Le CNES fait voler un ballon stratosphérique au-dessus de l’Atlantique Nord

Entre le 22 et le 26 juin, un ballon stratosphérique du CNES a traversé l’Atlantique Nord, d’Est en Ouest, au gré des vents, avec à son bord des instruments scientifiques. Il s’agit d’une première, organisé dans le cadre de la campagne scientifique « Transat 2024 ». Le vol a démarré le 22 juin depuis la base Esrange de Kiruna, en Suède, à 200 km au nord du cercle polaire arctique. Il s’est achevé dans le nord du Canada, 3 j et 17 h plus tard. Le ballon de 800 000 m3, fourni par la société toulousaine Hemeria, est capable d’emporter une charge utile de 900 kg, soit 25 instruments scientifiques, à une altitude moyenne de 40 km. L’activité BSO (Ballon Stratosphérique Ouvert) du CNES a démarré en 1964, avec la création d’un centre d’opérations à Aire-sur-l’Adour, dans les Landes. Plusieurs dizaines de ballons y étaient alors lâchés chaque année, puis leur nombre a progressivement diminué, jusqu’à s’arrêter en 2007, en raison de la réglementation et de la densité croissante de population dans la région.

Air & Cosmos du 2 juillet

Simera Sense s’installe à Toulouse pour développer ses caméras optiques haute résolution

La société sud-africaine Simera Sense s’installe à Toulouse pour développer des caméras optiques haute résolution à destination des petits satellites. Fondée en 2018 à Cape Town où elle emploie une cinquantaine de personnes, l’entreprise a levé 13,5 M€ au printemps. Elle a déjà fabriqué une soixantaine de caméras, dont 19 sont déjà en orbite, et 43 livrées et en attente de lancement pour Loft Orbital, Prométhée Earth Intelligence, AAC Clyde Space, Open Cosmos, OHB Systems AG, etc. Ses clients sont en majorité basés en Europe, à l’image de la startup californienne Loft Orbital qui a dépassé la centaine de collaborateurs à Toulouse ou de l’Aixois Prométhée. Actuellement, le marché de l’imagerie très haute résolution est dominé par Airbus, avec Pléiades Neo, et l’Américain Maxar, qui ont déjà envoyé des satellites d’une résolution de 30 centimètres. Simera Sense s’adresse aux petits satellites, là où les poids-lourds du spatial parient sur des satellites plus imposants (920 kg pour un Pléiades Neo). La société compte recruter 4 à 7 collaborateurs d’ici la fin de l’année et les effectifs devraient ensuite doubler en 2025. Kammy Brun, directrice générale de la filière française, qui a notamment été co-présidente de l’antenne parisienne de l’association Women In Aerospace espère attirer un certain nombre de femmes dans ses effectifs.

La Tribune du 2 juillet

La fusée Ariane 6 parée au décollage

Le centre spatial guyanais à Kourou s’apprête à lancer pour la 1ère fois la fusée Ariane 6 le 9 juillet prochain, qui doit redonner à l’Europe un accès indépendant à l’espace. « Ariane 6 est cruciale pour l’Europe », a prévenu Joseph Aschbacher, directeur général de l’ESA. Une « répétition humide » a eu lieu fin juin, au cours de laquelle toutes les procédures jusqu’au moment d’allumer les moteurs de la fusée sur son pas de tir ont permis de lever les dernières inconnues. « Ça s’est très bien passé, comme une horloge suisse », confie Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial à l’ESA, « il n’y a pas de point critique qui mette en question la date de lancement ». Le lanceur étant d’ores et déjà qualifié au sol, le vol inaugural sera « une démonstration que tous nos modèles thermiques et mécaniques fonctionnent », explique Toni Tolker-Nielsen. La fusée emportera 18 « passagers », des microsatellites d’universités et des expériences scientifiques. « C’est le début de la phase d’exploitation », annonce Franck Huiban, directeur des programmes civils d’ArianeGroup, le maître d’œuvre industriel. Ariane 6 a été prévue pour permettre 12 lancements par an, avec un 1er palier à 9 lancements.

Le Monde et Sud-Ouest du 3 juillet

Paidoyer pour préserver l’ISS en la plaçant sur une orbite plus élevée

Dans une tribune au journal Le Monde, 2 anciens dirigeants de la NASA et de l’Agence spatiale européenne (ESA) proposent de transférer la Station Spatiale Internationale (ISS), pour éviter sa destruction, après l’arrêt de ses activités en 2030. L’ISS est aujourd’hui une structure de 450 tonnes impliquant plusieurs dizaines de milliers de personnes travaillant ensemble sur 3 continents. Compte tenu de son vieillissement, des budgets élevés nécessaires à la poursuite de son exploitation et de la perspective d’alternatives privées moins coûteuses, les partenaires envisagent de cesser les opérations de cette station d’ici à la fin de la décennie. Le plan actuel est de désorbiter l’ISS de manière contrôlée. A cette fin, un appel d’offres pour un « étage de désorbitation » a été lancé par la NASA, qui a annoncé en avoir confié la réalisation à SpaceX, pour un montant de 843 M$. « La détruire serait une perte inutile pour l’avenir. Nous proposons plutôt de préserver la valeur de l’ISS en la plaçant sur une orbite plus élevée pour que les générations futures puissent décider de la meilleure façon d’utiliser les 450 tonnes de matériel déjà présentes dans l’espace », plaident les signataires. « Nous pensons que l’ISS fournira aux générations futures la demi-kilotonne de ressources spatiales la moins chère à laquelle l’humanité aura accès ». A des altitudes plus élevées, la durée de vie orbitale serait effectivement de plusieurs décennies.

