Négociations salariales dans les pharmacies : FO met la pression sur les organisations patronales

10/09/2024

Depuis janvier 2024, aucune réunion de négociation paritaire n’a abouti pour augmenter les salaires dans les pharmacies. Les syndicats de la branche (où Force Ouvrière est majoritaire) reprochent aux organisations patronales de traîner les pieds et pour cause : elles se rendent aux réunions sans mandat et ne peuvent donc rien négocier. Les patrons font valoir de leur côté qu’ils négociaient jusqu’à présent avec l’assurance maladie. Pour l’heure, la situation est bloquée.

Trop c’est trop, mais comment en sortir ? C’est la question que se pose la fédération Pharmacie-Laboratoires de biologie médicale-Cuir-Habillement de Force Ouvrière, majoritaire dans la branche avec 29,68 % de représentativité aux dernières élections professionnelles. En effet, malgré un enchaînement de réunions en janvier, mars et juillet 2024, les partenaires sociaux n’ont trouvé aucun accord sur les hausses de salaires. A la clé, une perte de pouvoir d’achat des 130 000 salariés de la branche, qu’ils soient pharmaciens adjoints ou préparateurs en pharmacie.

Selon Sylvia Veitl, secrétaire générale de la fédération FO, seize coefficients seraient rattrapés rapidement par les hausses automatiques du Smic si aucune solution n’était trouvée. Elle ajoute : “Les salaires minimas conventionnels ont une importance capitale dans un contexte inflationniste. L’absence de revalorisation met en cause l’attractivité et la reconnaissance des métiers”. Selon David Brousseau, secrétaire fédéral FO en charge des pharmacies d’officine, “le seul argument patronal pour reporter les réunions est toujours le même : le manque de visibilité économique dans le secteur et les négociations en cours avec l’assurance maladie”.

Des négociateurs patronaux sans mandat

Face aux échecs, il a été décidé de négocier en commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI). Un représentant du ministère du travail est venu assister aux réunions afin de graisser les rouages. Sans succès. “Il a bien remarqué les tensions et a appelé les chambres patronales à négocier, il a aussi remonté la situation à ses supérieurs mais cela n’a pas apporté grand-chose”, regrette David Brousseau.

Philippe Denry, vice-président de la principale organisation patronale (la FSPF, Fédération des syndicats pharmaceutiques de France) nous a confirmé ne pas avoir eu de mandat de la part de sa direction lors des réunions précédentes : “Nous avons repoussé plusieurs fois car nous menions les négociations de la nouvelle convention pharmaceutique avec l’Assurance Maladie sur les honoraires, les rémunérations et les missions des pharmaciens comme les vaccinations et dépistages. Aujourd’hui la convention est signée, nous avons donc plus de visibilité mais les attentes des syndicats de salariés sont parfois très élevées par rapport aux capacités financières des pharmacies. Il y en a de toutes les tailles et il faut en tenir compte afin de ne pas fragiliser les plus petites : on ne négocie pas que pour 10 000 grosses pharmacies”.

Le fait est qu’en mars 2024, la FSPF se serait présentée aux négociations avec un mandat de 0 %, l’USPO proposant de son côté entre 0,5 et 0,8 %, loin des taux d’inflation. Daniel Burlet, en charge des affaires sociales de l’USPO (Union de syndicats des pharmacies d’officine, deuxième organisation patronale de la branche) reconnaît que “c’est loin des revendications salariales mais de toute façon, étant minoritaires, nous ne pouvons pas signer sans la FSPF qui bénéficie d’un droit d’opposition”.

3 % d’augmentation en juillet 2023

Le blocage reste inédit selon les représentants FO qui craignent une année blanche pour les salariés. “De mémoire, on n’a jamais vu ça”, déplorent David Brousseau et Olivier Clarhaut, ancien secrétaire fédéral. En juillet 2023, la branche avait négocié 3 % d’augmentation.

David Brousseau relève que le retard sur l’inflation reste flagrant : “Les hausses de salaires parfois avancées par le patronat sont illusoires. Elles ne tiennent tout d’abord pas compte des retards d’application et ne s’appliquent souvent que lors de la publication de l’arrêté d’extension au Journal officiel. De plus, si elles sont décidées en juillet, il faut diviser le taux par deux pour obtenir le taux annuel”. FO rappelle également que les salariés des pharmacies accueillent souvent les patients, ils sont constituent un relais de la politique de santé. Leur contact contribue enfin à fidéliser la clientèle.

