Deux tiers des employeurs franciliens ne connaissent pas les nouvelles visites de santé au travail
08/10/2024
Deux tiers des employeurs adhérents à l’Association interprofessionnelle des centres médicaux et santé au travail d’Ile-de-France (ACMS) ne connaissent pas les visites de mi-carrière, de post-exposition et de fin de carrière, rend compte le plus grand service de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI) de France dans son baromètre 2024. Plus d’un tiers des employeurs répondants ne connaissent pas la visite de pré-reprise.
“Trois ans après la réforme de la santé au travail, les employeurs, salariés et représentants du personnel méconnaissent l’offre des services de prévention et de santé au travail”, constate une nouvelle fois l’Association interprofessionnelle des centres médicaux et sociaux de santé au travail de la région Île-de-France (ACMS) dans la 7ème édition de son baromètre publié fin septembre 2024. Dans son rapport d’activité 2023, l’association indique avoir réalisé 30 000 interventions de prévention sur les lieux de travail et 420 000 visites de santé au travail (dont 200 000 visites d’embauche).
Une minorité des 4 607 employeurs ayant retourné le questionnaire en ligne transmis par son SPST cet été (sur 45 000 contacts adhérents*) déclare ainsi connaître la visite de mi-carrière (35 %, + 3 pts par rapport à 2023), la visite post-exposition (30 %, – 1 pt) et la visite de fin de carrière (35 %), introduites par la loi “santé au travail” du 2 août 2021. Seulement deux tiers des employeurs répondants connaissent la visite de pré-reprise (64 %, + 1 pt), elle aussi créée par la loi de 2021, “pourtant un levier essentiel dans la prévention de la désinsertion professionnelle”, déplore l’ACMS. Plus de la moitié méconnait d’ailleurs le service social de l’ACMS (57 %), « clé de voûte de prévention de la désinsertion professionnelle ».
Plus de 80 % des employeurs n’ont jamais demandé une action de prévention à leur SPST
S’ils sont majoritaires à connaître les compétences des équipes pluridisciplinaires (71 %) et savoir que les intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP, ergonomes, psychologues du travail, techniciens HSE, spécialistes du risque chimique) mènent des actions de prévention des risques professionnels sur les lieux de travail, plus de 83 % des employeurs répondants “n’ont jamais exprimé ou n’ont aucune intention d’exprimer un besoin dans le domaine d’actions de prévention des risques” (plus haute proportion depuis 2019), rapporte l’ACMS.
De même, si 76 % des employeurs adhérents déclarent connaître les ateliers d’information et de prévention (AIP) proposés durant l’année par l’AMCS (ateliers de 2 heures minimum, inclus dans la cotisation obligatoire, sur un thème particulier comme le document unique, les risques psychosociaux, etc.), seuls 23 % déclarent avoir participé au moins une fois (18 % en visio, 5 % en présentiel).
RPS, DUERP et TMS
Évaluant l’évolution des préoccupations des employeurs via l’intérêt de ces derniers pour les différents thèmes des AIP proposés, l’ACMS place en tête les risques psychosociaux (RPS, 49 %, + 6 pts par rapport à 2023), le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP, 47 %, + 3 pts) et les troubles musculo-squelettiques (TMS, 47 %, + 3 pts). Suivis par les risques liés au télétravail (37 %, + 3 pts) et la gestion de l’inaptitude (34 %, + 2 pts). L’intérêt des employeurs progresse dans une moindre mesure pour les autres AIP, sauf pour celles consacrées aux substances psychoactives et au risque chimique.
Selon l’ACMS, la majorité des employeurs adhérents qui lui ont déjà exprimé un besoin d’actions de prévention demande une étude ergonomique d’un poste de travail, un accompagnement au DUERP, une action de prévention du risque routier, une sensibilisation aux risques liés au télétravail ou encore une étude de bruit.
Près de 30 % des salariés ignorent si des mesures de prévention en SST sont mises en place dans leur entreprise |
La communication au sein des entreprises interrogées demeure perfectible : près de 30 % des salariés répondants** ignorent depuis 2023 si des mesures de prévention en santé et sécurité au travail (SST) « sont en place dans leur lieu de travail ». Plus d’un tiers (36 %) souhaiterait d’ailleurs davantage d’informations sur la santé et la sécurité au travail (proportion en hausse depuis 2020). Et deux tiers des salariés estiment que leurs conditions de travail ont une incidence sur leur état de santé. Notons que du côté des représentants du personnel***, deux tiers des répondants n’ont jamais échangé avec l’ACMS (31 % contre 62 % en 2023 et 73 % en 2022). Le SPSTI précise que l’échantillon était moins représentatif en 2022 et 2023 car un seul répondant par entreprise adhérente était admis, contre tous les membres de la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) des entreprises adhérentes en 2024. |
*L’enquête « employeurs » a été menée du 13 mai au 3 juillet 2024. Un questionnaire en ligne a été transmis par e-mailing à plus de 45 000 contacts adhérents. 4 607 questionnaires ont été retournés. L’ACMS compte 49 000 entreprises adhérentes dont 95 % comptent moins de 50 salariés.
**L’enquête « salariés » a été menée du 13 mai au 3 juillet 2024. Un questionnaire en ligne a été transmis aux salariés suivis avant leur visite de santé au travail. 1 756 questionnaires ont été retournés. L’ACMS suit 1 million de salariés sur près de 80 000 lieux de travail.
***L’enquête « représentants du personnel » a été menée du 21 mai au 21 juin 2024. Un questionnaire en ligne a été transmis à environ 330 entreprises adhérentes de plus de 300 salariés. 92 questionnaires ont été retournés.
Matthieu Barry