Retraites : 61 % des Français veulent un retour à 62 ans d’âge légal

23/04/2025

La CGT a commandé à l’institut Ifop un sondage sur les retraites. Il en ressort que 61 % des Français interrogés souhaitent un retour à l’âge légal de départ en retraite à 62 ans, au lieu des 64 ans issus de la réforme des retraites de 2023 (et 56 % pour un retour à la retraite à 60 ans). Ils sont également 68 % à avoir répondu favorablement à l’organisation d’un référendum portant sur la réforme Macron. Dans ce cadre, 56 % voteraient en faveur d’une abrogation de la réforme. 50 % des répondants se disent par ailleurs inquiets sur leur départ en retraite (ils n’étaient que 30 % en 1971).

Alors que la capitalisation doit être abordée jeudi prochain dans le cadre des concertations en cours entre syndicats et patronat, seulement 29 % des personnes interrogées déclarent faire confiance à ce système. 

La CGT a commenté ces résultats en ces termes : “Le sondage vient confirmer ce que demande la CGT depuis 2 ans (…). Et contrairement à la doctrine que le gouvernement et le patronat tentent de nous imposer, les Français sont très majoritairement favorables aux propositions de la CGT de financement du système de retraite par répartition”.

Source : actuel CSE

Emploi dans l’automobile : une intersyndicale adresse un courrier aux parlementaires européens

24/04/2025

Olivier Lefebvre, Paul Ribeiro, Cyril Vincent, Frédéric Vion, Benoît Ostertag

Mercredi 23 avril, une intersyndicale CFDT, CGT, CFE-CGC et FO a signé un courrier commun adressé aux parlementaires européens. Cette lettre les invite à intervenir dans le cadre de l’adoption du paquet Omnibus afin de préserver l’emploi, la sous-traitance et le secteur automobile dans son ensemble en Europe.

Une opération de lobbying commence. Face aux transformations majeures de l’industrie automobile, des enjeux de transitions écologiques comme d’emplois auxquels s’ajoute un climat commercial de plus en plus tendu à cause des droits de douane, les organisations syndicales de la métallurgie veulent réagir peser au niveau européen.

Dans un courrier signé hier et qui sera adressé en fin de semaine aux parlementaires français et étrangers des trois commissions du Parlement européen concernées : social/emploi, industrie et économie. Le document sonne comme une réponse au plan présenté le 6 mars dernier par la Commission européenne et qui propose aussi des aménagements au bénéfice des constructeurs automobiles.

Exiger 40 à 50 % de valeur européenne du véhicule

L’idée est de saisir l’opportunité du “paquet Omnibus” pour obtenir des contreparties à l’encontre des constructeurs automobiles. Ce bloc de modification de quatre directives européennes permet en effet de donner un peu d’air aux constructeurs, notamment sur les aspects de réglementation de durabilité et de décarbonation. Les organisations syndicales déplorent donc l’absence de contreparties exigées des constructeurs en particulier sur l’emploi. Une idée qui rejoint celle de conditionnalité des aides publiques défendue pour la France par les principales confédérations.

Ils proposent donc que le paquet Omnibus reprenne leur proposition : que 40 à 50 % de la valeur des composants d’un véhicule (hors batterie) assemblé en Europe soit d’origine européenne”, indique le courrier”. L’objectif est de maintenir une activité de sous-traitance automobile européenne, comme l’explique Cyrille Vincent, secrétaire national CFE-CGC : “Quel que soit le pays, nous constatons des entreprises en souffrance car les donneurs d’ordre privilégient la sous-traitance hors Europe”.

Le courrier exige donc “des mesures fortes pour garantir un avenir durable aux travailleurs des entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur de l’industrie automobile et notre souveraineté dans ce secteur”. Pour Olivier Lefebvre, secrétaire fédéral FO Métaux, “il s’agit d’obtenir une véritable stratégie industrielle et une véritable planification”. Paul Ribeiro (FO Métaux également) ajoute : “La vraie question à se poser, c’est veut-on encore une industrie en Europe, de la mobilité, des compétences dans tous les domaines ?”.