La fédération FO de la pharmacie a reçu le soutien de sa confédération. Selon Frédéric Souillot, ce qui se passe dans cette branche illustre le manque de place donné à la négociation collective. “Les négociations dans cette branche ont bien fonctionné pendant plusieurs années. Peu de pharmacies ferment, cela arrive dans les campagnes, et en l’absence de repreneurs des regroupements se mettent en place. On bloque donc aujourd’hui clairement sur les négociations salariales, on n’est pas encore rattrapés par le Smic mais on s’en rapproche…”.

Classifications : une grille à revoir

Selon FO, un salarié en début de carrière ne gagnerait en théorie que 1 400 euros net. La grille salariale commence à 1 748 euros net au coefficient 100. “Une grille indigente” pour Olivier Clarhaut qui s’oppose à la proposition patronale de supprimer les premiers échelons : “C’est de la communication puisque ces coefficients ne s’appliquent plus sur le terrain, nous souhaitons donc partir de niveaux plus élevés et permettre aux salariés de franchir plus rapidement les échelons afin de les motiver”.

Seulement voilà, les négociations sur les classifications ont suivi le même chemin que sur les salaires. Après des premiers échanges en juin 2023, les réunions ont été suspendues en novembre par la FSPF qui arguait de ses discussions avec l’Assurance Maladie.

Face à des négociations de branche embourbée, les salariés se tournent vers les négociations à l’embauche, seul moyen de rehausser un tant soit peu leurs salaires et entraînant un “turn-over”. Pour l’heure, une nouvelle réunion de négociation est prévue le 16 septembre prochain. La FSPF et l’USPO doivent tenir leurs instances (bureau et Conseil d’administration) cette semaine, laissant un peu d’espoir aux syndicats de salariés. Ces derniers se sont tous entendus pour suspendre tous les sujets de négociation de la branche tant que la question des salaires ne sera pas réglée. FO revendique de son côté 6 % de revalorisation du point, la refonte de la grille salariale, une évolution de la carrière et la création d’une licence professionnelle pour les préparateurs, et l’instauration d’un “garde-fou” entre le Smic et le premier coefficient de la grille. Sylvia Veitl n’exclut pas un appel national à la grève à l’horizon de six mois si les prochaines réunions n’aboutissent à rien. Frédéric Souillot relève d’ailleurs que les organisations patronales de la pharmacie ont appelé à la grève en mai 2024 à défaut d’obtenir satisfaction de la part de l’État. Si les patrons le font, pourquoi ne pas en faire autant…

Ce qu’en pensent l’Unsa et la CGT
À l’Unsa, deuxième organisation syndicale de la branche (23,12 % de représentativité), Joel Grebil considère que « la balle est désormais dans le camp de la FSPF, et l’USPO cherche aussi une porte de sortie. On verra s’ils viennent avec des mandats le 16 septembre ou pas ». Il pointe les prochaines négociations financières en jeu sur les frais de santé et la prévoyance. Eric Sellini (CGT, troisième organisation syndicale, 20,63 %) relève comme FO le faible apport d’un représentant du ministère du travail pendant les négociations : « Il a commencé à hausser le ton car il se déplace à chaque fois pour trente minutes de réunion. Il pose des injonctions auprès des organisations patronales mais sans contrainte… »

Marie-Aude Grimont

L’intersyndicale attend le discours de politique générale de Michel Barnier

11/09/2024

Une intersyndicale de huit organisations (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU, Solidaires) s’est réunie en visioconférence lundi soir. Aucun communiqué commun n’en est sorti : au-delà de leurs revendications communes sur les salaires, les retraites ou l’assurance chômage déjà exprimées, les syndicats attendent la formation du gouvernement au complet et le discours de politique générale de Michel Barnier. “J’attends le gouvernement pour connaître sa physionomie, réagit ainsi Laurent Escure (Unsa). En attendant, nous restons tous inquiets et circonspects. J’espère qu’Emmanuel Macron acceptera l’ouverture d’une session extraordinaire afin que le discours de Barnier ait lieu avant le 1er octobre. En attendant, c’est bien que l’intersyndicale poursuive ses échanges, on a fait comme d’habitude : échanger sur les sujets”.

