Valentin Rodriguez, nouveau secrétaire général de la fédération FO Métaux
24/06/2024
À l’issue des trois jours de congrès de la fédération métallurgie de Force Ouvrière, Valentin Rodriguez a été élu secrétaire général à l’unanimité. Il prend donc la suite de Frédéric Homez qui quitte ses fonctions pour partir en retraite. Valentin Rodriguez milite à FO depuis 1997. Cet ancien mécanicien de poids-lourds s’est ensuite reconverti comme juriste en droit du travail après avoir exercé un mandat dans les Alpes-Maritimes. À la fédération de la métallurgie, il prend en charge les affaires juridiques puis le secteur de l’automobile. Il a également participé aux négociations de la nouvelle convention collective de la métallurgie.
Le congrès a par ailleurs approuvé les rapport d’activité et de trésorerie, et adopté à 97,26 % la résolution générale.
Source : actuel CSE
Valentin Rodriguez (FO Métaux) : “Nous revendiquons la fin de la limitation à trois mandats des élus de CSE”
28/06/2024
Voici le nouveau visage de FO Métaux. Valentin Rodriguez a été élu à l’unanimité nouveau secrétaire général de la fédération de la métallurgie FO lors du congrès d’Amiens la semaine dernière. Ancien mécanicien poids lourds, ce juriste en droit du travail a exercé plusieurs mandats d’élu du personnel avant de rejoindre les équipes fédérales. Dans son discours, il a appelé à “bousculer les codes” tout en ancrant la fédération dans la ligne réformiste de son prédécesseur, Frédéric Homez. Il nous expose son parcours, ses positions sur l’avenir de la métallurgie et les perspectives qu’il compte donner à son mandat. Parmi ses priorités : la fin de la limitation à trois mandats des élus de CSE.
Quel est votre parcours professionnel et syndical ?
Après mon certificat de mécanicien automobile, j’ai commencé ma carrière comme mécanicien poids lourds, de 1989 à 2011, dans une concession de Renault Trucks, dans les Alpes-Maritimes. Ensuite, en 2005, j’ai entamé une reconversion professionnelle en droit. Comme je réussissais bien, j’ai pu intégrer la licence et passer le master de droit privé. A partir de 2010, j’ai travaillé dans des cabinets d’expertise comme Médiation Conseil.
Pourquoi cette reconversion ?
Mes mandats de représentant du personnel ont aiguisé mon intérêt pour le droit, mais surtout, je voulais changer de métier : je souffrais beaucoup en tant que mécanicien, ce n’était pas mon choix. Issu d’une famille d’ouvriers, j’ai été orienté vers un parcours professionnel, il fallait que je travaille mais je ne m’épanouissais pas dans mon métier. En tant que représentant du personnel, je me suis plongé dans le code du travail, et je me suis rendu compte que cela m’intéressait énormément. C’est presque devenu une passion : je ne faisais que ça en dehors de mes heures de travail. Ce fut ensuite un concours de circonstances : la responsable juridique de la fédération a quitté son poste. J’ai alors intégré FO Métaux et à l’issue du congrès de Nice en 2020, je me suis occupé de l’industrie automobile.
Quels mandats de représentant du personnel avez-vous exercés ?
J’ai adhéré à FO en 1997 puis créé une section syndicale dans mon entreprise chez Renault Trucks Concessions. J’ai tout de suite obtenu de très bons résultats aux élections, il faut dire qu’il n’y avait plus de présence syndicale depuis quelques temps.
J’ai été délégué syndical, secrétaire du CE et du CHSCT
Au moment des 35 heures on a vu arriver des organisations concurrentes mais nous sommes restés très largement majoritaires, à plus de 50 % à nous tous seuls, et même jusqu’à 70 %. J’ai d’abord été désigné délégué syndical avant la réforme de la représentativité de 2008, quand on appliquait encore la présomption irréfragable. Ensuite j’ai été secrétaire du comité d’entreprise, secrétaire du CHSCT, conseiller prud’hommes, conseiller du salarié et secrétaire du syndicat.
Et tout cela avant la réforme de 2017 qui a créé les CSE, quel souvenir gardez-vous de ces mandats ?
Dans une entreprise de taille moyenne, c’était l’équivalent de ce que connaissent aujourd’hui les élus de CSE avec des mandats réduits, à savoir peu d’heures de délégation, entre 20 et 30, c’était déjà un engagement et du militantisme, on travaillait beaucoup le soir après le travail. C’était compliqué mais une fois la relation de dialogue installée avec la direction, malgré quelques conflits classiques, ça se passait de manière constructive.
Venons-en à votre élection en tant que secrétaire général de FO Métaux, comment avez-vous vécu ce congrès ?
Avec beaucoup d’émotion mais aussi le poids de la responsabilité. J’ai essayé de l’aborder comme un moment de joie car il n’y avait pas de conflit en interne. Et puis il y avait le départ de Frédéric, mais le poids de la mission, du mandat est très important.
