5ème Baromètre Syndex : renforcer le poids de l’avis du CSE devient une priorité pour les élus
31/01/2023
La conférence de restitution des résultats du baromètre, 30 janvier 2023
Le cabinet Syndex a présenté hier son 5ème baromètre du dialogue social. Si les élus sont plus optimistes, ils rencontrent toujours des difficultés à exercer leur mandat. Le télétravail les éloigne des salariés et ils peinent à recruter de nouveaux élus pour prendre la relève. Toujours défiants vis-à-vis des dirigeants, les élus voudraient voir renforcé le poids de l’avis du CSE.
Colère et déception des élus, crispation du dialogue social, moindre prise en compte des conditions de travail et des sujets de santé… Depuis cinq ans, le cabinet Syndex en partenariat avec l’Ifop sonde un large échantillon d’élus de CSE (917 personnes interrogées), de salariés et de dirigeants sur leur perception de la nouvelle instance, via son baromètre annuel (1).
Le nouveau cru présenté hier s’inscrit dans la continuité des précédents : si les élus sont légèrement plus optimistes, ils restent dans un état d’esprit négatif sur la fusion des instances de représentation du personnel. Par ailleurs, l’écart de perception du dialogue social se creuse entre élus et dirigeants. Enfin, les élus appellent de leurs vœux une meilleure prise en compte de leur avis.
Renforcer le poids des avis de CSE
82 % des élus souhaitent un renforcement du poids de l’avis du CSE. Un constat du baromètre confirmé par Virginie Gaillard, secrétaire du CSE de l’ADIE, association qui finance des projets de création d’entreprises, invitée à la présentation du baromètre : “Les salariés ne comprennent pas qu’après notre avis négatif, l’employeur lance quand même son projet”.
Claire Morel et Nicolas Weinstein, directeurs du cabinet d’expertise Syndex, relèvent aussi qu’en pratique, les directions ne tiennent que très rarement compte de l’avis du CSE, et que cela entretient la fatigue des élus qui ont le sentiment de se battre pour rien. En miroir, seulement 21 % des dirigeants interrogés sont favorables à un renforcement de l’avis du CSE. 32 % des élus qui ne souhaitent pas se représenter aux prochaines élections citent comme motif de départ que la direction ne prend pas suffisamment en compte leur avis. L’ensemble des élus interrogés attribuent une note de 5,3/10 à l’attention portée à leur avis par la direction.
Des élus plus optimistes mais toujours déçus
C’est une première en cinq ans d’étude : 20 % des élus se disent plus optimistes, en hausse de 4 points par rapport à l’enquête précédente. Même constat sur la motivation : 30 % d’entre eux sont motivés, en hausse de 5 points. Au total, 55 % déclarent ressentir un état d’esprit positif, et 39 % se disent déterminés. Une légère amélioration morale qui ne doit pas occulter la déception dominante. 86 % des élus présentent un état d’esprit négatif (en recul de 5 points). 60 % d’entre eux sont fatigués, 32 % en colère, 42 % déçus et 50 % inquiets.


Une pénurie d’élus ?
93 % des élus interrogés rencontrent des difficultés à recruter de nouveaux salariés pour renforcer leurs rangs. De plus, un quart d’entre eux n’ont pas l’intention de se présenter aux prochaines élections, principalement en raison du temps qu’exige leur fonction (pour 43 %), pour cause de départ en retraite (37 %) ou à cause du manque de considération de la direction à leur égard (32 %). Selon Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, le problème de recrutement peut aussi être lié à l’éloignement physique : “Les élus connaissent un fort déficit de terrain qui rompt leur relation avec les salariés, et face à ce déficit de présence, ils s’inquiètent de voir émerger de nouveaux modes de mobilisation des salariés via les réseaux sociaux, des modes de communication parallèles et non contrôlés où tout peut circuler. Ils vont donc devoir conforter leurs canaux traditionnels”.