Après l’actualité sociale et politique, les organisations concernées (FSU, Solidaires) ont échangé sur la mobilisation programmée par la CGT le 1er octobre, jour de l’ouverture de la prochaine session ordinaire du Parlement. Selon Julie Ferrua, co-déléguée de Solidaires, un projet de tract est en cours d’élaboration.

Les syndicats ont décidé d’attendre quelques semaines avant de se fixer un nouveau rendez-vous.

Source : actuel CSE

FO s’insurge contre les mesures d’économie envisagées sur les arrêts maladie

12/09/2024

Force Ouvrière s’alarme de diverses déclarations publiques, comme celles du directeur de l’assurance maladie, en faveur de mesures d’économies sur le système de santé que le gouvernement pourrait prendre à l’occasion du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

La confédération déplore les pistes, suggérées par les inspections générales des finances et des affaires sociales, visant à sortir certaines pathologies des 29 affections de longue durée prises en charge entièrement par la Sécu, mais aussi à imposer une franchise importante sur des appareillages médicaux. FO craint aussi un rallongement des délais de carence en cas d’arrêt de travail.

“Dans les solutions envisagées pourtant, personne n’évoque les 74 milliards d’exonérations de cotisations qui privent la Sécurité sociale de ses ressources propres. Si de telles mesures venaient à voir le jour, les assurés continueraient à payer la facture du « quoi qu’il en coûte » et la politique économique menée depuis sept ans” dénonce FO qui les jugent comme “de véritables menaces pour notre système de santé”.

Source : actuel CSE

Mobilisation du 1er octobre : les mots d’ordre sont fixés

13/09/2024

L’intersyndicale CGT, FSU, Solidaires, rejointe par trois organisations de jeunesse (Union Syndicale de Jeunesse, Union étudiante, Union Nationale des Étudiants de France), appelle à la mobilisation et à la grève le 1er octobre autour des salaires, des services publics et de l’abrogation de la réforme des retraites. Réunis sous le terme d’”urgences sociales”, ces mots d’ordre s’ajoutent à la revendication de respect du vote exprimé dans les urnes lors des élections législatives anticipées. Sur une initiative des fédérations CGT de retraités, la mobilisation vise également à revendiquer un “Smic à 2 000 euros et l’indexation des salaires sur l’inflation”. L’intersyndicale souhaite également “des moyens financiers et humains pour l’hôpital, les soins, l’éducation, l’enseignement supérieur, la recherche, l’environnement”. Elle rappelle également que “les licenciements se multiplient dans l’industrie car les grands groupes continuent de délocaliser. Pourtant, les dividendes atteignent des records et chaque année 170 milliards d’euros d’aides publiques sont distribués sans contrepartie aux entreprises”.

Enfin, l’intersyndicale rappelle la raison d’être de sa mobilisation : le 1er octobre marquera l’ouverture de la session parlementaire ordinaire et “le début des discussions sur le budget de l’État et de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale (lire notre article dans cette même édition). C’est le moment de gagner qu’enfin les plus riches et les multinationales soient taxés pour financer nos services publics, la justice sociale et environnementale”.

Le choix du 1er octobre rappelle donc la mobilisation du 18 juillet, au lendemain de la publication de la lettre d’Emmanuel Macron. Sophie Binet avait alors appelé le Président de la République à nommer un(e) Premier(e) ministre issu(e) du Nouveau Front Populaire et organisé un rassemblement devant l’Assemblée nationale.

Dans une interview au magazine L’Humanité, la secrétaire générale de la CGT est interrogée sur l’absence des autres confédérations de l’intersyndicale (CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC). Elle répond : “Oui, nous avons des stratégies et des histoires syndicales différentes. Mais cela n’impacte pas notre dynamique unitaire. Nous faisons primer ce qui nous rassemble sur ce qui nous divise”. Elle rappelle que l’intersyndicale au complet va travailler à une campagne commune sur le racisme au travail.

Source : actuel CSE