Compte à rebours lancé avant le lancement d’Ariane 6

Alors que le 1er lancement de la fusée Ariane 6 doit avoir lieu le 9 juillet, les techniciens de la base spatiale de Kourou ont commencé à répéter les opérations qui vont permettre de mettre sur orbite le nouveau lanceur spatial européen. Le 20 juin s’est tenue une répétition générale du 1er modèle de vol à Kourou, a relaté Arianespace : « Le 1er modèle de vol Ariane 6 a été ravitaillé en carburant sur le pas de tir, puis vidé de son carburant en préparation du lancement. La répétition générale incluait un compte à rebours complet jusqu’au lancement, qui s’est arrêté comme prévu quelques secondes avant le décollage ». Cela permet notamment aux équipes d’améliorer et d’affiner le système de lancement en utilisant le matériel et les logiciels de vol réels en vue du vol inaugural. Une répétition a également eu lieu sur le pas de tir configuré pour le vol inaugural d’Ariane 6. Les données recueillies lors de la répétition générale prendront au moins une semaine pour être analysées complètement.

France Info du 22 juin

Lancement du télescope spatial franco-chinois SVOM

Le télescope franco-chinois SVOM (Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor), a été lancé avec succès samedi 22 juin par une fusée chinoise Longue Marche 2-C, depuis la base de Xichang. Le satellite de 930 kg contient 4 instruments, 2 chinois et 2 français. Le satellite sera dédié à l’observation des sursauts gamma. Le rôle de la détection des sursauts gamma a été confié à l’instrument français Eclair, un télescope qui fonctionne sur un principe dit de « masque codé ». Ce masque produit des ombres à la surface du capteur, dont la forme et la position permettent, par le calcul, de déterminer l’origine des rayons lumineux dans le ciel. Le télescope a un champ de vision très large, correspondant à un 6ème de la voûte céleste. « Nous estimons qu’avec ce champ de vision et la sensibilité d’Eclair, nous devrions être capables de détecter 1 à 2 sursauts gamma par semaine », explique Bertrand Cordier, responsable scientifique de SVOM au CEA. Le satellite est conçu pour pointer automatiquement dans la direction estimée par Eclair pour braquer un 2ème télescope sensible aux rayons X. Cet appareil, appelé MXT, est la 2ème contribution française au projet. Il sera capable d’affiner la position du sursaut gamma afin de braquer un 3ème instrument, le télescope chinois VT, qui cherchera à réaliser une image de l’événement dans le spectre visible. L’ensemble de la procédure ne dure que quelques minutes. En observant ces sursauts gamma, en provenance de distances de plusieurs milliards d’années-lumière, les chercheurs espèrent trouver des informations uniques sur des époques primitives de l’univers, quelques centaines de millions d’années après le big bang.

Le Figaro du 22 juin

Le retour de la capsule Starliner de Boeing reporté à une date indéterminée

Le retour sur Terre de la capsule Starliner de Boeing a été reporté à une date indéterminée, a annoncé la NASA le vendredi 21 juin. Les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams vont donc prolonger leur séjour dans la Station spatiale internationale (ISS). Ils y sont arrivés le 6 juin et la capsule devait les ramener sur Terre le 26 juin. Plusieurs petites fuites d’hélium ayant été repérées sur l’appareil, le vol retour n’aura pas lieu avant début juillet au plus tôt. Le lancement du Starliner avait été reporté à plusieurs reprises en raison de problèmes techniques, faisant même échouer les 2 premières tentatives de lancement. Avec sa capsule, Boeing souhaite concurrencer le Crew Dragon de SpaceX, qui est depuis 2020 le seul appareil de la NASA permettant d’envoyer des membres d’équipage de l’ISS en orbite depuis le sol américain.

