Entretien avec Stéphane Israël, PDG d’Arianespace
Stéphane Israël, PDG d’Arianespace, s’est exprimé, jeudi 20 octobre, sur Radio Classique. Confirmant le report du vol inaugural d’Ariane 6 au dernier trimestre 2023, il rappelle que le carnet de commandes du lanceur est déjà rempli : « En mars, Amazon nous a acheté 18 fusées [Ariane 6], c’est sans précédent et la preuve qu’on est en train de changer d’ère », insiste-t-il. Interrogé sur les vols habités, il remarque que l’Europe se réintéresse au sujet : « Avant la fin de la décennie, s’il y a une volonté politique, on pourra voler depuis la Guyane. Et j’ai bien l’intention que Thomas Pesquet fasse ce premier vol habité ». « L’Espace doit d’abord servir à mieux vivre sur Terre », rappelle-t-il : actuellement, environ 5 000 satellites opérationnels sont en orbite, des satellites « vitaux » pour notre quotidien, rappelle le dirigeant, que ce soit pour la météo, la télévision, le GPS ou la surveillance de l’environnement, « et on a besoin de fusées Ariane pour lancer ces satellites ». L’Espace « reste un domaine de souveraineté », remarque-t-il, à l’heure de la guerre en Ukraine. La France a créé un « commandement de l’Air et de l’Espace » pour se doter d’une stratégie militaire « intégrale », se félicite-t-il. « On va bientôt lancer notre propre satellite de télécommunication pour nos armées, le Syracuse 4B ».
Radio Classique du 20 octobre
OneWeb reprend le déploiement de sa constellation
Interrompu début mars 2022, suite à l’arrêt des coopérations entre la Russie et l’Europe après l’invasion de l’Ukraine, le déploiement de la constellation d’internet haut débit OneWeb reprend. Une fusée indienne GLSV doit lancer un lot de 36 satellites ce samedi 22 octobre. Un second tir est prévu fin 2022, et trois autres missions doivent être assurées par le lanceur Falcon 9 de SpaceX entre janvier et mars 2023. OneWeb aura alors achevé la mise en orbite de 648 satellites, ce qui lui assurera une couverture mondiale pour apporter des services de connectivité partout dans le monde. OneWeb prépare également sa fusion avec Eutelsat, premier opérateur de satellites de télécoms européen. Annoncée fin juillet, la prise de contrôle de OneWeb par Eutelsat donnera naissance à un géant mondial de l’internet spatial, grâce à la force combinée des 36 satellites géostationnaires (à 36 000 km de la Terre) d’Eutelsat et à la flotte de petits satellites en orbite basse de OneWeb. L’opération devrait être achevée au cours du premier semestre 2023. Le nouveau groupe aura son siège en France. Il sera contrôlé à 50-50 par les actionnaires de OneWeb, notamment le groupe de télécoms indien Bharti (30 %), Eutelsat (23 %) et l’État britannique (17,8 %), et ceux d’Eutelsat, dont Bpifrance (21,88 %). L’action privilégiée de l’État britannique, qui ouvre des droits spéciaux relevant de la sécurité nationale, sera cantonnée à la filiale anglaise OneWeb PLC, et ne concernera pas la maison mère. « L’État britannique pourra embarquer des charges utiles militaires sur des satellites OneWeb. Eutelsat, comme d’autres opérateurs, accueillent régulièrement de telles charges pour le compte de gouvernements. Cette pratique ne remet pas en cause le profil du futur groupe qui sera placé sous souveraineté française », explique Eva Berneke, directrice générale d’Eutelsat, qui prendra la direction du nouvel ensemble.
