[Film] Les 130 ans de la CGT à hauteur de militant
26/11/2025

Affiche de la séance d’avant-première, cinéma Le Méliès
Dans leur nouveau film “On est la CGT !”, Gilles Perret et Marion Richoux livrent une nouvelle fois un modèle de documentaire social qui combine l’histoire de la CGT avec les combats actuels de militants dans leur entreprise. De Vencorex à l’hôpital de Chambéry, les réalisateurs poursuivent leur éloge du militantisme syndical.
Ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Même si Marion Richoux produit ici son premier film en tant que réalisatrice, elle avait déjà participé par exemple au documentaire “Au boulot” avec l’homme politique François Ruffin (La France Insoumise) et son acolyte Gilles Perret. Ce dernier ne se présente plus : bien connu des amateurs du genre, ce savoyard de naissance met de longue date sa caméra au service du monde du travail. Son père ayant lui-même milité à la CGT, il s’est fait par exemple connaître avec “La Sociale“, un documentaire sur l’histoire de la Sécurité sociale réalisé en 2016.
Un “film télé” de 56 minutes
Il ne restait plus un fauteuil de libre dans la salle numéro 1 du cinéma public Le Méliès à Montreuil, ce lundi 24 novembre à 20h15. Et bien sûr, emplie de militants CGT venus assister à cette avant-première du “docu” qui emprunte son nom à leur organisation syndicale.
C’est dire si la famille CGT se trouvait réunie puisque le film y fût diffusé pour la première fois en présence de nombreux cadres du syndicat comme la secrétaire générale Sophie Binet ou les secrétaire confédéraux Thomas Vacheron et Denis Gravouil.
C’est d’ailleurs lui qui a négocié le dossier avec France TV : le documentaire ne sera pas diffusé en salles mais sur les chaînes de la plateforme d’audiovisuel public au premier trimestre 2026. Comme l’explique Marion Richoux, c’est donc un “film télé” destiné à être vu depuis chez soi.
L’œuvre a bien entendu comblé ses spectateurs venus en public conquis ce soir-là, Gilles Perret et Marion Richoux ayant investi toute leur patte militante dans leur nouvel ouvrage.
Les militants filmés au plus près
Le documentaire s’ouvre et se ferme sur les images du cortège CGT filmé à Paris le 13 mai 2025. Dans cette boucle temporelle qui s’autorise plusieurs allers-retours sur l’histoire de la CGT et de la Sécurité sociale, les co-réalisateurs retracent les parcours de six militants CGT impliqués dans la représentation des salariés de leur entreprise.
Ce faisant, ils illustrent le combat syndical de ces représentants du personnel au plus près de leur quotidien. Séverine Dejoux, de l’usine chimique Vencorex qui tente d’imposer un plan de reprise de l’entreprise par les salariés. Anita Rousselot qui défend les conditions de travail des soignants à l’hôpital de Chambéry. Olivier Leberquier, qui a sauvé grâce à une coopérative l’usine de thé désormais appelée Scop Ti. Le cheminot SNCF Hervé Souprayen, Ouria Belaziz chez Seb-Tefal, ou encore Pierre Delullier, licencié alors qu’il s’apprêtait à devenir représentant syndical au CSE de son usine.
Caméra sur l’épaule, Gilles Perret et Marion Richoux les ont suivis pendant leurs réunions de section ou de CSE, dans leur entreprise avec leurs collègues, dans le train pour rejoindre les délégations interministérielles à l’industrie, dans leur voiture pour naviguer sur le terrain entre les différents établissements. Dans leur famille aussi, dont ils ont souvent tiré leur vocation militante. Certains ont été médiatisés du fait de leur engagement, d’autres demeurent d’illustres anonymes mais la caméra les réunit dans la même approche : rendre visibles ceux qui à priori ne le sont pas.
Gilles Perret et Marion Richoux continuent ainsi de tirer de la même pelote son fil cinématographique : documenter le monde du travail sur la base de faits réels en filmant ceux qui le font sans intermédiaire et donc sans voix off. Seule une musique contemporaine d’un accordéon, instrument populaire par excellence, relie les “flash-back” et les traditionnelles scènes de militantisme.
“Un super matériau de syndicalisation”
Clin d’œil à Sophie Binet sans doute, le documentaire de 56 minutes n’hésite pas à mettre en avant des militantes de premier plan, qu’elles soient chevronnées comme Séverine Dejoux ou débutantes comme Anita Rousselot. Même si le parcours de militants y est aussi exposé, les hommes apparaissent aussi en second rôle, marchent deux pas derrière leur cheffe d’équipe à la sortie des ministères ou des tribunaux.
Le film donne également à voir l’importance de la formation et du relais entre anciens et nouveaux syndiqués, comme en témoigne Séverine Dejoux, de l’usine Vencorex : “C’est la rencontre d’autres militants CGT qui m’a menée vers l’engagement syndical”. L’année des 130 ans du plus vieux syndicat français, le documentaire montre également l’exposition montée dans le patio des locaux de Montreuil. Plusieurs événements ont en effet été organisés autour de cet anniversaire avec un seul but : le développement syndical, en particulier celle des jeunes. Un sujet crucial pour toutes les confédérations, et que Sophie Binet a bien compris. Après la projection, elle remercie les réalisateurs en saluant “un super matériau de syndicalisation”.
“On est la CGT !” s’inscrit donc dans la parfaite ligne des documentaires sociaux diffusés ces dernières années comme par exemple “L’usine, le bon, la brute et le truand” sur les représentants du personnel de la papeterie Chapelle Darblay. Gilles Perret et Marion Richoux ont peu de leçons à recevoir en ce domaine tant ils en ont déjà éprouvé les ficelles. On ne peut qu’espérer que Gilles Perret élargisse plus souvent leur focale à d’autres sujets (comme il l’a fait dans en 2023 “La ferme des Bertrand”), sous peine de devenir répétitif.
Marie-Aude Grimont
Rappel de l’Urssaf : fin du critère d’ancienneté au 31 décembre 2025 pour les ASC
26/11/2025
Alors que certains CSE réclament toujours une prolongation de la tolérance s’agissant du critère d’ancienneté utilisé pour l’attribution des activités sociales et culturelles, l’Urssaf publie sur son site une actualité rappelant que, concernant ces prestations, la souplesse octroyée par l’administration suite à la jurisprudence de la Cour de cassation prend fin le 31 décembre 2025. Les CSE ont donc jusqu’à cette date pour modifier les critères de versement et se mettre en conformité.
Rappelons que l’Urssaf admettait que le CSE puisse fixer une condition d’ancienneté pour l’attribution de ses activités sociales et culturelles (ASC) (dans la limite de six mois) sans que cela ne remette en cause l’exonération de cotisations et contributions sociales, mais que cette tolérance a pris fin avec la décision de la Cour de cassation du 3 avril 2024 qui a jugé illégal le critère d’ancienneté dans l’attribution des ASC. Depuis cette jurisprudence, les salariés et les stagiaires doivent donc pouvoir en bénéficier dès leur entrée dans l’entreprise.
Source : actuel CSE