Ensemble de la presse du 22 juin

PLD Space investit 10 M€ à Kourou pour y lancer ses fusées

Plusieurs startups européennes sont dans la phase finale de développement de leur mini-lanceur et plusieurs d’entre elles souhaitent bénéficier du savoir-faire du port spatial guyanais piloté par le CNES pour démarrer leur activité commerciale. La startup espagnole PLD Space va ainsi débloquer 10 M€ pour construire son terminal à Kourou. « PLD Space va devenir le 1er opérateur privé qui ira en orbite depuis Kourou », a annoncé Raúl Verdú, cofondateur de la société. La transformation du pas de tir historique de Kourou, Diamant 1, a démarré, afin de le convertir en un hub ouvert à plusieurs mini et micro-lanceurs. Fin 2021, le CNES avait lancé un appel à intérêt et sélectionné 7 opérateurs potentiels sur le site Diamant 1 : Avio en Italie, Hympulse Technologies, Isar Aerospace et Rocket Factory en Allemagne, MaiaSpace et Latitude en France et PLD Space en Espagne. Une 1ère tranche de travaux de 50 M€ est engagée. Le CNES veut aussi utiliser le site pour tester son démonstrateur de 1er étage de fusée réutilisable, Callisto. Dans cette course spatiale, PLD Space a levé 120 M€ de financement. Elle compte 220 salariés et a effectué en octobre, depuis l’Andalousie, le tir d’une très petite fusée, Miura 1, qui préfigure les technologies de Miura 5. Celle-ci devrait avoir la capacité d’emporter une charge utile de 540 kg sur une orbite héliosynchrone à 500 km d’altitude ou une charge utile de près d’une tonne sur une orbite équatoriale. PLD Space vise 5 vols commerciaux en 2026, une quinzaine 2 ans plus tard et jusqu’à 30 en 2030. Un concurrent allemand, Rocket Factory, a également levé 65 M€ auprès d’un fonds (NIF) lié à l’OTAN, ce qui porte le financement total reçu depuis sa création, en 2018, à plus de 400 M€. La société promet aussi d’effectuer un 1er lancement cette année et d’entrer en service en 2025. D’autres sociétés, comme les françaises Latitude ou MaiaSpace, promettent aussi d’être sur la ligne de départ en 2025.

Les Echos, Le Figaro et La Tribune du 25 juin

Ouverture des Assises du NewSpace 2024

Les Assises du NewSpace 2024 se tiennent cette semaine les 25 et 26 juin au CNIT Forest de La Défense, organisées pour la 3ème année consécutive par un collectif regroupant 18 organisations représentatives du secteur spatial français. Sur 2 journées, 1 200 participants et quelque 70 startups de la spacetech française et européenne sont attendus. L’événement bénéficie du soutien de l’Alliance NewSpace France, du CNES, du GIFAS et des cabinets Arthur D. Little, Novaspace (ex-Euroconsult), PwC et Starburst Aerospace. De nombreuses startups sont nées sous le signe du NewSpace en France, comme Syrlinks (2011), Cailabs (2013), Exotrail (2015), Syntony GNSS (2015), Unseenlabs (2015), Aldoria (ex-Share My Space, 2017), Anywaves (2017), Kinéis (2018), Ternwaves (2018), U-Space (2018), HyPrSpace (2019), Latitude (ex-Venture Orbital Systems, 2019) ou ThrustMe (2017). En novembre 2023, sur plus de 220 entreprises NewSpace répertoriées en Europe, 52 sont françaises, contre 42 au Royaume-Uni, 41 en Allemagne, 29 en Italie et 23 en Espagne. Une quarantaine d’entre elles se retrouvent aujourd’hui dans StartAir, le club de startups du GIFAS, ou encore dans l’Alliance NewSpace France.

Air & Cosmos du 25 juin

La Chine rapporte avec succès les 1ers échantillons de la face cachée de la Lune

La capsule de la sonde Chang’e 6 s’est posée mardi 25 juin avec succès en Mongolie intérieure, avec plus de 1 kg de roches et de poussières lunaires, rapportant ainsi sur Terre les 1ers échantillons provenant de la face cachée de la Lune. Certains ont été prélevés en surface, d’autres en profondeur, par une foreuse. La France avait une participation scientifique à la mission, sous la forme d’un instrument appelé Dorn, qui a tenté de mesurer les émissions de radons du sol lunaire. Les prises de données sont en cours d’analyse à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse, où le détecteur a été conçu. Les prochaines missions Chang’e 7 et 8, prévues respectivement en 2026 et 2028, seront de leur côté dédiées à la préparation de la future station de recherche lunaire internationale (ILRS), un projet sino-russe de base permanente. En 2028, la Chine prévoit de lancer vers Mars la sonde Tianwen 3, afin également de rapporter vers la Terre des fragments.