Le Figaro du 21 octobre
Avec les microlanceurs, la France renforce sa filière spatiale
Le premier appel à projets dans le cadre du volet spatial du plan France 2030, pour lequel les 16 premiers lauréats ont été annoncés jeudi 6 octobre, a concerné en priorité les microlanceurs, un domaine dans lequel la demande s’intensifie, portée par la miniaturisation des satellites. « Pour les Etats-Unis, c’est un sujet de suprématie, ou de supériorité face à la Chine ; pour les Européens, c’est plus un souci d’indépendance face aux Américains », précise François Chopard, fondateur de Starburst Accelerator, un incubateur de startups aéronautiques et spatiales, qui fait partie des sept ambassadeurs du volet du plan d’investissement France 2030 consacré à l’Espace. « C’est maintenant que cela se joue », alerte-t-il. Plusieurs appels à projets se succéderont dans les prochaines années, afin de renforcer la filière spatiale française, d’accélérer sa mutation technologique et de contribuer à la souveraineté nationale. « Nous essayons d’orienter, de conseiller dans le choix des projets, pour que les montants soient les plus importants possibles, que personne ne soit oublié et, surtout, que ce soit stratégique », explique François Chopard. 12 des 16 projets retenus début octobre concernent des microlanceurs, de leur fabrication aux services, en passant par les composants et l’électronique : les lauréats sont Opus Aerospace, Sirius Space Services, SpaceDreamS, Nobrak, Hybrid Propulsion for Space, CMP Composites, The Exploration Company, Watt & Well, Halcyon, Latitude, Leanspace et Exotrail. L’objectif est de disposer d’un microlanceur réutilisable en 2026. « Avec ce soutien du gouvernement, ces entreprises innovantes montrent qu’elles sont crédibles », souligne Maxime Puteaux, conseiller industrie chez Euroconsult. « Cela leur permet d’aller ensuite trouver les financements nécessaires auprès d’investisseurs privés ».
Le Monde du 21 octobre
SpaceX choisi pour deux projets de lancements européens
L’Europe lancera deux missions au moyen des lanceurs de SpaceX, la société fondée par Elon Musk, après que le conflit en Ukraine a suspendu l’accès au lanceur russe Soyouz, a confirmé jeudi l’Agence spatiale européenne (ESA). Les lancements comprennent le télescope spatial Euclid et la sonde Hera, pour une mission de suivi de la sonde DART de la NASA. « Les États membres ont décidé de lancer Euclid et Hera sur Falcon 9 », a déclaré à la presse le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, après une réunion du conseil ministériel de l’agence. Les lancements auront lieu respectivement en 2023 et 2024. Par ailleurs, l’ESA a annoncé qu’un troisième satellite, construit par Airbus, le Earth Cloud Aerosol and Radiation Explorer, ou EarthCARE, destiné à combler une lacune dans la modélisation scientifique du changement climatique sera lancé par l’européen Vega C. Ce lancement est prévu début 2024.
Reuters du 21 octobre
Une fusée indienne lance 36 satellites de la constellation OneWeb
La fusée indienne GSLV-F10 a quitté le port spatial de Satish Dhawan le 22 octobre, emportant 36 satellites de la constellation OneWeb. La société de satellites basée à Londres est de retour sur la bonne voie, après la perte de l’accès aux fusées russes Soyouz. OneWeb avait dû agir rapidement pour sécuriser les trajets sur d’autres transporteurs, et conclure des accords avec les fournisseurs de fusées américains SpaceX et Relativity Space, mais également avec New Space India Limited, la branche commerciale de l’agence spatiale indienne Isro, qui commercialise le GSLV. Ce nouveau lancement porte à 462 le nombre de satellites actuellement en orbite au-dessus de la Terre. Cela représente plus de 70% du total dont OneWeb a besoin pour atteindre une couverture mondiale avec sa constellation de 1ère génération, soit 650 satellites. L’entreprise, en partie détenue par le gouvernement britannique, prévoit d’achever son déploiement au milieu de l’année prochaine.
Ensemble de la presse du 24 octobre
La Station spatiale internationale bientôt prolongée jusqu’en 2030 ?
