La négociation des PSE de Valeo (1 230 emplois) commence le 10 décembre
02/12/2024
Les organisations syndicales vont négocier en décembre un accord de méthode afin de pouvoir disposer des moyens de discuter, à partir de janvier, les trois plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) de Valeo, qui a annoncé 1 230 suppressions d’emplois et des fermetures de sites. Des discussions jugées prématurées par la CGT qui conteste toujours le bien-fondé de cette restructuration.
La liste des entreprises qui engagent des restructurations et/ou qui sont en difficulté ne cesse de s’allonger.
Après Michelin (fermeture des usines de Cholet et Vannes, 1 250 emplois supprimés), Auchan (10 fermetures de magasin et 2 400 emplois supprimés), Arcelor Mitall (fermetures des sites de Reims et Denain, 135 emplois), sans oublier les difficultés de Vencorez et du Coq Sportif, c’est au tour de Valeo d’annoncer un PSE et des fermetures de sites.
Valeo (qui signifie “je vais bien” en latin) a rendu public le mercredi 27 novembre ce que la CGT appelle “un cadeau empoisonné de fin d’année à ses salariés” et la CFDT “un plan social d’envergure” et “une catastrophe”. Le sous-traitant automobile prévoit de supprimer 1 233 emplois, dont 806 sur le seul périmètre de Valeo Systèmes Thermiques, les premières fermetures devant intervenir courant 2025.
Fermeture de plusieurs sites alors qu’un PSE précédent n’est pas fini
“Les sites de La Suze-sur-Sarthe (306 salariés) et de La Verrière (365 salariés) seront purement et simplement fermés. Pour les salariés de La Verrière, des reclassements sont proposés sur les sites Cergy et Créteil, il n’y a aucune solution pour les salariés de La Suze-sur-Sarthe”, déplore la CFDT en soulignant que de nombreux autres sites sont touchés, le site de Saint-Quentin Fallavier devant perdre 93 % de son effectif, ceux de Limoges et Reims 28 % et 30 %, etc.
Cette annonce intervient alors que l’entreprise, comme le rappelle FO métaux, a un PSE en cours visant 80 emplois sur le site d’Amiens et que 400 postes ont déjà été supprimés en janvier sur les sites de R&D de Cergy, Créteil et La Verrière. Interrogé par France Bleu, le délégué CGT Freddy Léonardi fait le même constat : “Å Amiens, non seulement c’est un septième de l’effectif qui est supprimé, mais il y a déjà eu un PSE en 2023, qui n’est même pas fini. Il reste encore quatre personnes à sortir des effectifs. Un PSE n’est pas fini qu’on en a déjà un second. Donc c’était 89 emplois sur le PSE 2023/2024 et là c’est un PSE de 2024/2025 avec 97 personnes. C’est 200 personnes en deux ans”.
Un accord de méthode
La CFDT affirme que les élus du personnel ont alerté depuis plusieurs mois sur les risques liés à l’absence de nouveaux projets. Le syndicat dénonce “une stratégie de destruction de l’activité qui a été dissimulée sous un discours rassurant de la direction” : “Il apparaît de plus en plus évident que la stratégie de Valeo vise à réduire son empreinte industrielle et son pôle recherche et développement en France, mettant en péril près de 2 000 salariés”.
FO métaux dénonce également “un manque d’anticipation de la part de Valeo face aux transformations du secteur”, le syndicat appelant à “des solutions durables, permettant de conjuguer compétitivité, innovation et maintien des emplois en France” :
La négociation du PSE doit débuter le 10 décembre, du moins pour la partie intéressant les organisations syndicales. “Nous allons débuter par un accord de méthode sur chaque entité Mais la négociation proprement dite commencera en janvier”, nous précise Philippe Wattebled, délégué syndical central CFDT.
