Décarbonation : Macron souhaite réunir les dirigeants des 50 grands sites industriels français
Lors d’une réunion d’entrepreneurs organisée par la Banque publique d’investissement (BPI) à Paris jeudi 6 octobre, Emmanuel Macron a déclaré qu’il fallait « aller plus vite et plus fort sur les grands projets » de transition écologique et énergétique « des grands sites de production ». Il a ensuite annoncé qu’il « recevrait les 50 grands sites » dans les prochaines semaines pour aller vers cette « décarbonation accélérée », a-t-il ajouté sans donner de détails. Le chef de l’État a souligné que certains grands groupes investissaient déjà « beaucoup d’argent » pour se passer du gaz ou du charbon, et mettre en œuvre des solutions dans l’hydrogène ou la capture de carbone. Le motoriste et équipementier aéronautique Safran a notamment indiqué faire de « l’électrification et l’hybridation des avions un des axes clés de sa stratégie vers une aviation décarbonée », selon son Directeur général Olivier Andriès. Dans le domaine de la propulsion, Safran est en passe de faire certifier au 1er semestre 2023 son moteur électrique Engineus 100, destiné à l’aviation générale légère. D’ici à la fin de la décennie, des moteurs électriques pourront équiper les taxis volants (VTOL), les avions allant jusqu’à 19 passagers, puis des avions régionaux de 40 sièges.
La Tribune du 7 octobre
OACI : accord pour atteindre la neutralité carbone en 2050
Un accord pour atteindre la neutralité carbone en 2050 dans l’aviation civile mondiale a été conclu vendredi 7 octobre, a annoncé l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI). Les représentants des 193 États réunis pour l’assemblée de l’organisation (basée à Montréal) sont parvenus à « un accord historique sur un objectif collectif ambitieux à long terme de zéro émission de carbone d’ici 2050 », a annoncé l’OACI. L’Association internationale du transport aérien (IATA), qui avait entériné le même principe en assemblée générale l’année dernière, s’est dite « fortement encouragée » par le vote. Willie Walsh, directeur général de l’IATA, a déclaré s’attendre à « des politiques publiques bien plus solides en faveur de la décarbonation, comme des incitations à augmenter la capacité de production des carburants d’aviation durables (SAF) ». Selon l’IATA, l’objectif fixé représente 1 550 Md$ d’investissements entre 2021 et 2050. « C’est un tournant dans les efforts pour décarboner le secteur aérien, avec des gouvernements et des industriels qui se dirigent désormais dans la même direction, au sein d’un cadre réglementaire commun », a estimé Luis Felipe de Oliveira, directeur général du Conseil international des aéroports (ACI-World). « La France se félicite de l’adoption par l’Assemblée de l’Organisation de l’Aviation civile internationale de la neutralité carbone en 2050 comme objectif climatique pour l’aviation civile internationale. Cela constitue un résultat démontrant l’engagement des acteurs de l’aviation et des États qui avaient adopté, en février 2022, la déclaration de Toulouse pendant la Présidence française de l’Union européenne. La France est déjà pleinement engagée dans la mise en œuvre de cette transition de l’aviation civile vers la neutralité carbone en 2050 », a réagi le ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé des Transports, Clément Beaune.
Ensemble de la presse du 10 octobre
Un fonds de 2 Md€ pour l’hydrogène décarboné
Le fonds Hy24, lancé en octobre 2021 et dédié au développement d’infrastructures pour l’hydrogène décarboné, a annoncé ce lundi un closing de 2 Md€, bien au-delà de ses objectifs. Il réunit de grands industriels français, dont Airbus, Air Liquide, Aéroports de Paris, TotalEnergies, CMA-CGM, Vinci… et des financiers (Caisse des Dépôts, Société Générale, Crédit Agricole, notamment). Des acteurs internationaux sont aussi présents, comme les américains Baker Hughes, Chart Industries et Plug Power, la banque japonaise Norinchukin ou l’allemand Schaeffler. Situé en France, ce fonds financera entre 15 et 30 projets industriels, et espère susciter des investissements de 20 Md€ au total au cours des six prochaines années. « La course est lancée », affirme Pierre-Etienne Franc, cofondateur et directeur général de Hy24. « Les grands schémas de soutien public sont là. La présence à nos côtés d’industriels va apporter de la visibilité aux projets. La seule question désormais, c’est la vitesse de déploiement et de savoir quels seront les segments qui basculeront les premiers ».
