CGT : Marie Buisson présente sa candidature comme l’oeuvre d’un choix collectif
09/01/2023
Dans un entretien à l’agence de presse AEF, Marie Buisson, qui se présente à la succession de Philippe Martinez au secrétariat général de la CGT lors du congrès de Clermont-Ferrand du 27 au 31 mars, explique que sa candidature est l’aboutissement de son militantisme mais aussi l’oeuvre d’un choix collectif : “Cette candidature est le fruit d’une vie militante. On commence à travailler, on milite puis on est amené à prendre des responsabilités avec des mandats. Ce n’est pas une évolution planifiée de longue date, c’est la succession d’expériences qui amène à cela. Depuis près de quatre ans, je suis dans la direction confédérale qui permet d’avoir une vision plus large du monde du travail et de découvrir des secteurs. Assez naturellement, cela donne envie d’aller plus loin et de travailler à ce collectif. Ce n’est pas une candidature individuelle, c’est une proposition du secrétaire général sortant qui est ensuite débattue collectivement par la direction confédérale qui, par un vote, m’a accordé sa confiance pour me lancer dans cette aventure militante et collective”.
Alors que Olivier Mateu, secrétaire général de l’Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, a annoncé vouloir être lui-aussi candidat au congrès, Philippe Martinez, qui est également interrogé lors de cet entretien croisé, explique pour sa part ne pas croire aux vertus des primaires et d’une pluralité des candidatures : “Les primaires sont à la mode dans les partis politiques. Quand je vois les dégâts que cela provoque, je suis convaincu que notre mode de fonctionnement avec une proposition validée par la direction confédérale est le bon système. Je préfère les débats sur les orientations de la confédération à une lutte des places qui déchire l’organisation (…) Il ne serait pas bon qu’il y ait une deuxième candidature au congrès. Encore une fois, ce ne sont pas des primaires, nous avons des critères et la candidature d’Olivier Mateu n’y répond pas. Les critères de désignation de Marie Buisson ont été votés avec 82 % des voix. On peut toujours dire qu’il y a un problème de démocratie dans la confédération, mais 82 %, c’est un vote assez clair”.
Retraites : les syndicats annoncent une première journée de grève le 19 janvier
11/01/2023
Réunies hier soir à la bourse du travail de Paris, huit organisations syndicales (1) ont décidé d’appeler les salariés à une première journée de grève et de manifestation le 19 janvier, cette date devant être ensuite prolongée.
“Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de celles et ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes. Le système de retraites par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale. Attachées à un meilleur partage des richesses, les organisations syndicales n’ont eu de cesse pendant la concertation avec le Gouvernement de proposer d’autres solutions de financement, à commencer par l’amélioration de l’emploi des seniors. Jamais le gouvernement, arc-bouté sur son projet, ne les a étudiées sérieusement”, affirment les syndicats dans un communiqué commun.
(1) CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU
Retraites : retour sur les précédents mouvements sociaux
12/01/2023
Manifestation contre la précédente réforme, en décembre 2019 à Paris
actuEL-CSE
Alors que les organisations syndicales se mobilisent pour une première journée d’action le 19 janvier contre la réforme des retraites d’Elisabeth Borne, voyons ce qu’ont donné les précédents mouvements sociaux lors des projets de réforme de 2019-2020 et de 2010-2011.
2019-2020 : la Covid a eu raison du projet de réforme systémique de Philippe Edouard |
Défendue par Edouard Philippe, alors Premier ministre, sous la houlette de l’ancien président du CESE, Jean-Paul Delevoye, bombardé Haut commissaire, la réforme des retraites dite systémique, qui prévoyait le passage à un système de points, n’est finalement pas allée jusqu’à son terme. Il n’est pas exagéré de dire que l’épidémie de Covid-19 survenue début 2020 l’a définitivement enterrée, même si elle était combattue activement par plusieurs organisations syndicales (CGT, CFE-CGC, FO, SUD, etc.) avec une importante manifestation en décembre 2019 (voir ci-dessous).
