Sophie Binet (CGT) demande un nouveau cap social, François Hommeril (CFE-CGC) est optimiste sur un changement de méthode
26/09/2024
Reçus hier à Matignon, la secrétaire générale de la CGT et le président de la CFE-CGC ont réclamé au Premier ministre et à la ministre du travail une révision des ordonnances de 2017 avec notamment la restauration du CHSCT. François Hommeril s’est montré assez “optimiste” sur l’avenir des relations des partenaires sociaux avec le nouveau gouvernement, tandis que Sophie Binet a appelé les salariés à se mobiliser pour obtenir une hausse du Smic et un moratoire sur les licenciements.
Après Marylise Léon qui avait présenté mardi 24 septembre à l’exécutif les revendications de la CFDT notamment sur les CSE, c’était hier au tour de la CGT et de la CFE-CGC d’être reçus à Matignon par Michel Barnier et Astrid Panyosan-Bouvet, la nouvelle ministre du travail.
Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, a demandé un changement de cap économique et social, avec dans l’immédiat un “coup de pouce” du Smic.
“Si vous ne revalorisez pas le Smic au 1er octobre, vous serez responsable d’une nouvelle perte de pouvoir d’achat des salariés”, a-t-elle lancé au Premier ministre. La syndicaliste réclame également à Michel Barnier une indexation des salaires sur les prix ainsi que l’abandon d’un nouveau durcissement de l’assurance chômage.
Contre des baisses de cotisations sociales
Sophie Binet s’est dite aussi opposée aux baisses de cotisations sociales présentées par l’exécutif et certains parlementaires comme un moyen de revaloriser le salaire net des salariés : “Pour la CGT, il ne peut être question d’augmenter le salaire net en baissant le salaire brut puisque le salaire brut garantit nos droits de demain, comme la protection contre le chômage, nos droits à la retraite et à la sécurité sociale”.
Ces exigences sociales, estime la responsable CGT, doivent être appuyées par les salariés lors de la mobilisation du 1er octobre, d’autant, dit-elle, que le ton général de l’exécutif a déjà évolué : “Il y a quelques semaines, le gouvernement tentait de nous imposer une réforme violente de l’assurance chômage, il refusait de reparler de la réforme des retraites, et j’observe que la donne a déjà changé grâce à nos mobilisations”.
Une convergence sur l’évolution des ordonnances travail
Concernant les institutions représentatives du personnel, la chef de file de la CGT continue de revendiquer le rétablissement du CHSCT, alors que la CFDT demande pour sa part un abaissement à 50 salariés (au lieu de 300) de l’obligation de créer une commission santé, sécurité, conditions de travail (CSSCT).
Interrogée sur cette différence, Sophie Binet choisit de pointer les convergences syndicales : “Toutes les organisations syndicales disent qu’il faut revoir en profondeur les ordonnances travail de 2017. Toutes les OS disent qu’il y a un problème sur les questions de santé et de sécurité au travail avec un grave recul des politiques de prévention et du cadre de la démocratie sociale sur ces sujets dans l’entreprise. Toutes disent (…) qu’il faut rétablir une représentation du personnel de proximité”.
Les projets de simplification doivent être passés au broyeur
La secrétaire générale de la CGT, inquiète de voir “les macronistes de Bercy” vouloir poursuivre la même politique économique et sociale, demande que soit “passés au broyeur” les projets de simplification du code du travail “qui sont encore dans les placards de Bercy”, une allusion notamment au rapport parlementaire sur les seuils des CSE.
Visiblement peu rassurée par l’arrivée au ministère de l’industrie de Marc Ferracci, un proche d’Emmanuel Macron, la syndicaliste a remis au Premier ministre une liste de 170 entreprises industrielles prévoyant des licenciements “qui concernent au moins 100 000 salariés”.
Sophie Binet réclame au gouvernement d’imposer un “moratoire” sur ces licenciements, “grâce au dispositif d’APLD” précise le document de la CGT remis au Premier ministre (lire en pièce jointe). Le syndicat avance l’idée d’une table ronde sur la filière automobile “pour forcer les constructeurs à prendre leurs responsabilités”.
Un avis conforme du CSE pour l’utilisation des aides publiques
La CGT met également en avant de nouveaux droits pour les représentants de salariés afin de “peser sur les orientations stratégiques” des entreprises.
