CSE

Naf Naf : élus et salariés inquiets pour leurs emplois et salaires

05/09/2023

Représentants du personnel et salariés de l’enseigne d’habillement Naf Naf sont très inquiets. L’entreprise, qui n’a pas pu verser les salaires d’août, pourrait être mise aujourd’hui en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny. Les explications de la secrétaire CFDT du CSE et de la déléguée syndicale SUD.

Lancée en 1973, Naf Naf, qui a réalisé environ 140 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, employait en mars dernier 778 salariés en France dans 128 succursales, auxquels s’ajoutent plus de 68 magasins affiliés. Depuis, l’effectif a un peu baissé, car la nouvelle direction ayant repris l’entreprise en juin 2020, le groupe franco-turc Sy, a conduit en 2023 un PSE pour supprimer une vingtaine de postes, surtout au siège, “un PSE qui est toujours en cours”, nous précise la secrétaire CFDT du CSE de Naf Naf.

Aujourd’hui, les choses semblent plus sérieuses encore. L’entreprise n’a pas pu procéder au versement des salaires du mois d’août et demande au tribunal judiciaire de Bobigny, qui tient son audience ce mardi matin, sa mise en redressement judiciaire. “Le non versement des salaires, c’est l’élément le plus compliqué actuellement”, commente Angélique Idali, la déléguée syndicale CFDT, qui se borne à indiquer que l’expertise missionnée par le CSE à l’occasion du PSE révélait déjà une situation pour le moins préoccupante.

Le syndicat SUD appelle les salariés à faire grève dans les magasins et à venir à Bobigny pour défendre leurs emplois. “Sans notre mobilisation, nous risquons non seulement d’être licenciés rapidement mais d’attendre des semaines, voire des mois pour être tout simplement payé. C’est donc maintenant qu’il faut mettre toutes nos forces dans la bataille !” indique le tract de SUD. 

“C’est la première fois que nous vivons cela”

Jointe hier, la déléguée syndicale SUD, Sarah Pichout, qui dirige elle-même un magasin, avoue ne pas avoir l’expérience de ce genre de situation. “C’est la première fois qu’on passe par là, on va voir…” Et la déléguée d’ajouter : “Nous n’avons pas eu nos salaires du mois d’août. En pleine rentrée, certains salariés sont en grande difficulté, d’autant que beaucoup sont au Smic et à temps partiel. La direction s’est engagée à verser 95% de l’avance de salaire de septembre, le temps que les AGS (association pour la garantie des salaires, qui intervient lors des défaillances d’entreprise, Ndlr) prennent le relais pour payer août. On attend de voir ce qui va être fait, car on nous a parlé d’un versement aujourd’hui”, nous explique-t-elle. 

Se taire ou alerter ?

C’est SUD qui a décidé la semaine dernière de communiquer sur les difficultés de l’enseigne, une position assumée par sa déléguée syndicale. “La direction nous avait demandé le silence, ce qu’a respecté la CFDT, sans doute de façon à ne pas inquiéter les salariés. Mais nous avons jugé qu’il fallait alerter les salariés pour pouvoir organiser une mobilisation”, dit Sarah Pichout.

“Nous avons une autre façon de communiquer. Nous avons eu un CSE lundi et la direction nous avait demandé la confidentialité au regard des enjeux et des procédures, ce que nous avions décidé de respecter”, nous dit de son côté Angélique Idali, secrétaire du CSE et déléguée syndicale CFDT. Cette dernière, qui a été désignée pour représenter les salariés lors de l’audience ce matin du tribunal de commerce, juge que l’objectif premier est d’éviter une liquidation.

Le syndicat SUD a lancé une boucle Whatsap pour favoriser les échanges. Des échanges qui ont fini par avoir lieu la semaine dernière, lors d’une visioconférence, entre les salariés et la direction. “Cela a été assez tendu”, commente Sarah Pichout. De ces échanges, il ressort que l’entreprise n’aurait pas eu le choix que de se déclarer en cessation de paiements dès lors que les bailleurs ont lancé des saisies afin de contraindre Naf Naf à régler des arriérés de loyers, ce que l’enseigne n’aurait pas les moyens de faire.

Par ailleurs, il semble aussi que l’enseigne n’ait pas pu bénéficier, compte-tenu de sa reprise en 2020, des prêts garantis par l’Etat (PGE) pour passer le cap de la crise économique due à la Covid (*). Angélique Idali, la secrétaire du CSE, qui travaille comme responsable des licences produit et des partenariats au siège, nous précise les choses : “En fait, nous avons bien eu un PGE mais de seulement 2 millions d’euros, pas suffisant pour faire face aux loyers”. 