C’est en effet lors de sa deuxième allocution consacrée à la crise sanitaire, le 16 mars 2020, que le président de la République a annoncé la suspension de la réforme.
Alors que la perspective du recours au 49.3 semble s’éloigner pour l’actuel projet de réforme si le gouvernement se concilie les votes des Républicains, la précédente réforme aurait dû se faire par voie d’ordonnances : pas moins de 19 ordonnances étaient prévues !
A l’époque, il n’y avait pas pour autant de front syndical uni, CFDT, CFTC et UNSA ayant une approche relativement ouverte. Cette réforme, d’abord perçue comme une opportunité par la CFDT pour corriger les inégalités du système actuel, a fini par braquer contre elle la confédération réformiste lorsque le gouvernement a imposé l’idée d’un âge pivot de 64 ans (et oui, déjà 64 !), soit un mécanisme de bonus-malus destiné à inciter les salariés à travailler jusqu’à 64 ans. C’était pour résumer une mesure d’âge destinée à rééquilibrer les comptes.
Lors de cette annonce, en décembre 2019, Laurent Berger avait haussé le ton : “Nous avions délimité une limite rouge pour une réforme de justice sociale : qu’il n’y ait pas d’élément visant à travailler plus longtemps. Cette limite est franchie aujourd’hui avec l’instauration d’un âge pivot pour 2027”.
Par la suite, Edouard Philippe avait proposé une solution sans référence à 64 ans afin de se rabibocher avec les organisations syndicales réformistes.
Le gouvernement actuel ne pouvait donc pas ignorer comment serait reçu un relèvement de l’âge de départ à 64 ans, d’autant que le dernier congrès de la CFDT en juin 2022 avait donné un mandat clair sur ce point au bureau confédéral. On notera au passage que si certains éléments de cette réforme sont repris aujourd’hui par le gouvernement (retraite progressive et cumul emploi-retraite, date de 2027 pour les 43 ans de cotisation, etc.), d’autres ont disparu comme la volonté de réformer l’ensemble de la gouvernance du système. Au contraire, en 2023, le ministre du travail a renoncé à imposer aux caisses de retraites complémentaires le transfert aux Urssaf de la collecte de leurs cotisations.
2010-2011 : la réforme Sarkozy passe malgré les manifestations à répétition |
Conduit par le ministre du travail Eric Woerth, le projet de réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, élu président de la République en 2007, est mené à bien en 2010 et 2011. Il reporte l’âge de départ légal de 60 à 62 ans et l’âge de l’annulation de la décote de 65 à 67 ans, le calendrier de ces mesures étant même accéléré en 2011.
La réforme braque les syndicats, notamment en s’attaquant au départ à 60 ans et aux régimes spéciaux. “Ce report des âges légaux va entraîner un prolongement du chômage pour les nombreux salariés qui ne sont plus en activité lorsqu’ils partent à la retraite, écrit alors l’intersyndicale, ce qui les pénalisera financièrement tout en reportant les charges financières sur d’autres comptes sociaux”. Les syndicats soulignent également la disproportion entre les efforts demandés aux salariés et ceux réclamés aux entreprises et aux marchés financiers. On croirait entendre les arguments de 2023 contre l’actuelle réforme.
La réforme provoque pas moins de 14 manifestations
Le mouvement syndical, réuni dans une intersyndicale comprenant la CFDT, organise pas moins de 14 manifestations dans une ambiance plutôt familiale et bon enfant, avec des cortèges parfois impressionnants : le 12 octobre 2011, on estime entre 1,2 à 3,5 millions le nombre de participants.
Mais ces protestations ne parviennent pas à renverser la vapeur. L’exécutif maintient son cap, tout en en concédant quelques assouplissements : le départ à 60 ans restera possible pour ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans, les salariés ayant un taux d’incapacité de 10% (et non plus seulement un taux d’au moins 20%) pourront tenter d’obtenir devant une commission pluridisciplinaire le droit de partir à 60 ans, le taux plain à 65 ans reste de mise pour les aidants familiaux (déjà !), les parents de 3 enfants, les branches sont invitées à négocier sur la pénibilité (déjà !) et les entreprises se voient imposer la rédaction de fiches pénibilité.