Outre un relèvement du nombre des salariés dans les conseils d’administration, la chef de file de la CGT demande une conditionnalité des aides publiques aux entreprises (“les entreprises bénéficient chaque année de 170 à 220 milliards d’euros d’exonérations fiscales et sociales. Il y a là un levier d’économies à regarder !”). Autrement dit, les représentants du personnel pourraient donner un avis conforme pour l’utilisation de ces aides : “Le Premier ministre recherche des économies, nous sommes prêts à l’aider dès lors qu’on permet la suspension des aides publiques dès lors que les entreprises ne les utilisent pas pour la recherche ou l’investissement”.
Pas d’autre solution que d’abroger la réforme des retraites
Enfin, Sophie Binet suggère l’ouverture d’une négociation sur les temps partiels “pour améliorer la situation des femmes à temps partiels en majorant leurs heures complémentaires au niveau des heures supplémentaires”.
N’est-ce pas l’affaire des partenaires sociaux ? “Aujourd’hui, la négociation salariale est bloquée dans les branches comme dans les entreprises. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités en augmentant le Smic et en conditionnant les aides publiques à la négociation d’accords salariaux”, répond-elle.
Enfin, la CGT a bien relevé la volonté du Premier ministre et de sa ministre du travail « d’aménager » la réforme des retraites, et elle est prête à discuter “pénibilité” et “égalité entre les femmes et les hommes”, mais, prévient Sophie Binet, “il n’y a pas d’autres solutions que d’abroger cette réforme (..) imposée sans vote de l’Assemblée nationale et contre la mobilisation de millions de salariés”.
François Hommeril (CFE-CGE) : “Nous avons l’impression qu’un changement de méthode de gouvernement est possible” |
À la sortie de son entretien à Matignon, le président de la CFE-CGC s’est montré assez “optimiste” sur la suite des relations entre le nouveau gouvernement et les partenaires sociaux : “Cela s’est très bien passé (…) Nous avons l’impression qu’un changement de cap dans la façon de gouverner est peut-être possible”, a-t-il affirmé. François Hommeril, qui a eu souvent la dent dure pour les gouvernements précédents, estime que Michel Barnier “semble vouloir restaurer une forme de confiance entre le gouvernement et les partenaires sociaux” en “rouvrant des espaces aux partenaires sociaux”. Reste à savoir si cela se concrétisera en matière d’assurance chômage avec un retour à une certaine autonomie des partenaires sociaux. La confédération a réaffirmé sa demande d’une abrogation de la réforme des retraites et s’est dit prête à contribuer à faire des propositions pour un meilleur taux d’emploi des seniors. Le syndicat des cadres souhaite par ailleurs une révision des ordonnances de 2017 avec une restauration des CHSCT : “Nous avons bien vu qu’au plus fort de la crise du Covid de mars à mai 2020, les entreprises ont recréé pour la circonstance les conditions de dialogue qui existaient avant avec le CHSCT (…) Aujourd’hui, nous assistons à une dégradation de l’accidentologie et de la prévention dans les entreprises et nous faisons un lien direct entre cette évolution et la disparition du CHSCT”. |
Bernard Domergue
Salaires, retraites : le CCN de FO décide d’organiser un meeting national d’ici fin octobre
27/09/2024
Après trois jours de Comité confédéral national (CCN) cette semaine à Carcassonne, le “Parlement” de FO a adopté sa résolution à l’unanimité. Le texte revendique “la mise en place d’un SMIC à hauteur de 80% du salaire médian (1 680 € net)” ainsi que des hausses de salaires, points d’indice, minimas sociaux et pensions de retraite. Concernant l’emploi, le CCN “dénonce les politiques libérales de soutien à l’offre censées résorber le chômage (…)” qui au final aboutissent à la création de contrats courts. FO alerte sur la situation de la filière automobile et appelle à “une réindustrialisation significative de notre pays, mesurable en termes d’emplois dans le cadre des transitions climatique et énergétique qui doivent impérativement être socialement justes pour les salariés”. FO revendique également la fin de la limitation à trois mandats des élus de CSE.
Au sujet de l’assurance chômage, FO “exige l’abrogation de toutes les mesures imposées par l’ancien gouvernement au mépris du paritarisme au travers des réformes de 2021 et de 2023”. Il demande aussi l’agrément de la convention de l’assurance-chômage de novembre 2023 et l’abrogation de la réforme des retraites “sans préjudice des droits acquis”. Il rappelle “son attachement aux régimes spéciaux” et revendique “le retour à la retraite à 60 ans dès que les conditions seront réunies”.