La CFDT veut assurer des conditions de départs “dignes”

A la CFDT, le syndicat majoritaire de l’entreprise qui gère l’unique CSE de l’enseigne (la CFDT a 9 élus au CSE, contre un seul pour SUD), les élus seront présents à l’audience ce matin pour “faire entendre la voix des salariés”. Avec l’appui de la fédération des services, la CFDT entend se battre “pour défendre la meilleure solution possible pour préserver l’emploi de façon durable” et  “assurer des conditions de départs dignes pour celles et ceux dont l’emploi ne pourra à être sauvés”. Sans trop d’illusions : la secrétaire du CSE et déléguée syndicale CFDT sait déjà qu’il y aura un transfert du siège social, actuellement à Asnières, et des fermetures de magasins.

Le syndicat se dit “lucide” sur les difficultés du commerce du détail mais il souligne que Naf Naf “est une enseigne jouissant d’une forte notoriété, avec des salariés compétents et engagés, et qui a donc toute sa place sur le marché de l’habillement féminin”.

(*) A propos des difficultés françaises du secteur du textile (Kookai, Camaïeu, Pimkie, Du Pareil au même, etc.), Yann Rivoallan, le président de la Fédération française du prêt à porter féminin, a estimé sur BFM Business que la marque chinoise à bas prix Shein était “en train de bouleverser la distribution” française. “Naf Naf tombe et les autres sont tombés à cause de cette machine de guerre”, a-t-il lancé après avoir souligné que Naf Naf avait su “se digitaliser dès 2010” en “étant très forte sur les réseaux sociaux”. 

Bernard Domergue

Naf Naf : le tribunal de commerce rend sa décision aujourd’hui

06/09/2023

Le tribunal de commerce de Bobigny, qui a tenu une audience hier matin sur le sujet, devrait rendre sa décision aujourd’hui au sujet d’un éventuel placement en redressement judiciaire de l’entreprise Naf Naf. L’enseigne de distribution textile est en difficulté et n’a pu verser les salaires du mois d’août, une situation qui mobiliser les syndicat SUD et CFDT et le CSE.

Source : actuel CSE

Naf Naf a été placée en redressement, les salaires ont été versés

07/09/2023

En difficulté, l’entreprise Naf Naf a été placée hier, par le tribunal de commerce de Bobigny, en redressement judiciaire avec une période d’observation de 6 mois renouvelable. Majoritaire dans la société, la CFDT a réagi en prenant acte que cette décision donnait “un sursis à l’entreprise”. Le syndicat souligne que Naf Naf incarne un modèle “qui mérite d’être défendu et préservé face à des acteurs internationaux, notamment sur internet, au bilan social et environnemental désastreux”. 

La secrétaire du CSE, qui craint la fermeture d’une vingtaine de magasins et un nouveau PSE, nous indique que l’entreprise a versé les salaires du mois d’août. De son côté, dans un article du Monde, Selçuk Yilmaz, le dirigeant de l’enseigne (groupe SY), dit être confiant : « On fera tout pour remettre sur pied Naf Naf dans l’année à venir. Il ne faut pas que les prestataires nous confondent avec Camaïeu et toutes ces autres entreprises qui n’ont pas réussi à se redresser face à la crise du secteur du “retail” ».

Source : actuel CSE

Emploi des seniors : la France reste à la traîne face aux voisins européens

08/09/2023

Certes, le taux d’emploi des 55-64 ans a augmenté de 0,9 point entre 2021 et 2022…mais il est toujours bien plus bas que la moyenne européenne et atteint moins de 40 % chez les 60-64 ans. La réforme des retraites qui vient d’entrer en vigueur permettra-t-elle d’améliorer ces statistiques ? Cela reste à confirmer…

Le taux d’emploi des seniors “continue d’augmenter pour atteindre son plus haut niveau depuis 1975” semble se féliciter la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail) dans une étude parue hier. Une bonne nouvelle à relativiser : il n’était en 2022 que de 56,9 % (contre 82,5 % chez les 25-49 ans), c’est-à-dire 5,5 points en dessous de la moyenne de l’Union européenne. La France recule ainsi encore d’un rang, passant de la 16è place parmi les 27 pays de l’Union en 2021 à la 17e l’an passé. Et entre 2021 et 2022, ce taux d’emploi croît deux fois plus pour l’ensemble de l’Union (+ 1,8 point) qu’en France. Ces résultats pour le moins mitigés paraissent d’autant plus inquiétants que les principales mesures de la réforme des retraites en faveur de l’emploi des seniors (Index et CDI seniors) ont été censurées par le Conseil constitutionnel et que moins de trois entreprises sur 10 affirment avoir mis en place des politiques spécifiques pour ces salariés. Une lueur d’espoir peut-être : l’emploi des seniors sera bien au programme des négociations paritaires qui devraient aboutir au printemps 2024.