A noter que le projet maintient le maintien le dispositif carrière longue obtenu par la CFDT auprès du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en 2003, contre l’avis du ministre du travail François Fillon. Mais ses conditions en sont durcies puisqu’il faut avoir cotisé 43 ans pour espérer partir à 58 ans et que les salariés ayant commencé à travailler après 18 ans en sont exclus. C’est un décret de 2012 pris sous la présidence de François Hollande qui rétablira le dispositif carrières longues en supprimant les conditions de cotisation au-delà de la durée requise et en rouvrant le dispositif aux salariés ayant commencé à travailler avant 20 ans. Un François Hollande qui assumera ensuite en 2014, avec Marisol Touraine (dans une réforme prévoyant en compensation un compte personnel de pénibilité), l’augmentation progressive de la durée d’assurance jusqu’à 43 ans prévus en 2043. Un calendrier que l’actuel gouvernement veut mettre en place beaucoup plus vite pour exiger dès 2027 ces 43 ans…
► Il faut de facto remonter au mouvement de 1995, considéré comme la grève la plus importante en France depuis mai 1968, pour trouver la trace d’un mouvement social et syndical ayant entraîné, derrière la CGT et FO et une CFDT alors divisée par le soutien de Nicole Notat à la réforme, l’abandon d’une réforme touchant les retraites, il s’agissait alors du plan Juppé qui entendait aligner le public sur le privé et supprimer les régimes spéciaux.
Quelle mobilisation en 2023 ? |
Notons pour finir que la relance de grandes mobilisations pour les retraites se fait dans un contexte nouveau. Elle s’effectue cette fois dans une large unité syndicale et dans un contexte qui alimente les revendications salariales dans les entreprises, les forces syndicales pouvant espérer une forme de coagulation de la colère sociale. Par ailleurs, surtout depuis la loi travail de 2016, les manifestations sont le théâtre de débordements venus de l’extérieur des cortèges et difficilement contrôlables par les organisateurs et par les forces de l’ordre, celles-ci se trouvant sous tension depuis les attentats terroristes. Des forces de l’ordre qui ont elles-même provoqué, lors des manifestations des gilets jaunes, de nombreuses blessures graves chez les manifestants avec l’usage d’armes critiquées par les syndicats et les défenseurs des droits de l’homme, ce qui est dissuasif pour le citoyen. Enfin, la période récente reste marquée par la crise sanitaire et le confinement, qui ont vu un certain repliement sur soi des salariés. |
Bernard Domergue
L’intersyndicale lance une pétition contre la réforme des retraites
12/01/2023
L’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, Unsa), qui a déjà décidé une journée d’action le 19 janvier, lance une pétition contre le projet de réforme des retraites, qualifié “d’injuste” et de “brutal”, une pétition visible ici.
FO se félicite de l’abandon du transfert des cotisations Agirc Arrco vers l’Acoss
13/01/2023
Le mardi 10 janvier, à l’occasion de la présentation de la réforme des retraites, le ministre du travail a annoncé l’abandon du projet de transfert du recouvrement des cotisations des régimes de retraite complémentaire Agirc Arrco vers l’Acoss et les Urssaf. FO se réjouit de cette annonce et estime que c’est la mobilisation des interlocuteurs sociaux et des acteurs de la retraite complémentaire qui est à l’origine de cette décision. “Force Ouvrière n’a jamais cessé de dénoncer ce projet jugé inutile, coûteux, et risqué, à la fois pour le service dû aux assurés comme pour l’avenir de l’emploi des salariés actuellement en charge du recouvrement dans les caisses de retraite complémentaire. Pour FO, ce projet n’était qu’une première étape pour l’Etat de mettre la main sur les réserves de l’Agirc Arrco préfigurant la mise en place d’un système universel de retraite”, explique la confédération.
