Agriculture : la CFDT veut toujours “du social dans les assiettes”

13/02/2024

La fédération CFDT Agri-Agro a tenu, lundi 12 février, une conférence de presse au siège de la confédération à Paris. A peine quelques semaines après le mouvement des agriculteurs, elle a présenté ses revendications “pour une agriculture durable et attractive” mais aussi sur les salaires et les conditions de travail des salariés agricoles.

“La CFDT Agri-Agro entend le mal-être et les angoisses des agriculteurs”, peut-on lire en introduction du dossier de presse remis par les représentants de la fédération. La fédération entend particulièrement “la revendication relative aux revenus des agriculteurs”, a indiqué le secrétaire national Franck Tivierge, en charge de la prospective et de la stratégie.

En un mot, la CFDT veut “du social dans les assiettes”, une expression qui a donné son nom à une campagne lancée en 2020, qui poursuivait déjà des objectifs de conciliation entre social et environnemental, de partage de la valeur ajoutée ou encore de conciliation des temps de vie des salariés agricoles. Quatre ans plus tard ces revendications restent inchangées. Alexandre Dubois, secrétaire général de la CFDT Agri-Agro, ajoute que le mouvement des agriculteurs de début 2024 a mis en lumière “des questions cruciales exigeant des réponses audacieuses et concertées. Il faut promouvoir une agriculture qui répond aux besoins, dans une perspective multidimensionnelle, sur l’humain, la biodiversité, le social, l’économique”.

La CFDT plaide également pour une meilleure répartition des richesses sur l’ensemble de la chaîne de valeur, ainsi que “les demandes sociales et économiques” qui, pour beaucoup, rejoignent celles de l’ensemble du monde du travail : amélioration des conditions de travail, de la situation des femmes, hausse du Smic…

Deux leviers : salaires et conditions de travail

“Sans humains, il n’y a pas de travail”, tranche Benoît Delarce, secrétaire national en charge de la production agricole. Selon lui, le secteur agricole souffre d’un problème de renouvellement des générations. Il recherche donc des leviers et constate que “quand on interroge les salariés, ils demandent une meilleure rémunération”. Un avenant a justement été signé le 18 janvier dernier, revalorisant les salaires minima horaires de la production agricole et CUMA (coopératives d’utilisation de matériels agricoles). Sur la convention collective des entreprises de travaux et services agricoles, ruraux et forestiers (ETARF), un texte a été trouvé le 30 janvier. “Nous avons trouvé un accord sur une hausse de 1,13 % de l’ensemble des grilles, le texte sera étendu en avril”, précise Benoît Delarce, ajoutant “on court un peu après l’inflation, mais on arrive à la rattraper”. 

Autre levier selon lui : les conditions de travail. La fédération “travaille dessus depuis 2 ans, et nous constatons que le document unique d’évaluation des risques n’est pas toujours appliqué ni mis à jour”, regrette-t-il. La CFDT Agri Agro déplore par ailleurs qu’il se produit dans le monde agricole un accident mortel tous les 3 jours. “Nous en avons fait le sujet fondamental de notre action, il faut que cela cesse”. En 2021, le gouvernement avait présenté un plan de prévention sur le mal-être en agriculture, qui semble-t-il, peine à porter ses fruits. Le Conseil d’orientation des conditions de travail (COCT) et l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) plancheraient cependant sur une grande étude relative aux conditions de travail dans le secteur agricole, englobant la transition environnementale et numérique, le dialogue social et la situation des femmes.

Selon Benoît Delarce, ces dernières “sont souvent porteuses de projets agroécologiques compétitifs mais leur accès en tant qu’agricultrices n’est pas valorisé par les financeurs et les instances qui permettent les transmissions agricoles”. Elles ont également des tâches plus pénibles et des situations plus précaires que les hommes.

