaires. Les satellites télécoms ont en effet une durée de vie limitée à une quinzaine d’années environ, du fait de leur capacité limitée d’emport de carburant. En s’amarrant sur un satellite en fin de vie, Endurance pourrait prolonger sa durée d’utilisation de 5 ans environ. « Jusqu’à présent, seul le géant américain Northrop Grumman a réussi une telle opération pour l’opérateur Intelsat », souligne Adel Haddoud, CEO d’Infinite Orbits. La société s’appuie sur Safran Spacecraft Propulsion pour les moteurs, Telespazio France pour les opérations, Digital Product Simulation et la société espagnole AVS qui développe la technologie robotique et qui va créer une antenne à Toulouse. Le premier client pourrait être l’opérateur espagnol Hispasat, qui a signé en mars dernier un accord préliminaire pour prolonger la durée de vie d’un de ses satellites en orbite géostationnaire.

Ensemble de la presse du 14 mai

Comment le Commandement de l’Espace (CDE) s’arme face à la multiplication des menaces spatiales

Le Commandement de l’Espace (CDE) français veut se doter de nouveaux systèmes de surveillance en orbite et de satellites patrouilleurs, capables de défendre les infrastructures militaires. « Les menaces sont permanentes et multiples », résume le général Adam, commandant de l’Espace. Pour se préparer à défendre activement ses infrastructures spatiales, la France s’est dotée d’un Space Command en 2019. Ses moyens ont été renforcés dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, à 6 Md€, contre 2,83 Md€ au cours de la LPM 2019-2023. Dans le cadre du programme Ares (action et résilience spatiale), un des objectifs est d’améliorer la connaissance de la « situation » en orbite via l’analyse de données collectées par des capteurs au sol. Le CDE s’appuie sur le radar de surveillance GRAVES et bientôt sur son successeur. Le radar GRAVES de nouvelle génération doit être mis en service entre 2025 et 2030. Une autre priorité du CDE est de comprendre les intentions des mouvements en orbite, avec des satellites « patrouilleurs ». Les 2 démonstrateurs Yoda, d’Hemeria, en orbite géostationnaire préfigurent les satellites dits de « défense active » Egide, prévus à horizon 2030. Ils seront destinés à protéger les satellites militaires français (Syracuse, Ceres, CSO). Afin de monter en puissance, le CDE recrute des profils d’ingénieurs, de data analystes et autres spécialistes réseaux. Fortes de 400 personnes, ses équipes devraient atteindre plus de 500 spécialistes, recrutés au sein des autres forces armées, des écoles d’ingénieurs et des entreprises, d’ici à 1 an. Fin 2025, le Space Command français prévoit de regrouper au sein de son nouveau QG à Toulouse, construit pour 80 M€, des activités et des équipes dispersées sur plusieurs sites.

Le Figaro du 15 mai

SpaceX réussit le 50ème vol de son Falcon 9 en 2024

Le 14 mai un lanceur Falcon 9 équipé d’un 1er étage et de coiffes d’occasion a été lancé par SpaceX depuis la base militaire de Vandenberg, en Californie. Sa mission était de déployer sur orbite basse un nouveau lot de 20 satellites Starlink dédiés à l’internet global. L’étage inférieur B1063, qui était utilisé pour la 18ème fois depuis novembre 2020, est revenu se poser en fin de mission sur la barge autonome de SpaceX. Il s’agissait du 50ème vol d’un Falcon 9 en 2024, soit une cadence d’un lancement tous les 2,7 jours. Cela représente également près de 55% de l’ensemble des lancements orbitaux réussis à travers le monde, soit 50 sur 91. Ces 50 missions comprennent 35 déploiements de satellites Starlink, 4 dessertes de la Station spatiale internationale dont 2 habitées, la mise à poste de 3 satellites géostationnaires de télécommunications, 2 missions partagées, et l’envoi vers la Lune de la sonde américaine IM-1 Nova-C. Le retour du B1063 le 14 mai marquait aussi la 234ème récupération réussie d’affilée pour SpaceX. Avec cette cadence, les 148 lancements en 2024 annoncés par SpaceX semblent atteignables. De son côté, United Launch Alliance a annoncé le 14 mai un report supplémentaire du 1er vol habité de la capsule CST Starliner de Boeing, lancée sur Atlas 5, après la découverte d’une « légère » fuite d’hélium sur son module de service. Le lancement depuis Cap Canaveral glisse ainsi du 17 au 21 mai au plus tôt.

Air & Cosmos du 16 mai

1ère détection d’une atmosphère sur une planète rocheuse

Des astronomes ont réussi pour la 1ère fois à détecter la présence d’une atmosphère autour d’une exoplanète rocheuse, marquant un tournant symbolique historique dans l’étude des mondes situés en dehors de notre Système solaire. 3 des 4 planètes rocheuses de notre Système solaire (Vénus, la Terre et Mars) ont une atmosphère, seule Mercure en est dépourvue. C’est grâce à la sensibilité du télescope spatial James Webb (JWST) que les scientifiques ont réussi ce tour de force. L’exoplanète 55 Cancri est bien connue car relativement peu lointaine (41 années-lumière). Il s’agit d’une des 1ères « superterres » jamais identifiées, et la 1ère autour d’une étoile similaire au Soleil. Elle fait un peu moins de 2 fois le rayon de la Terre et plus de 8 fois et demi sa masse. 60 fois plus proche que la Terre ne l’est du Soleil, elle ne met que 18 heures à boucler une révolution. À cette distance, le flux d’énergie qu’elle reçoit est tel, que les astronomes estiment ainsi que la température de surface devrait y avoisiner les 2000 °C côté jour. C’est d’ailleurs en tentant de mesurer ce paramètre qu’ils ont trouvé son atmosphère.

Le Figaro du 17 mai