Source : actuel CSE
Projet France Travail : un “cauchemar technocratique et libéral” selon la CGT
16/01/2023
On sait qu’Emmanuel Macron a évoqué, lors de la campagne présidentielle et dans le cadre de son objectif de plein emploi, la création de France Travail : l’idée est de créer un guichet unique des acteurs de l’emploi (Pôle emploi, régions, départements, missions locales…lire notre article).
Après une vingtaine de réunions associant les syndicats mais aussi des organisations comme l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), les missions locales, les associations d’insertion, les conclusions de cette concertation et la préfiguration de ce projet devraient être présentées fin janvier, le ministre du Travail ayant indiqué que 19 départements pourraient lancer des expérimentations (1).
Mais la CGT se montre déjà très critique. “La seule certitude que l’on a c’est que Pôle Emploi va être transformé en France Travail qui deviendra le passage obligé de tous les travailleurs sans contrat stable. Un algorithme dirigera les dossiers vers tel ou tel opérateur chargé de l’accompagnement. Nous sommes très loin du grand service public de l’emploi et de l’insertion, doté de moyens suffisants pour répondre à tous les besoins, notamment en emplois statutaires. Et encore très loin d’une politique du droit au travail par la réduction du temps de travail, la réindustrialisation, la transition écologique, comme le revendique la CGT”, affirme le syndicat qui parle de France Travail comme d’un “cauchemar technocratique et libéral”. La CGT critique notamment le fait d’imposer des activités aux allocataires du RSA.
Aisne, Aveyron, Bouches-du-Rhône, Côte-d’Or, Creuse, Eure, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Mayenne, Métropole de Lyon, Nord, Pyrénées-Atlantiques, Réunion, Seine-Saint-Denis, Somme, Vosges, Yonne et les Yvelines.
Réforme des retraites
20/01/2023
Contre le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, plus de 200 manifestations ont eu lieu jeudi 19 janvier partout en France, tandis que la pétition lancée par l’intersyndicale a déjà rassemblé plus de 600 000 signatures.
Retraites : les trois enjeux de l’unité intersyndicale
20/01/2023
© AFP
Les syndicats ont affiché leur unité lors de la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Cette cohésion n’est pas inédite mais reste rare : il faut remonter à 2010 pour en trouver une illustration récente. Du rapport de force à la concurrence syndicale, de leur image de marque au recrutement d’adhérents, les confédérations jouent gros et le front syndical est à l’épreuve.
Selon les derniers chiffres, les cortèges syndicaux de jeudi 19 janvier ont réuni plus de 2 milllions de manifestants en France selon les syndicats, 1,1 million selon le ministère de l’Intérieur. Comme prévu (lire notre brève), le mouvement fut très suivi dans les transports, un élément important pour dessiner les contours de la mobilisation. Ces chiffres proches de ceux de 1995 contre la réforme Juppé placent les syndicats en position idéale, car au-delà de cette première journée, l’unité intersyndicale se trouve face à trois enjeux : construire le rapport de force contre le gouvernement, rester cohérents avec leur base de militants et tenir dans le temps.
Premier enjeu : construire le rapport de force
Syndicats et gouvernement courent contre la montre. Chacun veut acquérir des parts d’opinion publique dans une période quelque peu glissante où les principes de la réforme sont connus sans que les détails ne soient publiés. Depuis le 10 janvier, date de la présentation officielle du projet (lire notre article) s’est ouvert un intervalle de communication de quelques jours avant l’évocation de la réforme au conseil des ministres et le dépôt du projet de loi à l’Assemblée nationale. C’est pourquoi Emmanuel Macron a envoyé de nombreux ambassadeurs ministériels défendre la réforme dans les médias. Les syndicats ont également multiplié les prises de parole à la radio et sur les plateaux de télévision. Ils gardent la main sur la mobilisation en organisant la manifestation du 19 janvier, deux jours avant celle des partis de la Nupes, samedi 21 janvier.
