Restreindre l’usage des PFAS dans la filière aéronautique
Alors que la France entend restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des polluants éternels (PFAS) d’ici à 2026, les industriels s’organisent pour trouver des alternatives à ces substances très utilisées dans l’aéronautique. A Toulouse, l’IRT Saint-Exupéry pilote un projet, baptisé Grinhelec (GReen INsulation for High power ELECtrical harnesses), qui vise à rendre possible l’utilisation d’un isolant bio-sourcé, d’origine végétale, développé par Arkema. L’objectif est de remplacer les isolants fluorés pour les câbles des futurs avions électriques. Le projet, qui implique notamment Airbus et Safran, doit durer jusqu’à fin 2026. Hélène Ierno-Rochais, experte Risques chimiques chez Safran, informe que le groupe a lancé, début 2023, un chantier d’inventaire des usages de PFAS. « Nous ne sommes pas fabricants de câbles aéronautiques donc nous devons absolument travailler avec nos fournisseurs pour aligner nos besoins techniques, notamment en résistance aux températures, et la réglementation », souligne-t-elle. Michelin travaille également sur ce sujet. Les polluants éternels « ne font pas partie des composants de nos pneus mais nous en retrouvons sur nos machines de fabrication », précise Aurélie Clair, experte Matériaux/traitement de surface/usure au sein du groupe.
La Tribune du 18 juin
L’aviation d’affaires, fer de lance de la décarbonation du secteur aérien ?
Lors du Paris Air Forum, le rôle de l’aviation d’affaires dans la décarbonation de l’aviation a été évoqué. Côté aéroport, le Bourget, premier aéroport d’affaires en Europe, s’est donné pour objectif de parvenir au « zéro émission nette au sol » d’ici 2025 et fait office de « laboratoire » pour les autres plateformes aéroportuaires du groupe ADP, Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly. « L’aviation d’affaires peut et doit se décarboner avant l’aviation commerciale », affirme le directeur de l’aéroport, Sébastien Couturier. Les groupes pétroliers présents au Bourget offrent des taux d’incorporation de 35% de SAF, soit le maximum qu’il est possible de commercialiser aujourd’hui, et les volumes sont en augmentation, de 500 000 litres en juin 2021 à 3,2 millions de litres fin 2023. VoltAero, qui développe le Cassio, un avion à propulsion électrique-hybride de 5 à 12 places selon les versions, indique travailler sur l’usage de biocarburants de pointe. Selon Jean Botti, son fondateur, un biocarburant fourni par TotalEnergies à partir de résidus de grappe de raisin a permis, sur 1h de vol, d’obtenir 80% de réduction d’émissions.
La Tribune du 18 juin
Tribune pour un financement massif des carburants d’aviation durables
Les carburants d’aviation durables (CAD) vont permettre de réduire drastiquement l’empreinte carbone de l’aviation mais leur production reste largement insuffisante. Une tribune dans les Echos, signée par Mathieu Blondel, partenaire à Arthur D. Little, plaide pour un volontarisme de la filière aéronautique et la mobilisation des investisseurs. « L’investissement nécessaire estimé est d’environ 3 500 Md€ pour ne couvrir que 40% des besoins mondiaux en carburant avec des CAD en 2040 », relève-t-il. Le secteur aéronautique ne pourra investir seul et doit donc arriver à mobiliser capitaux privés et publics. Un soutien des pouvoirs publics est indispensable. Parmi les 1ères mesures à prendre, l’introduction de mandats d’incorporation globaux qui engagent à une hausse du pourcentage de CAD dans le transport aérien serait un signal fort. Le développement de mécanismes de marché permettrait aussi de limiter les effets de bord sur le coût des intrants (supérieur à 80% du coût de production des CAD) : le prix et le risque d’apparition d’oligopoles sur l’éthanol ou l’hydrogène vert par exemple devront être scrutés. La tribune appelle industriels et investisseurs à diversifier leur risque. Les rendements économiques de tels investissements sont comparables et même souvent supérieurs, à ceux d’autres investissements infrastructurels, pointe-t-il. Ainsi, avec le soutien des pouvoirs publics, le volontarisme de la filière aéronautique, et la mobilisation des investisseurs privés, les conditions sont présentes pour lancer pleinement la production de CAD.
Les Echos du 20 juin
Un projet d’usine de e-kérosène dans les Landes
À Tartas, dans les Landes, le groupe américain Ryam prévoit de développer une nouvelle filière de production d’e-kérosène. Le site industriel produit de la cellulose depuis près de 80 ans. Moyennant un investissement de 35 M€, une unité destinée à récupérer les sucres résiduels extraits lors du processus de fabrication de la cellulose a été construite. Ces sucres, un coproduit longtemps restés inutilisés, sont désormais transformés en bioéthanol. L’usine de Tartas a commencé la production de bioéthanol en avril 2024 et dispose d’une capacité de 21 millions de litres par an. La prochaine étape vise à produire un carburant renouvelable de synthèse, le e-SAF. L’usine émet 450 000 tonnes de CO2 biogénique par an. Avec verso Energy, son partenaire, Ryam veut mettre en place un processus de captation de CO₂ en sortie de cheminée. Une fois capté et épuré, il sera combiné avec de l’hydrogène pour produire 80 000 tonnes d’e-SAF par an. L’hydrogène devra lui aussi d’être « vert », c’est-à-dire issu d’un électrolyseur alimenté par de l’électricité renouvelable (éolienne, photovoltaïque, hydraulique) ou bas carbone (nucléaire). La nouvelle unité pourrait entrer en production avant la fin de la décennie. La décision finale d’investissement, autour de 1 Md€, devrait être prise en 2026.
Le Figaro du 21 juin
Safran développe le solaire pour réduire sa facture d’électricité
Pour réduire sa factue d’électricité, le groupe Safran déploie 17 centrales solaires en France. La dernière en date va fournir 25% des besoins de l’usine de Safran Ventilation Systems à Toulouse. Cette filiale de la branche Safran Cabin regroupe 350 salariés à Blagnac pour produire les systèmes d’air des avions. Le site industriel a inauguré le 14 juin dernier une centrale solaire de 2 500 m2. Les ombrières photovoltaïques qui équipent le parking de 150 places vont générer 540 MWh par an, soit l’équivalent de 25% des besoins de l’usine. Pour Safran, l’installation de ces centrales solaires va contribuer à son engagement de réduire ses émissions directes et indirectes liées à la consommation d’énergie de ses opérations de moitié d’ici 2030 par rapport à l’année de référence 2018. En parallèle, Safran travaille sur la réduction de l’empreinte carbone de ses produits. Dans cette optique, le site de Safran Ventilation Systems s’est doté de 2 nouvelles lignes de production pour accompagner le passage à l’électrique des compresseurs et des moteurs non propulsifs des futurs avions décarbonés.
La Tribune du 21 juin