Afin de porter ces revendications, en particulier sur les retraites et les salaires, le CCN a décidé d’organiser une campagne de mobilisation et un meeting national d’ici fin octobre. Le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, est expressément mandaté “pour proposer aux autres organisations syndicales l’action commune afin d’obtenir par la mobilisation – y compris par la grève – l’abrogation de la réforme des retraites”. Rappelons que l’intersyndicale, qui s’est réunie le 9 septembre dernier, a prévu d’attendre le discours de politique générale de Michel Barnier (prévu le 1er octobre) avant de décider des suites de sa mobilisation. Frédéric Souillot devrait par ailleurs rencontrer le Premier ministre en début de semaine.
Source : actuel CSE
Dialogue social : Cyril Chabanier salue un “changement de méthode”
27/09/2024
Cyril Chabanier, le président de la CFTC, s’est dit satisfait des échanges “assez constructifs et ouverts” avec le Premier ministre, Michel Barnier et avec la nouvelle ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, qui se sont déroulés hier, après les échanges déjà tenus avec la CFDT, la CGT et la CFE-CGC. Il a précisé que le locataire de Matignon souhaitait “entretenir des discussions en continu” avec les partenaires sociaux.
Parmi les sujets “primordiaux”, la réforme des retraites figure en bonne place. Le Premier ministre a confirmé son intention de rouvrir les discussions, notamment sur la pénibilité et l’égalité femmes-hommes. S’agissant de l’assurance-chômage, “le Premier ministre a laissé entendre qu’il souhaitait laisser les partenaires sociaux travailler sur ce sujet”, dans une optique de “nous redonner la main plutôt que de nous la reprendre”.
Côté pouvoir d’achat, Michel Barnier n’a pas fait part de ses intentions. Mais le tassement de l’inflation (en-dessous de 2 %) rend peu probable une revalorisation du Smic d’ici à la fin de l’année, selon l’Insee. C’est pourquoi la CFTC a demandé, à défaut d’une revalorisation automatique, un coup de pouce afin de soutenir le pouvoir d’achat ainsi qu’un ciblage des exonérations de charges sociales vers les entreprises aux comportements vertueux, c’est-à-dire vers celles qui favorisent les évolutions de carrière des salariés entrés au premier échelon des grilles de classifications.
Reste désormais à connaître les marges de manœuvre du Premier ministre pour amorcer des réformes “sans coût supplémentaire”, en raison du déficit public qui pourrait dépasser les 6% du PIB cette année, d’après Bercy. Un thème également “très présent” tout au long des discussions.
Source : actuel CSE
La CPME demande au Premier ministre d’être “extrêmement vigilant sur le coût du travail”
27/09/2024
Lors des rencontres à Matignon, hier, François Asselin, le président de la CPME, a mis en garde le Premier ministre, Michel Barnier, contre une hausse du coût du travail. “Commencer à vouloir augmenter les bas salaires dans certaines activités ferait basculer dans le rouge des pans entiers de certaines filières très importantes pour l’économie de notre pays”, a-t-il déclaré à l’issue de l’entretien.
“Nous demandons au Premier ministre d’être extrêmement prudent avant de prendre une décision concernant l’amortissement des charges sociales sur les salaires de 1 à 3,5 % Smic”.
Par ailleurs, François Asselin a confirmé, à l’instar des autres leaders des organisations patronales et syndicales, le souhait du Premier ministre de voir les partenaires sociaux reprendre les négociations sur l’assurance chômage et les seniors. La CPME s’est d’ailleurs dit partante pour les deux discussions tout en craignant que “les feuilles de cadrage [documents qui précisent les objectifs, le délai de la négociation ainsi que la trajectoire financière] soient extrêmement contraintes, en raison de la situation budgétaire”.
Le patron des petites et moyennes entreprises a toutefois réitéré son opposition à l’abrogation de la réforme des retraites, estimant que le taux d’employabilité des seniors français était “l’un des plus faibles d’Europe”.
Michel Barnier n’a apporté aucune réponse concrète, réservant la primeur de ces annonces aux députés, lors de son discours de politique générale, prévu le 1er octobre à 15 heures.
Source : actuel CSE