Une baisse notable de l’emploi à partir de 60 ans

Le taux moyen d’emploi de 56,9 % chez les seniors cache en fait des réalités très différentes. S’il est toujours de 76,4 % pour les 55-59 ans, il chute à 36,2 % pour les 60-64 ans. Pour cette dernière tranche d’âge, c’est 12,3 points de moins que la moyenne européenne.

La Dares explique cependant en partie cette diminution drastique par le fait qu’elle est “notamment la conséquence des transitions progressives vers la retraite : jusqu’à 55 ans, la part de personnes en retraite est marginale, alors qu’à 60 ans, une personne sur six environ est retraitée, et que plus de deux sur trois le sont à 63 ans”.

Symétriquement, le taux de chômage devient sensiblement plus important avec l’âge, passant de 5,1 % pour les 55-59 ans à 7,0 % pour les 60-64 ans.

Moins de chômage chez les seniors, mais aussi moins de retraités

En 2022, le taux de chômage des seniors est de 5,7 % (- 0,6 point par rapport à 2021), toujours inférieur à celui de l’ensemble des actifs même si l’écart tend à se réduire (entre – 3,5 et – 4,0 points de 2003 à 2006 contre – 1,7 point en 2022). En parallèle, le taux d’emploi a augmenté de 8,6 points de pourcentage entre 2014 et 2022 sous l’effet notamment du recul de l’âge de départ à la retraite.

Face à ces plutôt bons chiffres, la Dares constate surtout que la part de retraités diminue de 8,6 points. Résultat, chez les 60 ans et plus en particulier c’est avant tout la part des personnes ni en emploi ni en retraite qui est en hausse sur la période : + 3,3 points pour les 60-64 ans (dont + 2,5 points pour les inactifs non retraités) et + 1,6 point pour les 65-69 ans. Le phénomène touche plus particulièrement les ouvriers et employés. Entre 55 et 59 ans, 29,4 % des premiers et de 24,7 % des seconds ne sont ni en emploi ni en retraite, contre 10,2 % des cadres et 13,7 % des professions intermédiaires. Ils sont aussi plus de trois fois plus souvent au chômage que les cadres.

A noter : la Dares relève également qu’avant 65 ans, le cumul emploi-retraite diminue entre 2014 et 2022 (- 0,8 point chez les 55-64 ans). A voir si le fait qu’il soit devenu créateur de droits depuis le 1er septembre inverse la tendance.

De “meilleurs” résultats pour l’emploi des femmes seniors

En 2022, parmi les 55-64 ans, les taux d’emploi et d’activité sont plus bas pour les femmes (55,5 % et 58,8 %) que pour les hommes (58,3 % et 61,9 %). Même si les chiffres sont plus élevés pour ces derniers, ils sont bien en-dessous de la moyenne de l’Union européenne (- 10 points), alors que le taux d’emploi des femmes seniors en France est proche de cette moyenne. De même, le taux de chômage des 55-64 ans est légèrement plus faible chez les Françaises : 5,6 % contre 5,8 % chez les hommes. Des résultats plutôt meilleurs comparativement aux autres pays pour la gent féminine donc. Mais excepté cette comparaison, rappelons toutefois que les seniors hommes sont plus souvent en retraite (27,9 % contre 23,6 %) là où les femmes sont plus fréquemment inactives sans être pour autant retraitées. De plus, les femmes seniors en emploi sont davantage à temps partiel (31,5 % d’entre elles, contre 10,7 % des hommes) et en situation de sous-emploi (6,4 % contre 2,6 %).

Elise Drutinus

L’emploi ralentit, la masse salariale progresse moins vite, le salaire moyen augmente

08/09/2023

Selon les derniers chiffres des Urssaf, l’emploi ralentit et la masse salariale progresse moins vite au deuxième trimestre 2023 :

+0,1% pour les effectifs salariés du secteur privé (soit + 15 200 postes), au lieu de +0,5% au 1er trimestre 2023, ce qui donne néanmoins une progression de +1,2% sur un an (contre +3,2% l’année précédente). 

Sont en hausse les effectifs de l’industrie, stables les effectifs du tertiaire, en baisse les effectifs de la construction et les intérimaires. 

+1% pour la masse salariale (au lieu de +2,8% au trimestre précédent), soit une progression annuelle de +6,1%.

Le salaire moyen par tête (SMPT) croît pour sa part de +0,8% au deuxième trimestre 2023 (après +2,4% au 1er trimestre), soit une progression de 4,5% sur un an. 

Les Urssaf expliquent cette progression par la revalorisation du Smic (+2,2%) du 1er mai dernier. Si l’on intègre les primes non soumises à cotisation, comme la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat et la prime de partage de la valeur, le salaire moyen progresse de 0,5% sur le 2e trimestre et de +5% sur un an. 

Source : actuel CSE