Le « couple franco-allemand », à couteaux tirés…
Le Canard Enchaîné rend compte des dissensions franco-allemandes autour des deux programmes d’envergure qui lient Paris à Berlin : le Scaf et le MGCS. Concernant le Scaf, les Allemands s’en remettent à l’Otan et « se contenteraient volontiers d’un appareil plus modeste, qui ne décollerait pas d’un porte-avions ni ne transporterait des charges nucléaires ». Ils étudieraient discrètement une sorte de Typhoon amélioré, quand les Français réclament « un super Rafale ». En outre, les Allemands exigent la copropriété des brevets, et la possibilité de les utiliser dans l’aviation civile. Le camp français y est fermement opposé : « Il ne reste plus beaucoup de secteurs industriels dans lesquels nous sommes parmi les meilleurs du monde », souligne un industriel. L’Espagne entre en scène, et revendique les mêmes droits que ses partenaires. Concernant le MGCS, qui devait être mené par KMW et Nexter au sein de la holding KNDS, le Bundestag a imposé, à la coentreprise, Rheinmetall. « Berlin joue désormais à deux contre un face à la France. » Thales et Safran pourraient être frustrés des contrats d’équipements qu’ils espèrent signer pour le char du futur. Emmanuel Macron est jugé trop complaisant envers l’Allemagne. Tandis qu’il célèbre le « couple franco-allemand comme le cœur de l’Europe », Angela Merkel « répond par un aimable tir de missile ». La sénatrice Hélène Conway-Mouret, co-signataire d’un rapport sur le sujet, apostrophe le président français : « Il faut arrêter de dire à nos partenaires qu’on a besoin d’eux. Dans ces domaines, on est largement aussi compétitifs qu’eux », et la France pourrait construire le Scaf sans Berlin, comme elle l’a fait pour le Rafale. Le Canard Enchaîné – 03/03
Le Loyal Wingman, avion de chasse sans pilote
Boeing et l’armée de l’Air australienne (RAAF) ont réalisé le premier essai en vol d’un avion de chasse sans pilote, conçu pour voler en formation de combat aux côtés d’appareils pilotés par un équipage. Le Loyal Wingman a été conçu en Australie, et il y sera produit. Il peut transporter des armes et servir de bouclier à des chasseurs avec équipage. Canberra envisage d’en acquérir trois.
Reuters – 02/03
Les SALA, en roue libre…
« Quels principes juridiques pour les SALA ? », se demande Nathalie Devillier, professeur à Grenoble École de Management, qui signe une opinion sur les systèmes d’armes létales autonomes (SALA) ou « robots tueurs ». Elle cite notamment un rapport du Parlement européen, daté du 20 janvier. Le rapporteur constate que les SALA ne font l’objet d’aucune réglementation internationale ad hoc. Entre autres recommandations, il préconise de réduire la dépendance des Occidentaux envers les données étrangères. Or, l’écosystème mondial de l’IA est précisément dominé par les Gafam et leurs équivalents chinois, les Batx (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). Les élus souhaitent que les SALA ne soient utilisés que dans des cas précis, selon des procédures d’autorisation fixées à l’avance et accessibles au public ou, au moins, aux parlements nationaux.
La Tribune – 26/02