13 millions d’emplois en Europe

Cette intersyndicale n’est pas seule dans sa démarche. Benoît Ostertag, secrétaire fédéral CFDT, souligne que “la demande est cohérente avec la stratégie d’IndustriAll* dont la prise de position de fin novembre 2024 a sonné un cri d’alarme des travailleurs de l’industrie automobile”. Selon le courrier adressé aux parlementaires européens, le secteur pèse 13 millions d’emplois en Europe et contribue au produit intérieur brut (PIB) de nombreux pays.

(*) Fédération syndicale internationale créée en 2012 et représentant 140 pays dans les secteurs minier, énergétique et manufacturier.

La question de la formation et de la reconversion de ces salariés de l’automobile pointe en arrière-plan. Selon les syndicats, de nombreux travailleurs sont orientés vers l’aéronautique et la défense. Frédéric Vion (CFE-CGC) pointe que 70 000 emplois ont déjà été perdus en dix ans, en particulier chez les constructeurs et désormais les équipementiers, et Olivier Lefebvre (FO) souligne que chez Stellantis ou Renault, des ruptures conventionnelles collectives (RCC) ont permis de réduire les effectifs avec des mesures de formation sur le long terme. En revanche, chez les équipementiers, les plans de sauvegarde de l’emplois sont actés de manière brutale (chez Valeo par exemple).

Si le représentant de la CGT n’a pas pu être présent lors de la signature du courrier, il nous expliquait en novembre 2024 lors d’une interview que l’une des facettes du problème automobile en France et en Europe provient des politiques de marges des constructeurs. Ces derniers préfèrent en effet des marges importantes sur des véhicules haut de gamme à des ventes à tarif plus bas et visant les classes moyennes mais avec des marges moindres. Là où le bât blesse, c’est que la guerre de droits de douanes enclenchée par les Etats-Unis risque de pousser la Chine à écouler sur le marché européen des véhicules hybrides à très faible coût. Avec des conséquences sociales et industrielles désastreuses pour la France et l’Europe.

C’est pourquoi, l’intersyndicale tente également d’impliquer les syndicats européens, notamment avec l’Italie. Côté patronal en revanche, les réactions semblent timides. Selon Frédéric Vion (CFE-CGC), l’UIMM ne serait pas alignée avec les autres organisations. Le sujet doit selon lui agiter des débats en interne, notamment “parce que beaucoup de petites entreprises peuvent se trouver sur la sellette”.

Pour l’heure, après l’envoi de ce courrier en fin de semaine, les représentants syndicaux comptent rencontrer des parlementaires à Bruxelles et Strasbourg, avant le vote du paquet Omnibus qui ne cesse d’être reporté. Les textes doivent encore franchir le Parlement et le Conseil européens avant d’être transposés en droit français. Pour l’instant, une seule directive a été publiée (lire notre brève dans cette même édition) au Journal officiel de l’Union européenne du 14 avril 2025.

Quel rôle pour les Comités d’entreprise européens ?
Nous avons demandé à l’intersyndicale leur avis sur l’apport des comités d’entreprise européens des constructeurs automobiles. Dépourvus de moyens et de possibilité d’agir en justice, les CEE font d’ailleurs l’objet d’un projet de réforme. Cyrille Vincent (CFE-CGC) redoute de toute façon les délais de transposition de la directive réformant le régime des CEE : “Il faudra ensuite attendre le renouvellement de l’instance dans les 4 ans, ce n’est pas notre échelle de temps. Si on n’intervient pas rapidement les emplois et le savoir-faire seront partis ailleurs et tout sera perdu”.

Paul Ribeiro (FO) voit dans les CEE “un instrument qui permet à ceux qui sont organisés de faire pression sur les directions mais ils ne constituent pas une instance décisionnelle, la décision reste aux mains de l’employeur. C’est déjà un outil pour échanger mais beaucoup reste à faire”.

Pour Benoît Ostertag (CFDT), “face à la menace il faut de toute façon une réponse européenne. Les CEE permettent de se parler et d’essayer d’éviter que dans un groupe transnational, certains favorisent leur propre pays”.

Marie-Aude Grimont