Vous avez côtoyé Frédéric Homez pendant de nombreuses années, que vous a-t-il transmis ?
Son immense humilité, sa fidélité envers l’organisation et sa capacité de fédérer. Il était très à l’écoute, n’importe quel adhérent pouvait lui demander un rendez-vous, Frédéric le recevait. Je retiens aussi sa capacité de travail colossale, et toujours cette volonté qui l’animait : fédérer la maison et trouver des compromis.
Quel est le portrait-robot de FO Métaux aujourd’hui ?
Nous sommes implantés dans 1 700 entreprises et majoritaires dans de grands groupes industriels comme Airbus, Stellantis, Valeo. On recueille aussi de très bons résultats chez Schneider. Nous avons donc de solides implantations. En termes de nombre d’adhérents, c’est l’aéronautique qui domine, largement devant l’automobile qui n’emploie plus en France que 350 000 à 400 000 salariés.
Les élections CSE sont presque terminées, qu’en retirez-vous pour la métallurgie ?
Nos bastions ont été confirmés, chez Airbus par exemple. On a progressé chez Valeo où on a gagné des points dans le troisième collège (les cadres), ce que je vois comme un progrès majeur.
Vous avez participé à la nouvelle convention collective, où en est sa mise en place ?
Elle est appliquée depuis janvier 2024. La mise en œuvre se déroule très bien dans beaucoup de nos entreprises, chez General Electric par exemple. Chez Airbus ils ont négocié leur propre accord d’adaptation, cela a été difficile et explique en partie notre perte de quelques points. Dans d’autres boîtes c’est plus compliqué.
A cause des classifications ?
Oui, il suffit de regarder un indicateur très simple : le nombre de fiches descriptives d’emploi rapportées au nombre de postes dans l’entreprise. En dessous de 7 à 10 %, il y a un problème. Dans ce cas, on ouvre des discussions, on part avec un handicap mais on fait avancer les choses. Ensuite il faut regarder comment les salariés perçoivent le nouveau dispositif. Quand on leur demande comment fonctionnaient les classifications antérieures, ils peinent à répondre alors que les critères classants existaient déjà. De plus, les responsables des ressources humaines utilisaient les classifications comme outil de promotion. Des salariés exerçant les mêmes fonctions étaient donc classés différemment. Il faut donc désormais que la nouvelle échelle de classification entre dans les mœurs. Parfois, les difficultés sont justifiées, parfois l’incompréhension domine chez les salariés, ce que je comprends aussi car il s’agit de leur reconnaissance dans l’entreprise.
Que proposez-vous pour résoudre ces tensions ?
Nous allons discuter avec l’UIMM (*) afin de trouver des outils de promotion RH et d’élévation sociale au sein des entreprises et d’éviter les blocages. Ces dispositifs existent chez Toyota. A priori, les salariés ne saisissent pas les prud’hommes pour des motifs de classification, le sujet ne ressort éventuellement qu’en cas de licenciement.
En 10 ans de prud’hommes, je n’ai jamais vu un salarié demandant de réévaluer sa classification
La CFDT de Renault en avait agité la menace avant de renoncer. Et honnêtement, avec mon expérience de plus de dix ans de prud’hommes, je n’ai jamais vu un seul dossier d’un salarié demandant une réévaluation de sa classification. Après, si des entreprises ne jouent pas le jeu, si on constate un dévoiement de la convention, on se réserve la possibilité de mener une action collective, pour l’instant ce n’est pas le cas.
La CFE-CGC de la métallurgie avance que la convention est mal appliquée dans 30 à 40 % des entreprises, partagez-vous ce constat ?
Je n’ai pas du tout ces remontées-là, mais nous n’avons peut-être pas réalisé la même enquête. De plus, on ne parle que des entreprises dans lesquelles nous sommes implantés. Comme l’a dit mon prédécesseur Frédéric Homez, ces chiffres ne tiennent pas comptes des petites entreprises de la métallurgie qui ne disposent pas d’instances représentatives du personnel pour transmettre à la fédération des éléments sur l’application de la grille. Cela restreint donc le champ. Ensuite il faut voir si un article de la convention collective n’est pas appliqué ou si c’est une question de perception voire d’incompréhension chez les salariés.
Avez-vous connaissance de CSE se plaignant d’une absence de consultation sur les classifications ?
Non, souvent ils espéraient que les directions les associeraient d’avantage, qu’ils seraient plus dans la boucle, alors qu’en pratique, ils n’ont été informés consultés qu’une seule fois en une réunion, et on ne leur a pas présenté toutes les fiches de poste. D’ailleurs, la cour d’appel de Paris a débouté un CSE à ce sujet, les juges considérant qu’une seule consultation suffit.
Ces élus se réclamaient d’ailleurs du guide fédéral pour réclamer plusieurs consultations…
Oui mais le guide fédéral ne le prévoit pas. En revanche, il incite à mettre en place la nouvelle classification de manière concertée, voire paritaire. Ceux qui ont pris cette voie ont très bien réussi, cela a évité les conflits et la mise en place s’est très bien déroulée. On a rencontré des difficultés là où les directions voulaient appliquer la nouvelle convention collective de manière arbitraire.