Le Monde du 3 juillet

Une fusée chinoise Tianlong-3 décolle par erreur lors d’un essai statique et s’écrase

Dimanche 30 juin, une fusée de type Tianlong-3 (Dragon céleste 3) s’est écrasée dans les montagnes chinoises après avoir décollé de manière totalement accidentelle lors d’un essai statique de mise à feu. Aussi appelé tir statique, il s’agit d’une étape cruciale lors d’un lancement de fusée, qui intervient normalement peu de temps avant le jour du décollage. Il consiste simplement à imiter la mise à feu de la fusée, mais sans que celle-ci ne décolle car fermement ancrée à son pad de lancement. Cette étape permet de vérifier le bon fonctionnement de la fusée au moment de son décollage. L’incident a eu lieu dans le centre de la Chine, près de la ville de Gongyi. Space Pioneer aussi connue sous le nom de Beijing Tianbing Technology, a précisé que la fusée a quitté son pad de lancement à cause d’une défaillance structurelle. Sur des images impressionnantes, on peut voir la fusée s’élever dans les airs avant de perdre en puissance rapidement, se retourner puis s’écraser. Les autorités et les médias chinois ne font état d’aucune victime après ce test raté. Un incendie s’est tout de même déclaré après l’explosion, qui a eu lieu à 1,5 km au sud-ouest de la plateforme de lancement.

Ensemble de la presse du 2 juillet

Le satellite Sentinel-2C d’Airbus en partance vers Kourou

Airbus a annoncé que son satellite Sentinel-2C, le 3ème du programme Copernicus, est sur le point d’être expédié vers le centre spatial européen en Guyane. Il a auparavant été transporté de son site de Friedrichshafen jusqu’à Brême le 2 juillet. Le conteneur a été chargé sur Canopée, le cargo à voile spécialement conçu pour transporter les éléments de la fusée Ariane 6 depuis les ports européens jusqu’au Centre Spatial Guyanais, où il arrivera dans environ 2 semaines. Des activités seront menées à Kourou afin de préparer Sentinel-2C au lancement sur la dernière fusée Vega opérée par Arianespace en septembre. La mission Sentinel-2 contribue à gérer la sécurité alimentaire en fournissant des informations au secteur agricole.

Ensemble de la presse du 4 juillet

Interview d’Eva Berneke, directrice générale d’Eutelsat : « L’Europe est en retard, il faut revenir dans la course »

Le journal Le Monde publie une interview d’Eva Berneke, directrice générale d’Eutelsat, l’opérateur français de satellites. La dirigeante du numéro 3 mondial du secteur revient sur l’ascension de SpaceX et Starlink, qui rebattent les cartes de la compétition mondiale et fragilise l’Europe de l’espace. « Elon Musk dispose de subventions considérables et peut réagir très rapidement, car il contrôle toute la chaîne, allant de la fabrication des fusées, des satellites et des terminaux jusqu’à la mise en orbite et le service. C’est une grande différence avec nous, les opérateurs classiques : nous assurons uniquement l’exploitation des satellites que nous achetons, ainsi que les terminaux, et réservons des créneaux de lancement », analyse-t-elle. Pour réagir face à SpaceX, la question est de savoir « si nous serons capables d’industrialiser la chaîne spatiale en Europe pour produire des milliers de satellites, et rester compétitifs », explique Eva Berneke. « C’est ce virage qu’il faut amorcer, sinon nous risquons de courir toujours derrière les courbes de coûts de SpaceX », poursuite elle, avant de prévenir : « Falcon-9 avait déjà réduit les prix de 50%, Starship va les emmener encore plus bas, d’au moins 30% à 40% ». Pour réagir chacun tente de s’adapter, Eutelsat a racheté en 2022 la constellation de satellites OneWeb, qui diffuse l’Internet haut débit. Enfin, l’arrivée d’Ariane 6 est attendue : « Nous avons d’autant plus hâte que nous avons été le 1er opérateur à signer un contrat dès le lancement du projet, en 2014 », rappelle Eva Berneke.

