Sommet de l’OTAN : les dirigeants affichent leur unité, le mandat de Jens Stoltenberg est prolongé
Réunis au sommet de l’OTAN jeudi, les dirigeants des 30 pays membres de l’Alliance atlantique ont entériné la création de 4 nouveaux groupements tactiques sur le front Est de l’Europe. Les Etats-Unis ont environ 100 000 militaires présents en Europe, soit un doublement par rapport à l’été dernier. Le mandat du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a été prolongé d’un an, jusqu’au 30 septembre 2023. Les livraisons d’armes à l’Ukraine se poursuivront. L’OTAN va notamment fournir des équipements de protection contre « les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires », a déclaré Jens Stoltenberg. « Nous avons décidé d’intensifier les travaux pour prévenir les scénarios d’escalade et de continuer à fournir des armes, défensives et létales mais avec une ligne rouge qui continue de ne pas être cobelligérant », a précisé le Président français, Emmanuel Macron.
Ensemble de la presse du 25 mars
Guerre en Ukraine : la Russie accusée d’avoir « volé » des centaines d’avions de ligne
La Russie a « volé » des centaines d’avions de ligne, représentant des milliards d’euros de préjudice pour leurs loueurs étrangers, ont accusé vendredi de hauts responsables européens, après que Moscou a permis l’immatriculation de ces appareils sur son territoire. En ré-immatriculant les appareils en Russie, les autorités du pays « ont gravement violé les lois sur le transport aérien international, et la loi fondamentale de l’aviation civile, la convention de Chicago », a affirmé le directeur général du Transport à la Commission européenne, Henrik Hololei, qui s’exprimait lors d’une conférence en ligne de l’organisme européen de surveillance du trafic aérien, Eurocontrol. « Des biens représentant un montant énorme ont été de facto volés par les Russes (…) Il y en a pour environ 10 Md€, plus de 500 appareils saisis par les Russes et immatriculés chez eux, cela crée une situation très difficile pour les loueurs européens ainsi que les assureurs » a expliqué le directeur général d’Eurocontrol, Eamonn Brennan. Moscou « semble agir contrairement aux lois internationales dans le domaine des biens loués, ce qui aura des conséquences sur les relations de long terme» entre les loueurs et les compagnies russes, a remarqué Cirium, société spécialisée dans l’analyse du secteur aérien.
Le Figaro du 27 mars et la Tribune du 25 mars
Touchée par les sanctions, Aeroflot se réorganise
La compagnie aérienne Aeroflot, touchée par les sanctions occidentales suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a décidé de lancer de nouvelles lignes internationales vers six pays au départ de Sotchi. Sa filiale low-cost Pobeda a réduit sa flotte de Boeing 737 de 40%, de peur de manquer de pièces détachées. Alors que le trafic des compagnies russes avait progressé de 19,4% en février 2022 par rapport à l’année dernière, les sanctions forcent la compagnie nationale à modifier sa stratégie internationale. Depuis l’aéroport de Sotchi sur les rives de la Mer Noire, Aeroflot lancera dès avril 2022 six nouvelles liaisons vers l’Arménie, l’Egypte, Israël, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et la Turquie, toutes opérées par sa filiale Rossiya en Sukhoi Superjet SSJ100, non-susceptibles d’être saisis.
Air Journal du 28 mars
Les sanctions occidentales menacent lourdement l’avenir de l’aviation civile russe
Un mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, les sanctions occidentales font leur effet sur les compagnies aériennes russes. Selon le bureau d’études IBA, 394 avions de location appartenant à des loueurs étrangers, sur un total de 509, continuaient ainsi d’être exploités en Russie en complète infraction avec la réglementation internationale du transport aérien. Cette mesure n’a cependant pas permis aux compagnies russes d’éviter l’effondrement de leur activité. Selon les chiffres d’Eurocontrol, Aeroflot est passé de 118 vols quotidiens en moyenne avant la guerre à seulement 13, essentiellement domestiques. Et même si l’interdiction du ciel européen et nord-américain n’empêche théoriquement pas les compagnies russes de continuer à desservir des destinations internationales, leur trafic international s’est réduit à une poignée de destinations, dont la Turquie et Dubaï. Selon Henrik Hololei, le directeur général Mobilité et Transport à la Commission européenne, l’Union européenne « travaille avec les autorités des pays tiers » pour pouvoir saisir les avions volés qui s’aventureraient hors de Russie. Henrik Hololei voudrait aussi dissuader certains pays de profiter de la situation, comme la Turquie. Par ailleurs, privées de pièces de rechange par l’embargo occidental, les compagnies russes ne pourront pas continuer à faire voler leurs Airbus et leurs Boeing au-delà d’un an ou deux.