Pour la plupart des partenaires de la Station spatiale internationale (ISS), régie par un accord intergouvernemental, la question de l’exploitation au-delà de 2024 devrait être résolue d’ici la fin de l’année au niveau politique. Les Etats-Unis avaient, le 28 juillet dernier, signifié les premiers leur souhait d’étendre leur participation à l’exploitation de l’ISS durant 6 années supplémentaires. La nouvelle loi d’autorisation de la NASA inclut notamment un volet sur la prolongation des opérations sur l’ISS jusqu’au 30 septembre 2030. Le texte précise que l’administrateur de la NASA devra soumettre aux commissions appropriées du Congrès, au plus tard d’ici un an, les résultats d’une estimation faite par le Bureau des coûts sur les dépenses nécessaires, mais aussi les « possibilités d’efficacité opérationnelle qui pourraient se traduire par des économies de coûts et une productivité de la recherche ». Les principaux partenaires de la NASA semblent également prêts à s’aligner, comme le confirme Didier Schmitt, chargé de la stratégie et de la coordination du programme d’exploration humaine et robotique à l’Agence spatiale européenne : « La décision du Canada paraît imminente, celle de l’ESA devrait être formellement prise lors de la réunion ministérielle des 22-23 novembre à Paris, et celle du Japon est attendue pour la fin de l’année au niveau des services du Premier ministre ». La Russie reste elle-aussi impliquée dans le programme, malgré les déclarations du nouveau Directeur général de Roscosmos annonçant la fin de la participation russe à l’ISS « après 2024 ».
Air & Cosmos du 24 octobre
La recherche par le rover Perseverance de « biosignatures » sur Mars entre dans sa phase critique
Le rover de la NASA Perseverance est arrivé voici 6 mois dans la zone du delta où, il y a 3,5 milliards d’années, une rivière se jetait dans le lac d’eau liquide emplissant le cratère Jezero. La recherche de « biosignatures », ces traces organiques ou minérales dont l’origine ne peut s’expliquer autrement que par la présence de structures ou d’activités biologiques, et qui témoignent par conséquent d’une forme de vie ayant éclos en un lointain passé, est entrée dans sa phase critique. Cela le début de la seconde campagne scientifique, après une première consacrée à l’étude des roches ignées tapissant l’intérieur du cratère. Sur le rover, le spectromètre Raman Sherloc a procédé à une analyse d’une roche jugée particulièrement prometteuse, baptisée « Wildcat Ridge ». Outre des sulfates, la roche aurait révélé la présence en son sein de composés organiques en grande quantité, la plus riche moisson de ces molécules carbonées récoltée par Perseverance depuis le début de la mission Mars 2020. Cette probable matière organique martienne pourrait révéler, une fois soumise aux outils d’investigation dont nous disposons sur Terre, la présence en son sein de traces de vie ou d’une biosignature. La réponse à cette question ne viendra pas avant la 1ère moitié de la prochaine décennie.
Les Echos du 25 octobre
Arrivée à Kourou des 2 satellites d’Airbus Neo 5 et 6
Les 2 derniers satellites Pléiades Neo 5 et 6 construits, détenus et exploités par Airbus Defence and Space sont arrivés au Centre spatial guyanais de Kourou, après un vol transatlantique depuis Toulouse, a annoncé Airbus. Leur lancement est programmé fin novembre, à l’occasion de la première mission commerciale de la fusée européenne Vega C exploitée par Arianespace. « Nous nous apprêtons à compléter notre toute nouvelle génération de satellites, qui couvre déjà un million de km2 par jour avec une résolution native de 30 cm », a déclaré François Lombard, Directeur de l’activité Intelligence chez Airbus Defence and Space. « Avec ce lancement, nous allons doubler notre capacité et être en mesure de répondre encore plus rapidement aux besoins de nos clients, en fournissant la meilleure qualité du marché, et ce, pour un large éventail d’applications militaires et civiles », conclut le responsable.