L’enjeu de la communication
Le lien entre élus et salarié se distend notamment en raison du télétravail, une organisation qui crée un fort enjeu sur les modalités de communication entre représentants et représentés. “Mis en difficulté par le manque de moyens, les représentants du personnel font le constat de modes de communication descendants qui ne fonctionnent pas toujours bien”, constate le baromètre.
Certes, 60 % des salariés ont confiance dans leur CSE, mais ils sont moins nombreux à se sentir bien représentés : 51 % contre 55 % en 2021. Côté confiance, les indicateurs sont bons puisque 73 % des salariés interrogés déclarent connaître au moins un membre du CSE et 83 % qu’ils voteront aux prochaines élections professionnelles. Reste à voir si cette bonne volonté ne se transformera pas en fort taux d’abstention.
Dirigeants et élus : pas la même longueur d’ondes
Autre enseignement du baromètre : un décalage de perception du dialogue social entre directions et élus du personnel. Les élus attribuent une note moyenne de 5/10 au dialogue social dans leur entreprise, les dirigeants une note de 7,8/10. Pour les élus, les éléments contribuant le plus au dialogue social sont la proximité avec les salariés, la prise en compte des avis et revendications, la transmission et la qualité des informations et enfin la confiance entre les participants. Pour les dirigeants, les éléments fondamentaux du dialogue social sont le respect de la législation, la confiance entre les participants et la transmission d’informations de qualité.
Des freins empêchent les élus de s’emparer de leurs prérogatives environnementales |
26 % des élus se considèrent bien informés sur leur nouvelle prérogative environnementale. Ils sont cependant freinés dans leur appropriation en raison de plusieurs phénomènes : Leur CSE priorise d’autres sujets (56 %) ; La direction n’a pas transmis d’informations environnementales (49 %) ; Aucune formation n’a eu lieu dans l’entreprise (49 %) ; L’activité de l’entreprise n’est pas des plus polluante (20 %) ; Les salariés sont peu sensibilisés à l’environnement et craignent que cela aille à l’encontre de l’emploi (11 %). |
Marie-Aude Grimont
Retraites, conditions de travail, emploi des seniors : paroles d’élus, de délégués et de salariés
01/02/2023
Dans une manifestation parisienne fournie, où fourmillaient des slogans inventifs, nous avons rencontré des salariés, militants, élus de CSE et délégués syndicaux. Voici ce qu’ils ont partagé avec nous concernant l’enjeu des retraites, de l’emploi des seniors, etc.
Serait-ce une simple impression personnelle ? Le cortège parisien, parti cette fois de la place d’Italie en direction des Invalides, paraissait par rapport à la précédente manifestation contre la réforme des retraites, plus joyeux, avec force écriteaux railleurs et slogans inventifs, certains associant le combat contre la réforme des retraites à la protection de l’environnement ou au féminisme, d’autres prenant pour cibles Emmanuel Macron et Elisabeth Borne. Comme si le succès de la première mobilisation avait donné aux manifestants l’espoir de voir l’exécutif reculer sur sa réforme qui prévoit de retarder à 64 ans l’âge du départ légal à la retraite et d’accélérer l’application du calendrier Touraine sur les hausses de durée de cotisation nécessaires pour toucher une retraite à taux plein. Mots choisis.
Laurent Richard, élu du CSE central et DSC CGT à Nokia
“Oui, j’ai fait des simulations, j’ai 57 ans et je dois travailler un an de plus. Je m’y attendais. Bosser tard, admettons, mais être au chômage c’est autre chose. Et puis les retraites sont financées, le Cor le dit. Le but d’Emmanuel Macron est de prendre l’argent des retraites et de tout privatiser (…) Chez nous, des seniors sont partis dans les derniers PSE, les autres survivent. Le gros des troupes chez nous a maintenant la quarantaine (…) Les jeunes, il faut leur expliquer les choses, mais ceux qui ont compris les enjeux des retraites sont mobilisés (..) C’est surtout depuis le dernier PSE qu’on a une hausse des adhésions. Ça continue avec les retraites (..) Quelle issue ? Il ne faut pas lâcher. Il faut que les gens non syndiqués réagissent et tiennent compte de ce qui se passe”.
