ESPACE

« La NASA a besoin de l’Europe pour retourner sur la Lune » : entretien avec Josef Aschbacher

Josef Aschbacher, directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), accorde un entretien au magazine Air & Cosmos. Il évoque la conférence ministérielle qui doit se tenir les 22 et 23 novembre prochains à Paris. Le budget visé par l’ESA est de 18 Md€, soit une augmentation d’environ 25% sur 3 ans. Une augmentation justifiée, à ses yeux, par la hausse des investissements de la Chine et des Etats-Unis, notamment, dans le secteur spatial : « c’est un package nécessaire, dont l’Europe a besoin pour garder ses talents. L’Espace est un secteur en pleine croissance, avec un retour sur investissement qui peut aller de 1 à 5. L’Espace fournit des infrastructures stratégiques qui garantissent notre niveau de vie, et la guerre en Ukraine a démontré que nous avons besoin d’indépendance ». Au sujet de la mission Artemis, il souligne : « La NASA a besoin de l’Europe pour retourner sur la Lune », évoquant notamment « le grand atterrisseur logistique européen EL3 / Argonaute, la constellation Moonlight pour les communications et la navigation, la participation à la Gateway avec les modules I-Hab et Esprit ». La conquête de Mars est aussi mentionnée, avec les missions Mars Sample Return, et ExoMars, un projet pour lequel la coopération avec la Russie a été interrompue. « L’atterrisseur sera finalement construit par l’Europe. Mais nous avons besoin aujourd’hui de trois éléments critiques pour lesquels nous demandons le soutien des Etats-Unis », précise Josef Aschbacher.

Air & Cosmos du 13 octobre

La première Ariane 6 est assemblée sur son pas de tir pour les essais combinés

Lundi 17 octobre, ArianeGroup a annoncé avoir achevé d’assembler l’intégralité de la première Ariane 6 sur son pas de tir à Kourou, en Guyane. La partie haute d’Ariane 6, destinée aux essais combinés, a rejoint le lanceur. Cet ensemble, installé sur l’étage supérieur, au sommet du corps central, est constitué de la coiffe et d’un adaptateur structural, sur lequel est montée une maquette représentative d’un satellite. « Nous venons de franchir une nouvelle étape clé des essais combinés, avec une Ariane 6 désormais complète sur son pas de tir, à Kourou. Lors de la poursuite de cette campagne, l’étage principal sera mis à feu sur le pas de tir. L’étage supérieur a, quant à lui, déjà réussi son premier essai à feu sur le banc de test du DLR à Lampoldshausen, en Allemagne, le 5 octobre dernier, et poursuit sa campagne d’essais », a expliqué André-Hubert Roussel, Président exécutif d’ArianeGroup. « Ariane 6 est maintenant coiffée, totalement assemblée. Cela valide ses moyens de mise en œuvre et l’enchaînement opérationnel de son montage. Cette nouvelle étape est un pas de plus vers la qualification de ce nouveau système de lancement attendu par toute l’Europe » a déclaré Philippe Baptiste, Président directeur général du CNES. Daniel Neuenschwander, Directeur du transport spatial de l’ESA, souligne l’importance d’Ariane 6 en tant que successeur d’Ariane 5, qui garantit l’accès fiable et indépendant de l’Europe à l’Espace : « L’innovation est essentielle pour maintenir la capacité de l’Europe d’accéder à l’Espace avec un système de lancement totalement indépendant, à la fois compétitif et polyvalent. Ariane 6 rassemble les meilleurs ingénieurs européens développant de nouvelles technologies et méthodes de production ». La campagne des essais combinés permet de tester l’ensemble des interfaces et la bonne communication entre le lanceur Ariane 6 et son pas de tir. Sont également testés les logiciels de vol et les logiciels du banc de contrôle, les opérations de remplissage et de vidange des réservoirs, indispensables pour garantir le bon déroulement d’une séquence de lancement. Ensuite, Ariane 6 sera testée à feu sur le pas de tir, avec une série de différents essais comprenant l’allumage du moteur Vulcain 2.1 de l’étage principal, incluant des tirs avortés et des tirs à feu longs avec déconnexion des interfaces.