Les Echos du 29 mars
Autour de l’Ukraine, la carte du ciel redessinée
Avec les interdictions totales de survoler les zones de conflits et le territoire russe pour les compagnies aériennes européennes, l’espace aérien autour de l’Ukraine, de la Russie et de la Biélorussie voisine est complètement chamboulé. L’agence européenne Eurocontrol vient de dresser un premier bilan (entre mi-février et mi-mars 2022) de l’impact de la guerre en Ukraine sur les vols commerciaux autour des zones de conflits. Les flux de l’Ouest vers l’Est (Asie) sont complètement modifiés, particulièrement les vols en provenance d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni. Selon Eurocontrol, le ciel lituanien a même perdu près de 200 survols par jour (-46%), en raison par exemple du détour par la mer Noire que doit désormais emprunter un vol Paris-Tokyo. A l’opposé, la Hongrie a vu sur cette même période son espace aérien accueillir 290 vols supplémentaires chaque jour (+29%).
Aerobuzz du 28 mars
Les sanctions contre la Russie suspendent la coopération avec Safran
Pour Safran, l’offensive du Kremlin en Ukraine a signifié la fin subite de ses activités en Russie, depuis l’exportation d’équipements jusqu’à la coproduction de moteurs. Les sanctions interdisent aux compagnies russes d’importer des pièces détachées et de bénéficier d’apport occidental, notamment les entreprises qui, sous contrôle du conglomérat public Rostec, sont depuis vingt ans les partenaires de Safran. Aujourd’hui, la production du SaM146, le moteur du Superjet, 1er appareil civil post-soviétique dont une partie était importée de France et l’autre produite dans l’usine commune en Russie, est stoppée. Cette association avait permis au Superjet, fabriqué avec 70% de composants étrangers, d’être le 1er appareil russe certifié en Europe. Les partenaires avec lesquels Safran avait créé des coentreprises ont même fermé, pendant quelques jours, certains accès aux sites communs de production. Bloqué sur place, le matériel va rester en Russie, y compris des pièces destinées aux usines françaises. Toute coopération technique est gelée. Néanmoins, pour l’heure, Safran exclut de céder ses 25% dans Volgaero, coentreprise créée pour produire le SaM146, mais aussi des pièces du CFM56, principal moteur d’avion de Safran fabriqué en France avec l’américain General Eletric.
Les Echos du 28 mars
« Une guerre des contrats d’armement dans la vraie guerre se prépare entre industriels européens et américains »
Avec la guerre en Ukraine, le Vieux Continent est devenu un « nouveau point chaud » du réarmement, estime Siemon Wezeman, chercheur et coauteur du rapport annuel publié le 14 mars par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). C’est là que les achats d’armes ont le plus augmenté entre 2017 et 2021 (+19% par rapport aux cinq années précédentes). La part de l’Europe dans le commerce des armes, passée de 10% à 13%, augmentera de façon « substantielle », selon le rapporteur. Une guerre des contrats dans la vraie guerre se prépare entre industriels européens et américains. Avec Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Boeing, Northrop Grumman et General Dynamics, les Etats-Unis alignent les cinq 1ères entreprises mondiales ; près de 180 Md$ de chiffre d’affaires, 54% des ventes d’armements et 39% des exportations. Face à cela, les chiffres font de l’Europe la 2ème puissance militaire avec 250 Md€ de budgets et le summum de la technologie. Mais chaque pays fabrique ses matériels et défend ses commandes publiques, se privant ainsi d’économies d’échelle. L’absence de coopération poussée entraîne davantage d’achats outre-Atlantique pour combler des « trous capacitaires » et un surcoût annuel supérieur à 25 Md€, soulignait l’ex-commissaire européen Michel Barnier, en 2016. L’Europe veut renforcer son industrie en favorisant les achats groupés, qui ne représentent encore que 11% de la dépense publique de défense. « L’UE a connu des chocs qui ont fait avancer la défense européenne (…) mais à chaque fois, l’élan s’est brisé », note Louis Gautier, ex-secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale. L’invasion de l’Ukraine n’est pas un choc, ajoute-t-il, mais « un séisme ». Tout le monde en attend un sursaut.
Le Monde du 28 mars