Philippe Penin, secrétaire FO du CSE de Continental Automotive Rambouillet France
“Bien sûr qu’on parle des retraites entre élus de CSE, c’est LE sujet d’actualité en ce moment. L’ensemble des syndicats sont mobilisés en intersyndicale. Beaucoup sont représentées dans notre CSE donc c’est un gros sujet (..) Les seniors s’inquiètent de l’impact, notamment ceux qui étaient proches de l’arrivée.
Les jeunes se demandent s’ils ne devront pas se payer leur propre retraite
Ils sont déçus et se disent que ça ne dégage pas de place pour les jeunes, ils voudraient transférer leur savoir faire et ainsi valoriser leur fin de carrière. Mais là tout cela va se décaler. Les jeunes sont préoccupés, ils se demandent s’ils ne devront pas se construire leur propre retraite (..) Dans mon syndicat on a clairement une hausse des adhésions. Certains s’adressent à nous alors qu’on ne les connaissait pas, et on ne s’imaginait pas qu’ils fassent grève un our, donc il y a quelque chose de particulier qui se joue en ce moment (…) L’issue de ce mouvement ? Cela ne peut se terminer que par des blocages car malheureusement le gouvernement ne veut rien entendre, ça ne peut donc être qu’un rapport de force”.
Véronique, élue CGT suppléante au CSE
“Avec cette réforme, j’ai pris un an et demi de plus de travail ! J’ai pourtant commencé à travailler à 20 ans mais je suis obligée d’attendre les 64 ans. Et encore, je ne me suis jamais arrêtée, je n’ai pas eu de carrière hachée comme on dit (…) Ce qui va se passer maintenant ? Je doute que le gouvernement écoute la rue (..) Est-ce qu’on parle des retraites dans notre CSE ? En ce moment, notre priorité c’est plutôt les salaires et le pouvoir d’achat”.
Jad, doctorant en physique
“Nous sommes là avec mes camarades place d’Italie car nous jugeons cette réforme très injuste, ce sont les pauvres qui vont payer. S’il y a vraiment des déficits, ce ne sont pas à eux de les combler ! (…) Pour moi, la retraite est encore loin, bien sûr, mais nous cotisons déjà maintenant, nous sommes concernés ! Et avec cette réforme, nous devrons travailler jusqu’à 67 ans, avec les 43 annuités de la réforme Touraine (…) La suite des événements ? Nous espérons que le mouvement va prendre de l’ampleur. Dire son mécontentement, ça peut payer, regardez ce qui s’est passé dans les raffineries pour les salaires (…) Si nous sommes syndiqués ? Oui (rires) on vient juste de rejoindre l’Unsa”.
Sylvain, salarié à l’Insee, militant Sud, élu suppléant d’un CSA
“Je n’ai pas vraiment regardé l’effet pour moi de l’allongement de la cotisation prévue par la réforme, mais j’ai commencé à travailler tard, donc je serai concerné (…) J’ai par contre en tête les prévisions du Cor (conseil d’orientation des retraites) : avant même cette réforme, le Cor prévoyait que la part des dépenses publiques consacrée aux retraites allait plutôt baisser.
Le but de cette réforme, c’est de baisser encore plus la part du PIB consacrée aux retraites
Cette réforme va accentuer cette tendance à la baisse des dépenses des retraites par rapport à l’augmentation de la population âgée. Et c’est pour moi le vrai but de cette réforme. (…) Chez Solidaires, on espère que la suite sera un appel intersyndical à une grève reconductible dans tous les secteurs, et pas seulement dans l’énergie ou à la SNCF”.
Damien, DS CFE-CGC de Naval Group
“Pour moi personnellement, comme je suis assez proche de la retraite, je ne serai pas totalement impacté…mais je devrai quand même travailler un an et demi de plus. Ce n’est pas négligeable ! Mon autre préoccupation, c’est que notre site à Bagneux, où travaillent 300 personnes, va fermer, nous devons être transférés à Ollioules, près de Toulon (…) Comment ça se passe pour les seniors de notre entreprise ? En tant qu’élus du personnel, nous veillons à ce qu’ils aient des formations, mais comme nous travaillons dans le logiciel, il n’y a pas d’obstacle lié à la pénibilité dans notre activité. De là à travailler jusqu’à 70 ans, non, impossible !”
