Management, congé menstruel, chaleur, temps partiel subi : où en est la France face à l’Europe ?

22/09/2025

Une note de l’Igas publiée le 15 septembre compare les politiques de qualité de vie au travail dans sept pays européens et pointe les lacunes françaises en matière de management. Reste à savoir si la négociation ad hoc voulue par François Bayrou sur ce sujet sera retenue par le nouvel exécutif.

Alors que le gouvernement Bayrou proposait, en juillet, aux partenaires sociaux de négocier sur la « modernisation » du marché de l’emploi et l’amélioration de la qualité de vie au travail, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié, le 15 septembre, une note comparative sur les bonnes pratiques européennes. Cette étude, commandée par le ministère du travail début 2025, examine les dispositifs mis en place en Allemagne, Espagne, Italie, Suède, Danemark et Royaume-Uni pour améliorer la qualité du travail et de l’emploi.

Le constat est sévère pour la France : “Lorsque l’on compare la situation de la France au regard de ses voisins, les pratiques managériales françaises ont une position peu flatteuse”, notent les auteurs. Une critique d’ores et déjà formulée dans un rapport du 28 mars. La reconnaissance du travail, “item déterminant de la qualité du management”, s’avère “beaucoup plus faible” qu’en Allemagne, Irlande, Italie ou Suède. La formation des managers est jugée “trop académique et peu tournée vers la coopération”.

Des seuils de température maximale dans 15 pays

L’étude révèle des disparités importantes dans la prévention des risques liés à la chaleur. 15 des 21 pays étudiés par l’Organisation internationale du travail (OIT) ont adopté des seuils de température maximale au travail, variant selon l’intensité des tâches : de 29 à 30 degrés pour les travaux de haute intensité, de 30 à 31 degrés pour ceux d’intensité modérée, et de 31,5 à 32,5 degrés pour les activités de faible intensité.

Les pays au climat tempéré, comme la Belgique et le Japon, utilisent des seuils plus bas (de 22 à 30 degrés), leurs populations étant moins acclimatées aux températures plus élevées. L’Espagne maintient les salaires en cas d’interruption du travail lors d’alertes météorologiques tandis que la Grèce impose l’arrêt de travail obligatoire lorsque certains seuils sont atteints et a développé une application smartphone pour évaluer l’indice de stress thermique.

Au niveau européen, aucun texte législatif ne traite ce sujet dans le détail. Cette lacune fait l’objet de “fortes critiques des syndicats européens réclamant une directive européenne urgente”.

Pour rappel, en France, un décret et un arrêté datés du 27 mai 2025 renforcent les obligations de l’employeur en cas de vague de chaleur, adaptation des horaires de travail, mise à jour du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), renforcement des mesures de protection, mise à disposition d’eau potable fraîche.

L’Espagne pionnière du congé menstruel

En matière de santé féminine au travail, seule l’Espagne a légiféré sur le congé menstruel. Depuis 2023, une autorisation d’absence rémunérée de trois jours peut être accordée par un médecin en cas de “menstruations invalidantes”, financée par la sécurité sociale. L’Espagne devient ainsi le premier pays européen à reconnaître ce droit, qui existe déjà au Japon, en Corée du Sud et en Indonésie.

Concernant la ménopause, de “nombreuses initiatives restent au stade de recommandations laissées à la libre initiative des entreprises” observe l’auteur du rapport.

L’Allemagne et la Suède, en pointe sur la codétermination 

L’analyse souligne que “c’est la place du dialogue social qui différencie les pays étudiés”. En Allemagne et en Suède, la codétermination “modèle véritablement le management et les pratiques managériales”. En Irlande, la proximité entre managers et salariés compense l’absence de représentation du personnel.

En France, le dialogue social a un “impact plus limité sur les pratiques managériales”. Les auteurs proposent plusieurs pistes : prolonger les débats des Assises du travail, ouvrir un accord national interprofessionnel sur le management, faire évoluer le système éducatif pour inclure la formation des managers aux risques psychosociaux ou encore inscrire les pratiques managériales dans les thèmes obligatoires du dialogue social sur la qualité de vie et des conditions de travail.

Des dispositifs innovants contre l’absentéisme

Pour prévenir l’absentéisme, l’Allemagne et l’Espagne ont mis en place des “bonus anti-absentéisme” par accords collectifs. En Allemagne, les employeurs participant à des programmes de santé peuvent recevoir un bonus exonéré d’impôts et de cotisations pouvant atteindre 255 euros par an depuis janvier 2022.

L’aidance mieux prise en compte à l’étranger

La prise en compte des aidants familiaux varie selon les pays : l’Espagne accorde cinq jours de congé rémunéré par événement grave, l’Italie trois jours, l’Allemagne dix jours. Certains pays proposent des congés non rémunérés avec compensation alternative, comme les indemnités communales en Suède ou des préretraites spécifiques en Italie. 

Le temps partiel subi mieux encadré aux Pays-Bas

Les Pays-Bas ont développé “l’un des dispositifs les plus protecteurs du temps partiel dans le monde”, selon l’OIT, avec un principe d’égalité de traitement et le droit de modifier ses horaires. Les employeurs ne peuvent rejeter les demandes de modification qu’en invoquant des raisons contraires aux intérêts de l’entreprise. L’Allemagne a également introduit en 1994 un droit au travail à temps partiel transitoire avec transfert de la charge de la preuve à l’employeur.

