FO alerte sur les nouvelles méthodes du Conseil d’orientation des retraites

08/04/2024

Vers un organisme de “préparation des esprits à de nouvelles réformes” ? C’est ce que craint FO qui alerte sur le projet de nouvelles méthodes de travail du Conseil d’orientation des retraites (COR). En 2023, son président Pierre-Louis Bras avait contrarié la communication du gouvernement en indiquant que les dépenses de retraites étaient “relativement maîtrisées”. Dix mois plus tard, Pierre-Louis Bras était remercié. Gilbert Cette, qui dirigeait jusqu’à présent le groupe d’experts du Smic, a pris la tête du Conseil. Il préconise désormais une refonte de la présentation du rapport annuel remis en juin par le COR.

Il s’agit notamment de réduire le montant des hypothèses de productivité des salariés français (entre + 0,4 % et + 1,3 %, contre + 0,7 % à + 1,6 % jusqu’à présent). Un paramètre qui agit sur les montants des pensions et donc sur les dépenses du régime. Il est également question de travailler à partir d’un scénario unique alors que les rapports du COR ont toujours émis plusieurs scénarii possibles en fonction par exemple du taux de chômage et de la part des dépenses publiques dans le PIB. 

Pour FO, “cela aurait inévitablement pour effet d’évincer des scénarii par construction moins médiatisés et d’orienter davantage les choix politiques”, l’abaissement des fourchettes de productivité aboutissant “à afficher un système durablement déficitaire”. FO rappelle également que “la baisse récente de la productivité est pour partie le fait de l’apprentissage et d’une précarisation de l’emploi”. Bien que Gilbert Cette ait proposé de s’en tenir à une hypothèse de productivité de +1, la confédération réserve sa réponse pour l’instant. La CFTC et l’Unsa y semblent plus favorables, la CGT s’y oppose mais toutes les organisations syndicales vont désormais consulter leurs instances.

Source : actuel CSE

Engagement syndical en entreprise : 5 leviers pour attirer les jeunes

09/04/2024

L’association Réalités du dialogue social dévoile une nouvelle étude relative à l’engagement des jeunes. Ces derniers sont convaincus de l’utilité de syndicats mais s’engagent plus volontiers dans des associations. Pas de fatalité pour autant : les confédérations, les élus du personnel et les délégués syndicaux peuvent les impliquer en tenant compte de leur fonctionnement et de leurs aspirations. Il en va de même des employeurs qui favoriseraient ainsi leurs recrutements.

En novembre 2023, l’association Réalités du dialogue social (1) fournissait un baromètre de l’engagement syndical des jeunes. Ces résultats ont été enrichis des quatre conférences tenues en région en 2023 et des échanges en réunions internes. Le constat reste positif : il n’existe pas de divorce entre les syndicats et la jeune génération. Cependant, l’attrait des jeunes constitue un enjeu majeur notamment en raison de la limitation des mandats introduite par les ordonnances Macron de 2017. Les jeunes permettent au tissu militant de se renouveler et de porter la continuité des revendications. Selon Maud Stéphan, déléguée générale RDS, “il faut engager une démarche structurelle créant un sentiment d’appartenance et lever les freins à l’engagement”. Les jeunes aspirent à faire partie d’une tribu. Enregistrer de nouvelles adhésions à l’issue de la mobilisation contre la réforme des retraites ne sera donc pas suffisant : il faut les fidéliser en les impliquant et en tenant compte de leur manière de s’engager. 

Premier levier : fonctionner en mode projet

D’un côté, le prisme du temps long, de l’engagement syndical sur plusieurs années, avec des mandats de quatre ans et des organisations syndicales qui ont accompagné plusieurs générations de travailleurs. De l’autre, des jeunes qui souhaitent s’engager mais pour un temps court, en mode projet et pour une cause bien définie.  “Les jeunes mettent en avant qu’ils s’engagent par exemple dans des associations, pour des durées d’environ 6 mois puis repartent une fois leurs objectifs remplis. Les structures sont donc contraintes de s’y adapter en leur fournissant des projets clés en main pour une cause reliée à leur quotidien”, pointe Maud Stephan.

Les jeunes en début de carrière sont également plus mobiles, avec des changements d’employeurs et des contrats à durée déterminée plus fréquents que leurs aînés. De ce fait, leur horizon professionnel dépasse rarement les 3 ans alors qu’un mandat de représentation collective s’étend sur 4 ans. Sur ce point, il semble difficile de raccorder l’aspiration des jeunes et la pratique syndicale, le mandat des élus de CSE ou de délégué syndical nécessite un temps important d’apprentissage. RDS suggère donc d’envisager (comme c’est le cas en Belgique) des “mandats jeunes” de plus courte durée, et de poursuivre les expérimentations d’adhésion découverte de quelques mois, comme le teste régulièrement la CFDT.

Deuxième levier : s’emparer des sujets mobilisateurs

Selon l’association, les jeunes anticipent les impacts des transformations sociétales sur le dialogue social. 33 % d’entre eux se disent particulièrement sensibles à l’enchaînement des crises sanitaire, écologique, économique et géopolitique. Ils considèrent à hauteur de 28 % que les inégalités représentent la plus forte menace sur les relations sociales en entreprise. Réalités du Dialogue Social relève que l’engagement des jeunes aux mouvements Me too ou Black lives matter “a nécessairement des effets sur le monde du travail”.

Manque de visibilité et centralisation des actions sont les deux écueils 

L’association en déduit que le dialogue social doit aborder ces thèmes, de même que la défense de l’environnement, aujourd’hui prise en compte par les confédérations. Néanmoins, indique l’étude, les syndicats sont confrontés à deux écueils : le manque de visibilité de leurs actions et leur centralisation aux échelons fédéral et confédéral”. Il conviendrait donc de faire redescendre ces sujets au niveau des syndicats d’entreprise.