Géraldine, 51 ans, prof de sport dans un collège
“Je devrai travailler 3 ans de plus, et aller jusqu’à 67 ans. Ça me semble impossible. Parce que dans notre métier, nous avons pas mal de manipulations physiques et surtout de la fatigue mentale. Comment je vois la suite ? J’espère que les choses vont pouvoir évoluer. Ce n’est pas une réforme qui va dans le sens de l’égalité ni du féminisme !”
Fred, délégué syndical FO et membre du CSE d’une société de transport de 120 salariés dans le Jura
“Je suis là aujourd’hui parce que dans le transport, mon secteur, nous avons un régime spécial de fin d’activité, le CFA, le congé de fin d’activité. Avec cette réforme, le CFA serait repoussé de 2 ans, soit un départ à 59 ans. Aujourd’hui, une majorité de nos collègues n’arrivent déjà pas à leur poste jusqu’à la retraite. Ce qui va se passer ? Le rapport de forces me semble bien parti côté syndicats. Maintenant, je ne crois pas trop aux grèves “viaduc”, il faudrait plutôt une grève d’au moins une semaine pour bloquer l’économie”.
Adel Qualai, coordinateur FO pour le groupe Sanofi (22 000 salariés)
“A Sanofi, on est senior dès 48 ans ! Si vous avez plus de 50 ans et plus de 20 ans d’ancienneté, la direction vous dit : «Attention, il va falloir vous mettre en mobilité ». Mais nous avons très peu de mobilités professionnelles au-delà de 50 ans car les cadres ne veulent pas bouger. FO n’a d’ailleurs pas signé l’accord de GEPP (gestion des emplois et des parcours professionnels) car il cible justement les seniors avec trop peu de garanties sur les mobilités, alors qu’un accord GEPP devrait permettre de gérer les transitions entre les métiers avec de l’accompagnement et de la formation (…) Sanofi fait quand même 9 milliards de bénéfices en France (merci la sécu !) mais cela ne l’empêche pas de chercher à se débarrasser de tous ses seniors (…)
L’index seniors ? Mais l’index de l’égalité femmes hommes n’a rien changé !
Ce que je pense de l’index Seniors ? Je renvoie à l’index sur la rémunération femme-homme. Depuis que cet index existe, nous avons trop à de belles présentations dans de belles réunions, mais pour quelles actions, quels changements ? On acte les 21% d’écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, mais comme Sanofi est noté 94 points à l’index, il ne se passe rien. Si c’est la même chose pour l’index seniors, les résultats seront les mêmes, il ira remplir le bilan social sans effet. Sans mesure un peu coercitive, il n’aura pas d’effet. A l’inverse, cet indicateur pourrait même dégrader les choses en facilitant l’identification des salariés seniors”.
Christophe, cheminot, élu CSE à Saint-Lazare, syndiqué CGT
“J’ai 47 ans, et de mandat présidentiel en mandat présidentiel, je vois l’âge de départ reculer. On n’attend même pas que la précédente réforme, celle de Touraine, soit appliquée qu’ils en font une autre ! Quand j’ai signé mon contrat, on m’a dit : « Ne vous inquiétez pas, vous partirez à 55 ans » ! » Là on nous parle de 64 ans, c’est pas tout à fait pareil ! (…) Je travaille à l’entretien du matériel, un secteur avec des métiers à pénibilité avérée.
A partir de 50 ans, certains salariés sont en invalidité
Même à partir de 50 ans, certains salariés sont réformés à cause de TMS (troubles musculo-squelettiques) ou des handicaps suite à des accidents du travail, et certains se retrouvent en invalidité. Heureusement, il y a dans notre statut des pensions d’invalidité avec un système assez favorable, mais bon, on ne travaille pas pour se ruiner la santé ! (…) Comment je vois la suite ? Nous étions en assemblée générale ce matin, on a reconduit la grève pour les 6 et 7 février, avec d’autres secteurs du transport, car nous ne devons pas, à la SNCF, partir seuls devant ! On verra ensuite. Si le mouvement prend et s’élargir, on est prêts à faire du reconductible. Je suis persuadé que si nous installons un rapport de forces avec un blocage de l’économie, à un moment donné, le Medef appellera lui-même Emmanuel Macron pour arrêter les frais”.