Des élections professionnelles qui confirment les tendances

Le monde agricole élit aussi es représentants de ses salariés dans les mêmes conditions que toute entreprise privée éligible au CSE. 2023 a été une année majeure pour les élections, avec un pic électoral observé par l’administration du travail pendant l’automne-hiver, et un atterrissage en douceur pour 2024. Selon Alexandre Dubois, “on ne connaît pas de bouleversement majeur, mais il faut encore attendre toutes les remontées de résultats”. Véronique Dournel, secrétaire nationale en charge de la transformation agricole nous le confirme : “Nous n’avons pas encore tous les éléments mais les résultats existants ne sont pas chamboulés. On observe en revanche une volonté de créer de nouvelles sections syndicales, et un intérêt des salariés à s’engager dans certaines PME. Dans les grandes structures, les élections sont bien avancées. Nous avons aussi le grand enjeu des élections TPE (très petites entreprises) qui vont se dérouler en novembre-décembre et clore le scrutin”.

Les services aux entreprises agricoles regroupent la MSA (mutualité sociale agricole), Groupama, le Crédit Agricole, les chambres d’agriculture, les vétérinaires et les maisons familiales et rurales. Dans ce domaine, Stéphanie Knez, secrétaire nationale, précise que “la majorité des élections professionnelles se sont tenues. Avec de grandes réussites et quelques petites baisses, dans l’ensemble, notre position se conforte”.

“On est en ordre de marche”, conclut Benoît Delarce, “début 2025 le calcul de notre représentativité se terminera avec scrutin sur les chambres d’agriculture”.

Marie-Aude Grimont

L’Unsa publie son premier indice du moral des salariés

13/02/2024

5,7 sur 10. C’est la note attribuée par les salariés à leur moral (résultats complets sur le site de l’Unsa). Cet indice représente également la note attribuée par les personnes interrogées à leur travail, en termes de salaires, d’ambiance de travail ou encore de motivation. “Sans surprise, les salaires et les perspectives de carrière sont jugés négativement”, indique l’Unsa. Si les salariés considèrent encore leur travail comme utile (note de 7,2), beaucoup sont inquiets pour l’avenir de leur métier (5,2), voire sont pessimistes sur leurs perspectives de carrière (4,5) (*). 76 % considèrent qu’en France on ne parle pas assez des salariés et de leurs conditions de travail, et 63 % que les Français ne se battent pas assez pour leurs droits. Pour 35 %, la principale source d’anxiété consiste dans la rémunération, suivie par les dirigeants de l’entreprise (28 %) et l’encadrement (2 %). 32 % font confiance à leur syndicat dans l’entreprise.

68 % répondent que leur salaire n’a pas augmenté et 65 % que leur pouvoir d’achat a diminué au cours des 3 derniers mois. Pourtant, 42 % reconnaît n’avoir pas participé à une grève ni à aucune action visant à défendre leurs droits, alors qu’ils sont 51 % à considérer la grève de durée indéterminée comme un mode d’action efficace. Ils sont 98 % à connaître la CFDT et la CGT, et 97 % à connaître Force Ouvrière.

Enfin, 58 % pensent qu’une bonne réforme du travail dans les 12 prochains mois consisterait à avancer l’âge légal de départ en retraite.

L’étude a été réalisée avec Cluster17, un laboratoire d’étude d’opinion, sur un échantillon de 3 199 salariés représentatif de la population française, du 22 au 28 janvier 2024.

* Plus la note est faible, plus l’opinion des sondés est défavorable.

Source : actuel CSE

La CGT demande des négociations sur la précarité et le temps partiel

15/02/2024

Alors que l’Insee décrit un taux de chômage stable au 4e trimestre 2023 (7,5 %), la CGT pointe que ces chiffres diffèrent de ceux de Pôle Emploi “puisque ne sont comptés comme au chômage que celles et ceux qui n’ont pas travaillé du tout et qui ont déclaré, au moins, « une recherche active d’emploi »”. Selon la confédération, les chiffres “invisibilisent les millions de travailleurs précaires, en intérim, en CDD, en temps partiel, et permettent au gouvernement de justifier ses attaques contre les droits à assurance chômage”. Elle ajoute que les “objectifs fantaisistes du gouvernement” fournissent toujours “une bonne raison de baisser les droits des travailleurs privés d’emploi : soit parce que le chômage baisse et qu’il faudrait rendre l’assurance chômage moins « généreuse », soit parce qu’il faut faire des économies et pousser les personnes à accepter des emplois de plus en plus dégradés”.

Aussi, la CGT réclame l’ouverture de négociations relatives à la précarité et les temps partiels, “une promesse non tenue depuis la conférence sociale”.

Source : actuel CSE