Cette étude comparative met en lumière les marges de progression importantes de la France dans plusieurs domaines, particulièrement en matière de pratiques managériales et de dialogue social. Reste à savoir si ces négociations verront bien le jour, avec le nouvel exécutif. D’ores et déjà, Patrick Martin, le président du Medef, l’avait qualifiée, fin août, de “fourre-tout“, tout en soulignant que son organisation était “totalement partant” sur certains sujets mais “plus réticent” sur d’autres.

Anne Bariet

L’INRS donne des conseils pour évaluer et prévenir les risques chimiques dans les laboratoires de prélèvements et d’analyses d’amiante

23/09/2025

Les laboratoires accrédités pour évaluer la présence d’amiante dans l’air et dans des matériaux présentent un risque chimique particulier pour les salariés que l’INRS analyse dans sa nouvelle brochure ED 6549. En effet, le personnel du laboratoire se trouve exposé à l’amiante aux trois étapes du processus : lors des prélèvements d’air ou de matériaux sur un site extérieur, notamment sur les chantiers, lors de la préparation et du traitement des échantillons d’analyse et lors du traitement des déchets d’amiante.

L’INRS préconise une série de mesures pour mieux évaluer les risques chimiques, définit les valeurs limites d’exposition professionnelle et rappelle les règles de prévention propres à l’exposition à l’amiante. Sont listées les mesures de prévention spécifiques pour ces laboratoires en termes d’organisation, d’hygiène, de suivi de l’état de santé et de formation des salariés. Outre l’obligation de ventilation, l’INRS précise plusieurs mesures de prévention pour chaque étape particulière de l’analyse de l’air ou du matériau (calcination, passage aux ultrasons, etc.). Les déchets pollués à l’amiante font l’objet d’un traitement spécifique.

Source : actuel CSE

Santé mentale : les professionnels RH en petite forme

25/09/2025

Le Baromètre de la santé mentale des professionnels des ressources humaines 2025 de Teale, plateforme de prévention en santé mentale (*), dresse un état des lieux alertant sur la situation des professionnels RH.

L’enquête pointe trois causes principales :

  • la surcharge de travail liée à l’élargissement constant du périmètre RH, sans moyens supplémentaires ; 
  • la pression psychologique forte face aux transformations du travail (inflation, restructurations, IA, tensions sociales) ; 
  • l’hyperconnexion qui brouille la frontière vie professionnelle/vie personnelle et entretient une disponibilité permanente.

L’estime de soi des professionnels RH recule fortement comme en atteste : 

  • un sentiment d’utilité en baisse : seuls 73 % jugent leurs activités importantes (-6 pts) et 75 % se disent fiers de leurs réalisations (-3 pts) ; 
  • la chute de leur reconnaissance : 64 % considèrent que leur travail est reconnu (-11 pts) ; 
  • un respect en recul : 77 % se sentent respectés au travail (-9 pts).

Les RH connaissent par ailleurs un épuisement émotionnel croissant. Les causes sont multiples : exposition constante aux émotions négatives (licenciements, conflits), solitude de la fonction, injonction à rester neutre et maîtrise émotionnelle insuffisamment accompagnée.

Plus inquiétant encore, 38 % des professionnels RH envisagent de quitter leur entreprise pour protéger leur santé mentale (+5 pts vs 2024).

(*) Etude réalisée entre août 2024 et juillet 2025 auprès de 1 120 professionnels RH, tous métiers et niveaux hiérarchiques confondus. Les résultats reposent sur le WHO-5 (OMS), l’indice propriétaire Teale et 10 questions organisationnelles inspirées du COPSOQ.

Source : actuel CSE

L’Anact publie un guide pour une évaluation genrée des risques professionnels

26/09/2025

L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, l’Anact, publie le premier guide méthodologique complet sur l’évaluation différenciée des risques professionnels entre femmes et hommes. Ce document vise à enrichir le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) en tenant compte des spécificités genrées.

Le guide s’adresse aux préventeurs, DRH, membres du CSE et spécialistes accompagnant les entreprises. Il répond à une obligation légale inscrite dans le code du travail depuis 2014, mais pour laquelle peu d’outils pratiques existaient jusqu’alors.

Les risques auxquels les femmes sont exposées restent “pour partie méconnus ou invisibilisés”, particulièrement dans les métiers à prédominance féminine et dans les secteurs masculins faute d’adaptation des conditions de travail. Le guide propose de prendre en compte deux dimensions : les expositions différenciées selon les métiers et parcours et les impacts différenciés sur la santé pour des raisons biologiques et sociales.

“Les démarches de prévention sont encore souvent pensées en fonction des métiers masculins”, souligne Caroline Gadou, directrice générale de l’Anact. Elle pointe la progression de la sinistralité et du taux d’absentéisme des femmes comme un signal d’alerte.

Le guide comprend des repères sur l’état des connaissances, des apports méthodologiques et sept fiches pratiques par famille de risques.

Source : actuel CSE