Paul, historien, portant un panneau « mettons la planète à la retraite ! »
“Pourquoi j’associe les préoccupations environnementales et sociales ? Parce que toutes les réformes qui nous sont présentées sont comptables et technocratiques. Si nous ne changeons pas les conditions de vie des gens, à quoi ça sert de les faire bosser davantage ? Pourquoi produire pendant deux ans supplémentaires des emballages plastiques ? Quel est l’intérêt pour la planète ? Quel est le sens pour le long terme ? Sans un énorme effort de transition de notre système économique qui tienne enfin compte de l’environnement, repousser l’âge de départ n’a pour moi pas de sens (..) Nous les chercheurs, on est déjà pénalisés par l’absence de cotisations pendant nos bourses. Il va falloir travailler jusqu’à 69-70 ans”.
Bernard Domergue et Marie-Aude Grimont
Gestion du CSE et des mandats : quelques conseils et astuces livrés par les élus
02/02/2023
Une fois n’est pas coutume, nous consacrons un deuxième article à un rapport, celui établi par l’Ires sur le CSE. Cette fois, nous compilons les témoignages et conseils pratiques des élus, formateurs et experts sur la gestion des mandats et de l’instance représentative.
Les passages suivants sont des extraits du volumineux rapport (148 pages, voir en pièce jointe) de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) réalisé par trois chercheurs (Emmanuelle Chabbert, Frédéric Rey et Pascal Thobois) pour la CFDT, l’Ires travaillant au service des organisations syndicales. Pour retrouver notre premier article analysant le contenu de cette étude, qui fait état d’un affaiblissement du dialogue social dans les entreprises du fait de la création du CSE.
La prise de notes et l’écriture du PV Chacun prend des notes ► “J’enregistre les réunions de CSE, dit cet élu d’un grand groupe de transport. Chacun prend des notes et on a des outils collaboratifs, de la suite Google. Chacun peut écrire de son côté, compléter avec ses propres notes. Et j’utilise l’enregistrement sur des points qui sont plus importants où les propos des uns et des autres sont à vérifier pour éviter qu’il y ait des erreurs ou des impairs. […] En une semaine on peut boucler un projet de PV de CSE”. La prise de ses heures de délégation J’ai dû m’imposer ► “Si difficultés il y a, c’est dans le fait que les entreprises libèrent les gens : quand on a 20 heures de délégation, le travail doit être organisé pour que les gens puissent faire effectivement ces 20 heures”, considère ce secrétaire du CSE, également secrétaire d’un comité de groupe et DS dans son entreprise industrielle de près de 500 salariés. “Dans les faits, ajoute-t-il, c’est rarement le cas, et dans mon entreprise pas du tout. Moi je l’ai imposé pour moi, et aujourd’hui je suis très serein, cela passe très bien. J’ai mon boulot et je le fais, en même temps j’ai moins de boulot qu’avant, mais tout ça ne s’est pas fait de façon naturelle, j’ai dû l’imposer et cela a été ça ma plus grande difficulté”. La communication et la coordination entre élus CSE On a fait un groupe WhatsApp ► “J’ai fait une formation au mois de mars de l’année dernière à la CFDT Santé sociaux et avec les collègues qui étaient présents on a fait un groupe de pairs sur WhatsApp (Ndlr : messagerie instantanée) et on échange régulièrement”, raconte un élu d’un CSE d’établissement de 300 salariés, dans le secteur de la santé. Et cet élu, qui est membre de la commission SSCT et de la commission formation, de poursuivre : “Je trouve que c’est un outil pratique parce que ça permet de mobiliser les gens de façon réactive ; et on se soutient bien, quand il y en a un qui a des questions, il y en a toujours un pour répondre. Je trouve que ça permet de pas se sentir seule. Quand il y a des choses qu’on n’a pas compris, bah vous êtes en CSE vous envoyez un petit message