Les Echos du 10 octobre
Avec son nouveau campus SAMC, Safran lance l’avion du futur
Le Monde et Les Echos soulignent les enjeux liés à l’inauguration par Safran, vendredi, de son pôle d’excellence en fabrication additive, le Safran Additive Manufacturing Campus (SAMC), situé au Haillan, près de Bordeaux. L’avènement de la fabrication additive représente, pour le secteur aéronautique, un puissant accélérateur à la mise en œuvre de l’avion du futur et au développement d’un transport aérien neutre en carbone à l’horizon 2050. « La fabrication additive permet de faire des pièces de 20 à 30% plus légères », souligne François-Xavier Foubert, directeur général du SAMC. « A terme, la fabrication additive pourrait représenter 25% des composants de certains de nos moteurs », explique Eric Dalbiès, directeur stratégie, R&T et innovation de Safran. En optimisant la conception des pièces tout en réduisant leur masse, elle constitue l’une des trois principales technologies de fabrication grâce auxquelles Safran espère réduire de 20% la consommation de carburant du futur moteur Rise. Un gain qui, couplé à l’utilisation de 100% de SAF, serait suffisant pour atteindre la neutralité carbone. La deuxième technologie clé, également présente sur le site du Haillan, est la fabrication des pièces en composite à matrice céramique (CMC), qui permettent, elles aussi, de gagner en masse et en performance. Les CMC sont déjà présentes dans les moteurs Leap des A320neo et des B737 MAX et prochainement dans les moteurs des Rafale. « Comparés au tungstène, les CMC offrent un gain de masse de facteur 10 », explique Marc Montaudon, directeur général de Safran Ceramics. « Ils supportent également des températures plus élevées. Or plus un moteur fonctionne à très haute température et moins il consomme de carburant. Au total, un moteur « céramiqué » offrirait une réduction de 6% de la consommation de carburant », estime-t-il. La troisième technologie centrale du programme Rise sont les matériaux en fibres de carbone tissées 3D. Une technique de fabrication déjà employée avec succès par Safran pour les aubes de soufflante de l’actuel moteur Leap, mais qui devrait atteindre une tout autre dimension sur le Rise. Vendredi, au Haillan, le Directeur général de Safran, Olivier Andriès, était accompagné d’Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, et du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure. Il a souligné que la nouvelle technologie est aussi « un enjeu de souveraineté », et a insisté sur l’importance de la pérennité des investissements promis par la puissance publique. Sur 1,2 Md€ du plan France 2030, 800 M€ sont consacrés à l’avion décarboné, rappelle Le Monde.
Les Echos du 10 octobre et Le Monde du 11 octobre
Thales : les systèmes de gestion de vol (FMS) de nouvelle génération tracent la voie vers un meilleur rendement énergétique
Yannick Assouad, Directrice générale Avionique au sein de Thales, s’exprime dans Times Aerospace. Elle souligne que les systèmes de gestion de vol (FMS) de nouvelle génération font partie intégrante de vols plus écologiques et plus économiques. « Les systèmes de gestion de vol (FMS) existants utilisent une technologie ancienne et il n’existe pas de moyen simple et rapide de changer d’itinéraire », explique-t-elle, « mais avec un FMS entièrement connecté, vous pouvez apporter beaucoup plus de données pour aider le FMS à choisir l’itinéraire le plus efficace ». « Par exemple, en profitant des vents arrière à une altitude différente, des économies importantes peuvent être réalisées », indique la dirigeante. Thales a récemment été sélectionné par Airbus pour équiper ses avions de ligne d’un nouveau FMS innovant. Ce nouveau système, basé sur le produit PureFlyt de Thales, est conçu en particulier pour les A320, A330 et A350. La mise en service est prévue pour la fin de l’année 2026.
Times Aerospace du 7 octobre
« Mais qui va décarboner l’industrie ? » tribune de Laurent Champaney (ENSAM)
Laurent Champaney, directeur général de l’École nationale supérieure d’arts et métiers, s’exprime dans Les Echos. Constatant que « malgré les messages positifs de l’Etat et les plans de réindustrialisation ou de souveraineté économique tel France 2030, l’industrie garde en France une mauvaise image sur le plan du développement durable, particulièrement auprès des jeunes ». Or, pour réussir leur transformation, les entreprises industrielles ont « fondamentalement besoin de jeunes, mobilisés sur les questions climatiques, pour engager rapidement et durablement l’ensemble du personnel et des clients dans des démarches de sobriété à tous les niveaux ». « La contribution de l’industrie à une neutralité carbone globale ne pourra se faire que par addition de trois formes d’évolution : le progrès continu, les sauts technologiques et la sobriété. Cela veut dire que les nouvelles générations d’ingénieurs que l’industrie attend avec impatience devront non seulement être mobilisées sur les questions climatiques mais aussi et surtout qu’elles devront être très solides sur leurs cœurs de métier. Il y a sans doute là un défi de formation à relever pour les écoles d’ingénieurs. Mais il y a surtout le défi pour la société tout entière de mobiliser et d’encourager ses jeunes, filles comme garçons, dans la voie des nouvelles formes d’ingénierie plus durable », conclut-il.
Les Echos du 12 octobre