“Ces manifestations sont des moments où les syndicats montrent les muscles et construisent le rapport de force. De plus, les cinq plus grandes centrales en profitent pour montrer leur domination sur les syndicats plus modestes”, analyse Camille Dupuy, maître de conférences en sociologie à l’Université Rouen Normandie, chercheuse à l’Institut de recherche inter-disciplinaire Homme Société (IRHIS) et chercheuse affiliée au Centre d’étude de l’emploi et du travail CEET. Selon cette spécialiste du syndicalisme, un tel front syndical ne s’est pas produit depuis 2010 contre la réforme des retraites portée par Eric Woerth sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Deuxième enjeu : rester en cohésion avec les adhérents
Galvanisés par leur unité, les syndicats vont devoir aussi rester cohérents avec leur base. Comme le répète régulièrement Philippe Martinez (CGT) dans la presse (voir notre interview lors du conflit des raffineries en octobre 2022), la confédération ne décide pas de tout : “Les syndicats proposent, et ce sont les salariés et les travailleurs qui disposent”. De ce fait, les suites des manifestations et grèves d’hier sont encore inconnues. Même si l’intersyndicale décidait de journées régulières de mobilisation, rien n’empêche par exemple la CGT RATP de déposer de nouveaux préavis de grève dans les transports. Ce qui se passe au niveau confédéral ne préjuge donc pas des actions décidées dans les ateliers de raffinage de carburant ou dans les dépôts d’autobus. Militants et centrales peuvent ne pas se trouver sur la même ligne.
Selon Camille Dupuy, “c’est aussi un énorme enjeu pour la CFDT qui ne doit pas se décorréler de sa base. En 1995, elle portait le texte de réforme des retraites alors que sa base était contre. Elle a mis 25 ans à s’en remettre. Même phénomène chez FO qui a également a également traversé une crise, certes de moindre importance. Les syndicats vont donc devoir à la fois tenir leur base et tenir le collectif intersyndical”. Concernant la CFDT, on peut ajouter qu’elle a également payé son soutien à la réforme Macron des CSE, soutien qui lui est encore reproché par certains militants.
Autre point majeur que rappelle Camille Dupuy : les journées de mobilisation conduisent à des pics d’adhésion syndicale. Or, les syndicats sont également concurrents, notamment dans le cadre de la représentativité qu’ils obtiennent lors des élections professionnelles. Ils doivent donc s’afficher ensemble mais montrer leurs différences en défilant dans les mêmes cortèges afin de convaincre de nouveaux adhérents.
Troisième enjeu : rester unis dans le temps
Dans les prochains jours, le gouvernement pourrait infléchir ou non sa réforme en fonction de la mobilisation et de l’opinion publique. Au fut et à mesure qu’il avancera ses pions, et que des amendements seront adoptés ou rejetés par l’Assemblée Nationale et le Sénat, les syndicats risquent de se désunir. Le piège est déjà patent : la CFDT aura la lourde responsabilité de céder par exemple sur une mesure d’emploi des séniors ou de d’accompagnement des carrières longues qui serait plus favorable que le projet initial. Il sera donc fondamental pour la centrale de rester ferme sur le refus de tout report de l’âge légal de départ, qu’il soit fixé à 64 ou 63 ans, sous peine de fissurer le front syndical. De plus, “le gouvernement a pour enjeu de rallier la CFDT car la CFTC et la CFE-CGC, également réformistes, ne seront pas loin”, ajoute Camille Dupuy.
Face à ce risque, il faut espérer que la CGT et la CFDT concluent par exemple un accord stratégique, ainsi que le suggère Jean-Marie Pernot, politologue et chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), auteur de plusieurs ouvrages sur l’avenir du syndicalisme (lire notre interview). Pour l’heure, l’intersyndicale a publié un communiqué de presse (en pièce jointe), réaffirmant “son opposition à la réforme et sa détermination à avoir un système de retraite juste, financé aussi par un autre partage des richesses”. Elle appelle de plus les salariés à se mobiliser autour du 23 janvier, jour de présentation du projet en conseil des ministres, à signer la pétition en ligne et à manifester lors d’une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle le 31 janvier.
Marie-Aude Grimont