La Croix du 18 octobre

Airbus Defence and Space investit à Toulouse dans les tests de satellites

Airbus Defence and Space va investir 50 M€ dans le renouvellement de ses moyens d’essais de satellites à Toulouse. Deux cuves de vide thermique seront construites entre 2023 et 2025 sur le site de l’Astrolabe, près du CNES. Ces cuves reproduisent le vide à 0,05 millibar, et les grands écarts de température dans l’Espace, de -180 °C à +150 °C. Centre de référence du groupe pour les tests de satellites, l’établissement toulousain mène des essais de résistance aux vibrations et aux ondes sonores d’une fusée au décollage. Ces nouveaux moyens d’essais pourront être utilisés par les nouvelles entreprises du spatial et le CNES.

Les Echos du 18 octobre

La NASA va tester un décélérateur gonflable pour atterrir sur Mars

Afin de faciliter les atterrissages de vaisseaux spatiaux sur Mars, la NASA prévoit le test en vol, en orbite terrestre basse, d’un décélérateur gonflable, dans le cadre de l’opération LOFTID (Low-Earth Orbit Flight Test of an Inflatable Decelerator). Le test devrait avoir lieu le 1er novembre prochain. Un bouclier thermique sera lancé dans l’Espace à bord d’une fusée United Launch Alliance Atlas V, aux côtés d’un satellite météorologique en orbite polaire, JPSS-2. Une fois que JPSS-2 atteindra l’orbite, le bouclier thermique se gonflera et sera placé sur une trajectoire de rentrée depuis l’orbite terrestre basse pour tester sa capacité à ralentir et à survivre à la rentrée. L’atmosphère sur Mars étant beaucoup moins dense que sur Terre, l’atterrissage y est plus difficile. Les vaisseaux de la NASA étaient jusqu’ici équipés de boucliers rigides, à l’effet de freinage limité. Le dispositif de bouclier gonflable devrait générer une force de traînée beaucoup plus conséquente, détaille L’Usine Nouvelle.

L’Usine Nouvelle du 18 octobre

L’US Air Force déploie à Nice un C-5M spécialement adapté pour le transport du satellite SWOT de Thales Alenia Space

Dans la nuit de vendredi 14 à samedi 15 octobre, sur l’aéroport de Nice, le satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography) de Thales Alenia Space (TAS) a embarqué à bord d’un avion de transport stratégique C-5M de l’US Air Force. C’est la première fois depuis 2004 qu’un tel appareil, l’un des plus grands du monde, se pose à Nice. Le SWOT est un satellite destiné à l’étude topographique des océans et des eaux de surface continentales. Le projet regroupe plusieurs agences spatiales : le CNES et la NASA, avec la collaboration de la CAS (Canada) et de la UKSA (Royaume-Uni). Le satellite représente une rupture technologique : avec ses deux antennes SAR (bande Ka) éloignées de 10 mètres, il dispose d’une capacité d’observation bidimensionnelle de 120 km de large. L’instrument, dénommé KaRIn, est conçu par le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA. Le CNES et TAS réalisent la partie radiofréquences de KaRIn.

Air & Cosmos du 18 octobre

« Dans les secrets du module européen pour les missions lunaires Artemis » : entretien avec Philippe Berthe (ESA)

Philippe Berthe, responsable de la coordination du module de service européen (ESM) à l’Agence spatiale européenne (ESA), accorde une interview au magazine Ciel et Espace. Il détaille la participation aux missions Artemis de l’Europe, qui fournit les modules de service (ou ESM, pour European Service Module) des premières missions lunaires de la NASA. « La participation européenne au programme lunaire américain est actée jusqu’à Artemis 6, la suite est en discussion », explique-t-il. « Les ESM qui sont très importants à mes yeux sont ceux d’Artemis 4 et 5, car ils contribuent à la part de l’Europe sur la station lunaire Gateway. C’est notamment cela, avec les modules fournis pour la station circumlunaire, qui va assurer qu’il y aura 3 astronautes européens qui voleront vers la Gateway d’ici 2030 ».

Ciel et Espace, automne 2022

Deux missions institutionnelles de logistique sur orbite pour la startup française Exotrail

Dans le cadre du plan d’investissement France 2030, la startup Exotrail (créée en 2017 et aujourd’hui basée à Massy, en Essonne) vient d’être sélectionnée pour exécuter les premières missions institutionnelles françaises de logistique sur orbite. Le contrat doit prochainement être formalisé avec le CNES, selon Air & Cosmos. Le SpaceVan, un véhicule de transfert orbital (OTV) développé par la startup, qui doit effectuer son vol inaugural en octobre 2023, devra démontrer, lors d’une mission prévue en 2024, son aptitude à effectuer des manœuvres de changement d’altitude et de plan sur orbite basse. Une seconde mission, en 2025, devra déplacer un microsatellite institutionnel, depuis sa séparation du lanceur jusqu’à son orbite finale.