avec votre portable et vous avez la réponse de quelqu’un qui est extérieur, qui peut vous apporter un appui donc ça c’est pas négligeable”. Coordonnez toutes les commissions ► “Peut-être l’un des enjeux que l’on voit à la fois en termes qualitatif, c’est la difficulté de coordonner la vie de toutes ces commissions, juge Catherine Jordery-Allemand, directrice de Syndex. Dans ce nouveau CSE, dans lequel finalement il y a de vraies compétences de pilotage qui sont demandées du point de vue des élus, et de priorisation – et finalement si c’était une profession on l’appellerait « conduite de projet » – qui ne sont pas forcément les points forts des représentants du personnel et qui ne sont pas forcément un axe prioritaire de formation. » L’association des suppléants au travail du CSE Donner des heures aux suppléants ► “C’est difficile de faire participer nos élus suppléants à la vie du CSE : ça a été impossible de l’inclure dans nos accords ou dans nos préparatoires”, déplore ce délégué syndical d’un groupe bancaire. Mais il ajoute ce conseil : “Alors, on s’est organisé entre nous pour qu’ils aient des heures pour qu’ils assistent au moins à nos préparatoires en distanciel ou en physique”. La prise en compte des sujets santé, sécurité, conditions de travail On a gardé une réunion à part type CHSCT ► “Nous, on a gardé une réunion spécifique type CHSCT, une réunion qui est à part, témoigne ce membre du CSE d’une menuiserie industrielle de 220 salariés. Dans notre CSE mensuel, on va traiter de la partie économique, mais on a tous les deux mois une réunion santé sécurité, un CSE santé et sécurité. (…) Ça a été très, très, très difficile d’obtenir des heures en plus pour cette réunion, il a fallu énormément argumenter (…) Et ici aussi j’ai une très bonne équipe avec des gens qui ont chacun leurs sujets de prédilection, chacun s’est formé ou va se former par rapport à certains sujets et on essaie aussi de faire que chacun puisse participer à des négociations en fonction de ses sujets de prédilection. Mais c’est important de travailler en équipe parce que si on n’était pas une équipe on n’en serait pas arrivé où on en est”. Prenez les décisions ensemble mais répartissez-vous les choses ► “Si vous êtes trois par exemple au CSE, ne soyez pas les trois à vouloir tout gérer ensemble, conseille ce formateur. Se coordonner ensemble, prendre les décisions ensemble, d’accord, mais il faut se répartir les choses, entre la stratégie économique et les questions conditions de travail”. N’abandonnez pas le terrain ► “Ce à quoi il faut faire attention, prévient cet élu d’un grand groupe chimique, c’est de ne pas se faire happer par des réunions de direction au risque d’abandonner le terrain. […] Les dossiers c’est bien parce qu’il faut que l’on soit dedans pour pouvoir aller voir les agents, voir ce qu’ils pensent de ces dossiers-là et pouvoir leur expliquer, donc il faut être des hommes et des femmes de dossier également, mais il ne faut pas être que ça non plus”. La communication du CSE vers les salariés On a diffusé un questionnaire pour récolter les mails perso des salariés ► “Alors là on a trouvé une petite astuce”, glisse cet élu CSE d’un grand groupe bancaire, qui est également délégué syndical. Et ce dernier de détailler sa solution : “Jusqu’ici, je demandais aux RH de faire passer les messages du CSE vers les salariés. Il ne fallait pas les submerger, il n’y en a pas tant que ça. Et comme avec la mise en place du CSE on a pris un site Internet, on a diffusé un questionnaire qu’on a remis en main propre – parce qu’on a eu une journée où on a eu pratiquement tout le monde – et les gens se sont inscrits sur le site Internet en mettant leurs coordonnées mail, donc à partir de là, on va pouvoir plus facilement communiquer avec des adresses perso des salariés”. |
Bernard Domergue