Les salariés, fans de formation professionnelle
29/03/2023
Selon le baromètre de la formation et de l’emploi, réalisé du 19 au 21 janvier 2023 auprès de 1 600 actifs français par le CSA pour le compte de Centre Inffo, un actif sur deux souhaite suivre une formation dans les 12 prochains mois, contre 43 % en 2020. Parmi les raisons ? La nécessité d’adapter ses compétences aux besoins futurs du marché du travail, notamment pour anticiper les transitions écologique, numérique et énergétique.
D’ailleurs, 77 % des sondés se considèrent d’ailleurs responsables de leur parcours professionnel, contre 64 % en 2020. Et 69 % estiment avoir les moyens (79 % pour les cadres) de se former. Dans leur boîte à outils, le CPF (74 % connaissent ce dispositif, en 2023, contre 85 % en 2020), le bilan de compétences et la validation des acquis de l’expérience. En revanche, Pro-A et la certification ne bénéficient pas de la même notoriété.
Quelques disparités existent toutefois. Tout d’abord, en fonction de l’âge : cette envie est encore plus forte chez les jeunes (63 % des 18-24 ans, contre 45 % des 50-64 ans). Mais aussi, en fonction des catégories socio-professionnelles : 52 % cadres font part de cette ambition quant seuls 47 % des ouvriers expriment ce souhait. D’où un enjeu “de démocratisation de la formation professionnelle”.
À noter : la loi du 19 décembre 2022 visant à lutter contre la fraude au compte personnel de formation et à interdire le démarchage de ses titulaires semble porter ses fruits : 58 % des sondés déclarent être moins sollicités par des appels, des SMS ou des courriels intempestifs de la part de centres d’appels ou d’organismes de formation concernant leur CPF.
Source : actuel CSE
Le CPF pourra financer tous types de permis de conduire
31/03/2023
La proposition de loi permettant de financer toutes les catégories de permis de conduire, par le compte personnel de formation (CPF), a été adoptée le 27 mars à l’Assemblée nationale, elle doit maintenant passer au Sénat. Objectif ? Lever les freins à la mobilité.
“Moins cher, plus simple, plus rapide”. Voici l’ambition de plusieurs députés de la majorité concernant le permis de conduire. Car l’absence de ce “sésame” constitue des difficultés pour se déplacer pour 20 % des Français, soit 7 millions de personnes. Pour lever ces freins à la mobilité, Sacha Houlié, député de la Vienne, président de la commission des lois, a déposé, le 31 janvier 2023, une proposition de loi visant à faciliter le passage et l’obtention du permis de conduire.
C’est surtout pour les “territoires où la voiture individuelle reste encore la seule option de mobilité” que la réforme est nécessaire, a argué Sacha Houlié. Pour les jeunes y résidant l’obtention du permis de conduire est le sésame vers l’émancipation et l’autonomie”.
Adoptée, à l’unanimité, le 15 mars, par la commission des lois de l’Assemblée nationale, elle a obtenu, le 27 mars en première lecture, l’aval de tous les députés dans l’hémicycle. Ce texte doit maintenant être adopté au Sénat dans les mêmes termes pour être définitivement adopté par le Parlement.
Trois axes de réforme
Concrètement, le texte prévoit trois axes de réforme.
La première avancée est d’étendre les possibilités d’utilisation du compte personnel de formation à toutes les catégories de permis de conduire (article 2) : motos légères (A1), voiturettes (permis B1), permis autorisant les titulaires de permis B à tracter des remorques plus lourdes (B96, BE). Selon l’exposé des motifs, “ces (dernières) formations sont (…) essentielles pour bon nombre d’artisans ou d’indépendants et constituent un vivier d’emplois importants pour lesquels il convient de faciliter la formation”.
En 2021, le CPF a d’ores et déjà permis de financer 320 000 permis de conduire, soit environ 16 % des formations prises en charge par ce dispositif.
Plateforme “1 jeune 1 permis”
Le second objectif est de recenser toutes les aides financières déjà existantes grâce à la création d’une plateforme numérique intitulée “1 jeune 1 permis”, sur le modèle du plan “1 jeune 1 solution” lancé en 2020 (article 1). Ce recensement permettrait aux Français de s’informer sur les centaines de dispositifs mis en place pour les accompagner dans le financement de leur permis.
Car à côté des aides nationales comme le permis à un euro par jour pour les jeunes ou l’aide de Pôle emploi pour les chômeurs, il existe de nombreux dispositifs locaux qui ne sont pas toujours connus du public.
Selon Sacha Houlié, le coût d’un permis de conduire sans aide financière est aujourd’hui compris entre 2 000 et 3 000 euros, contre 1 200 en 2 005.
La plateforme permettra également de répertorier l’ensemble des auto-écoles certifiées dans un département.
Enfin, le texte propose de généraliser le recours “aux agents publics ou contractuels pour le passage de l’examen, afin de pallier “l’indisponibilité systémique des inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière (IPCSR)” et mettre fin à “l’actuelle carence des places disponibles” (article 3).
Des points manquants ?
Malgré ce consensus, plusieurs députés ont toutefois déploré le manque d’ambition du texte.
Le député de la Vienne souhaitait initialement aller plus loin en permettant aux apprentis d’y accéder, en cumulant des droits à CPF pris par anticipation avec l’aide actuelle attribuée aux alternants, à savoir une aide forfaitaire de 500 euros.
Mais il est revenu sur cette proposition en indiquant que le gouvernement pourrait reprendre l’idée à son compte.
De même, la possibilité de céder les droits du CPF entre parents et enfants n’a pas été retenue, en raison des inégalités que ce transfert pourrait créer, selon Sacha Houillé. Cette portabilité des droits pose, en outre, question, surtout si des droits à la formation pour les actifs sont transférés à des jeunes qui ne sont pas encore en activité.
Enfin, cette proposition de loi n’aborde pas le principe d’un reste à charge instauré par le gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2023. Un cycle concertation devrait être lancé avec les partenaires sociaux, les acteurs de la formation et les parlementaires afin de déterminer les modalités du décret visant introduire ce “reste à charge” pour les salariés qui souhaitent mobiliser leur compte en vue de suivre une formation.
Le ministère du travail n’a donné aucune deadline. Seule certitude : ce supplément financier ne concernera ni les demandeurs d’emploi, ni les salariés qui parviennent à co-construire un projet de formation avec leur entreprise soit par accord d’entreprise ou individuellement.
Anne Bariet