3 CSE concernés
Trois CSE sont impliqués dans cette restructuration (avec les entités électrification, embrayage, thermique) que les syndicats ne pensaient pas devoir être aussi importante. “Il faut tout mettre en œuvre d’abord pour reclasser un maximum de salariés en interne. Puis trouver les meilleurs moyens possible, en fonction des territoires, pour accompagner les salariés dont les emplois seront supprimés”, ajoute le DSC CFDT.
Il s’agira donc de trois consultations et de trois négociations différentes qui devraient durer 4 mois. “C’est notre décision. Chaque entité de Valeo n’a pas la même histoire ni les mêmes acquis ni les mêmes impacts avec cette restructuration”, commente Bertrand Bellanger, le coordinateur FO. Et ce dernier de conclure : “Nous allons tout essayer pour réduire le nombre d’emplois supprimés et tenter d’éviter des fermetures”.
La CGT entend contester les restructurations
Pour la CGT, qui avait lancé le 17 septembre dernier une grève à Valeo pour dénoncer le développement de sites de production à l’étranger et la menace sur l’activité en France, ces discussions sont prématurées dans une entreprise dont l’effectif français est passé de 15 000 à 12 000 personnes en deux ans.
“Nous contestons la stratégie d’accompagnement des autres organisations. Il n’est pour nous pas question de discuter d’un ou de plusieurs PSE. Nous nous opposons à ces fermetures de site et à ces licenciements”, nous dit Patrice Caux, coordinateur CGT. Là où c’est possible, ajoute-t-il, une lutte intersyndicale sera organisée. En attendant, le syndicat appelle les salariés à faire grève le 12 décembre pour la journée d’action sur l’industrie décidée par la CGT.
Car pour Patrice Caux, ce n’est pas la mauvaise santé économique de Valeo qui est à l’origine de ces restructurations : “Nous avons un carnet de commandes bien rempli sur l’électrique par exemple. Et Valeo prévoit une nouvelle croissance de son chiffre d’affaires et de ses résultats en 2024 et 2025. Le problème, c’est que l’entreprise a accompagné la délocalisation à l’étranger des constructeurs automobiles. En France, nous n’avons plus que deux grandes sites avec Angers et Etaples, qui emploient 1 100 salariés chacun. Mais même dans ces sites, et hors PSE, l’emploi est supprimé avec une baisse du nombre d’intérimaires”. Et le responsable syndical, qui se réfère aux aides publiques perçues par l’entreprise (Crédit d’impôt recherche, APLD, etc.), d’en appeler à l’exécutif : “L’Etat doit mettre son grain de sel dans ces affaires !”
Bernard Domergue
Départ de Carlos Tavares de Stellantis : la CFE-CGC réclame le retour à “une politique sociale de bon niveau”
03/12/2024
C’est par un communiqué diffusé dimanche 1er décembre à 20h40 que Stellantis a officialisé le départ anticipé et immédiat de son directeur général, Carlos Tavares. À l’instar de la CFE-CGC, les organisations syndicales ont réagi en rappelant “les défis interne et externe pour la filière automobile” et le besoin d’un retour à “une politique sociale au bon niveau” avec “des modes de management plus à l’écoute” de la part du futur patron.
La CFE-CGC demande également, “devant l’ampleur de l’impact de la transformation sur les salariés”, un accompagnement “solide” de la transition “avec notamment un maintien des activités actuelles thermiques en France et le renforcement des plans d’accompagnement pour ne pas aggraver l’impasse sociale, une diversification des activités en identifiant dès maintenant de nouvelles activités pour chaque site concerné et les investissements nécessaires, un développement des activités de R&D en France notamment sur les domaines stratégiques, un accompagnement des salariés avec une politique de formation et de reconversion forte et ambitieuse vers de nouvelles compétences indispensables à la création de la filière automobile de demain”.