Le Figaro du 26 juin

Enjeu critique autour de la future loi spatiale de l’Union européenne

Mylène Bosio, vice-présidente des ventes et du marketing d’Aldoria (ex Share My Space) publie une tribune plaidant pour une réglementation spatiale européenne. La menace croissante des débris spatiaux constitue une préoccupation majeure pour la sécurité et le bon fonctionnement des satellites en orbite. Plus de 2 600 lancements spatiaux ont été répertoriés en 2023 ainsi que plus de 36 500 débris d’une taille supérieure à 10 cm en orbite terrestre. Une législation européenne pourrait jouer un rôle majeur dans le domaine spatial à travers l’action de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) par exemple. La Commission européenne œuvre actuellement à l’élaboration d’une nouvelle loi spatiale dont le projet devrait paraître fin 2024, début 2025. Son adoption est prévue pour 2027. Elle inclura des règles de gestion du trafic spatial visant à prévenir les collisions et à limiter la création de débris spatiaux. L’expertise française en matière de régulation des opérations spatiales constitue un réel avantage dans la conduite des travaux préparatoires de la loi européenne. Cette loi consoliderait ainsi une approche européenne du Space Traffic Management (STM) dans les débats internationaux. Des solutions se trouvent également dans la recherche et l’innovation pour concevoir des instruments d’atténuation : l’intelligence artificielle pour recommander des manœuvres anticollisions, les technologies lasers, les space vans, etc.

La Tribune du 26 juin

Thales Alenia Space signe un contrat avec l’ESA pour éliminer des débris spatiaux

Thales Alenia Space a signé un contrat avec l’Agence spatiale européenne (ESA), s’inscrivant dans le cadre de ses objectifs Zéro Débris à horizon 2030. Le groupe explique que ce contrat consiste à initier l’évolution immédiate des plateformes satellitaires européennes, en commençant par la plateforme multimissions MILA de Thales Alenia Space. « Cette plateforme de nouvelle génération permettra aux satellites en fin de vie de se désintégrer dans l’atmosphère terrestre de manière à réduire significativement la prolifération des débris spatiaux », précise-t-il.

Zone Bourse du 27 juin

Le retour du Starliner de nouveau reporté

La NASA a une nouvelle fois reporté à une date non précisée, le retour sur Terre du Starliner, le vaisseau spatial de Boeing, et de ses 2 passagers, arrivés à la Station spatiale internationale (ISS) le 5 juin. Le retour avait été une première fois reporté au 26 juin, après des fuites d’hélium et des dysfonctionnements du système de propulsion. Les 2 astronautes, Butch Wilmore et Suni Williams, ne reviendront pas sur Terre avant début juillet, la bonne fenêtre de tir ne revenant que tous les 4 jours. Ils auront ainsi passé un mois en orbite, alors que le séjour dans l’ISS devait initialement durer 8 jours. Le Starliner « fonctionne bien en orbite lorsqu’il est amarré à la station spatiale », rassure la NASA. Le vaisseau et ses 2 passagers disposeraient de 45 jours d’autonomie, avant de devoir rentrer. Par ailleurs, le Starliner serait en mesure de revenir sur Terre à tout moment, en cas d’urgence.

Les Echos du 27 juin

SpaceX désigné par la NASA pour détruire l’ISS après 2030

La NASA a annoncé mercredi 2 juin avoir sélectionné SpaceX pour construire un véhicule capable de désorbiter la Station spatiale internationale (ISS) après sa mise à la retraite en 2030. La station devra plonger dans l’atmosphère terrestre au-dessus d’un océan, ce qui permettra à certains morceaux de finir leur course dans l’eau. L’opération nécessitera la construction d’un véhicule capable de manœuvrer l’ISS, pesant 430 000 kg. SpaceX a donc remporté le contrat, pouvant aller jusqu’à 843 M$. Une fois le véhicule développé, il appartiendra à la NASA, qui se chargera de l’opérer durant sa mission. Modèle de coopération internationale réunissant l’Europe, le Japon, les États-Unis et la Russie, l’ISS a commencé à être assemblée en 1998, pour un coût d’environ 100 Md$. Située à 4 h de vol de la Terre, elle est habitée en permanence depuis le 2 novembre 2000 avec une équipe internationale composée de 7 astronautes. Les équipes s’y relaient tous les 4 à 6 mois. Sa retraite était initialement prévue en 2024, mais la NASA a estimé qu’elle pouvait fonctionner jusqu’en 2030. Un avis que ne partage pas l’agence spatiale russe Roscomos, affirmant, en fin d’année 2023, que son segment est trop vétuste pour assurer la poursuite de son exploitation. Selon Roscosmos, « 80% des équipements russes ont déjà dépassé tous les délais de garantie » leur permettant de rester en service. Après 2030, les États-Unis misent sur des stations spatiales privées en orbite terrestre basse, qui pourraient accueillir des astronautes de la NASA comme d’autres clients. Plusieurs entreprises américaines travaillent déjà sur ces projets, dont Axiom Space et Blue Origin. Du côté des Européens, l’Agence spatiale européenne (ESA) a conclu un accord avec Airbus et Voyager Space, afin d’exploiter la station spatiale privée Starlab. Enfin, la Russie compte construire une nouvelle station orbitale et vise 2027 pour la mise en orbite de son 1er segment.

