DÉFENSE

Dassault Aviation donne le coup d’envoi du projet EICACS

Dassault Aviation a organisé le 3 février 2023 sur son site de Saint-Cloud, avec ses partenaires européens de l’industrie et de la recherche, la réunion de lancement du projet EICACS (European Initiative for Collaborative Air Combat Standardisation). Ce contrat de subvention, attribué par la Commission Européenne en décembre 2022, désigne Dassault Aviation comme le coordinateur de ce projet d’études qui rassemble 37 industriels et organismes de recherche issus de 11 pays de l’Union européenne. Soutenu par l’UE à hauteur de 75 M€ dans le cadre du programme 2021 du Fonds Européen de Défense (FED), ce projet vise à définir, dans un cadre européen, les futurs standards d’interopérabilité pour le combat aérien collaboratif. Il permettra de renforcer la capacité des forces aériennes européennes à conduire leurs missions toujours plus efficacement et à agir en coalitions faisant intervenir aussi bien des systèmes habités que non-habités, des systèmes de combat aérien futurs et des plateformes existantes ainsi que leurs évolutions. Les travaux autour de ce projet devraient durer 3 ans.

Ensemble de la presse du 6 février

Le Rafale F4, bientôt équipé de bombes guidées d’une tonne avec guidage GPS et inertiel

La Direction générale de l’armement (DGA) a qualifié l’AASM1000 GS, un armement air-sol modulaire de 1 000 kg propulsé avec guidage GPS et inertiel, une nouvelle munition qui pourra être utilisée par l’armée de l’Air et de l’Espace et par la Marine nationale sur le Rafale F4.1. Développée par Safran Electronics & Defense dans le cadre d’un marché de 85 M€ passé par la DGA en 2017, l’AASM1000 est composé d’un kit de guidage GPS et inertiel et d’un kit d’augmentation de portée. Il dérive directement de l’AASM250 et a été adapté aux corps de bombes de forte puissance historiques (Mk84 et BLU109). Il pourra également équiper les premières bombes aéroportées de forte puissance française (BA84 et P1000), en cours de développement chez ARESIA (ex-Rafaut Groupe). Le Rafale F4.1, dont le 1er exemplaire devrait être opérationnel en 2025, pourra emporter jusqu’à 3 AASM 1000, en ventral et sous chaque aile. Cette capacité s’ajoutera notamment au viseur de casque Scorpion de Thales.

Le Journal de l’Aviation du 6 février

L’Allemagne réceptionne son dernier NH90 Sea Lion avant l’arrivée des futurs Sea Tiger

La Deutsche Marine a pris livraison de son 18ème et dernier NH90 Sea Lion sur le site d’Airbus Helicopters à Donauwörth. L’hélicoptère a ensuite rejoint sa base opérationnelle de Nordholz, ses premières missions de recherche et de sauvetage (SAR) devant intervenir dans les prochains mois. Issus d’une commande globale modifiée en 2013, les 18 NH90 NFH (Nato Frigate Helicopter) ont progressivement remplacé les hélicoptères Westland Mk41 Sea King de la Marine allemande à partir de 2019. L’Allemagne a par la suite décidé d’acquérir de nouveaux NH90 NFH en 2020 pour remplacer ses 22 Westland Mk88A Sea Lynx, des hélicoptères qui seront configurés dans une version proche des Caïman de la Marine française pour la lutte anti-sous-marine. Le premier des 31 NH90 Sea Tiger est attendu en 2025.

Le Journal de l’Aviation du 6 février

Le fournisseur de Thales, Realmeca, prévoit de doubler sa cadence en 2023 grâce au Rafale

Realmeca accompagne la montée en puissance du Rafale de Dassault Aviation. La PME de Clermont-en-Argonne, dans la Meuse, doit parvenir dans le courant de l’année 2023 à doubler sa cadence de production pour le groupe Thales, équipementier du chasseur, dont elle est fournisseuse de rang 1. L’entreprise de 135 salariés, pour un chiffre d’affaires de 34 M€ en 2022, assemble 7 importants sous-ensembles de l’avion de combat : le système de guidage automatique des missiles, le capteur optronique frontal pour la vision nocturne et diurne, 4 éléments du système d’auto-défense Spectra (brouillage, détection, etc.) et enfin, le radar à antenne active qui équipe le nez de l’avion. Pour répondre à la hausse des contrats à l’export du Rafale, Realmeca investit donc 5,5 M€ en 2022-2023 sur 3 volets : l’extension de 1 500 m² de ses ateliers, l’acquisition d’une quinzaine de nouvelles machines et l’aménagement de 5 000 m² de panneaux photovoltaïques, destinés à accroître son autonomie énergétique. « Realmeca apporte 50% de valeur ajoutée sur un sous-ensemble du Rafale, car nous usinons une partie des composants sur nos propres machines et nous réalisons des opérations de contrôle extrêmement poussées », précise Bruno Gailly, président de Realmeca. La progression de la PME meusienne, l’un des 500 sous-traitants de Thales, s’explique également par la hausse de la demande en machines-outils de haute précision made in France. Realmeca produit en effet des centres d’usinage et distribue les machines de l’américain Haas et de l’allemand Spinner. Pour le président de la PME : « les compétences de Realmeca en machines-outils permettent d’apporter des réponses aux besoins spécifiques de l’aéronautique. En retour, l’aéronautique constitue une belle vitrine pour nos machines ».

