L’Académie de l’Air et de l’Espace recommande la mise en place d’investissements massifs en faveur de l’aviation décarbonée
Dans sa dernière parution, l’Avis n°20 « Vers un transport aérien décarboné », l’Académie de l’Air et de l’Espace appelle l’ensemble des acteurs à agir plus vite pour la décarbonation du transport aérien. Selon l’Académie, il faut mettre en place une stratégie générale d’accélération : incitations à la modernisation des flottes et à l’utilisation de SAF, soutiens à la recherche, investissements dans la production de SAF et d’e-fuels et dans les techniques de séquestration de CO2. Michel Wachenheim, président de l’Académie de l’Air et de l’Espace, déclare : « Les autorités publiques devraient inciter les investisseurs à s’engager dans des programmes massifs et très supérieurs aux prévisions actuelles de production d’énergie et de carburants neutres en émissions de CO2. Ils devraient inciter chaque secteur à se tourner d’abord vers la solution la plus rationnelle et la moins coûteuse en énergie et n’intervenir que pour protéger un secteur qui n’aurait qu’une seule option. 2050 n’est pas loin, il est crucial de prendre ce chemin sans délai ».
Air & Cosmos du 23 mai
Le changement climatique va augmenter la fréquence et l’intensité des turbulences
Les turbulences se sont accrues depuis 40 ans et pourraient encore augmenter avec le réchauffement climatique. Ces mouvements de l’air, brusques et irréguliers, se produisent dans 3 situations : au cours d’orages et de tempêtes ; au-dessus des montagnes ; et dans un ciel sans nuages, ce que l’on appelle « en air clair ». Si les 2 premiers types sont facilement détectés par les pilotes, les dernières sont considérées comme les plus dangereuses, car invisibles, et surviennent de manière inattendue. Ces turbulences en air clair sont entraînées par des phénomènes de cisaillement vertical du vent, lorsque 2 masses d’air se superposent et se déplacent avec des vitesses ou dans des directions différentes. Le changement climatique va aggraver ce genre de situation. Les turbulences en air clair sont d’ores et déjà devenues plus fréquentes au cours des 40 dernières années, selon une étude britannique, publiée en juin 2023 dans la revue Geophysical Research Letters. Les plus sévères d’entre elles se sont accrues de 55% au-dessus de l’Atlantique Nord, passant de 17,7 heures par an en 1979 à 27,4 heures en 2020. La hausse des turbulences ne présente pas de danger de manière structurelle, les avions étant conçus pour soutenir des chocs plus forts. En revanche, elles pourraient pousser les équipages à revoir certaines organisations, sur le port de la ceinture ou le déplacement au sein des cabines en vol. Les compagnies aériennes vont ainsi commencer à réfléchir à la manière dont elles géreront l’augmentation des turbulences, car elles coûtent à l’industrie entre 150 et 500 M$ par an, rien qu’aux Etats-Unis.
Le Monde et Le Parisien du 29 mai
L’aviation d’affaires se fixe des objectifs de décarbonation ambitieux
L’association européenne de l’aviation d’affaires (EBAA) a détaillé son plan d’action, destiné à avancer vers la neutralité carbone, lors du salon Ebace qui se tient à Genève. L’aviation d’affaires s’est fixé des taux d’incorporation de carburants d’aviation durables (CAD) très supérieurs à ceux des compagnies aériennes grand public. Le programme d’une durée de 4 ans inclut aussi différentes initiatives visant à renforcer l’acceptabilité sociale de l’aviation privée. Il permettra aux entreprises d’obtenir un label, susceptible de valoriser leurs efforts auprès de leur clientèle. Selon l’EBAA, qui a calculé les besoins en CAD de tous les grands aéroports d’affaires européens, le 1er d’entre eux, l’aéroport de Paris-Le Bourget, aurait déjà de quoi servir du kérosène à 5% de CAD à tous ses clients, soit 1 933 tonnes. La quantité nécessaire pour atteindre les 100% ne dépasserait pas 40 000 tonnes. Avec la réduction de consommation de 20% à 25% promise par les nouveaux modèles de jets d’affaires, qui entreront en service entre 2025 et 2028, cette intégration des CAD permettrait, en théorie, à l’aviation d’affaires européenne et américaine d’atteindre la neutralité carbone dès 2045. La nécessité de desservir 3 fois plus d’aéroports que les compagnies aériennes, dont un grand nombre de petits aérodromes difficiles à approvisionner en CAD, reste un handicap majeur dans la course à la décarbonation. Les représentants de l’aviation d’affaires militent donc pour l’ajout à la réglementation européenne d’un dispositif dit de « book & claim », permettant d’acheter une quantité donnée de CAD sur le marché, qui sera injectée dans le circuit général d’approvisionnement des aéroports européens, mais qui ne se retrouvera pas nécessairement à chaque plein de carburant.
Les Echos du 30 mai