La Tribune du 27 juin

Aux Assises du NewSpace, l’association YEESS dresse son bilan

En marge des Assises du NewSpace, Nicolas Capet, président d’Anywaves et vice-président de l’association YEESS, a publié dans Air & Cosmos le bilan de 3 années de travail et de collaboration avec la Commission Européenne et l’Agence spatiale européenne (ESA). YEESS est le syndicat des jeunes entreprises du spatial et fédère aujourd’hui des acteurs de toute l’Europe (Satlantis, Anywaves, Exotrail, Pangea Aerospace, ConstellR et Aerospacelab, U-Space, Exolaunch, Unseenlabs, Latitude, Isar Aerospace, Cailabs et ReOrbit). YEESS vise à accélérer la dynamique du NewSpace, en favorisant les échanges institutionnels, aussi bien avec la Commission Européenne qu’avec l’ESA. Son objectif est de construire avec les institutions européennes un spatial compétitif, souverain et durable, incluant les jeunes entreprises auprès des acteurs historiques et favorisant l’innovation. YEESS se félicite donc de plusieurs réussites : loi spatiale européenne, amélioration des programmes Copernicus, Galiléo, Iris², etc. Selon Nicolas Capet, plusieurs enjeux demeurent : l’amélioration des accès aux marchés institutionnels, l’intégration de startups et PME à des cadres programmatiques ambitieux, ou encore l’accès à des fonds privés d’envergure en Europe.

Air & Cosmos du 27 juin

Eumetsat annule son contrat avec Ariane 6

L’agence européenne de satellites météorologiques Eumetsat a décidé, jeudi 27 juin, de ne plus faire appel à Ariane 6 pour mettre en orbite son satellite Meteosat MTG-S1. Le comité exécutif a en effet demandé au conseil d’administration représentant les 30 Etats membres de choisir la fusée américaine Falcon-9 de SpaceX pour cette mission. Le contrat signé voici 4 ans avec Arianespace a donc été annulé. Le satellite n’était pas prévu pour embarquer dans le 1er vol d’Ariane 6, mais dans le 3ème, qui aura lieu au début de l’année 2025, dans 6 mois. Cette décision intervient justement à quelques jours du 1er lancement d’Ariane 6 depuis Kourou. Stéphane Israël, président exécutif d’Arianespace, saluait la confiance des clients en dépit des difficultés rencontrées par Ariane 6 lors de sa fabrication. « La bonne nouvelle, c’est que nous avons 30 missions à faire, c’est sans précédent pour un lanceur qui n’a pas volé », a-t-il affirmé lors du Paris Air Forum. Ce choix d’un lanceur américain par une instance européenne relance le débat sur la préférence européenne en matière de spatial. Ce qui est une obligation aux Etats-Unis devrait l’être aussi en Europe, où en la matière, les règles ne sont pas assez strictes.

Le Monde du 28 juin

L’Inde prépare sa révolution spatiale

Lors des Assises du NewSpace, qui se sont tenues à Paris les 25 et 26 juin, l’Inde a présenté une feuille de route audacieuse pour son secteur spatial. D’ici 2033, le pays prévoit de faire croître son économie spatiale à 44 Md$, avec un taux de croissance annuel de 16% entre 2023 et 2033. Un plan d’investissement de 22 Md$ sur la prochaine décennie a par ailleurs été annoncé. Ce plan vise à augmenter la part de marché de l’Inde dans l’économie spatiale mondiale, actuellement de 2%, à 10%. Le pays cherche à forger des alliances avec des pays comme la France et l’Australie, ainsi que des partenariats stratégiques avec l’Initiative sur les Technologies Critiques et Émergentes (i-CET). L’Inde mise également sur des collaborations académiques pour établir des centres d’incubation, des cellules de technologie spatiale et des centres régionaux d’excellence spatiale. Par ailleurs, le financement privé afflue dans le secteur spatial indien, atteignant environ 400 M$ pour les startups spatiales à ce jour, contre 124 M$ investis en 2023 seulement. L’ISRO, agence spatiale indienne, a réalisé plusieurs avancées significatives au cours des 2 dernières années. Parmi elles, le lancement de véhicules suborbitaux avec des moteurs semi-cryo imprimés en 3D, le déploiement de satellites hyperspectraux et de satellites de sensibilisation à la situation spatiale, ainsi que le succès des essais de véhicules de lancement réutilisables. L’ISRO se prépare maintenant pour la 1ère mission spatiale habitée de l’Inde et a annoncé la création de la 1ère station spatiale indienne d’ici 2035.

Air & Cosmos du 28 juin