Le sujet des classifications ne risque-t-il pas de ressurgir au moment des négociations salariales ?
Effectivement on ne peut pas l’exclure. C’est pourquoi je pense qu’il faut des dispositifs de promotions sociales et salariales. Attention, les NAO et les rémunérations dépendent par ailleurs d’autres critères, pas uniquement de la classification : l’assiduité, la qualité du travail…
Concernant les élus de CSE et les délégués syndicaux, quelles réformes de droit du travail allez-vous porter pendant votre mandat ?
Notre première revendication est la fin de la limitation à trois mandats successifs des élus de CSE. Nous placerons cet impératif à chaque occasion. Nous avons d’ailleurs failli l’obtenir en négociation interprofessionnelle, au moment de l’accord sur les seniors. Je pense que l’occasion reviendra, mais le contexte politique incertain nous oblige à attendre.
Le sujet a-t-il été évoqué pendant le congrès la semaine dernière ?
Hubert Mongon, représentant de l’UIMM (*) qui était présent, a dit en filigrane que le Medef n’y était pas fermé.
Il faut des représentants du personnel bien formés
Cette limitation à trois mandats va à l’encontre du besoin de représentants du personnel bien formés. Quand on va recruter certaines catégories socio-professionnelles, il faut pouvoir leur assurer des garanties et éviter de les renvoyer au boulot au bout de trois mandats avec les risques que cela comporte.
(*) Union des industries et métiers de la métallurgie (organisation patronale)
Souhaitez-vous d’autres réformes du droit du travail ?
Nous regrettons le passage en force de la réforme des retraites, cela reste un point de revendication. Sur les relations sociales et le paritarisme, on aimerait que l’on fasse d’avantage confiance au dialogue social. Il existe aussi des projets de limitation des droits syndicaux, comme la suppression du monopole syndical au premier tour des élections professionnelles, qui attend dans les cartons de la CPME depuis longtemps. Si on veut favoriser le dialogue social, qu’on nous laisse déjà le pratiquer !
Quels perspectives voulez-vous donner à votre mandat ?
Mon premier axe, comme je l’ai dit dans mon discours, c’est de rester sur nos valeurs : le réformisme syndical, la politique contractuelle. La ligne réformiste doit s’affirmer encore plus, nous devons aussi gagner en visibilité médiatique. J’espère également donner une impulsion d’innovation du syndicalisme, il faut faire preuve d’audace pour que nous ne soyons pas figés dans une image d’Epinal. Mon deuxième axe, c’est le développement, en particulier sur le troisième collège des cadres, un enjeu majeur pour FO. Si on ne veut pas tomber en deuxième division syndicale, il faut absolument qu’on renforce nos positions sur le troisième collège. En 1948, nous étions constitués à la fédération d’un collège majoritaire techniciens et cadres. Nous sommes inter-catégoriels, il est hors de question de négliger le premier collège des ouvriers et employés, mais on doit se développer dans le troisième.
Comment comptez-vous y parvenir concrètement ?
Je pense mettre en place un groupe de travail avec une “task force” de gens qui ont réussi à devenir majoritaires chez les cadres, par exemple dans des centres de recherche. Ils donneront ainsi un coup de main à nos équipes en difficulté. Il n’y a pas de secret : il faut convaincre des cadres de venir travailler avec nous.
Suivez-vous de près une entreprise de la métallurgie en difficulté ?
Je suis déjà l’équipementier automobile Valeo depuis longtemps. Ils font face à la transition énergétique et rencontrent des difficultés de compétitivité car ils fabriquent des démarreurs et des alternateurs devenus inutiles avec les véhicules électriques. Néanmoins, la transition vers les moteurs électriques n’est prévue qu’en 2035. Le secteur automobile présente d’énormes enjeux d’articulation environnement-social et cela présente avant tout des opportunités. Les délocalisations ne datent pas d’aujourd’hui. Les 100 000 emplois perdus ces vingt dernières années ne sont pas dû à la transition énergétique. De plus, de nouveaux métiers vont émerger notamment autour de l’installation et de l’entretien des bornes de rechargement rapide. On peut construire des véhicules en France, on est compétitifs, c’est avant tout un choix politique…
Marie-Aude Grimont
Gratification pour les JO : les syndicats d’ADP menacent de faire grève
28/06/2024
Les syndicats CGT, CFDT, FO et UNSA d’Aéroports de Paris (ADP) menacent de déposer un préavis de grève “au plus tard le 5 juillet” si leur direction n’accorde pas “une gratification uniforme et équitable pour tous les agents travaillant pendant les Jeux Olympiques”. L’intersyndicale réclame aussi “des mesures concrètes pour stopper la dégradation des conditions de travail et garantir toute l’année l’exercice des droits aux congés et repos principaux et secondaires”.
Source : actuel CSE