Zonebourse du 25 octobre
EMIT, le nouvel instrument de la NASA pour détecter les « super-émetteurs » de méthane
Une nouvelle mission de la NASA a permis de détecter des dizaines de « super-émetteurs » de méthane, une performance dont les scientifiques espèrent qu’elle permettra d’agir afin de limiter ses émissions. Lancée dans l’espace en juillet et installée sur la Station spatiale internationale, la mission, baptisée EMIT, était d’abord destinée à observer la façon dont le déplacement de poussières minérales affecte le climat. Il s’agit du « 1er d’une nouvelle classe de spectrographes imageurs destinés à observer la Terre », a souligné la NASA. Il a déjà permis d’observer plus de 50 « super-émetteurs » en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans le sud-ouest des États-Unis, a déclaré la NASA mardi 25 octobre. Ce sont généralement des sites liés aux secteurs des énergies fossiles, du traitement des déchets ou encore de l’agriculture. Certains des panaches détectés « sont parmi les plus grands jamais vus », a déclaré dans un communiqué Andrew Thorpe, du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA. Le méthane est responsable d’environ 30% du réchauffement de la planète. Même s’il reste beaucoup moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2, il a un pouvoir de réchauffement 80 fois supérieur sur une période de 20 ans.
Le Figaro du 26 octobre
La Russie met en orbite le 1er satellite de la constellation Sfera
Roscosmos Space Corp. a lancé le 1er satellite de la nouvelle constellation russe de communication et d’observation de la Terre Sfera. Le satellite Skif-D a été mis en orbite à bord d’une fusée Soyouz-2.1b depuis le port spatial de Vostochny, dans l’Extrême-Orient russe, le 22 octobre. En 4 heures environ, un booster Fregat l’a placé sur l’orbite circulaire finale à une altitude de 8 070 km. Il s’agissait de la 1ère mission de Vostochny cette année et la 17ème de la Russie. Le satellite de 160 kg mis au point par ISS-Reshetnev Co. est un démonstrateur qui permettra de tester les protocoles de communication pour la connectivité Internet à large bande et de déterminer une certaine fréquence orbitale. La future sous-constellation Skif devrait être entièrement déployée en 2027-2029. Elle sera composée de 12 satellites qui fonctionneront sur 3 plans orbitaux. Sfera disposera également de plus de 300 autres satellites de communication et de surveillance de la Terre, réunis dans un système d’information commun. La plupart d’entre eux seront mis en orbite en 2024-2026. Depuis 2005, 25 satellites ont été mis en orbite, tandis que la constellation Gonets-D1M est devenue opérationnelle en 2015.
Aviation Week du 26 octobre
Le rapport « Ambition NewSpace 2027 » propose des pistes pour aider la filière spatiale française
Le rapport « Ambition NewSpace 2027 », fruit des premières assises du NewSpace, auxquelles a participé le GIFAS et qui se sont tenues en juillet à Paris, a été publié cette semaine et fait une série de 24 propositions, réparties en 6 chapitres. Si de nombreux entrepreneurs, aux côtés des acteurs historiques, ont tiré parti de la diversification des applications commerciales de l’Espace et de l’abaissement des barrières d’entrée techniques et financières pour lancer des nouveaux produits et services ces dernières années, ce rapport entend permettre aux startups tricolores de jouer les premiers rôles au niveau mondial. L’écosystème rassemble en France un peu moins de 200 sociétés, qui évoluent dans le domaine des lanceurs (Latitude, Dark, Hybrid Propulsion), des systèmes orbitaux (U-Space, UnseenLabs, Prométhée), de l’exploration (Zephalto, Share MySpace) ou des services en aval (Kayrros, Space Sense). Les auteurs préconisent notamment la création d’un fonds souverain national (de l’amorçage à la série C) de 1 Md€, en liaison avec l’initiative Cassini de l’Union européenne. Ils souhaitent également la mise en place d’un mécanisme de type « pour un euro privé investi, un euro public », dont l’objectif serait de donner des garanties aux investisseurs privés. La réussite française dans le spatial passera aussi par un effort accru dans la formation des ingénieurs et une collaboration plus étroite entre les chercheurs et les startups. Enfin, le rapport préconise la création d’un Conseil national de l’espace (CNE), qui serait rattaché au Premier ministre et faciliterait l’organisation de la stratégie spatiale française.
Les Echos du 27 octobre