Le Monde du 4 juillet

Après la crise des lanceurs, l’Europe est confrontée à la crise des satellites

Alors qu’Ariane 6 est enfin prête à décoller, mettant fin à la crise des lanceurs, Airbus Space et Thales Alenia Space (TAS), leaders des satellites de télécoms, sont en difficulté. Une recomposition de la filière semble inéluctable, relate le journal Le Figaro. « Nous n’avons pas d’inquiétude particulière même si, pour un 1er vol, une part de risque est là », a expliqué Philippe Baptiste, président du CNES, au sujet du vol inaugural d’Ariane 6 prévu le 9 juillet. Il rappelle tout de même que 47% des vols inauguraux se solderaient par un échec, à l’instar de celui de la fusée japonaise H3, qui a explosé en vol en mars 2023. En plus du récent revirement d’Eumetsat, l’Europe est aussi confrontée à une crise des satellites. Airbus a passé 1,5 Md€ de provisions, dont 900 M€ au titre du 2nd trimestre 2024, pour couvrir les pertes de « certains programmes spatiaux de télécoms, de navigation et d’observation » d’Airbus Space. De son côté, TAS a engagé un plan de 1 300 suppressions de postes, sur 8 800 au total. Airbus Space et TAS, qui dominaient le marché des satellites de télécoms géostationnaires, ont été rattrapés par la chute des prix et de la demande, ainsi que par l’arrivée des constellations d’internet haut débit. Aussi une recomposition de la filière est possible. Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus, déclarait fin juin : « Nous évaluons toutes les options stratégiques pour renforcer nos activités spatiales à l’avenir, y compris les restructurations potentielles ». La recomposition d’Airbus Space et de TAS, comme « un copier-coller du modèle SpaceX en Europe ne me paraît pas possible », insiste Stéphane Israël, président d’Arianespace. « Iris 2, la future constellation souveraine européenne, est une forme de réponse à la mode européenne. Iris 2 prévoit de fédérer autour du projet, les opérateurs et les constructeurs de satellites ainsi qu’un lanceur de référence, Ariane 6 », conclut-il.

Le Figaro du 4 juillet

Airbus remporte un contrat de 2,1 Md€ pour la construction de satellites militaires allemands

En pleine réflexion sur la future réorganisation de sa branche spatiale, après l’adoption d’une nouvelle provision de 900 M€, Airbus a annoncé jeudi 4 juillet une commande de l’armée allemande (Bundeswehr) pour la construction et l’exploitation de satellites de télécommunications. Ce contrat représente un montant global de 2,1 Md€ en vue de la maîtrise d’œuvre de 2 satellites SatcomBw 3, à déployer avant la fin de la décennie en orbite géostationnaire. Pendants allemands des satellites français Syracuse, britannique Skynet ou italien Sicral, les satellites SatcomBw 3 seront construits à partir de la plateforme Eurostar Neo d’Airbus et « disposeront de capacités étendues pour suivre l’évolution rapide de la numérisation et l’augmentation constante du volume de transfert de données requis », détaille Airbus. Le contrat délègue à Airbus la maîtrise d’œuvre de 2 satellites, mais aussi du segment sol, soit les stations de réception et de suivi, ainsi que les essais, le lancement et l’exploitation pendant 15 ans. L’Allemagne a émis certaines conditions afin de faire travailler son industrie spatiale nationale. La Bundeswehr exige ainsi que le cœur du système, notamment le guidage et l’intégration des charges utiles très avancées, les panneaux solaires et l’opération générale du satellite, soient réalisés en Allemagne. L’un des satellites pourrait également être sous-traité à OHB.

Ensemble de la presse du 5 juillet

6 mois après leur lancement, 2 satellites allemands de type SARah ne sont toujours pas opérationnels

Les capacités allemandes en matière d’imagerie radar sont actuellement en mauvaise posture. Lancés le 24 décembre par SpaceX, 2 satellites de type SARah, confiés au constructeur allemand OHB n’ont toujours pas été mis en service. Ces satellites sont censés observer la Terre non seulement avec une caméra, mais aussi avec un radar, ce qui permet de prendre des photos, même la nuit ou par temps nuageux. Le 1er satellite du programme, SARah 1, construit par Airbus et lancé en juin 2022, est actuellement en service. Les 2 autres, SARah 2 et SARah 3 sont équipés de réflecteurs radar à synthèse d’ouverture passifs. Le programme avait été lancé en 2013 par la Bundeswehr afin de remplacer la constellation SAR-Lupe. Le programme SARah, dont le coût avait été estimé à environ 800 M€, était considéré comme la pièce maîtresse de la modernisation du renseignement stratégique de l’armée allemande. Or, plus de 6 mois après leur lancement, ces satellites, supposés avoir une durée de vie de 10 ans, ne parviennent pas à déployer leurs antennes. Les ingénieurs ont imaginé plusieurs solutions pour y remédier, comme la réinitialisation du logiciel de vol et plusieurs manœuvres pour déplier les antennes récalcitrantes, mais aucune n’a fonctionné. De plus, selon l’hebdomadaire Der Spiegel, le déploiement des antennes de ces 2 satellites, construits par OHB-System, n’aurait pas été testé au sol. Tant qu’ils ne seront pas opérationnels, l’industriel en gardera la propriété et l’armée allemande n’aura pas à les payer. Les anciens satellites SAR-Lupe, lancés en 2007, continuent de fournir des images, mais arriveront bientôt au bout de leur durée de vie.

Les Echos du 5 juillet