Air & Cosmos du 19 octobre

Vers des réseaux satellitaires capables de communiquer avec les smartphones

L’Opinion consacre un article à l’ambition de l’industrie des satellites de développer des réseaux satellitaires capables de communiquer avec les smartphones sur le sol terrestre. SpaceX a annoncé en août dernier qu’il allait s’associer à T-Mobile US pour rendre son service Starlink compatible avec le réseau de l’opérateur de téléphonie mobile, un service qui pourrait être testé avant la fin de 2023. Les américains Apple et Iridium Communications entendent aussi se positionner sur le marché. Des startups, parmi lesquelles AST SpaceMobile, Omnispace et Lynk Global, lancent de nouvelles activités ciblant les opportunités offertes par les appareils mobiles. Les sociétés de satellites Inmarsat et Viasat ont quant à elles justifié leur projet de fusion en partie par l’opportunité du mobile, en faisant valoir que leur taille combinée les aidera à être compétitives. Les dirigeants de OneWeb et de Telesat ont également discuté de l’expansion de leurs services pour répondre aux besoins des téléphones cellulaires. « Les téléphones satellites actuels nécessitent de grosses batteries alimentant de grandes antennes pour atteindre leurs cibles dans le ciel. Les entreprises auront besoin de smartphones plus puissants, de satellites plus sensibles ou d’une combinaison des deux pour que les données à haut débit en provenance de l’Espace puissent arriver et tenir dans la main d’un consommateur ordinaire », explique L’Opinion.

L’Opinion du 19 octobre

Entretien avec André-Hubert Roussel (ArianeGroup)

Ce jeudi 20 octobre, André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup, s’est exprimé sur BFMTV, dans l’émission Good Morning Business. Il s’est penché sur les enjeux du premier vol d’Ariane 6, prévu au dernier trimestre 2023, avec un retard total de trois ans. « Ariane 6 est la clé de l’Espace pour les Européens, elle doit permettre de lancer des satellites qui seront tous les jours au cœur de la vie des citoyens », souligne-t-il. Elle représente un enjeu de souveraineté. Le programme s’est heurté à des crises successives : la pandémie de Covid-19, puis la guerre en Ukraine, qui a accéléré la prise de conscience de dépendances de l’Europe faisant obstacle à cette souveraineté. L’impact de ces crises a été grand, notamment sur la supply chain : « Ariane 6 est un projet européen, qui mobilise 600 fournisseurs répartis dans toute l’Europe ». André-Hubert Roussel se dit néanmoins confiant : le carnet de commandes est rempli, avec 29 lancements déjà commandés sur Ariane 6 : « c’est la preuve que c’est le bon lanceur, celui dont nous avons besoin », relève-t-il. De plus, cet été, « des milestones, des points clés du programme, ont été franchis », notamment le premier allumage réussi de l’étage supérieur, un test conduit avec succès à Lampoldshausen, en Allemagne. Les tests combinés, c’est-à-dire la rencontre entre le lanceur et son pas de tir, sont également en cours, « tout l’aspect mécanique » ayant été réalisé. Le dirigeant souligne que ces tests concernent « toutes les missions qu’Ariane 6 opèrera pendant toute sa durée de vie ». « Nous prendrons en compte les besoins de nos clients », insiste-t-il. Il rappelle les récents succès d’ArianeGroup, notamment le lancement du télescope spatial James Webb sur Ariane 5, une mission particulièrement difficile dont la réussite a été soulignée par la NASA. Il rappelle également que le groupe a présenté, en septembre, un projet d’étage supérieur réutilisable et potentiellement habitable, Susie, (Smart Upper Stage for Innovative Exploration,) dédié à accompagner les futurs lanceurs européens, en priorité Ariane 6.