Troisième levier : intégrer les jeunes dans les actions syndicales

Afterworks, journées portes ouvertes, désignation d’ambassadeurs dans les universités, utilisation des réseaux sociaux… autant d’actions recommandées par l’association qui permettent d’aller à la rencontre des jeunes. Elle conseille également d’adopter leur langage afin de ne pas se trouver en décalage, et de communiquer via les réseaux sociaux sur les causes qui les mobilisent : “Aujourd’hui, les organisations syndicales axent leur message sur l’agenda social, les revendications ou les activités sociales et culturelles, et non sur des causes”, souligne l’étude.

De même, le livret de recommandations rédigé par la Confédération européenne des syndicats (2) recommande de rencontrer les jeunes en amont dans les écoles, les centres d’enseignement et de formation professionnelle, instaurer un tarif d’adhésion étudiant ou encore proposer des services dédiés aux jeunes sans emploi ou en emploi précaire.

Quatrième levier : informer et sensibiliser

Comme les Français plus âgés, les jeunes redoutent de payer le prix de leur syndicalisation : la crainte des représailles patronales déjà pointée depuis plusieurs années par le Défenseur des droits continue d’éloigner les jeunes des syndicats. Pour Réalitsé du Dialogue Social, la bonne information des jeunes sur le rôle des syndicats passe aussi par la formation des managers afin de “démystifier voire dédiaboliser le syndicalisme”. Certains directeurs de relations sociales ont fait remonter à l’association la nécessité d’intégrer l’information syndicale dès le parcours d’intégration des cadres car ils “ne disposent pas des clés de lecture des organisations syndicales et ont tendance à réfréner les ardeurs des jeunes”. Plusieurs pistes sont avancées : l’organisation de réunions entre les managers et les responsables de fédérations ou entre les représentants des directions et les représentants du personnel. Sur le syndicalisme de manière plus générale, l’association défend l’information des jeunes dès le parcours scolaire.

Cinquième levier : valoriser les parcours syndicaux

Le sujet est à l’agenda autonome des partenaires sociaux mais ces derniers restent pour l’instant mobilisés sur l’assurance chômage et la dernière négociation sur le pacte de la vie au travail. En attendant qu’ils s’emparent du sujet, l’association recommande de promouvoir les accords signés en entreprise et le travail des élus du CSE afin de faire connaître les réussites du dialogue social. Selon l’étude, “les possibilités de sortie de l’engagement syndical ne sont pas suffisamment reconnues pour constituer un facteur d’attractivité auprès des jeunes”. Sans compter qu’à la fin des trois mandats de CSE, le régime de protection contre le licenciement tombe après l’expiration d’un délai de six mois.

 Une bousculade des mandatés vers la négociation au détriment du CSE

Réalités du Dialogue Social constate également un phénomène inquiétant : une concurrence interne entre délégué syndical et élu de CSE, qui risque de conduire à un assèchement des candidatures aux élections de l’instance unique. L’étude indique que “les militants ont perçu qu’un négociateur est plus visible, notamment auprès du DRH, ce qui facilite les reconversions. Le délégué syndical central est évalué en permanence contrairement à ceux qui font fonctionner la section syndicale en interne – le trésorier, la communication… Cela amène à une bousculade des mandatés vers la négociation et pas nécessairement dans les CSE”. L’association suggère la signature d’un contrat entre l’employeur et l’élu du personnel sur la reconnaissance de son parcours.

La solution passera aussi par l’amélioration des conditions de travail des mandatés. Il semble illusoire de donner envie aux jeunes de s’engager s’ils perçoivent le mandat comme un fardeau. A ce titre, l’association formule plusieurs recommandations :

  • maintenir des espaces de dialogue informel entre direction et CSE ;
  • présenter en réunion des dossiers plus légers et intelligibles sur le plan technique ;
  • garder du temps sur le terrain afin de lutter contre la déconnexion des élus ;
  • prévoir des représentants de proximité en étudiant leur maillage territorial.

Ces axes de travail posent également la question cruciale du rôle des pouvoirs publics, qui depuis les ordonnances Macron et les tentatives de réduire le paritarisme à la portion congrue, semblent peu disposés à favoriser l’engagement syndical. Ce sont donc plus que jamais les élus et mandatés, appuyés par les unions locales et les fédérations, qui pourront se saisir de ces leviers et agir directement auprès des jeunes sur le terrain.

  1. Réalités du Dialogue Social est une association de réflexion comptant 400 membres (professionnels des ressources humaines et représentants du monde syndical des secteurs public et privé) visant la promotion du dialogue social en France.
  2. La CES regroupe la plupart des syndicats européens et représente les intérêts des travailleurs européens devant les institutions européennes.

Marie-Aude Grimont

“Taxe lapin” : la CGT dénonce “une fausse réponse aux vrais besoins d’accès aux soins”

11/04/2024

Le 6 avril dernier, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé la création d’une “taxe lapin” de 5 euros destinée à sanctionner les personnes qui n’honorent pas un rendez-vous pris avec un professionnel de santé. Pour la CGT, “cette pénalisation ne viendra pas pallier le manque de médecins et les déserts médicaux”, dénonçant une mesure “qui vise les seuls patients et assurés”. La confédération craint “une potentielle source de tensions entre les soignants et les patients” dans la mesure où les médecins pourront choisir d’appliquer ces frais ou pas. Elle déplore également un ensemble d’autres mesures en matière de santé comme “la délivrance de traitements spécifiques par les pharmaciens, le développement des assistants médicaux, l’accès direct à certains professionnels”.

Source : actuel CSE