Source : actuel CSE
La CFDT réclame une “large concertation sur l’emploi et les reconversions”
04/12/2024
Lors d’une conférence de presse centrée sur l’action de ses délégués syndicaux dans les restructurations et PSE en cours en France, la CFDT a réclamé hier la tenue d’une “large concertation sur l’emploi et les reconversions”, “afin d’en finir avec les politiques sociales low-cost”, selon les mots de sa secrétaire générale. “Chez Michelin et ailleurs, la CFDT avait fait des propositions depuis plusieurs années. Mais les employeurs préfèrent dialoguer avec nous, quand on est au pied du mur, et qu’on en est à discuter des conditions de départ ou reclassement très minimaliste”, a déploré Marylise Léon.
Cette dernière suggère :
- “d’obliger les entreprises à mobiliser tous les outils existants permettant d’éviter les licenciements” ;
- de “créer des droits socles universels de reconversion pour les travailleurs dont les postes sont supprimés” ;
- de “responsabiliser les employeurs sur les aides publiques perçues” notamment en refusant d’homologuer les PSE des entreprises n’ayant pas rendu public le bilan de ces aides ;
- “d’interdire les fermetures de site ou d’établissement qui n’ont pas entrepris en amont tous les efforts de recherche d’un repreneur”
- Sur le risque de censure du gouvernement de Michel Barnier, la secrétaire générale de la CFDT a estimé : “M. Barnier a-t-il réellement eu l’intention de dialoguer avec tout le monde ? Il a donné l’impression de chercher l’assentiment du RN. Il a cru pouvoir construire un accord avec eux. C’est un échec, mais pas une surprise (..) Ce que ça veut dire, c’est que les problèmes des salariés passeront après, qu’on repart sur une période d’instabilité, et qu’il n’y aura pas de réponses prioritaires pour eux et elles”.
Interrogée sur le projet d’une nouvelle APLD rebond qui inciterait les employeurs à former les salariés en activité partielle, Marylise Léon a jugé : “Il y a encore trop peu de personnes en formation lors de l’activité partielle longue durée (APLD). On veut pouvoir peser. Il faut que ce soit un objet de dialogue social dans les entreprises, en terme de maintien de l’emploi”.
Constatant d’autre part que l’agrément de l’accord sur l’assurance chômage est en cours d’instruction, la dirigeante syndicale a demandé au Parlement et au futur gouvernement de transposer les autres accords des partenaires sociaux sur les CSE et les seniors.
Enfin, la CFDT a profité de l’occasion pour annoncer qu’elle quittait le réseau social X (ex-Twitter) : “En raison de nombreuses dérives de Twitter/X depuis son rachat par Elon Musk, il n’est plus possible pour la CFDT de continuer à s’y exprimer. Nous avons pris la décision de ne plus publier ici”.
Source : actuel CSE
Dans un communiqué intersyndical, 8 organisations demandent des mesures de justice sociale et fiscale
06/12/2024
Dans un communiqué commun, huit organisations syndicales ont réagi hier soir à la situation provoquée par la censure du gouvernement Barnier (*).
“Notre pays bascule dans une période d’instabilité forte (..) Nos organisations (..) regrettent que les enjeux sociaux soient remisés au second plan. Les attentes des travailleuses et travailleurs que nos organisations portent chaque jour demeurent plus que jamais d’actualité. Il y a urgence à ce que leur parole soit entendue et mieux prise en compte. Il est impératif que des réponses concrètes soient apportées rapidement”, écrivent les syndicats.
Ceux-ci citent notamment :
- les salaires et le pouvoir d’achat des salariés ;
- l’égalité réelle entre femmes et hommes ;
- l’abrogation de la réforme des retraites ;
- la préservation du modèle social français ;
- la politique industrielle, etc.
Les organisations syndicales demandent “la construction d’un budget de l’Etat et de la Sécurité sociale guidés par des mesures de justice sociale et fiscale” et elles appellent “le chef de l’Etat et l’ensemble des acteurs à faire primer l’intérêt général sur leurs intérêts individuels ou partisans de court terme”.
(*) CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Solidaires, FSU, Unsa
Source : actuel CSE