BFMTV du 20 octobre

Ariane 6 décollera fin 2023

Le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher, a annoncé mercredi un nouveau décalage du vol inaugural d’Ariane 6, reporté au quatrième trimestre 2023. « C’est une date prévue et le programme devra encore réaliser successivement, et en temps voulu, un certain nombre d’étapes-clés pour que ce calendrier reste valide », a-t-il prévenu. Le premier vol commercial devrait avoir lieu en 2024, quelques mois après le vol inaugural effectué sous la responsabilité de l’ESA. Le rythme devrait être ensuite de dix tirs par an, voire douze. ArianeGroup assemble déjà les trois premiers exemplaires dans ses usines des Mureaux (Yvelines), et de Brême, en Allemagne. « Il faudra réfléchir à une augmentation des cadences en fonction des commandes », indique le président exécutif d’ArianeGroup, André-Hubert Roussel. Une task force vient d’être constituée aux Mureaux, associant l’ESA, le CNES, Arianespace et ArianeGroup.

Ensemble de la presse du 20 octobre

Volet spatial du plan « France 2030 » : 16 premiers lauréats sélectionnés, dont Sirius Space Services

Les 16 premiers lauréats de l’appel à projets du volet spatial du plan « France 2030 » ont été dévoilés jeudi 6 octobre. Ce premier volet spatial, qui représente un engagement de 65 M€, sur 1,5 Md€ de crédits, concerne les résultats de l’appel à projets « Micro-lanceurs » et des appels d’offres « Adaptation du pas de tir Diamant » et « Dispenseur motorisé ». Sirius Space Services, qui a rejoint récemment le GEAD et le dispositif StartAir au sein du GIFAS, a notamment été distingué (lauréat « Micro-lanceurs »). Sirius Space Services développe une gamme de petits lanceurs ayant des performances de 175 à 800 kg sur une orbite de référence SSO de 700 km circulaire, depuis le Centre Spatial Guyanais. Ces lanceurs, propulsés par des ergols LOX/CH4 et respectueux de l’environnement, seront 100% réutilisables à terme. Ils sont développés avec Air Liquide Advanced Technologies et Safran Data Systems. Face au « défi des nouvelles frontières du spatial », la France compte réunir les « compétences des laboratoires de recherche, l’expérience des industriels établis et l’inventivité des startups », selon un communiqué des ministères de l’Economie et des Finances, des Armées et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

AFP du 20 octobre

Le télescope spatial James Webb photographie les Piliers de la création, où des étoiles se forment

Le télescope James Webb a révélé, mercredi 19 octobre, son premier cliché des Piliers de la création, d’immenses structures de gaz et de poussière où des étoiles sont en formation, situés à 6 500 années-lumière de la Terre, dans notre galaxie. Les Piliers de la création ont été photographiés par le télescope spatial Hubble, qui en a pris un premier cliché en 1995, revisité en 2014. Mais grâce à ses capacités infrarouges, le télescope James Webb peut percer l’opacité des piliers, révélant de nombreuses nouvelles étoiles en formation. L’image, qui couvre une zone d’environ huit années-lumière, a été prise par l’instrument NIRCam, qui fonctionne dans l’infrarouge proche. Selon la NASA, cette nouvelle image « va aider les chercheurs à revoir leurs modèles de formation stellaire, en identifiant un compte bien plus précis d’étoiles nouvellement formées, ainsi que la quantité de gaz et de poussière dans cette région ».

Le Monde du 20 octobre

A Toulouse, une formation pour les futurs astronautes commerciaux

À Toulouse, The Spaceflight Institute, un projet qui fait partie de TechTheMoon, le premier incubateur dédié à l’économie lunaire, piloté par l’incubateur de startups Nubbo et le CNES, vise à créer une formation d’un an, professionnalisante et certifiante, pour les futurs astronautes qui seront envoyés en orbite par le biais d’entreprises privées. Stéphanie Lizy-Destrez, professeure de l’ISAE-SUPAERO à l’initiative de ce projet, explique : « un changement de paradigme est à l’œuvre dans l’Espace. Avant, ce domaine était complètement organisé et gouverné par les agences spatiales et les nations. Mais depuis ces dernières années de nouveaux entrants sont arrivés. Des entreprises privées veulent faire du tourisme spatial et vont avoir besoin de personnel formé pour accompagner les touristes dans l’Espace. De nouveaux métiers vont émerger. Il faudra par exemple des personnes pour déployer les bases lunaires. Et puis, des activités de Défense vont émerger. Il y aura sûrement à l’avenir des astronautes militaires pour protéger les satellites ». Le démarrage de la formation est prévu dès fin 2023.

La Tribune du 20 octobre