L’Usine Nouvelle du 7 février

Weinberg Capital Partners lance un fonds dans l’industrie de la Défense

Dépassant les réticences européennes en matière d’ESG, Serge Weinberg, actuel président du conseil d’administration de Sanofi, vient de lever un fonds d’investissement dédié aux industriels de la Défense. Weinberg Capital Partners franchit ainsi une ligne en se lançant dans l’industrie de la Défense et de la sécurité. Pour Serge Weinberg, « il faut se poser la question de la pertinence des politiques d’exclusion en matière d’ESG lorsqu’elles touchent des secteurs stratégiques pour nos Etats ». Quelque 100 M€ ont été confiés par des investisseurs, dont une grande banque et des familles, à son fonds baptisé « Eiréné ». L’objectif est d’en atteindre le double. « Notre conviction est que la Défense et la sécurité sont indispensables à la souveraineté et à la prospérité durable. L’ESG et les thématiques de sécurité/défense sont indissociables », affirme le dirigeant. Aujourd’hui, « il y a une amorce d’inflexion chez les investisseurs mais il faut continuer à convaincre, poursuit-il. Le seul effet des normes ESG est de risquer « d’affaiblir la capacité de financement de la filière en France et en Europe et de renforcer des entreprises ou des puissances étrangères ». Sur les 4 000 entreprises identifiées par le nouveau fonds, du terrestre au naval en passant par le spatial, plusieurs centaines sont adressables et capables de renforcer l’autonomie stratégique française et européenne, estime Weinberg Capital Partners.

Les Echos du 8 février

La guerre en Ukraine place les industriels français de l’armement en première ligne

Depuis l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, les usines d’armement et leur approvisionnement sont devenus un enjeu majeur, la France équipant les soldats ukrainiens en puisant dans ses stocks. Emmanuel Macron a mobilisé les industriels dès juin 2022 au salon de l’armement Eurosatory, à Villepinte, en imposant le concept d’économie de guerre. Depuis septembre 2022, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, reçoit les dirigeants des industries de l’armement : Arquus et de Nexter (équipements terrestres), Dassault Aviation (aviation de combat), MBDA (missiles), Naval Group (navires militaires), Safran et Thales (aéronautique et électronique de défense), avec pour objectif de remettre au premier plan la production des systèmes d’armes alors que jusqu’ici, l’innovation et la R&D pour se préparer aux conflits du futur avaient la priorité. Dans un contexte compliqué : hausse des coûts de l’énergie, supply chain fragilisée, pénurie de composants électroniques, ressources humaines en tension, le défi ne va pas de soi pour une industrie habituée à produire à la commande pour l’État. « À court terme, il est très difficile de réagir », reconnaît Guillaume Faury, Président du GIFAS. Des marges de manœuvre existent, notamment en investissant dans des outillages plus performants et en élargissant les fonctionnements des usines. Il faudra aussi reconstituer du stock pour monter en cadence et réduire les cycles de productions. Enfin, l’industrie de Défense peut faire valoir son statut d’industrie souveraine. A l’instar de ce qui se fait déjà aux États-Unis, le ministère des Armées réfléchit à un mécanisme légal de « priorisation » des commandes de Défense sur les commandes civiles pour réduire les risques de rupture d’approvisionnement. Afin ne pas dépendre de fournisseurs étrangers, il souhaite aussi favoriser des relocalisations. Le ministère des Armées réfléchit par ailleurs à une réserve militaire industrielle. Qui consisterait en un vivier de renfort composé des techniciens et des ingénieurs du secteur de la Défense.

L’Usine Nouvelle du 8 février

Sébastien Lecornu appelle l’industrie de Défense à faire des efforts sur les prix

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, réunit une nouvelle fois les donneurs d’ordre de la Défense ce jeudi 9 février, afin de fixer un cap après l’annonce d’un projet de Loi de programmation militaire (LPM) doté de 413 Md€ sur la période 2024 à 2030. La DGA demande ainsi aux industriels (Airbus, Dassault Aviation, Thales, Nexter, MBDA, Naval Group, Safran…) une hausse ambitieuse de la production d’ici 2030, en anticipant les commandes, en développant sur fonds propres certaines innovations, et en constituant des stocks de matières premières et de pièces détachées. Le 1er mandat de la DGA est de traduire les commandes supplémentaires en une baisse des prix unitaires des matériels livrés, explique le ministère. Une fois la LPM engagée, aucune entreprise n’aura autant de visibilité à long terme sur ses commandes, en échange de quelques efforts, notamment sur les prix. Le ministère souhaite aussi que les coûts de maintenance et de structure soient davantage prévus et définis en amont. Ces débats sont aussi l’occasion pour la France de plaider au niveau européen pour l’investissement dans la Défense, afin de lutter contre les projets de gouvernance, qui incitent les banques et les fonds à écarter les industriels de Défense de leur portefeuille de prêts au de prises de capital. En France, le ministère promet de travailler avec Bercy sur deux sujets précis : encourager la création de fonds spécialisés dans la Défense, tel que celui que prépare Serge Weinberg (voir notre synthèse du 8 février), et anticiper le départ à la retraite de nombreux chefs de PME qui participent au tissu industriel de la Défense.

Les Echos du 9 février