[Infographie] Elections TPE : la CGT reste en tête, la participation poursuit sa chute
23/12/2024
Les résultats du scrutin TPE sont tombés vendredi 20 décembre. La CGT reste en tête des suffrages. Globalement, les grands équilibres entre confédérations restent maintenus par rapport aux élections précédentes. En revanche, la participation continue de baisser pour s’établir à 4,07 %.
Les résultats du scrutin TPE sont tombés. Une bonne nouvelle pour la CGT qui reste en tête des suffrages. Globalement, les grands équilibres entre confédérations restent maintenus par rapport aux élections précédentes. En revanche, la participation continue de baisser pour s’établir à 4,07 % alors que la ministre du travail espérait au moins égaler le « score » de 2021 (5,4%).
Malgré la campagne officielle lancée par le ministère du travail et l’implication de l’organisation patronale U2P en faveur du scrutin, aucun miracle ne s’est produit et la participation des électeurs au scrutin TPE continue de se réduire comme une peau de chagrin.
L’ordre d’arrivée des syndicats reste identique à celui des élections de 2021. Les seules organisations à progresser sont la CFTC, la CFE-CGC, Solidaires et la CNT (Confédération nationale du travail).
La CGT reste premier syndicat
Principal enseignement du scrutin : la CGT garde sa place de leader (27,64 %) malgré l’érosion de son score (26,31 % en 2021).
L’équilibre des forces syndicales est conforme aux élections précédentes, on n’observe pas de bouleversement majeur, même si presque tous les syndicats voient une érosion de leur résultats. La CGT s’est félicitée de sa première place et veut porter les revendications suivantes : des augmentations immédiates des salaires, une sixième semaine de congés payés, un droit aux vacances, aux activités culturelles et à la pratique d’une activité sportive de qualité comme le permettent les CSE.
La CFDT reste deuxième (14,86 %), devant l’Unsa (14,38 %). On note cependant que l’écart entre ces deux organisations se réduit légèrement : il était de 0,57 point en 2021, il s’établit en 2024 à 0,48 point.
FO régresse mais reste troisième, avec 11,69 % au lieu de 13,84 % en 2021.
La CFTC fait partie des seules organisations à avoir progressé entre les deux scrutins : elle passe de 5,90 % en 2021 à 8,29 en 2024, soit une hausse de 2,39 points. Selon son président Cyril Chabanier, “avec ce score, [la CFTC] franchit la barre d’une représentativité globale dans le monde des TPE. (…) [Cela] vient récompenser et valider l’idée d’un syndicalisme constructif, de proximité, basé sur le dialogue et adapté aux rapports humains dans les TPE”.
La CFE-CGC gagne 0,25 point en passant de 3,85 % à 4,10 % et reste première dans le collège des cadres (25,20 %). Solidaires prend aussi un peu d’épaisseur, de 4,27 % à 5,34 % en hausse de 1,07 point.
Fait ensuite leur entrée dans le scrutin le Syndicat des Gilets Jaunes (SGJ), qui a bataillé contre les confédérations pendant plusieurs mois devant les tribunaux. Son premier score s’établit à 3,26 % des voix. La CNT perd 0,5 point à hauteur de 1,10 %.
L’abstention, peste silencieuse du scrutin
L’abstention aura-t-elle la peau des élections TPE ? Certaines organisations syndicales et patronales le redoutent. De fait, la participation ne cesse de baisser depuis 2012. En douze ans, elle est passée de 10,38 % à 4,07 % cette année avec 218 926 votants sur plus de 5 millions.
Selon les organisations syndicales, cette abstention est liée à la relation entre employeur et salariés dans les très petites entreprises, et au manque de visibilité des effets concrets du scrutin pour les électeurs. Côté chercheurs, Tristan Haute pointe la complaisance du patronat et des pouvoirs publics, qui finalement, ne tiennent pas tant que ça à une représentativité syndicale dans les TPE.
Il faut dire que la campagne du ministère du travail est restée assez discrète, sans doute par manque de moyens et donc de volonté politique.
Pour la CGT, les pouvoirs publics n’ont pas joué leur rôle : peu d’information auprès des salariés, non-inscription de certains électeurs, non réception des courriers pour voter, difficultés d’accessibilité au vote en ligne…”. La CGT établit aussi un lien entre l’effondrement de la participation depuis douze ans et la suppression des élections prud’hommales en 2014. Elle propose au gouvernement et au patronat de rétablir ce scrutin, de basculer à un scrutin de liste avec une période de vote commune aux élections CSE, ainsi que l’ouverture d’une négociation destinée à une évolution des CPRI vers une organisation départementale.
À la CFDT, Luc Mathieu appelle à réinterroger le mode de scrutin et l’éloignement des salariés : “Il faut notamment réfléchir à l’amélioration des commissions paritaires interprofessionnelles, les CPRI. Il faut augmenter leurs moyens financiers et humains et réinterroger le périmètre et leurs missions”. La CFDT demande l’ouverture d’une réflexion collective entre les partenaires sociaux et l’Etat afin de trouver des améliorations sur la représentation de ces salariés.
Pour la CFTC, ” la médiatisation des élections TPE est restée très insuffisante. L’actualité de décembre a été dense, certes, mais jamais elles n’ont fait l’objet d’une attention particulière. Si les salariés n’ont pas été sensibilisés à l’importance ou aux enjeux de ce scrutin, il n’est pas surprenant qu’ils n’y aient que si peu pris part”. Elle propose de véritables débats télévisés entre leaders syndicaux, à l’image de ce qui se fait pour les élections politiques.
Solidaires rend également l’Etat responsable de l’état du scrutin : “Les pouvoirs publics ont, encore une fois, refusé de mettre en place les moyens d’une véritable campagne permettant aux organisations syndicales de présenter leurs programmes et les enjeux de ce scrutin, privilégiant une campagne virtuelle sur les réseaux sociaux… Des centaines de milliers de salariés, dont l’adresse connue par le ministère du travail n’était pas la bonne, n’ont pas reçu l’information sur ces élections, ni le matériel pour voter. Des milliers d’autres n’avaient pas été inscrits par leur employeur”.
Rappelons que ces élections TPE participent à la représentativité nationale des organisations syndicales au même titre que les élections des CSE dans les entreprises d’au moins 11 salariés, et dont les résultats seront connus en 2025. Après le vote TPE, il ne reste plus que l’élection des chambres d’agriculture début 2025 pour que la direction générale du travail dispose de tous les éléments pour établir la nouvelle mesure de l’audience syndicale dans le secteur privé.
Marie-Aude Grimont